Bonheur

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
Aller à : navigation, rechercher
Média d'origine : TES Online

Par Anonyme


J'étais là, dans la caravane où tout a commencé. Je ne supporte toujours pas l'idée de voyager. La peur me paralyse chaque fois que j'envisage de partir.

Il y a un an, à peu près, je partais pour Elsweyr, pour le compte de la guilde des mages, pour mener des recherches sur les plantes de Dune. J'accompagnais une grande caravane, bien protégée. Je n'étais pas un grand voyageur, mais au milieu des gardes et des chariots lourds, je me sentais en sécurité.

Cette illusion n'aura tenu que jusqu'au quatrième jour de route. Au petit matin, alors que nous nous préparions à partir, j'ai entendu qu'un des gardes de nuit avait disparu. Au début, mes compagnons de route s'en désintéressèrent, supposant qu'il avait abandonné son poste (apparemment, c'est chose commune). Mais en continuant nos préparatifs, nous retrouvâmes son paquetage. Nous prîmes la route malgré tout, sans savoir ce qui lui était arrivé.

Vers le midi, l'un des gardes khajiiti vit quelque chose devant nous sur la piste. Il partit devant pour en avoir le cœur net, et si un Khajiit peut blêmir, il l'avait fait en revenant à nous. Il alla droit au chef de la caravane, sans dire un mot. Après quelques questions appuyées, j'appris que le Khajiit avait découvert le cadavre du garde, disposé sur notre passage. La rumeur voulait qu'il ait une flèche dans la gorge, marquée du mot« Extase ».

Il ne fut que le premier. Chaque nuit, un autre garde disparaissait. Chaque jour, nous retrouvions son cadavre sur la route, une flèche portant le mot « Extase » dans la gorge. La caravane était en émoi. Certains voulaient absolument tourner les talons, mais nous avions dépassé la moitié du chemin, et le chef de caravane refusait cette idée. Personne ne dormait, les gardes furent doublés, les feux de camp furent allumés en périphérie du périmètre - mais sans faute, il disparaissait encore un garde par nuit. Nous renonçâmes à faire halte, nous dormions par tours à l'arrière des chariots agités. Je m'éveillai d'un sommeil agité à deux jours de Dune, et découvris que mon chariot s'était arrêté. Hagard, je me redressai lentement et glissai un coup d'œil à l'extérieur. J'étais cerné par les cadavres. Tous les membres encore présents de la caravane étaient morts, la gorge transpercée d'une flèche portant le mot « Extase ». Affolé, j'allai de l'un à l'autre, pour chercher le moindre signe de vie, mais renonçai bientôt, pour rester prostré. Qu'est-ce qui avait pu faire ça ! Pourquoi ! Pourquoi ce mot sur les flèches ?

Les deux journées que je mis pour arriver à Dune sont perdues dans la brume. J'étais certain qu'on me trouverait, qu'on ne m'avait épargné que par erreur. À présent, j'imagine que l'on me laissa la vie sauve sciemment, afin que je fasse le récit de cette caravane. Personne n'accepta de me croire. Lorsque je repartis avec la garde de la ville pour leur montrer le site du massacre, il n'en restait aucune trace. Je me demandai si j'étais devenu fou. Mais une semaine plus tard, d'autres rapports arrivèrent, parlant d'archers fantômes jouant un jeu cruel avec les caravanes, au moyen de flèches marquées du mot « Extase ».

Je n'ai pas eu la volonté requise pour quitter Dune et rentrer auprès de la guilde des mages, malgré les courriers qu'ils m'ont adressés. Cela fait des mois que ces rapports ont cessé, mais la peur me retient encore ici.

Je ne sais pas qui a accompli ces actes. Mais je sais qu'il est encore là, tapi sur la route.