Journal de Naryu/Trépas des Cognées : Différence entre versions
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Version du 7 février 2018 à 20:03
Média d'origine : TES Online : Morrowind
Par Naryu Virian, environ 2E 583
Le Trépas des Cognées
Je débarquai au Trépas des Cognées en cachette, par la grotte des dents du requin. Les Clandestins devaient commencer à se douter que j'étais sur leurs traces. Il y avait toutes les chances que la porte terrestre du Trépas des Cognées et les quais du débarcadère d'Abah soient surveillés. Puisque le capitaine Shalug le requin me devait un service, je me laissai porter par un de ses bateaux corsaires. Shalug a beau être une pirate orque, elle a toujours joué franc jeu avec moi. Le Trépas des Cognées est une sorte de pustule sur le cul de Martelfell, à l'exception de la ville du débarcadère d'Abah, le « port franc ». Comprendre : la ville où les marchands achètent des marchandises douteuses. Le débarcadère d'Abah était la dernière destination connue de ma sixième cible, Tlera Vérano. Oui, celle-là même, la fille du grand-maître Rythe Vérano… mais tu la connais bien, hein, Crâne ? L'exaltée maîtresse Tlera, la… comptable… en chef de la Morag Tong. Parce que Vehk, même une ligue d'assassins a besoin de quelqu'un pour compter les haricots, hein… Surtout quand les haricots sont des vies. Et mieux vaut ne pas la sous-estimer. Tlera avait l'esprit aussi vif que mes lames, et aussi bonne mémoire que moi, quoique surtout pour les chiffres. Elle devait se sentir à son aise dans les maisons de compte des marchands peu scrupuleux du débarcadère d'Abah. Déguisée en journalière rougegarde, les lames hors de vue, je passai la porte du désert sous les yeux d'un garde indifférent, et m'arrêtai dans une taverne, le Serpent et le Senche. Ils avaient du sujamma importé, mais j'étais incognito, alors je pris du qishr, que je bus sur la terrasse qui donne sur le port. Le grand-maître m'expliqua que les Sept Clandestins comptaient employer leurs « contributions » pour prendre le contrôle de la Tong en une attaque coordonnée, puis utiliser le mystérieux Index du Simulacre pour la transformer en autre chose qu'une simple ligue d'assassins. La Tong a été interdite pour avoir assassiné des chefs d'État. L'Index permettrait non seulement de les tuer, mais aussi de les remplacer de manière insoupçonnable. Les Clandestins voulaient pervertir la nature même de la Tong. Mais à présent, cinq des sept conspirateurs étaient morts de ma main. L'échec était assuré. Avais-je vraiment besoin de tuer les deux autres ? Oui, cela allait sans dire. Un Ordre est un Ordre. Je vis pour servir les traditions de la Morag Tong, Crâne, et ceux qui font cavalier seul pour trahir ces traditions méritent la mort. De préférence loin des gardes du débarcadère d'Abah, qui avaient l'air d'un tas de durs à cuire. Autant éviter une discussion houleuse. Donc où trouver Tlera Vérano ? Ses compétences et ses ressources financières lui permettraient de se mêler aux riches marchands de la ville, mais Tlera a toujours préféré la compagnie de la racaille. J'allais une fois de plus commencer par le refuge de hors-la-loi local. Mais je ne pouvais pas soudoyer un tire-laine pour qu'il m'y mène. Tlera avait dû prévenir ses collègues qu'elle était en fuite, et tout le monde se méfierait des chasseurs de prime. Malgré cela, les ruelles faisaient un bon point de départ. J'attendis qu'il fasse nuit et me promenai dans le quartier criminel… où je ne m'attirai que haussements d'épaules et méfiance. Enfin, un chasseur de trésors en déveine accepta quelques drakes pour me dire que je trouverais les voleurs chez le Prince des Cognées. Ça se comprenait sans peine : Le palais d'Hubalajad donnait une soirée mondaine, pleine de membres de l'élite parés de leur richesse de pied en cap. J'estimai qu'un bon tiers des serviteurs de la soirée était des voleurs en maraude. J'abordai le plus timide du lot, lui montrai mon collier et lui dis : « Tu n'aurais pas du essayer de me voler ça, je vais devoir te dénoncer aux gardes. Sauf si tu me dis où trouver le refuge de hors-la-loi. » J'ai dû avoir l'air intimidant, parce que ce pauvre f'lah craqua immédiatement et me parla, non seulement du refuge, mais aussi d'un autre quartier général caché à l'intérieur appartenant à la « guilde des voleurs ». Je souris, lui donnai un drake pour le remercier, et un quart d'heure plus tard, j'étais dans l'Antre des voleurs. C'était l'endroit rêvé pour Tlera. Je trouvai rapidement la pièce cachée où elle s'était installée… mais quelqu'un lui avait mis la main dessus avant moi. Parce qu'elle était étendue là, une dague plantée dans le dos. Du moins en apparence. Après avoir renversé un vase antique et déversé un torrent d'insanités pendant une bonne minute, je pris une profonde inspiration pour inspecter le cadavre. Mais la couleur à la racine des cheveux ne correspondait pas à celle de Tlera. C'était un sosie, qui remplaçait Tlera dans la mort. Cependant, l'écriture du journal posé sur le bureau était bien celle de Tlera « Notes sur le boulier aurbique. » Je feuilletai rapidement l'ouvrage, consacré à une relique rougegarde antique, une sorte de machine à calculer magique. Pas étonnant que Tlera soit prête à tuer pour un machin pareil. Je pris le livre et sortis de là. En chemin, j'observai d'un peu plus près cette soi-disant guilde des