La bataille de la prairie de la flèche de Karth
Média d'origine : TES Online - Markarth
La Crevasse n'écrit pas son histoire comme les érudits en ont l'habitude. Leur tradition de transmission orale est belle et m'inspire le plus grand respect. Mais l'académicien que je suis peine à conserver en son sein une histoire sans l'écrire. Pour moi, cet acte d'écriture est un acte d'amour pour l'histoire. Le message ne change pas, mais en déposant les mots sur le parchemin, je me les approprie d'une manière qui paraît intime. Bien sûr, il n'existe pas une manière spécifique qui soit la bonne face de raconter une histoire. Mais je tiens cette histoire d'un Vateshran crevassais, et elle m'a fait si forte impression qu'elle m'ordonna presque de l'histoire. J'aimerais dédier cet exemplaire au Vateshran lui-même. Je ne compte pas qu'il apprenne à lire pour la parcourir, et je ne lui demanderai pas de le faire. Mais c'est l'hommage que je lui fais, ma manière de le remercier d'avoir partagé cette histoire avec moi. Il trouvera peut-être que c'est une folie d'étranger, mais peu importe. Je suis reconnaissant d'avoir entendu son histoire. La Bataille de la prairie de la Flèche de Karth Ce n'était pas tant une bataille qu'une mer de sang. Les Six-Gués et les Scrutaigle ne combattaient pas, ils saignaient. On raconte que l'herbe de la prairie était rougie au point d'en paraître noire. Il n'y avait pas de vainqueur évident. Ce qui est inhabituel, pour un combat entre Crevassais. De nombreuses batailles ont été livrées avec autant de rage et d'intensité que celle-ci, mais historiquement, il y a toujours un camp pour céder. Telle est la nature du combat. Un groupe, aussi enragé soit-il, faiblit sous la pression. Mais ce ne fut pas le cas ce jour-là. Aucun camp ne céda. Ils se jetaient les uns sur les autres, perpétuellement opposés comme les vagues contre la falaise. Les hommes et femmes de chaque camp se battaient comme s'ils voulaient mourir. Ils ne pensaient pas à la victoire, seulement au carnage. Le chef des Scrutaigle, Maddorfa, subit une blessure fatale près du début de la bataille. Une lance se logea dans sa jambe, l'empêchant de marcher. Il insista pour qu'on l'attache à un pilier voisin, pour pouvoir continuer de se battre. Le combat devint une affaire plus sinistre qu'une question de victoire ou de défaite. C'était la rage libérée, déchaînée, qui cherchait à tuer le plus grand nombre d'ennemis possible. |