Contes effrayants des Profonds, livre 3
Média d'origine : TES Online - Markarth
Par Cassia Volcatia, Scribe errante
Les Crevassais de Markarth sont riches en histoires inquiétantes de mystères magiques, si riches que votre humble scribe eut grand peine à décider laquelle il convenait de noter en premier. Mais de toutes les histoires échangées autour d'un feu de camp en pleine nuit qu'il m'a été donné d'écouter, c'est celle de l'arbre qui saigne qui me paraît la plus étrange. Bonne lecture ! Le Chasseur et l'Arbre qui saigne L'histoire est plus ancienne que le plus vieux des Vateshran, transmise d'un clan à un autre au fil des générations, et il en existe de nombreuses variations, mais elles commencent toutes de la même façon. Un chasseur de la crevasse banda un jour son arc et décocha sur un cerf dans une forêt obscure. Mais ce faisant, un autre animal fit craquer une brindille près de lui. Le cerf, effrayé par ce bruit, se mit en mouvement, et la flèche alla se planter dans un grand arbre ancien. Jurant tout bas de la fuite de son souper et de cette guigne, le chasseur partit récupérer sa flèche. Mais lorsqu'il approcha de l'arbre, il resta stupéfait. Sa flèche s'était plantée dans l'écorce de cet arbre noueux. Et de cette blessure s'écoulait un flot de sang rouge et clair. Pour commencer, le chasseur fut persuadé qu'il s'agissait d'une sève colorée. Mais plus il y regardait, plus il était certain que l'arbre saignait bel et bien. Il lui suffit de goûter au liquide pour s'en convaincre tout à fait. L'arbre, touché par sa flèche, saignait un sang rouge et salé. Le chasseur était perplexe. Déterminé à en avoir le cœur net, le chasseur tira son couteau et le planta dans le tronc. Sa fine lame d'os, affûtée et tranchante, s'enfonça dans l'écorce chaude. Là aussi, et dans chaque autre blessure qu'il ouvrit, le sang coula. Incapable de comprendre comment un arbre pouvait saigner, le chasseur frappa encore et encore. Certaines versions disent que le chasseur se sentait coupable d'avoir blessé l'arbre, et voulait lui porter le coup de grâce. D'autres le dépeignent enragé d'avoir goûté au sang de l'arbre, plongé dans une rage guerrière comme il n'en avait jamais connu. Quelle que soit la raison, dans toutes les versions du récit, le chasseur poignarda l'arbre jusqu'à ses blessures soient légion. La flaque de sang à son pied devint soudain assez profonde pour lui baigner les chevilles. Épuisé de son assaut contre cet arbre qui n'aurait pas dû saigner et refusait de mourir, le chasseur récupéra sa flèche et partit, décidé à raconter l'incident à son clan. Ne serait-ce que pour vérifier qu'il ne devenait pas fou. Le lendemain, le chasseur et son clan revinrent au lieu de la rencontre, mais il n'y avait là aucun clan. Il ne restait qu'une flaque de sang noirci, coagulé, qui dévorait le soleil déversé par un trou dans les feuillages. Un trou dont le chasseur jura ses grands esprits qu'il n'était pas là la veille. Les autres chasseurs raillèrent l'homme, persuadés que le sang venait d'un animal à l'agonie. Mais aucun ne sut dire quel animal aurait pu laisser autant de sang mais aucun cadavre. Il n'y avait pas de trace, ni la marque d'un cadavre. Rien que cette flaque de sang ronde et figée. Le clan et même le chasseur qui avait blessé l'arbre finirent par oublier cet incident. Bientôt, ce ne fut plus qu'une histoire à raconter autour du feu… jusqu'à ce qu'il se fût écoulé exactement un an depuis que le chasseur avait blessé l'arbre étrange. Ce matin-là, les autres membres du clan trouvèrent le chasseur dans sa tête. Il n'était pas venu au repas du matin, et pour cause : ils le retrouvèrent avec sa propre flèche plantée dans la poitrine. Des entailles innombrables criblaient son corps, et il gisait dans une flaque coagulée de son propre sang. Et pourtant, le clan ne trouva aucune empreinte de pas dans la tente ni au-dehors, et les éclaireurs assurèrent que personne n'était entré ni sorti du clan pendant la nuit. Persuadé de leur malchance, le chef ordonna que l'on brûlât le cadavre du chasseur et sa tente, afin d'apaiser l'esprit de la forêt qui l'avait tué. Le clan quitta ensuite la région, et ne revint jamais à cette partie de la forêt, de crainte qu'un autre ne trouve un arbre qui saigne. Ici prend fin ce dernier volume en date de mes Histoires effrayantes. Soyez assurés, chers lecteurs, que les Crevassais m'ont raconté de nombreuses autres histoires au cours des nuits où je fus accueillie autour de leurs feux de camp. Comme Ard Caddach me l'a si clairement expliqué, les Crevassais ne sont ni des brutes, ni des barbares, mais des gens comme les autres, avec une histoire orale riche et raffinée. Et leur terre étrange est véritablement peuplée d'histoires terrifiantes ! Une fois de plus, je vous remercie de votre généreux soutien. Et je vous proposerai bientôt un nouveau volume !
|