Le siège de Vastyr
Média d'origine : TES Online - Firesong
Extrait du journal de Rilos Moret. En date du 2E 365. Description de l'une des dernières soirées du siège de la Tempête massée à Vastyr. Le feu s'abattait sur les remparts pendant que les vents hurlaient et poussaient les flammes vers nos toits la nuit dernière. Nous avons travaillé toute la nuit, à tirer des seaux d'eau du puits pour les passer à la chaîne. Vers ces malheureux bâtiments dont le toit semblait attiser le feu de la haine de la Tempête massée qui nous faisait la guerre. Ma propre demeure fut épargnée par cet odieux incendie, grâce en partie aux heures que je passai à imbiber mon toit de chaume. Mais chaque fois que des étincelles descendaient des remparts jusque dans la rue, je prenais un instant pour prier les Huit. Je les priais de protéger mon Atoine et le jeune orphelin que nous avons recueilli, Nomu-Ta. J'entendis les appels des gardes. Ils nous prévenaient que les Elfes des mers de la Tempête massée répartissaient leurs bâtiments le long de notre côte. Je sentis le moment où leurs mages des mers laissèrent retomber leur sort de vent hurlant, et où les bourrasques se turent. Les maisons en feu ne rugirent que de plus belle, mais l'espace d'un instant, les seaux s'immobilisèrent. Tout se figea. Puis, avec un coup de tonnerre surprenant, l'un des gardes cria : « La mer se retire ! » Certains abandonnèrent leur poste dans la chaîne pour se ruer sur les remparts et voir cet étrange phénomène. D'autres laissèrent leur seau choir sur les pavés et s'enfuirent de Vastyr. Le chevalier en charge de la chaîne cria malgré l'agitation « Retournez à votre poste avant que le feu ne détruise la ville ! » Ce qui parvint à en ramener certains, mais bien d'autres avaient décidé de filer. Les plus inconscients s'engouffrèrent dans les tunnels des druides. Je vis leur ombre passer devant moi et disparaître dans les profondeurs obscures. On reprit les seaux, on les remplit, mais nous étions moins nombreux et la chaîne était brisée. Il fallait davantage d'efforts pour transmettre les seaux, et je sentis la peau de mes mains se craqueler. Pourquoi, nous persistâmes, et empêchâmes les flammes de dévorer les étals du marché est. Au-dessus de nous, j'entendis monter les cris de terreur des civils et des gardes. Une lamentation informe, rampante, qui gagna en volume à mesure que ce qui l'avait déclenché se précisait. Je levai les yeux en entendant des pas descendre en courant depuis les remparts, amenant les cris avec eux. « Partez, » cria la marée de corps. « Partez, ou la grande vague vous emportera aussi. » Cela n'avait aucun sens pour moi, je n'imaginais pas ce qui nous attendait, mais la menace de ce mouvement de foule suffit à me convaincre de déguerpir. « Grande vague. Partez. En hauteur. » Le son me poussa en avant, me fit monter des marches, gravir des côtes. Tandis que je courais, j'entendis le bruit de la vague se rapprocher. On ne pouvait pas se méprendre, un long rugissement qui semblait trop massif. J'entendis et sentis le moment où la vague passa par-dessus les fortifications où tant de gens s'étaient tenus juste avant. Elle se brisa sur la haute muraille de Vastyr et s'abattit sur l'intérieur de la ville comme un mur d'eau abattu. Les maisons s'effondrèrent sous le poids. Les pierres se délogèrent, et même les navires au port se brisèrent contre les quais sous cet incroyable déferlement de force. Je ne sais pas ce qu'il en est de la foule qui courait derrière moi, mais je ne cessai de courir que lorsque le bruit de l'eau eut disparu à mes oreilles. Alors, seulement, sur la plus grande hauteur que j'avais pu trouver, je m'arrêtai, la poitrine soulevée par l'effort, pour me tourner vers les horreurs de ce que la Tempête massée avait invoqué. Notre Vastyr était en partie sous l'eau. Des décombres flottaient et retombaient dans les eaux noires. Étrangement, ma première pensée ne fut pas la peur ou la tristesse, rien qu'une résignation sourde. Lorsque l'aube poindrait, il faudrait aller repêcher les cadavres dans les anciens tunnels des druides. |