Journal d'Aicaano

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
Aller à : navigation, rechercher
Média d'origine : TES Online

Par Aicaano


Je couche sur le papier ce que je crains être les derniers jours de Tailleterre. Quoique beaucoup dénigreraient cet endroit comme un lieu reculé et sans grâce, j’y ai trouvé la paix. Peu des endroits plus "civilisés" où j'ai pu me rendre m'ont accueilli à ce point. Quoique rares sont ceux de ma race qui viennent ici, je n'y ai rencontré aucun préjugé, aucun ressentiment.

Je vis ici depuis deux ans, dans une ambiance de camaraderie et de confiance telles que je n'en ai jamais connues. Ce fut une époque bénie dans ma longue vie, et je la regretterai amèrement si elle en vient à s’achever.

Il y a de cela plusieurs semaines, un humain à l'apparence frustre et aux manières plus bourrues encore entra dans notre village. Il déambula d'un air de propriétaire, ouvrant chaque porte, fouillant chaque écurie. Ovidius, généralement l'idiot bouffi le plus fat qui soit, se comporta pour une fois comme le préfet qu'il affirme être. Il aborda cet étranger, et exigea de savoir quelles affaires l’amenaient ici.

L'intrus le considéra durement et ne daigna pas répondre. Il repartit du village et disparu derrière la colline à l'est. Étiache voulait le suivre, mais Ovidius l'interdit, inquiet des problèmes que cela pourrait causer.

Si seulement nous avions écouté Étiache. Nous aurions dû rattraper cet étranger et l'étrangler. Peut-être alors aurions nous évité ce sort. Auri-El seul le sait. Je l'ignore.

Quelques jours plus tard, un autre étranger vint à Tailleterre, portant des épées usées, au fourreau ample. Sa monture était un destrier aux yeux fous, élevés pour le combat, et retenu seulement par la main ferme de son cavalier. Ce guerrier s'avança Vers Ovidius.

Il se présenta sous le nom de Varier, et se proclama nouveau suzerain de Tailleterre. Il dit que sa bande, les Dagues noires, attendait juste derrière la colline. Il nous accorda une journée pour accepter ses termes, ou nous serions tous massacrés. Tous les habitants étaient à présent ses serviteurs, et nos habitations, nos biens et nos bêtes étaient à lui. Ceux qui coopéraient seraient traités avec justice.

Ovidius le regarda, bouchée bée. Avant qu’il ait pu répondre, l'affaire lui échappa. Nerva chargea Vanier, en criant qu'il refusait de vivre en esclave. L'épée du bandit trancha les dents de la fourche de Nerva, et les sabots du cheval lui enfoncèrent le crane. Sous le choc, nous regardâmes Vanier s'éloigner.

Nous avons enterré Nerva derrière sa maison. Puis nous nous sommes réunis autour du puits, pour discuter de son sort. Certains, comme Yggopz et Étiache, proposent de se battre. Comme si des fermiers et des marchands avaient la moindre chance contre des hommes comme Vanier. Les esprits plus raisonnables ont prévalu, et nous avons résolu d'abandonner Tailleterre. Même Yggopz a fini par accepter.

Seul Ovidius s'est opposé aux autres, il a refusé de quitter Tailleterre. Aucun argument n’a pu le faire changer d'avis. En fin de compte, il s'est retiré dans la tour, avec toute la nourriture et l'eau que nous pouvions lui laisser. Nous avons scellé la porte derrière lui.

C'est Iirenir, la timide Iirenir, qui a suggéré que nous chaînions nos portes, et détruisions tout ce que nous ne pouvions pas emporter. Ce fut accompli, avec une satisfaction sinistre.

L'aube poindra bientôt. Les autres sont partis, lentement, vers le sud. Je dois partir à mon tour. Je ne m’attarde que pour conclure ce récit. Peut-être, un jour, viendrons-nous reconquérir Tailleterre, et ce journal survivra alors comme un témoignage de cette heure noire.