Cris de bouches vides

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Média d'origine : TES Online - Gold Road


Traduit par Varederil, Ordre psijique

Nous ne savons presque rien du langage sinestral, ce qui complique nos efforts de traduction en langue commune. J'ai utilisé le yoku comme fondation de départ, mais ces deux langues divergent considérablement, malgré la proximité géographique de ces peuples. Quoi qu'il en soit, je pense que cette histoire s'approche autant que faire se peut de l'original.

Au cours de votre lecture, notez le passage intéressant entre les vers et la prose. Impossible de savoir s'il s'agit de fioritures artistiques ou d'un détail culturel. Et je ne prétends pas être un poète compétent. Je me suis contenté de traduire, plutôt que d'apporter une interprétation créative.

* * *

Longtemps après que la bataille fit silence,
J'étais assis, immobile, sur une pierre souillée,
Pour observer les défunts gisant là.
Un nuage de gémissements me parvint,
Riche de désespoir confus.
Je cherchai notre sage de guerre
Et indiquai la masse geignarde.
« Pourquoi crient-ils, sages ?
Peu nous importent leurs sanglots,
Et nul autre n'écoute. »

« Notre ennemi croit en un mensonge de son vivant, fière épée. Comme nous, les Yokudans savent que la vie est brève et que rien ne les attend dans l'au-delà. Au lieu de l'accepter, ils racontent des histoires qui cachent et dissimulent. Des histoires d'immortalité qui attend après la fin des mortels. Leur société se cramponne à ces croyances, et par la répétition espère les rendre réelles.

Lorsque leur vie s'éteint, les Yokudan se cramponnent à ces histoires. Les mourants voient ce que nous Kanuryai savons : rien n'existe par-delà l'après. Aie pitié d'eux, car cette découverte soudaine du Réel leur apporte la terreur. Et ils crient. »

Aucune lune ne se leva sur le retour en chariot.
Dans la nuit épaisse, je pensai à ces mots.
Quels lâches affrontons-nous ? Quelle faiblesse ?
La bile monta dans ma gorge
D'imaginer un peuple convaincu
Que le Réel ne nous étreint pas tous.
Je cherchai à nouveau mon professeur,
Dont le visage placide attendait mes questions.
« Notre ennemi entend pleurer les siens.
Comment peut-il croire encore ces histoires ? »

« Connais-tu cette idée yokudane, l'Honneur ? Une force qui existe en dehors de soi. Notre ennemi croit que l'honneur grandit par ses actions, et survit à sa mort. S'ils acquièrent assez d'Honneur, ils pensent rendre la mort temporaire. Les vivants se raccrochent à cette histoire d'Honneur quand les mourants découvrent la vérité.

Nous connaissons cette vérité, n'est-ce pas, fière épée ? L'os et la terre. Le sang et la fumée. La chair et le métal. Voilà le Réel. S'il existe de nombreuses facettes de mort, au dernier jour, il n'est rien. De le savoir, notre peuple est fort. Nous ne racontons pas de mensonges pour notre réconfort, et nous combattons pour rester ici et maintenant. »

Un feu dansait et crépitait,
Projetant des ombres dans ma maison.
Assis, immobile, je regardais l'âtre de pierre
Et sentais sa chaleur dans ma peau.
Une vie autre qu'ici m'échappe.
Une histoire séduisante à entendre.
Le feu claqua, une braise fusa,
Pour se poser, luisante, sur ma main.
Dans la douleur vint la compréhension.
Ce que je vois et sens est la vérité.