voleurs. Imagine-toi de simples cambrioleurs organisés comme la Morag Tong ou la guilde des guerriers ! Ça parait un peu exagéré. Enfin, leur matériel n'était pas vilain. Vu son amour pour les vauriens, je me demandai si Tlera n'envisageait pas de changer de vocation. Une fois rentrée au Serpent et Senche, j'étudiai son journal. Il rapportait tout ce qu'elle avait découvert sur la légende du Boulier aurbique, une relique crée par les Yokudans d'antan pour suivre les mouvements des lunes, constellations et des planètes, et calculer la progression exacte des saisons. Il détectait l'origine directionnelle de la Magie des étoiles, ou « varliance », et la conservait comme données. Il avait été créé en concentrant le savoir et la sagesse de vingt générations de prêtres-sorciers de Zeth, le dieu yokudan de l'agriculture, de la loi civile et des mathématiques. Et le clou, c'était qu'il pouvait prévoir le climat. Si les Clandestins, par l'intermédiaire de leur Morag Tong refondue, cherchaient le pouvoir politique, la valeur des prédictions météorologiques était évidente : imagine comme ce serait pratique de savoir à l'avance quand les récoltes vont mourir. Mais le journal de Tlera sous-entendait aussi que le pouvoir du Boulier aurbique ne se limitait pas au calcul : il pouvait prédire le climat, mais aussi l'influencer à l'échelle continentale. Contrôler le climat ! Oui, Tlera n'aurait eu aucun scrupule à tuer, et pas seulement son sosie, pour obtenir un machin pareil. Le journal expliquait qu'au fil de ses recherches, elle s'était convaincue qu'à la chute des Yokudans, la prêtrise de Zeth avait amené le Boulier ici, au Trépas des Cognées, où il avait absorbé la varliance pendant des siècles sans servir à personne. Khorshira, la prêtresse de Zeth qui avait la garde du Boulier, était la belle-sœur du prince Hubalajad, fondateur du débarcadère d'Abah, et Tlera imaginait qu'on avait enterré l'objet avec elle à sa mort. Mais toute mention de la crypte familiale des Hubalajad avait été effacée des livres d'histoire. Tlera avait donc dû se déplacer pour la retrouver. Ce qui soulevait une question, Crâne. Tlera avait clairement fait beaucoup d'efforts pour faire croire à son meurtre. Dans ce cas, pourquoi laisser le journal derrière elle ? J'eus beau retourner la question dans ma tête dans tous les sens, il n'y avait qu'une seule réponse logique : le double était là pour détourner d'autres personnes que moi. Elle savait que je percerais sa ruse à jour, et avait laissé le journal pour m'attirer dans un piège. Je n'avais pas le choix, je devais y entrer. Quelques drakes de plus me permirent d'apprendre que la vieille crypte des Hubalajad se trouvait près de la Grande porte des terres, à un endroit à présent appelé Pénombres de Bahraha, ignoré et abandonné en raison de ses liens avec la nécromancie. Les Rougegardes détestent la nécromancie. Nous autre les Dunmers la prenons avec des pincettes, mais avec parcimonie (par exemple en liant quelques fantôme pour protéger un tombeau ancestral), elle a son utilité. Les nécromanciens rougegardes qui infestaient les Pénombres de Bahraha étaient si infâmes qu'on avait scellé le tombeau plutôt que de leur permettre de sortir. Et qu'est-ce qu'on obtient quand on enferme des nécromancies dans un complexe funéraire ? Je te laisse deviner. Moi, j'avais deviné que j'allais me retrouver face à des morts-vivants Ra Gada, alors le premier truc que je fis en entrant dans les Pénombres de Bahraha fut de piller le sarcophage d'une prêtresse de Zeth pour lui piquer sa tenue, ailes comprises. Les couloirs grouillaient de morts-vivants, mais habillée comme j'étais, ils me laissent tranquille. Malgré tout, je me faisais la plus discrète possible. Question suivante : où serait caché le Boulier ? La crypte était pleine de coffres. Tlera comptait-elle que je le trouve à sa place ? À moins qu'elle ne soit déjà là, en embuscade ? Je me promenai discrètement jusqu'à trouver une porte avec Zeth et un autre dieu yokudan dessus. L'idée me paraissait bonne. La porte menait à une aile cachée de la tombe. Les salles étaient occupées par des revenants silencieux au visage fait de sable. Je m'efforçai de les éviter. Les couloirs me menèrent à un grand catafalque gravé d'une légende presque illisible, à part un mot : « Khorshira. » Je touchai le couvercle du cercueil, et il se souleva d'un coup dans ma tronche pour laisser sortir une terrifiante Égide endeuillée qui tendait ses quatre gantelets de fer vers moi. « Il était temps, tête-plate ! cria Tlera derrière moi. L'esprit va te tuer, et je pourrai prendre le Boulier ! » Mais quand l'Égide posa ses mains froides sur moi, le symbole de Zeth sur la robe que j'avais empruntée se mit à luire, et le Ra Gada recula. Son casque pivota vers Tlera, et avec un rugissement horrible, il lui fonça dessus pour la tailler en pièces des quatre mains. Tlera poussa un cri ignoble et me regarda avec désespoir. J'aurai peut-être pu l'aider. Mais je ne le fis pas. Je regardai jusqu'à ce que la chose ait fini son horrible besogne. Puis elle se tourna vers moi, s'inclina et disparut. Dans le cercueil, je trouvai le Boulier aurbique. Il était très joli, tout en rouages de verre et en pistons d'ivoire, imprégné de la magie bleutée des étoiles. Je l'admirai un moment, puis je le fracassai contre le sol.
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