Feyfolken II : Différence entre versions

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Feyfolken,
 
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Version du 11 décembre 2006 à 12:29

Feyfolken,

Livre II

Par Waughin Jarth




Après l'épreuve et après que Vonguldak et Taksim eurent démontré qu'ils connaissaient les bases de l'école d'Invocation, le grand sage leur dit qu'ils pouvaient faire ce qu'ils voulaient du reste de la journée. Les deux garçons refusèrent de quitter leurs places.


" Vous nous avez dit qu'après l'épreuve vous continueriez l'histoire du scribe et de sa plume enchantée, dit Taksim.


-Vous nous avez déjà tout dit sur le scribe, sur le fait qu'il vivait seul, sur sa rivalité avec la secrétaire du temple à cause du bulletin qu'il rédigeait et sur le fait qu'il souffrait de la peste pourpre et qu'il ne pouvait pas parler. Quand vous vous êtes arrêté, son messager lui ramenait la plume enchantée contenant l'esprit d'un Daedra nommé Feyfolken, ajouta Vonguldak pour rafraîchir la mémoire du grand sage.


- En fait, répondit le grand sage, je pensais faire un petit somme. Cependant, cette histoire concerne la nature même des esprits et elle a donc un rapport avec l'école d'Invocation, je vais donc continuer :


Thaurbad commença à se servir de la plume pour rédiger le bulletin du temple et il y avait quelque chose dans ces lettres qu'il formait, presque en trois dimensions, qu'il appréciait beaucoup.


Au cours de la nuit, Thaurbad se consacra au bulletin du temple d'Auri-El. Dès l'instant où il s'était mis au travail avec la plume de Feyfolken, c'était devenu pour lui un ouvrage d'art, un manuscrit enluminé rédigé d'or, à la syntaxe simple mais exemplaire. Le sermon sonnait comme une poésie bien qu'il soit basé sur les exhortations du grand prêtre, doctrines alessiennes les plus banales qui soient. Les textes nécrologiques concernant le trépas de deux des principaux bienfaiteurs du temple étaient puissants et brillants, des morts sans importance que les mots transformaient en une tragédie d'importance universelle. Thaurbad travailla jusqu'à ce qu'il soit au bord de l'épuisement. A six heures du matin, un jour avant la date limite, il donna le bulletin à Gorgos pour que ce dernier le remette à Alfiers, la secrétaire du temple.


Comme on pouvait s'y attendre, Alfiers n'envoya pas de réponse pour le complimenter de son avance. Cela n'avait pas d'importance. Thaurbad savait que c'était le meilleur bulletin que le temple ait jamais eu. A treize heures, le dimanche suivant, Gorgos apporta de nombreux messages.


Le bulletin d'aujourd'hui était si magnifique que, quand je l'ai lu dans le vestibule, je me suis mis à pleurer, écrivait le grand prêtre. Je ne crois pas avoir déjà vu quelque chose qui rende un tel hommage à la gloire d'Auri-El. Les cathédrales de Primeterre sont bien pâles en comparaison. Mon ami, je me prosterne devant le plus grand artiste que l'on ait connu depuis Gallael.


Comme la plupart des gens en soutane, le grand prêtre appréciait particulièrement les hyperboles. Cependant, Thaubard était content de ce compliment. D'autres messages suivirent. Tous les anciens du temple et trente-trois jeunes et vieux pratiquants prirent le temps d'écrire et trouvèrent le moyen de lui adresser leurs félicitations. Et la seule personne par laquelle ils pouvaient obtenir cette information était Alfiers. Imaginer la foule de ses admirateurs assiéger cette harpie comblait de joie Thaurbad.


Le jour suivant, en prenant le bac pour se rendre auprès de sa guérisseuse, Télémichiel, Thaurbad était encore de bonne humeur. L'herboriste était nouvelle, une jolie Rougegarde qui tenta de lui parler même après qu'il lui eut donné une note sur laquelle était écrit : Je me nomme Thaurbad Hulzik et j'ai rendez-vous avec Télémichiel à onze heures. Pardonnez-moi de ne pas parler, mais je n'ai plus de cordes vocales.


- La pluie s'est-elle déjà mise à tomber ? demanda-t-elle joyeusement. L'oracle a dit que cela ne devrait pas tarder.


Thaurbad fronça les sourcils et secoua la tête de mécontentement. Pourquoi tout le monde avait-il l'impression que les muets avaient envie qu'on leur parle ? Est-ce que les paraplégiques appréciaient qu'on leur lance des balles ? Ce n'était pas une attitude cruelle mais Thaurbad suspectait certaines personnes de vouloir prouver ainsi qu'elles n'étaient pas handicapées, elles.


L'examen en lui-même fut une horrible routine. Télémichiel ne cessa de parler, de parler et de parler encore tandis qu'elle lui infligeait sa torture chirurgicale.


- Vous devriez essayer de parler rien qu'une fois. C'est le seul moyen de voir si vous allez mieux. Si vous n'êtes pas à l'aise pour le faire en public, vous pourriez essayer de vous entraîner tout seul, dit Télémichiel sachant que son patient ignorerait son conseil. Essayez de chanter dans votre bain. Je suis sûre que vous découvrirez que ce n'est pas aussi terrible que ça.


Thaurbad quitta l'herboriste avec la promesse d'avoir le résultat de ses examens d'ici deux semaines. Sur le bac qui le ramenait chez lui, il songea au bulletin du temple de la semaine prochaine. Et s'il faisait deux colonnes pour La dernière offrande du dimanche ? Mettre le sermon sur deux colonnes pouvait avoir des effets assez intéressants. Il était inconcevable qu'il ne puisse se mettre au travail avant qu'Alfiers ne lui envoie ses recommandations.


