De La Grande Bibliotheque de Tamriel
(diff) ← Version précédente | Voir la version actuelle (diff) | Version suivante → (diff)
Dans une baïne de Galen vivait un gros vasard,
Molith l'acariâtre, et chacun y prenait gare.
Sur ses pattes il comptait jusqu'à six, mais pas plus,
Et aimait sa carapace coquille de chaurus.
Ses grosses pinces effrayantes forçaient à obéir
Les limaces, les poissons, tout ce qui ne pouvait fuir.
D'un clic, d'un clac, il leur donnait des ordres à tous.
Le premier qui grognait, sa fin n'était pas douce.
« Oursins, étoiles et vous autres, bande de traînards,
Faites mon travail, ou bien cap sur le corbillard !
Les algues à ramasser, et les perles à lustrer,
Retirez ces berniques, moi je reste vautré ! »
Toutes les bêtes obéirent et firent leur ouvrage
Conscients que sinon, ils finiraient sur la plage.
Un endroit sec, hostile, où l'on se fait manger.
S'ils ne travaillaient pas, ils seraient en danger.
Peu de vasards connaissent un mot comme religion,
Mais Molith avait du temps pour la réflexion.
Une tendre chaleur emplissait son cœur salé,
En pensant au grand crabe dans le ciel étoilé.
Il imaginait un crabe aux pinces de pierre,
Avec la même carapace dont il était fier.
Et un nom ! Oui, un nom ! Pour un crabe important,
Comme Xolith ou Golith ou un peu approchant.
Comme ce serait splendide que le grand crabe voie,
Comme Molith commandait du geste et de la voix.
Cette baïne était sienne, il s'en était fait une scène,
Chaque surface polie, et parfaitement bien saine.
Puis sa petite demeure fut soudain dans l'ombre,
Du talon d'une botte à la couleur fort sombre.
En ce petit moment, il le crut arrivé,
Le grand crabe dans le ciel descendait le trouver !
Ni Xolith, ni Golith, ni nul dieu baptisé,
Ce n'était qu'une pêcheuse prénommée Alizée.
Elle courut dans l'écume avec un rire d'enfant,
Et se campa dans les flots d'un air triomphant.
Aussi vite arrivée, aussi vite repartie.
Lors les bestioles esclaves durent prendre leur parti,
Du trépas de Molith, chagrin inattendu.
Qui cria ? Qui pleura ? Qui eut le cœur fendu ?
Mais la baïne était calme sans menace brandie,
Personne ne geignait que le varech ait grandi.
Le retour des berniques ou les perles ternies
N'entraînaient plus l'exil vers cette plage honnie.
Personne ne se plaignant de l'envahissement,
La vie revint bientôt, en grand amassement.
Les algues et le varech reprirent bientôt leurs droits,
Une famille de berniques a même Molith pour toit.
|