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Autrefois, nous étions grands.
 
Autrefois, nous étions grands.
  

Version du 19 avril 2015 à 21:24

Auteur réel : Lawrence Schick
Média d'origine : TES Online

Par Beredalmo le Signifieur


Autrefois, nous étions grands.

Autrefois, nos hauts commissaires étaient maîtres de la guerre, et nos sapiarches étaient sages et érudits. Autrefois, nous dominions tout Hauteroche, depuis l'océan Elthérique aux montagnes de Wrothgar, et les Nèdes étaient nos esclaves et nos concubines.

Autrefois, Direnni Cygnus, le Cygne de Tyrigel, découvrit Balfiéra et son Fort et se les appropria, décrétant que tous ceux de son clan qui l'accompagneraient porteraient son nom.

Autrefois, l'art de l'Alchimie était balbutiant, jusqu'à ce qu'Asliel Direnni compile son « Complet Almanach des réactifs », et fut invité à rejoindre les premiers Psijiques d'Artaeum.

Autrefois, avant Raven Direnni et ses « Règles d'entrave incidible », tous les enchantements étaient uniques, et défectueux dix-neuf fois sur vingt.

Autrefois, pendant les réformes alessiennes, Ryan Direnni se dressa contre tout l'Empire. Ses Légions brétonnes, armées et commandées par des Elfes dirennis, contrôlaient les terres à l'est jusqu'en Markarth et Elinhir. La forteresse orque d'Orsinium fut mise à sac bien des fois, mais nous, Dirennis, fumes les premiers à la piller.

Autrefois, à la bataille des landes de Glénumbrie, les troupes inférieures en ombre d'Aiden Direnni mirent en déroute toute la horde alessienne, puis les repoussèrent jusqu'en Cyrodiil.

Autrefois, avant que Covus Direnni codifie les règles de l'Invocation, toute invocation, fût-ce d'un Daedra mineur, était un acte à craindre et à éviter.

Autrefois, Pérégrine Direnni repoussa toute une flottille Ra Gada jusqu'à Sentinelle en mêlant sa volonté aux vagues de la Baie d'Iliaque.

Autrefois, en un seul jour, Pelladil Direnni construisit la prison de la Rose noire avec les gravats épars des ruines de Lilmothiit, en invoquant une armée d'atronachs de pierre.

Oui, autrefois, nous étions grands. Mais quels que soient nos accomplissements individuels, tous les Dirennis depuis Cygnus sont rongés par l'échec.

Car nous ne savons pas résoudre le mystère de la pierre zéro, ni l'utiliser pour ouvrir l'Aperture d'Argent qu'elle protège.

A sa maturité, tout Direnni de haute naissance est amené dans la Tour, mené à la Crypte des Fondations, et placé devant la pierre zéro. Nous avons le droit de la toucher, une fois, afin de ressentir le pouvoir mystique transcendant qui la traverse, un pouvoir que nous n'avons jamais pu exploiter. Et l'on nous montre l'Aperture d'Argent, dans son mur de métal adjacent, cette porte au verrou de treize anneaux en lente rotation contraire, ce portail que nous n'avons jamais su ouvrir.

Et nous nous consolons, en disant que si nous, Direnni, n'avons jamais pu siphonner la pierre ou ouvrir l'Aperture, alors, certainement personne d'autre n'en serait capable. Nous retournons au monde du dessus, et nous faisons quelque chose de spectaculaire - pour pouvoir oublier notre échec.

Mais une autre fois, tandis que notre vie approche de son terme, chacun d'entre nous réunit toutes ses connaissances, les fruits de tous nos accomplissements, et nous descendons à nouveau dans la Crypte des Fondations. Pour essayer. Rien qu'une fois.

On en retrouve la plupart, après une journée ou deux, morts et horriblement difformes. Certains, comme ma chère Héron, survivent, horriblement défigurés, trop étourdis pour comprendre ce qui leur est arrivé.

Quant à moi ! Je reste dans nos appartements du Faîte tourmalin. Le jour, je prends soin d'Héron, et la nuit, je traduis des ouvrages ayléides dans la bibliothèque. Et cette vie me suffit.

Mais parfois, lors que je travaille sur quelque ancien grimoire ou librus magus, je me demande s'il ne vaudrait pas mieux que les écrits arcaniques de nos lointains cousins restent un mystère.

Mais alors, je me demande, toute connaissance n'est-elle pas utile ? Et je me demande, à quoi cette connaissance pourrait-elle être utile ?

Et je pense que je vais effectuer cette longue descente. Une autre fois.