TESO:Archives du maître du savoir/Mycaelis Julus répond à vos questions

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Par Mycaelis Julus, 2E 582


À lire : Correspondance d'architecte impérial


« Salutations, Architecte,

Je me pose une question capitale, et ce depuis plusieurs décennies. Je sens que sa nature même demandera quelque explication.

En arrivant à la cité impériale il y a plusieurs dizaines d'années, je me retrouvai du mauvais côté d'une « plaisanterie » d'ivrogne perpétrée par, me semble-t-il, des Coloviens. Il ne s'en fallut pas de plus de cinq minutes pour que l'on me demande ce que je faisais si loin de chez moi. J'interprétai la question comme référant au Marais Noir, mais hélas, je crois qu'ils pensaient aux égouts. Du moins serait-ce logique, car c'est là que je me retrouvai bientôt. Avec son enfilade de pièces identiques plongées dans l'obscurité, il me fallut une semaine pour en sortir. Je n'eus que des rats à manger pendant plusieurs semaines. Non pas que cela me dérange, ils font d'excellents en-cas. Mais je digresse.

Si vous êtes effectivement le concepteur de ces systèmes où j'errai, voici ma question : pourquoi concevoir une telle monstruosité d'ingénierie, avec de vastes pièces apparemment inutiles mais presque aucune canalisation ? Honnêtement, le Marais Noir semble bien plus adapté que ces égouts à éliminer la fange.

Si vous n'êtes pas vous-même leur concepteur, alors que savez-vous de qui a construit de telles catacombes hautes de plafond mais avares d'issues ?

Dans l'attente de votre réponse.

Crépite-Au-Contact, Anciennement de la Faculté de l'Université Arcanique »


Mycaelis Julus : « Pour faire bref, les architectes originels des égouts de la cité impériale étaient des Ayléides, qui n'ont laissé aucune trace pour expliquer le moyen ou l'idée de leur construction. Il est toutefois clair que ce réseau d'égouts ne servait pas qu'à l'évacuation. Il semble également conçu pour permettre le transport souterrain de larges objets ou êtres que les Ayléides ne désiraient pas exposer au soleil ni aux éléments. Mais nous ignorons encore toute l'étendue du système, car au fil du temps, certaines sections s'en sont effondrées, de telle sorte que si l'évacuation des déchets se fait, nul ne peut y circuler. D'autres zones sont même entièrement éboulées, et de nouvelles excavations furent nécessaires pour les contourner ou réorienter. Mais en tant qu'architecte civil, je trouve remarquable que, malgré les ravages du temps, ces égouts poursuivent leur œuvre et évacuent les déchets de la grande ville qui les surplombe. »


« Honorable Mycaelis,

J'espère que cette lettre vous trouvera à l'abri, bien loin des combats amers qui dominent la capitale. Dans mon domaine, j'ai appris à chercher et mémoriser les tunnels cachés que toutes les villes tamriéliques semblent cacher sous leurs jupons. De là, je ne peux que mieux épier les immondes adeptes des Arts Noirs, souvent eux-mêmes maîtres du subterfuge. De là, je ne peux que mieux les frapper.

Ma question concerne les égouts de la cité impériale. Je sais que la majeure partie de ce réseau fut construite il y a longtemps, mais que pourriez-vous me dire sur la finalité des étroits couloirs qui partent en étoile de toutes les grandes salles ? Lorsque je poursuis une cible dans ces lacets boueux, et lorsque nous débouchons dans un tunnel aveugle avant de glisser contre une poussée de pierre daedrique ou sur un champignon, je me demande ce qui a pu motiver ces couloirs sinueux.

La seule explication qui me vient serait qu'un antique nécromancien clairvoyant aurait construit ce maudit réseau pour déjouer toute tentative de châtier ses successeurs à venir.

D'avance, merci pour les idées dont vous pourrez me faire part, et puisse le Révélateur vous garder dans ses bonnes grâces.

V.E. »


Mycaelis Julus : « La disposition labyrinthique du réseau des égouts est difficile à expliquer au premier abord, mais nous devons nous rappeler qu'il fut conçu pour assainir la cité capitale des Elfes, très différente de notre actuelle cité impériale. Les bains publics, les fontaines et les quartiers eux-mêmes ont changé depuis que l'armée d'esclave d'Alessia a chassé les Ayléides et capturé la ville pour l'humanité. En bien des endroits, les canalisations sous les rues ont été entièrement refaites, et ne conservent aucune trace de la construction originelle. Certaines parties du réseau sont à peine utilisées de nos jours, tandis qu'une lourde pluie pourrait faire déborder et refluer d'autres canalisations. L'ensemble exige un entretien constant. Croyez-moi, un architecte civil ne manque jamais d'occupation ! Et voici que ces protrusions daedralithiques bleues viennent crever les murs, quitte souvent à bloquer l'écoulement. Une fois la cité libérée, je ne sais pas ce que nous ferons. Le budget qu'on nous allouait avant cette crise ne suffira pas à tout réparer – il était déjà sous-estimé pour l'entretien ! »


