Par Relmyna
Shéogorath, mon aimé,
Pardonne-moi, voilà bien longtemps que je ne t'ai pas écrit.
Je ne peux qu'espérer que cette lettre arrivera entre tes mains. Je sais que tes devoirs sont nombreux et que tu es fort occupé, mais un petit mot serait le bienvenu, même si tu me le fais parvenir par ce fou de Haskill. Si c'est impossible, ne crains rien, mon amour pour toi ne faiblira jamais. Je me souviens comme si c’était hier du jour où tu m'as emportée dans ton royaume. Tu me manques terriblement.
Tu devrais voir tous ces malheureux en train de perdre leur temps à l’Orée. A mon avis, un petit nombre sera bientôt prêt, et les autres, qui sait ? Si ce n'était blasphématoire, j'oserais dire que le monde redevient sain d'esprit. Je sens dans mes os une présence glaçante qui s'approche comme un vide dévorant. Cela n'augure rien de bon mais j'ai confiance dans le pouvoir de mon seigneur qui saura bien nourrir notre esprit et nous tenir à l'écart de ces abondantes averses d'inspiration.
Notre enfant continue de détruire ces fastidieux aventuriers qui ne s’intéressent qu’aux trésors et à la gloire.
Je séjourne en ce moment à Colmur et j'instruis Nanette Don, mon apprentie. Je fonde beaucoup d'espoirs en elle et j'espère qu'elle s'épanouira bientôt. Je rends visite à notre enfant, tous les soirs à minuit, quand tout est tranquille et que le monde appartient aux souvenirs et à l'imagination. Il est fort et puissant, tout comme son père. Il aimerait que tu nous rendes visite. La façon dont tu te tiens éloigné de moi est cruelle. Parfois, je peux à peine le regarder, parce que je me souviens du moment où nous l'avons engendré, de ton corps luisant dans le bassin, entremêlant avec amour les éléments de chair qui deviendraient notre enfant – puis la délicieuse torture de ta douce étreinte. Maintenant, quand je lui rends visite, je ne peux m'empêcher de pleurer comme une fillette. Je sais que cela ne me ressemble guère... mais c’est plus fort que moi.
Mais le pire de tout est qu'il semble que mes larmes brûlent notre pauvre fils. Elles provoquent une grande agitation chez l'âme daedrique enfermée dans son corps et menacent de déchirer la magie protectrice tissée autour de lui, en lui. Je ne me suis pas rendu compte à quel point cette âme aspirait à quitter l'enveloppe que j'ai moi-même cultivée dans mon jardin. Mais la chair est pure. Parfaite ! Ce sont mes propres larmes peut-être qui contiennent l'imperfection...
Mais je ne devrais pas t'ennuyer avec ces détails insignifiants. Notre enfant, ton Gardien des Portes, veille, fort et puissant. Aucun mal ne peut lui arriver.
A toi, ta toujours fidèle
Relmyna
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