La Révolte de Primeterre : Différence entre versions

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La Révolte de Primeterre
 
La Révolte de Primeterre
  

Version du 17 mars 2006 à 11:27


La Révolte de Primeterre

Par Maveus Cie




" Vous m'aviez dit que si le frère de Morgia l'emportait, elle deviendrait soeur du roi de Refuge et que Réman souhaiterait conserver cette alliance. Mais Helseth a perdu et est retourné pleurer dans le giron de sa mère, en Morrowind, et pourtant, Réman n'a pas quitté Morgia pour venir m'épouser, tempêta dame Gialène en inspirant une longue bouffée de fumée et en la recrachant lentement afin de se calmer. Vous faites un bien piètre conseiller, Kael. J'aurais mieux fait d'utiliser mes charmes sur le roi d'Havrebrume ou d'Alinor plutôt que de m'intéresser au misérable époux de la reine Morgia. "


Kael préféra ne pas heurter la vanité de sa maîtresse en suggérant que le roi de Primeterre aimait peut-être sa reine dunmer. Au lieu de cela, il laissa dame Gialène sortir sur son balcon qui surplombait les palais de l'ancienne capitale construits à flanc de falaise. Les lunes luisaient telles des sphères de cristal sur les eaux couleur saphir de la mer d'Abecéanne. C'était toujours le printemps, et Kael comprenait aisément pourquoi sa maîtresse préférait monter sur le trône ici plutôt qu'en Havrebrume ou Alinor.


" Le peuple est avec vous, dame Gialène, dit-il enfin. Personne n'apprécie que l'héritier elfe noir de Réman puisse prendre sa suite.


- Je me demande... si le roi ne veut pas se débarrasser de sa reine pour ne pas perdre une alliance, peut-être serait-il possible de l'écarter par la crainte. De tous les sujets de Primeterre, quels sont ceux qui apprécient le moins l'influence des Dunmers sur la cour ?


- S'agit-il d'une question piège, Madame ? Les moines trébins, bien sûr. Ils n'ont jamais cessé de militer pour que la race des Aldmers reste pure sur l'île de l'Automne, surtout auprès des familles de la haute noblesse. Mais ils feraient de bien piètres alliés, Madame.


- Je sais, fit Gialène en se tapotant la lèvre inférieure de son narguilé avant de se fendre d'un sourire. Morgia a veillé à ce que leur influence soit pour ainsi dire nulle. Elle les aurait même fait exterminer jusqu'au dernier si Réman ne l'en avait pas empêchée, en raison de l'aide que les moines apportent aux gens des campagnes. Mais que se passerait-il s'ils gagnaient soudain une puissante bienfaitrice ? Une femme qui connaîtrait la cour de Primeterre comme sa poche, qui serait la concubine favorite du roi et qui disposerait de tout l'or de son père, le roi de Gardeciel, pour acheter des armes...


- Il est vrai que bien armés et bénéficiant du soutien du peuple, ils deviendraient redoutables, concéda Kael. Mais, étant votre conseiller, je me dois de vous mettre en garde : si vous faites activement la guerre à la reine Morgia, il vous faudra absolument l'emporter. Car n'oubliez pas qu'elle tient de sa mère Barenziah pour ce qui est de l'intelligence et de la soif de revanche.


- Elle n'apprendra que je suis son ennemie que lorsqu'il sera trop tard pour elle, répondit Gialène, avec un haussement d'épaules. Allez au monastère des Trébins et amenez-moi le frère Lylim. Nous devons mettre notre plan d'attaque sur pied. "


Deux semaines durant, Réman entendit ses conseillers lui dire que les troubles menaçaient dans les campagnes, les paysans surnommant de plus en plus souvent Morgia la Reine Noire, mais il avait entendu cela bien trop souvent pour s'en inquiéter. Les pirates installés sur l'île de Calluis Lar le préoccupaient bien davantage. Ils se montraient particulièrement téméraires depuis quelque temps, n'hésitant plus à s'en prendre aux barges royales. Pressé de se débarrasser d'eux, Réman décida de prendre la tête de l'armée chargée d'envahir leur île et de les mettre hors d'état de nuire.