Quand elle le fit ce fut avec ces mots : DERNIER BULLETIN LEGEREMENT MEILLEUR. LA PROCHAINE FOIS N'UTILISEZ PAS LE MOT 'CHANCE' A LA PLACE DU MOT 'HASARD'. ILS N'ONT PAS LE MEME SENS.


En réponse, Thaurbad suivit presque le conseil de Télémichiel en criant des obscénités à Gorgos. Au lieu de cela, il but une bouteille de vin, se reprit et envoya la réponse qui convenait avant de s'endormir par terre.


Le matin suivant, après un long bain, Thaurbad se mit au travail sur le prochain bulletin. Son idée d'assombrir légèrement la rubrique des annonces spéciales rendait particulièrement bien. Alfiers haïssait les décorations qu'il ajoutait sur les bordures mais, grâce à la plume de Feyfolken, elles semblaient majestueuses.


Gorgos vint le voir avec un message d'Alfiers, comme en réponse à sa pensée. Thaurbad l'ouvrit. Il était juste écrit : JE SUIS DESOLEE.


Thaurbad continua à travailler. Il était persuadé que le message complet d'Alfiers ne tarderait pas à lui parvenir : JE SUIS DESOLEE QUE PERSONNE NE VOUS AIT JAMAIS APPRIS QUE LES MARGES DE DROITE ET DE GAUCHE DOIVENT AVOIR LA MEME TAILLE ou JE SUIS DESOLEE QUE L'ON NE DISPOSE DE PERSONNE D'AUTRE QUE D'UN VIEIL HOMME POUR REDIGER NOS BULLETINS. Il se fichait de savoir pourquoi elle était désolée. Les colonnes du sermon s'élevaient comme deux piliers massifs garnis de roses et surmontés de titres ornés. La rubrique nécrologique et celle des naissances étaient encadrées de symboles sphériques symbolisant le cycle de la vie. Le bulletin était révolutionnaire et incroyablement délicat. C'était une oeuvre de maître. Quand il l'envoya à Alfiers, le soir même, il savait qu'elle ne l'aimerait pas.


Thaurbad fut surpris de recevoir un message du temple le samedi. Avant d'en lire le contenu, il sut que le message ne venait pas d'Alfiers. Ce n'était pas son écriture, ni son style, et ce n'était pas écrit en lettres capitales.


Thaurbad, je crois qu'il est bon que vous sachiez qu'Alfiers n'est plus au temple. Elle a quitté son poste hier, de manière très soudaine. Je me nomme Vanderthil et j'ai la chance d'être votre nouveau contact au temple (je dois vous l'avouer, j'ai supplié qu'on me donne ce poste). Je suis époustouflée par votre génie. Je doutais de ma foi jusqu'à ce que je lise votre bulletin de la semaine dernière. Celui de cette semaine est un miracle. Assez. Je voulais juste vous dire que je suis très honorée de travailler avec vous. – Vanderthil.


Le service du dimanche suivant surprit encore plus Thaurbad, le grand prêtre attribuant au bulletin l'augmentation massive des dons et de la fréquentation. Le salaire de Thaurbad fut quadruplé. Gorgis ramena cent vingt messages rédigés par son public.


La semaine suivante, Thaurbad s'installa à sa table, un verre de Torvali à ses côtés. Il regardait le parchemin vierge. Il n'avait aucune idée. Le bulletin, son enfant, sa seconde vie, l'ennuyait. Les sermons de troisième ordre du grand prêtre étaient des abominations et la mort ou la naissance des gens le laissaient froid et indifférent. Bla-bla-bla, pensa-t-il en écrivant.


Il savait qu'il écrivait les lettres B-L-A-B-L-A mais les mots qui apparaissaient sur le parchemin étaient Un collier de perles sur un cou d'albâtre.


Il tira un trait de travers sur le parchemin mais la plume de Feyfolken écrivit : Gloire à Auri-El.


Thaurbad écrasa la plume sur le parchemin. Il griffonna sur toute la page mais les mots changeaient de forme et devenaient encore plus beaux. Chaque tache, chaque éclaboussure d'encre faisait tourbillonner le texte en un kaléidoscope avant qu'il ne se réorganise de la manière la plus exquise. Il ne pouvait rien faire pour détruire le bulletin. Feyfolken avait pris le dessus. Thaurbad n'était qu'un lecteur, pas un auteur... "





" Maintenant, dit le grand sage. Qu'était Feyfolken d'après ce que vous savez de l'école d'Invocation ?


- Que s'est-il passé ensuite ? s'écria Vonguldak.


- D'abord dites-moi ce qu'était Feyfolken, et après, je continuerai mon histoire.


- Vous avez dit qu'il s'agissait d'un Daedra, dit Taksim. Et il semble qu'il soit lié à l'art. Feyfolken était-il un serviteur d'Azura ?


- Mais peut-être que le scribe imaginait tout ceci, dit Vonguldak. Peut-être que Feyfolken était un serviteur de Shéogorath et qu'il est devenu fou. Ou peut-être que tout ce qu'inscrivait la plume rendait fous tous ceux qui le lisaient.


- Hermaeus Mora est le Daedra de la connaissance... Hircine celui de la sauvagerie... et Boéthia la Daedra, réfléchit Taksim. Puis il sourit. Feyfolken est un serviteur du Vil Clavicus, n'est-ce pas ?


- Très bien, dit le grand sage. Comment le sais-tu ?


- C'est son style, répondit Taksim. Puisqu'il ne veut pas du pouvoir de la plume maintenant qu'il le détient. Que s'est-il passé ensuite ?


- Je vais vous le dire ", répondit le grand sage avant de poursuivre son histoire.