Lettre de Septimius : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 19 janvier 2019 à 19:40

Média d'origine : TES Online

Par Junia Severa


Frère Septimius,

Depuis que vous m'avez acceptée comme élève, j'ai appris bien des choses. La leçon la plus importante pour moi fut que l'on m'encourage enfin à l'imprudence. Comme vous, je possède une âme curieuse. Je n'aurais pas pu mener une vie normale. Vous m'avez dit de laisser ma curiosité me coûter la vie s'il le fallait. Vous m'avez donné une liste de mystères à percer, et m'avez envoyée dans le Marais noir. Vous m'avez appris à ne pas craindre l'Argonie. Vous m'avez aidée à garder pied, et je ne m'en suis rendu compte qu'en apprenant votre santé déclinante.

Nous avons partagé bien des découvertes au fil de ces années de correspondance. Je crois vraiment que je viendrai un jour au bout de cette liste. À condition bien sûr que je retourne un jour au Marais noir. Oui, frère Septimius, vous avez eu beau m'enjoindre de ne pas m'inquiéter, me voici en route pour Cyrodiil. Je resterai à votre côté. J'écarterai les affaires personnelles, et vous donnerai de la lecture pendant que vous serez alité.

Vous aviez placé le mystère le plus ardu au sommet de la liste, sans doute dans l'espoir de me décourager. Quelle est la nature de l'Hist ?

Je n'ai pas la réponse. Je n'ai même pas de nombreuses déclarations factuelles à faire sur le sujet. J'espère simplement que mes conjectures vous satisferont.

Ce ne sont que des arbres, disent certains sceptiques. Des arbres cultivés par les Lézards du Marais noir pour pouvoir boire leur sève. Ils se rappellent tous les descriptions données par Topal d'un lieu fétide et maléfique, et tirent naturellement des conclusions méfiantes. Les légions sont rentrées et ont rapporté des histoires de plantes vénéneuses, de marais empoisonnés et d'étranges défenseurs qui attaquent avec rage un jour, et ignorent les envahisseurs le lendemain. Et lorsque même les Lézards les plus « civilisés » ne savent pas apaiser ces peurs, on comprend que les pseudo-érudits craignent les Argoniens et leurs arbres étranges.

Les membres de nos cercles affirmeront que ces arbres sont conscients, et que ce sont eux qui ont fait évoluer les Lézards. J'avais espéré confirmer ou infirmer cette idée par une étude attentive du cycle de naissance des Saxhleels. Malheureusement, comme vous le savez, chaque réponse était une autre question. Ma seule certitude est que chaque entretien sur le sujet m'a fait conclure que les Saxhleel n'envisagent pas que l'un puisse précéder l'autre. Je vous épargnerai ma digression sur la façon fascinante dont cette culture perçoit les événements linéaires, puisque vous m'avez demandé de ne pas le faire à chaque fois que je vous écris.

Mais croyez-moi, mon vieil ami, les Hist ne sont pas des arbres ordinaires, qu'ils soient conscients ou non. Il est vrai que ces arbres sont impressionnants et imposent le respect lorsqu'on se tient à leur pied. Mais j'ai toujours été fascinée par leurs racines. Si seulement je pouvais décrire avec justesse ce que j'ai vu, frère Septimius. Sous le marais, les racines sont si profondes et écartées que l'on ne pourrait plus savoir à quel arbre elles appartiennent. Par bien des façons, les racines sont le marais. Les racines l'ancrent, et déterminent ses changements.

Je sais que nous en avons déjà discuté, et que vous avez postulé que la nature chaotique du marais est due à un type de magie similaire à celle que nous avons constatée chez les Elfes de Val-boisé. Je ne puis nier cette idée, j'en comprends la logique, mais je la pense erronée.

Cette région a mis en déroute des traqueurs expérimentés en quelques instants. Je ne peux pas dire que je l'ai vu bouger, mais j'ai un sens de l'orientation assez fin, depuis le temps, pour savoir quand on me fait tourner en rond. Et cela sans entrer dans les théories plus douteuses d'espaces relatifs. Je pense que, comme les Saxhleel changent pour s'adapter à leur environnement, les racines changent le Marais noir à leur convenance.

Frère Septimius, nul n'est jamais passé près de conquérir le Marais noir. On peut à peine considérer ses frontières comme les limites de l'Argonie. Les cartes sont forcément fausses. Les racines sont trop profondes et étendues pour que nous connaissions la véritable Argonie.

Tous les académiciens se concentrent sur la sève. Ne sont-ce pas les Elfes des bois dont je parlais qui se qualifient de Peuple de la Sève ?

Les Saxhleel sont le Peuple des Racines, et c'est là que je trouverai la réponse à votre mystère le plus opaque.

Cela devra attendre mon retour. Je vous verrai bientôt, et nous vous mettrons sur le chemin de la guérison.

Affectueusement,
Junia Severa