« Salutations, architecte Julus,

J'ai souvent parcouru les égouts impériaux depuis que les capitaines des alliances ont ouvert les portes, et j'ai exploré presque chacun de leurs recoins. J'ai quelques questions que j'aimerais soumettre à votre expertise…

Premièrement, j'imagine que vous avez conscience de la présence de la zone nommée Barathrum Centrata au pied de la Tour d'or blanc, et de la Cathédrale du feu de dragon profondément enfouie sous la cité impériale. Quelle raison vous a poussé à incorporer la première dans votre complexe, mais à cacher la seconde ? Qui soit dit en passant méritera votre attention, lorsque la guerre sera achevée…

Deuxièmement, pourquoi rendre les égouts propres à la circulation ? Avec la quantité de sorts à votre disposition, un groupe d'ouvriers manuels était-il vraiment nécessaire pour entretenir le réseau ? Cela aurait réduit d'autant l'absurde quantité de créatures que l'on y croise… comme si les vargrisons ne suffisaient pas, on y croise des crocodiles et des ragnards ! Sans parler des troupes daedriques. Donc, pourquoi ne pas vous contenter de simples canalisations, au lieu de tunnels de 3 mètres de large ? Et si vous connaissez l'architecte du pendant à Haltevoie, rapportez-lui les mêmes remontrances.

Enfin, vous n'avez même pas réfléchi aux conséquences de l'évacuation de tous ces déchets ? J'ai croisé deux officiers dans la région de Fangeombre, au Marais Noir. L'un des deux avait l'obligeance de se préoccuper assez des Argoniens indigènes pour nettoyer la pollution. Prévenez-moi si vous décidez de remédier à ce problème.

Hormis ces trois doléances, c'est un système exemplaire. Félicitations pour cette merveille d'ingénierie.

Sincèrement, Alena-Draco, Paladin en chef et matriarche de la maison Draco »


Mycaelis Julus : « Par la théière de Julianos ! Ne me confondez pas avec le concepteur originel de ce réseau d'évacuation – je me contente de faire de mon mieux pour le comprendre et l'entretenir, malgré mes ressources ridiculement faibles. Vous demandez pourquoi ces égouts sont ouverts à la circulation : je vous assure que les quatre cinquièmes ne le sont pas, car ils sont composés de gouttières qui acheminent les eaux usées vers les plus grands conduits. Les tunnels accessibles permettent de se rendre en des endroits clés, et facilitent ainsi l'entretien de l'ensemble. Ils semblent avoir aussi servi aux Ayléides de réseau de transport souterrain, sans que l'on ne sache à quel besoin cela répondait. Quant aux égouts d'Haltevoie, j'ai cru comprendre qu'ils avaient été construits pour émuler ceux de la cité impériale, ce qui expliquerait leurs points communs apparents.
Pour ce qu'il advient des déchets de la cité impériale lorsqu'ils sont emportés par le Nibène, eh bien, comme on le dit en Cyrodiil, oublions le passé. Nous n'avons pas pour habitude de nous soucier des détritus du passé.


Le Rat murmure « Ha. Oui. Détritus oubliés. »


« Maître architecte Julus, j'espère que cette lettre vous trouvera en bonne santé.

J'espérais que vous pourriez m'éclairer sur les systèmes d'égout sous le palais impérial. De toute évidence, il peut être difficile de cartographier avec précision cette partie de l'architecture ayléide souterraine, mais des renseignements récents suggèrent que les trois alliances ont des bases avancées proches de passages menant directement à des trous d'hommes dans l'avenue de l'empereur vert.

La plupart des cartes des égouts affirment que le puits d'écoulement du Barathrum Centrata se situe directement sous la Tour d'or blanc, mais les éclaireurs ne rapportent que « des légions infinies de Daedra » dans cette salle si disputée, sans aucun accès à la surface. Les généraux des alliances, dans leur empressement à prendre le trône de rubis, s'enfonceraient-ils toujours plus loin sous la terre ? Quelle est la fonction de ces mystérieux passages latéraux, et où mènent-ils par rapport au quartier du Palais ? »

– Legoless, Doyen des Explorateurs unis des Poursuites érudites


Mycaelis Julus : « Nous ne possédons pas la réponse définitive à cette question, mais je nourris une théorie : je crois que le labyrinthe des tunnels latéraux sert à divertir le flot des écoulements dans des lieux où ils pourront se déverser lentement dans des conduits inférieurs, pour permettre aux déchets de se déposer et ainsi rejeter dans le lac Rumare une eau relativement propre.
Et si vous me permettez de filer cette métaphore, la cité impériale sert de bassin de sédimentation non seulement pour les déjections humaines, mais aussi pour la lie de l'humanité, les individus si abjects et dégradés qu'ils s'insinuent dans les niveaux sous la ville, ce qui libère ainsi la société des créatures indignes, et leur permet une existence plus adaptée à leur statut. Ces rebuts de... tiens, bonjour, qui ? Quoi ? Qui êtes-vous ? Non, non, ça a l'air pointu…