Quelques jours après son départ de la capitale, les moines trébins déclenchèrent leur révolte. Parfaitement coordonnées, leurs attaques prirent tout le monde par surprise. Le chef de la garde pénétra en trompe dans les quartiers de la reine, suivi par une armée de serviteurs n'ayant pas eu le temps de l'annoncer.


" Nous avons une révolution sur les bras, ma reine ! " lui apprit-il.


De son côté, Gialène était déjà levée lorsque Kael vint lui communiquer la nouvelle. Assise à la fenêtre, elle fumait tranquillement son narguilé en contemplant les incendies allumés dans les collines.


" Morgia a réuni le conseil, lui dit Kael. Nul doute qu'elle en train d'apprendre que les Trébins sont derrière le soulèvement et que la révolution sera aux portes de la ville dès demain matin.


- Quelle est la taille de l'armée révolutionnaire par rapport à la milice restante ? s'enquit Gialène.


- Les chiffres parlent largement en notre faveur, mais peut-être pas autant que nous aurions pu l'espérer. Apparemment, les gens des campagnes aiment se plaindre de leur reine, mais beaucoup n'ont pas voulu se joindre à l'insurrection. Nos troupes sont principalement constituées de moines et de mercenaires achetés grâce à l'or de votre père. C'est sans doute préférable, en ce sens qu'ils sont plus organisés qu'une foule de paysans en colère. Il s'agit d'une véritable armée, avec des musiciens pour donner le pas et sonner la charge.


- Si cela n'encourage pas la Reine Noire à abdiquer, rien n'y parviendra, avança Gialène en se levant, tout sourire. La pauvre chérie doit être morte d'inquiétude. Il faut absolument que je me rende à son côté pour profiter de sa mine déconfite. "


Mais Gialène fut déçue quand elle vit Morgia sortir de la salle du conseil. Compte tenu du fait que la reine avait été réveillée en plein sommeil par un soldat lui annonçant une révolution et qu'elle avait passé les heures suivantes à consulter ses conseillers pour s'entretenir de l'état de ses maigres forces, elle faisait preuve d'un calme et d'une prestance remarquables. Une lueur de défi brillait dans ses yeux de feu.


" Ma reine ! s'écria Gialène tout en se forçant à pleurer. Je suis venue aussi vite que possible ! Allons-nous donc tous finir massacrés ?


- C'est tout à fait possible ", répondit tranquillement Morgia.


Gialène essaya de voir ce que pensait la souveraine mais, si les expressions des hommes n'avaient plus aucun secret pour elle, celles des femmes, et plus encore des étrangères, demeuraient un mystère pour elle.


" Je m'en veux de vous proposer cela mais, comme vous semblez être la cause de leur mécontentement, peut-être se disperseront-ils d'eux-mêmes si vous abdiquez, suggéra-t-elle. Comprenez bien que je pense uniquement à l'avenir du royaume et à notre survie à tous, ma reine.


- Je comprends fort bien, répondit une Morgia souriante. Et je vais réfléchir très sérieusement à votre suggestion. Je l'ai déjà fait, d'ailleurs. Mais je ne crois pas qu'il soit nécessaire d'en venir à une telle extrémité.


- Avez-vous un plan pour nous défendre ? demanda Gialène, comme si les paroles de sa souveraine faisaient renaître l'espoir en elle.


- Le roi nous a laissé plusieurs dizaines de mages de guerre, expliqua Morgia. Je pense que la foule est persuadée de n'avoir à faire qu'à quelques soldats et aux gardes du palais. Quelques boules de feu devraient ramener l'ordre rapidement.


- Mais ces coquins ne risquent-ils pas de se protéger contre les sorts des mages de guerre ?


- Si, bien sûr... à condition qu'ils sachent ce qui les attend, mais il serait fort surprenant qu'une telle cohue soit accompagnée de mystiques capables de contrer ces sorts ou de les renvoyer à mes mages de guerre. Ce serait le pire des scénarii, mais je ne m'en inquiète guère. Même s'ils possédaient tant de mages de leur côté, ils ne s'attendront sûrement pas à une telle manoeuvre de notre part. Et une fois que notre piège se sera refermé sur eux, il sera trop tard pour le contrer.


