De l'exil à l'exode

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Média d'origine : TES Online - Gold Road

Par Tarvyn Aram


1ère partie

Au col, les Vélothis ont déferlé sur les adeptes de Trinimac, pourtant trois fois plus nombreux.

Trinimac ne dit rien, mais les plus agressifs de ses adeptes qualifièrent les dissidents de rebelles, de traitres et de déjections à essuyer des pieds des fidèles.

Et Boéthia proclama : « Écoutez-moi, Ornim ! Car oui, je vous nomme Ornim, même si ton chef ne donne un autre nom. » Et cela imposa le silence aux adeptes de Trinimac, car les Orsimers d'alors étaient persuadés d'être des Elfes qui avaient oublié leur époque de pierre et de bois, de mer et de feu.

« Ce démon cherche à vous piéger, » poursuivit Boéthia. « Par ses malédictions, il a voilà vos sens, et vous ne voyez que moi en le regardant. Mais voici que je me dresse devant vous. Moi, qui ai apporté l'orichalque. Moi, qui vous ai montré comment tenir vos lames. Moi, qui vous ai enseigné les avantages de la guerre, gagnée ou perdue. Moi, qui vous ai montré les angles auxquels couper. »

Boéthia forma alors de ses mains un triangle dont la forme ne pouvait qu'être vraie. Et elle s'avança, d'une manière qui révéla la façon de marcher pour accomplir un Exode.

Tous les présents sentirent la malédiction se lever de leurs yeux. Là où ils avaient vu jusqu'alors Trinimac, Plus Grand des Guerriers, ils reconnurent Malak, Roi des Malédictions.

Et là où ils avaient vu Boéthia, Fille des Lames, ils découvrirent Trinimac, comme elle l'avait toujours été, Guerrier de l'Est et de l'Ouest, et du Cœur étoilé. Celle qui portait le fardeau d'arracher sa divinité à celui qu'elle aimait.

Écumant de rage, Malak cria une malédiction encore inconnue et se jeta à la gorge de Boéthia pour entrer dans son essence même. Et ses adeptes connurent le désespoir, car Boéthia tomba à genoux, vomissant le sang et la sanie. Et Trinimac s'effondra, et tous le crurent mort.

2e partie

Le démon Malak, malgré la force de sa malédiction, avait oublié que lutter contre Boéthia revient à lutter contre la Porte triangulaire.

Aussi arriva Méphala, qui étreignit Boéthia et la soutint par-derrière. Puis descendit Azura, vive comme huit comètes, qui tomba sur la terre avec fureur et leva son bâton vers la bouche de Boéthia.

Et le signe de la Porte fut brûlé sur l'herbe et la terre, gravant un sceau autour des trois qui retentissaient encore de la musique de l'Aube. Azura cria son propre sort, qui pour ses adeptes qui l'écoutaient vraiment ressembla à un chant magnifique : UR DRA AMATHRA ! FU ROZ ISA MAL AKHA !

Et sur ces mots, malédiction pour certains et bénédiction pour d'autres, Boéthia à sa prochaine expulsion éjecta Malak entre les pierres.

Et pourtant, lorsqu'il se releva couvert de sang et de bile, il ne portait pas les traits de Malak, mais plutôt du Trinimac que ses adeptes avaient aimé. Il portait une armure nouvelle et brandissait une hache rouge étincelante. Son casque arborait le visage orné de défenses des opprimés et des négligés. De sous son heaume, il gronda : « Vous avez oublié ce qu'est l'exil. »

Puis Malacath cria des mots que nul n'avait jamais prononcés. Le ciel se fendit pour libérer une pluie torrentielle, et le vent hurla à la mort. La terre même sous ses pieds se fendit, et de ces fossés montèrent le feu et la mort.

Nul ne connaît vraiment la suite, mais voilà ce que proclament les femmes sages du nord de Resdaynia : le champ triangulaire du chaos divin tint bon assez longtemps pour que Méphala prit un tiers des adeptes présents et les emporta au sud-est, car elle seule ne craignait pas l'Hist.

Et Azura entraîna un tiers des adeptes présents vers l'est blessé d'étoiles, où était leur place.

Et Boéthia, arrachant les derniers lambeaux de sa culpabilité sous le Soleil, transporta tous ceux qui restaient en Oblivion. La terre qu'ils avaient occupée dériverait vers la mer, mais elle fit en sorte que ces paysages ne soient pas détruits. Et qu'ils gardent des histoires à raconter, en des temps encore à venir.

Malacath, Boéthia et tous les adeptes restants se retrouvèrent dans un royaume mort de fumée et de cendres. La pire malédiction fatale de Malacath était tombée là, comme Boéthia l'avait voulu.

Malacath éclata de rire. « Votre paradis idyllique. Un présent pour votre service au roi. Vous m'avez laissé le détruire.
– Je n'en ai pas besoin, » répondit Boéthia. « Mes sphères sont nombreuses, et mes Maisons innombrables.
– Je ne cesserai jamais de vous chasser, » aboya Malacath. Il leva sa hache et chargea.
Boéthia attendit, la main sur la garde de son épée. Et d'un seul coup précis, Malacath fut coupé en deux, pour tomber sur les cendres de ce domaine mort, où ses os formèrent de nouvelles fondations. Son sang se mêla à la cendre, et bientôt le domaine fut le sien.

Boéthia resta un moment assises avec les adeptes qui avaient survécu, et par ses enseignements comme par les échos de ce domaine, leur peau commença à changer. Enfin, l'esprit de Malacath reparut, mais il garda le silence et écouta les enseignements.

Boéthia s'adressa à l'esprit. « Vous appliquez votre volonté par des malédictions que vos adeptes et vous savez fausses. Voilà pourquoi vous n'êtes jamais satisfait. Vous devez apprendre la voie du Mot et de l'Épée, pour atteindre la gloire dans la lutte et la douleur. Les épreuves s'accumuleront jusqu'à ce que vous portiez les véritables tendances du héros. Vous devez comprendre la Volonté Contre la Règle. Alors, seulement, connaîtrez-vous l'Amour. »

Et Boéthia forma un puissant signe entre ses mains, qu'elle ne ferait plus jamais, auquel Malacath et tous ses adeptes furent regroupés en une seule boule, comme le bousier transporte sa nourriture. Cette sphère, elle la lança hors de la fosse de cendres, vers les montagnes de Nirn.

Là émergèrent le dieu Mauloch et les grands Orques, qui construiraient désormais leur force dans l'adversité. Boéthia plaça Mauloch dans un coin pour éprouver son peuple. Et Mauloch guida ses sujets pour qu'ils essuient tous les assauts que Boéthia leur envoyait. Ensemble, les adversaires endurcirent leur peuple élu, et les guidèrent ainsi vers un Exode.