Le Rat dit : « Eh. « Déjection humaine. » Ça va. Le sang va partir par la bonde. Le sang part toujours. Oublions le passé. »


« Mycaelis Julus,

Salutations ! J'étudie l'antique langue ayléide. À Gwylim, nous cherchons toujours de nouvelles inscriptions et des artefacts pour aider notre compréhension. Nous sommes très inquiets des dégâts que la guerre a causés à de nombreux bâtiments historiques d'origine ayléide. Pire encore, on refuse continuellement nos demandes d'aller étudier ces édifices endommagés avant qu'ils ne soient abattus puis reconstruits par votre guilde. La rumeur veut que bien d'autres ruines ayléides s'étendent sous le sol. Bientôt, ces cryptes légendaires pourraient être le seul vestige de l'héritage ayléide de la cité impériale. Je vous en supplie, dites-moi, jusqu'où s'étendent les ruines sous la ville ? Quel genre d'inscriptions avez-vous découvertes dans vos excavations ? Et pour l'amour d'Akatosh, envisagez de les préserver en vue d'une étude ultérieure, au lieu de les renvoyer à Oblivion pour préserver vos égouts !

Toh Sacchus,

Linguisete ayléide, Université de Gwylim »


Le Rat : « Plein de ruines, Monsieur Linguiste, ne vous inquiétez pas pour ça. Profond, profond, et toujours plus profond. Venez, je vous guiderai. Je vous montrerai des inscriptions. S'il n'y en a pas assez, j'en taillerai d'autres. Nous avons le temps, en bas, du temps pour tout. Mais apportez des vivres. Beaucoup de vivres. Nous avons du temps et des inscriptions, mais pas assez de vivres. J'aime les cuisses de dinde. Apportez-en.
Léovic était curieux, comme vous. Lui aussi cherchait les « cryptes légendaires » sous la ville. Il ne les cherche plus. »


« Architecte,

Je vous écris dans l'espoir qu'un homme de votre profession pourra discerner la vérité derrière certaines des histoires que les soldats échangent pendant leurs permissions, ici au Pas des Nuées. Ils racontent les fables les plus extravagantes sur les pratiques culturelles de votre peuple, au point que je ne peux qu'y voir les élucubrations d'esprits traumatisés par les horreurs de la guerre. Par exemple, si l'on sait bien que votre cité ravagée souffre d'un manque d'assainissement, j'ai entendu dire qu'avant même cette époque troublée, les déjections de la ville pouvaient se déverser librement dans les eaux de source de votre lac Rumare, sans sédimentation, filtration ni même clarification essentielle de créatia-colloïde ! Cela ne peut être dû qu'aux ravages de la guerre et aux hordes d'Oblivion. Je peine à imaginer que des êtres vivants pourraient si impunément polluer leur propre source d'hydratation ! Même les fâcheux Maormers connaissent les bases de la purification de l'eau !

Je vous en prie, j'ai besoin de vos lumières. Votre peuple aurait-il toujours tiré leur eau de puits saturés de leurs propres excréments ? Est-il même possible que la teinte rouge des eaux déjà turpides de votre Rumare, tâchée par les écoulements sanguinaires des postérieurs infectés de la populace, soit en fait la condition naturelle de cette étendue d'eau ? Ces créatures que j'entends décrire comme des « dragons de rouille » sont-elles d'authentiques crocodiliens transmogrifiés qui baignent dans les eaux troubles de leurs propres déjections et y gagnent de nombreux membres noueux ? Ou ces monstruosités ont-elles une origine plus noble ? Lorsqu'il pleut, les égouts inondent-ils vraiment les rues de leurs souvenirs scatologiques réprimés, et votre peuple considère-t-il cela comme une saine fertilisation pour ses jardins ?

J'attends l'angoisse au ventre vos explications dans ce domaine, et vous souhaite bonne chance dans vos incessants efforts pour rectifier l'état des égouts de votre ville.

Ardari Ilmion, Nonagénaire de l'École des Pensées et Calculs du Pas des Nuées »


Le Rat : « Tu parles trop. Des mots intelligents, des mots tranchants qui doivent blesser, tailler de nouvelles inscriptions, blesser et humilier. Mais Le Rat n'est pas sensible aux mots. On ne survit pas avec les mots. Tu apprendras. Viens dans les égouts, Nonagénaire, et apporte tes mots. Ceux qui vivent là ont survécu au feu, aux griffes et aux crocs. Essaie de ne pas les blesser avec tes nombreux, nombreux mots, de les repousser loin de ta gorge souple et tendre. Nous t'apprendrons de nouveaux mots, Elfe. Tu les diras fort. Mais une seule fois. »