- Votre plan est tout simplement génial, Majesté ", fit Gialène, réellement impressionnée.


Morgia s'excusa, arguant du fait qu'elle devait s'entretenir avec ses mages de guerre et Gialène la serra dans ses bras avant de retourner à ses quartiers, où Kael l'attendait.


" Avons-nous des mystiques au milieu de nos mercenaires ? demanda-t-elle d'emblée.


- Plusieurs, répondit Kael, surpris par la question. Presque tous ont été rejetés par l'Ordre des Psijiques, mais ils savent comment lancer les sorts de base.


- Dans ce cas, faites-les sortir de la ville sans vous faire remarquer et dites à frère Lylim d'ordonner à tous les mystiques d'utiliser des incantations de renvoi des sorts sur les premières lignes au moment de l'attaque.


- Voilà une tactique fort étrange, s'inquiéta Kael.


- Je le sais bien, idiot, mais c'est justement sur cela que compte Morgia. Plusieurs mages de guerre attendent l'arrivée de notre armée depuis le haut des remparts pour l'accueillir à coups de boules de feu...


- Des mages de guerre ? s'étonna le conseiller. J'aurais pourtant cru que le roi les aurait tous emmenés avec lui afin de combattre les pirates.


- Cela ne m'étonne pas de vous, se moqua Gialène. Heureusement que je suis là, sans quoi nous aurions été vaincus. Allez, maintenant. "


Le frère Lylim était de l'avis de Kael ; jamais une bataille n'avait été entamée en renvoyant des enchantements et des sorts sur ses propres troupes. Cela allait à l'encontre de la tradition et, en tant que Trébin, le moine n'avait pas de valeur plus importante que cette dernière. Mais les ordres étaient les ordres. Ses rares guérisseurs ne pouvaient pas dépenser leur énergie à lancer des sorts de résistance, de toute façon.


Aux premières lueurs de l'aube, l'armée rebelle était en vue des remparts de Primeterre. Le frère Lylim réunit tous ses soldats connaissant quelques rudiments de mysticisme. Leur savoir individuel n'était guère important mais, ensemble, ils devenaient redoutables. Un incroyable flux d'énergie enveloppa les premiers rangs de l'armée dans un crépitement d'énergie. En arrivant devant les portes de la ville, tous ses soldats savaient qu'ils n'avaient rien à craindre des sorts adverses.


Le frère Lylim regarda son armée attaquer les portes à coups de bélier avec la satisfaction d'un général qui sait avoir déjoué le plan ennemi. Mais son sourire disparut bien vite.


En effet, les rebelles furent accueillis du haut des remparts, non pas part une armée de mages, mais par les gardes du château transformés en archers. Alors que les flèches enflammées s'abattaient sur les insurgés, les guérisseurs tentèrent de faire usage de leurs sorts pour aider les blessés, mais l'enchantement de protections jeté par leurs propres mystiques renvoya tous leurs sorts, les rendant inutiles. Réalisant qu'ils ne disposaient d'aucune défense, les paysans s'enfuirent dans le plus grand désordre. Même le frère Lylim finit par se replier, après s'être un instant demandé s'il devait rester à son poste.


Plus tard, il envoya des messages furieux à dame Gialène et à Kael, mais on les lui retourna scellés. Même ses meilleurs agents ne purent lui dire ce qu'il était advenu des conspirateurs.


Apparemment, aucun d'entre eux n'avait fait l'expérience de la torture et tous les deux confessèrent bien vite leur traîtrise, à la grande satisfaction du roi. Kael fut exécuté, tandis que Gialène était renvoyée chez son père sous bonne escorte. Au jour d'aujourd'hui, le roi de Gardeciel n'a toujours pas réussi à lui trouver un mari. Pour sa part, Réman a décidé de ne plus prendre de concubine, et les paysans de Primeterre considèrent ce non-respect du protocole comme une preuve supplémentaire de l'influence que la Reine Noire a sur lui, comme ils le racontent en grommelant à qui veut bien les écouter.