Arpenteurs de rêves

Média d'origine : TES Online Commentaire : Texte illustré d'après Tales of Tamriel. Par Raynard, érudit de Longsanglot Ils se nomment arpenteurs de rêves. Ce sont des êtres capables, d'un simple sortilège, d'arpenter les songes d'autrui. Vos désirs les plus sombres, vos fantasmes les plus bizarres, votre véritable personnalité leurs sont alors révélés comme dans un livre ouvert. Vos souvenirs les plus chers sont saccagés et dévorés comme les rogatons d'un festin. On dit que ceux qui arpentent les rêves sont dévoués à Vaermina. Ils auraient vendu leur âme pour pouvoir se rendre dans son plan, la Marche onirique. Je ne peux pas être certain de la véracité de ces on-dit, mais les similarités entre les agissements des arpenteurs de rêves et ce dont sont capables les prêtres de Vaermina sont véritablement troublantes. La seule différence dont j'aie pu m'assurer tient à la façon dont ils se mettent en état de rêve. Les prêtres de Vaermina n'ont besoin que d'une goutte d'une concoction alchimique, un breuvage préparé par les alchimistes les plus brillants. Les arpenteurs de rêves, en revanche, n'ont besoin de rien de la sorte. Ils appellent une magie qui semble innée, non pas apprise ni transmise par quelque processus héréditaire. Ont-ils été bénis par un prince Daedra ? Leurs parents ont-ils accompli quelque rituel sacré pour qu'ils disposent de ce pouvoir dès leur naissance ? Aucun de ceux avec qui je me suis entretenu ne le sait vraiment. Ou ne désire le révéler… Mais qu'en est-il des arpenteurs de rêves eux-mêmes ? À quoi leur sert ce pouvoir ? Imaginez le chaos qu'on pourrait semer en pénétrant dans les rêves d'autrui. C'est une pensée véritablement terrifiante. Pourtant, ceux que j'ai rencontrés étaient gentils et prévenants. Ils utilisaient leurs pouvoirs pour aider autrui. Ils éliminent les souvenirs pénibles, guérissent les maladies mentales contre lesquelles même les meilleurs guérisseurs sont démunis. Ils accomplissent des prodiges par un simple contact avec les rêves d'une personne. Je le sais car j'en ai vu un en action. Mon épouse et notre enfant avaient contracté la peste knahataine. C'était une horrible façon de mourir, lente et douloureuse. Quand ils ont trépassé, ma raison de vivre s'est éteinte avec eux. Mais j'ai rencontré un arpenteur de rêves qui m'a pris en pitié. Il m'a donné l'opportunité de me souvenir de ma famille tout en oubliant la douleur du deuil. De devenir insensible au chagrin et de me souvenir d'eux avant leur maladie. De me souvenir du bonheur et de notre amour. L'arpenteur de rêves a visité mes songes. Quand je me suis éveillé, la sérénité m'habitait. Tout était comme cela devait être. Je pouvais continuer à vivre. Je voulais le remercier, mais il était parti. Je ne l'ai plus jamais vu. Quoi que soient les arpenteurs des rêves, quel que soit le maître qu'ils servent en fin de compte, je serai à jamais leur débiteur. Mais cela n'efface pas la peur qui hante le fond de mon esprit. Avait-il le droit d'emporter la souffrance ? Nos souvenirrs ne sont-ils pas ce qui nous rend uniques ? Ne suis-je pas devenu autrui car mes souvenirs ont été altérés ? J'ai l'impression d'avoir remplacé la douleur par la peur, et j'ignore si c'est une bonne chose.