De La Grande Bibliotheque de Tamriel
Par Bertrand Mérik, maître artisan des forges de la maison Mornard
Yasmine, tu vas bientôt être adulte, et j'avais promis à ta mère de te confier le marteau et les pinces lorsque tu serais assez grande. Je ne suis pas un professeur, pas comme elle savait l'être, mais sois patiente avec ton vieux père, et je ferai de mon mieux pour te transmettre ce que notre famille a appris devant une forge.
- Haches
- Une hache, c'est comme un chien galeux. On a envie d'en avoir peur, mais il faut les approcher avec patience. Garder la main bien ferme, et prendre son temps. Un coup de marteau de travers, et la hache te saute à la tête.
- Ceintures
- Ta mère a toujours aimé offrir des ceintures artisanales. Elle disait qu'une bonne ceinture, ça permet de garder son pantalon, mais aussi son arme et sa bourse. Ta mère a toujours su voir le meilleur de chacun, mais ça ne l'empêchait pas de se préparer pour le pire.
- Bottes
- Une bonne botte doit toujours être assez flexible pour danser, mais assez solide pour ne pas plier sous un coup de masse. Et je suis sérieux quand je parle de danser. Je ferme toujours les fenêtres de la forge avant de les tester. Pas envie qu'on me voie me ridiculiser.
- Arcs
- Il faut ménager une petite encoche dans le cuir de la poignée. Rien de trop évident, juste un petit creux pour montrer aux jeunes archers où poser leur flèche. C'est ta mère qui me l'a appris, parce que ton oncle ne savait pas tirer.
- Plastrons
- Ta mère demandait aux chevaliers de chanter pendant qu'elle ajustait leur plastron. Elle voulait être sûre qu'ils n'étaient pas serrés au point de ne pas pouvoir prendre une grosse inspiration. Tu aurais dû les voir rougir d'embarras. De temps en temps, je reconnais une de leurs voix à la taverne. Je suis toujours heureux de voir qu'elle a pu les protéger.
- Dagues
- Ta mère disait souvent que tout le monde devrait avoir la dague ou l'esprit affûté. C'est le plus sûr moyen d'éviter les ennuis. Et bien sûr, mon cœur, la première fois qu'elle m'a dit ça, elle venait de m'offrir la dague la plus affûtée que j'ai jamais vue.
- Gants
- Avec n'importe quel outil de forge, j'aime bien brûler un peu le cuir. Laisser des marques le long de la paume, comme les lignes d'une main. Ça permet de garder une bonne prise sur la garde d'une arme. Il ne faut surtout pas qu'une épée t'échappe au moment même où tu la dégaines.
- Casques
- Juste après que je t'ai montré comment sangler le casque pour qu'il ne tombe pas de ta tête, tu as décidé de l'essayer en te jetant sur le versant de la colline. Je me souviens encore de tes gloussements pendant que tu roulais au pied de la pente. Ta mère a appelé ça un test de résistance, mais c'est mon cœur qui a le moins bien résisté.
- Jambières
- Ne lésine jamais avec le cuir. On pourrait se dire qu'on peut économiser un peu, mais le nôtre reçoit un traitement spécial. Un mélange secret d'herbes et d'huiles pour l'empêcher de craqueler dans l'air de la mer, ou de se déchirer sur les ronces des spriggans. J'ai noté la recette quelque part.
- Masses
- Quand j'ai demandé la main de ta mère à ton grand-père, il m'a demandé de l'aider à forger une masse. Il voulait me montrer comme c'est difficile de garder l'équilibre entre le poids de la masse et le feu de la forge. Tu comprendras quand tu seras fiancée. Cette leçon, garder l'équilibre entre la passion et le devoir, je ne suis pas près de l'oublier.
- Boucliers
- Alors, il y a des gens qui ne voient pas l'intérêt de porter un bouclier qui soit beau, mais je vais te dire un secret. Tous ces jolis rajouts en métal, ça sert à détourner les épées. Chaque creux et chaque courbe forcent l'impact à glisser sur le bouclier. Si tu t'y prends bien, l'épée de l'ennemi glisse comme des bottes sur des ardoises mouillées.
- Épaulières
- Vérifie bien que l'épaulette est serrée autour de l'épaule. Pas trop, il faut pouvoir lever les bras. Mais suffisamment pour qu'elle ne tombe pas quand on galope sur un cheval. Je vois ça comme l'étreinte puissante d'une main bienveillante. Soutenir sans écraser.
- Bâtons
- Les amateurs de magie aiment que leurs bâtons soient beaux, alors sois patiente avec les incrustations. Si tu y vas trop fort, tu déséquilibres l'objet. Pas assez, et il s'usera en un rien de temps. Si tu trouves le bon dosage, il n'y a rien de plus beau que de voir la magie crépiter autour de ce que tu as fabriqué avec tes mains.
- Épées
- Petite, tu voulais devenir maîtresse d'épée. Un jour, tu as débarqué dans la forge en me demandant une épée pour t'entraîner. Ça a bien fait rire ta mère. Elle a répondu que tu ne pouvais pas les avaler, mais tu pouvais la regarder les fabriquer. Voir comme elles étaient légères, et comment on fixe la garde. Tu ne t'en souviens peut-être pas, mais c'était ta première leçon.
|