Nouveau guide impérial de Tamriel/Archipel : Différence entre versions
(Page créée avec « __NOTOC__ {{Book|auteur=Flaccus Terentius|titre auteur = de la Société Géographique Impériale|date=2E581 |source=Édition Impériale de TES Online}} {{Ima... ») |
(Aucune différence)
|
Version du 16 janvier 2015 à 11:49
Média d'origine : Édition Impériale de TES Online
Par Flaccus Terentius, de la Société Géographique Impériale, 2E581
Les Hauts-elfes du Domaine Aldmeri
Parmi tous les voyages que j'ai entrepris pour passer d'une province à une autre, mon trajet jusqu'à l'Archipel du couchant est de loin mon préféré. Le Haut-elfe qui m'accompagnait ne pouvait dissimuler totalement sont naturel hautain, mais il était certainement plus agréable que tous les autres personnages que j'avais dû supporter. Nous avons discuté de nombreux sujets intellectuels, et même si nous étions généralement en désaccord, nous n'en sommes jamais venus aux mains. Je comprends pourquoi Telenger est considéré comme un excellent diplomate. À Arenthia, nous avons embarqué sur son grand navire, dont les immenses voiles gonflées par le vent me rappelaient les draps séchant dans le jardin de mes serviteurs. À bord de cet élégant « navire cygne », qui portait la bannière de l'aigle représentant la suprématie des Aldmers sur les « races inférieures », nous avons descendu la Strid, puis traversé la Mer abécéenne jusqu'à la cité de Prime-Tenure. Ce n'est qu'en admirant les rives scintillantes d'Auridon depuis la proue du bateau que je me suis réellement senti dans le domaine Aldmeri, une nouvelle terre aussi belle qu'étrange. À bord du navire signe, j'ai découvert que Telenger « l'Artificier » était bien plus qu'un simple émissaire. Il se considère ainsi comme un conjureur doublé d'un ingénieur magique, des qualifications qui m'avaient semblé tenir de la vantardise si je ne les avais pas vérifiées de mes propres yeux. « Je mène les Daedra à la baguette, comme d'autres se font obéir de chiens. » Devant une assemblée de marins au regard sceptique, Telenger a formé un nuage gazeux duquel est sortie une créature à l'air maléfique. Après s'être perché sur l'épaule de son maître, le diablotin a claqué des doigts et mis le feu à mon pantalon en ricanant hystériquement. Avant que je puisse tenter d'étrangler cette vermine, Telenger l'a fait disparaître.
Hmm… Encore des flammes sur un navire en bois. Au mépris des règles de sécurité maritimes, Telenger a invoqué un Atronach de feu sur le pont. Cette créature était bien plus grande et flamboyante que celles que j'avais réussi à conjurer lors de mes pitoyables tentatives. Malgré la consternation grandissante de l'équipage (qui n'avait pas perdu de temps pour remplir des seaux d'eau), Telenger faisait danser son élémental comme un pantin tournoyant au bout de fils invisibles. Il s'est contenté de rire quand son Atronach a roussi la grand-voile, jusqu'à ce que le second s'approche de lui et déclame quelques mots elfiques. L'esprit s'est volatilisé dans un éclair glacé, laissant derrière lui un petit tas de sels de feu. « Par les puissants vents d'Aldmeris ! Viens à moi, Atronach de foudre ! » Après cette incantation, une nouvelle créature élémentale est apparue dans un petit tourbillon, liée par des chaînes et de la magie électrique. Des applaudissements polis ont retenti autour de nous, les marins venant de plus en plus nombreux assister au spectacle. Leur enthousiasme s'est rapidement estompé quand un éclair s'est échappé du poing de l'Atronach et a failli frapper le mousse. Telenger a finalement renvoyé son jouet quand il a remarqué que les planches du pont menaçaient de céder sous son poids.
J'avais entendu dire que Telenger avait tendance à se laisser emporter, et sa démonstration suivante a confirmé ces dires : dans un excès d'enthousiasme pour la conjuration, il a invoqué un Atronach de chair. Les spectateurs n'ont pas manqué d'exprimer leur désapprobation à la vue de l'ignoble créature, qui avançait péniblement sur le pont en agitant les lame rouillées fusionnées à sa peau. Telenger l'a pris en chasse en voyant qu'il se dirigeait vers la cabine du capitaine. « Débarrassez-moi de cette abomination ! » a ordonné un Haut-elfe aux proportions généreuses, revêtu d'une armure de capitaine remarquablement polie. En se dégonflant, le Golem m'a rappelé les morts-vivants du culte du Ver jaillissant des cryptes de Martelfell. Je n'ai pu réprimer un frisson en sentant la peur revenir.
Quand nous avons débarqué aux quais de Prime-Tenure, le capitaine du navire cygne nous a lancé un regard noir en guise d'adieu. Sans lui prêter la moindre attention, Telenger a congédié ses intendants et ses gardes du corps avant de quitter le port. La ville était décorée de banderoles élégantes, de bouquets de lavandes et de coupes cérémonielles remplies de pétales. Était-ce pour nous accueillir ? Non, quelle idée ridicule. Telenger m'a appris qu'Ayrenn, surnommée « la princesse inattendue » par les Hauts-elfes, s'apprêtait à revenir dans les îles. Son accession au trône avait surpris tout le monde, car elle était restée pendant longtemps portée disparue. Apparemment, son soudain retour était dû à la mort de son père, le roi Hidellith. Des gardes en armures de verre étaient postés en rangs ordonnés pour accueillir le navire grandiose de la princesse, qui faisait passer celui de Telenger pour une chaloupe.
Pendant que nous attendions, Telenger a tenu à me raconter les exploits d'Ayrenn. Elle aurait été nommée chantelame honoraire des Rougegardes après avoir combattu un Ansei d'Hegathe, elle aurait vaincu un Roncecoeur de la Crevasse en lui arrachant son essence de la poitrine en plein combat, et elle aurait même battu la reine Mabjaarn de Vendeaume lors d'un concours du plus gros buveur d'hydromel. Soit Telenger tient ses informations de sources qui me sont inconnues, soit ces histoires sont aussi grotesques que sa propre audace. Quoi qu'il en soit, je dois avouer qu'Ayrenn avait le sens du théâtral. Revêtue d'une armure altmer scintillante et flanquée de hérauts portant des bannières, elle s'est avancée vers la proue d'un pas magistral et à sauté du navire au moment où il a touché le quai, suscitant les acclamations de la foule (plus des murmures que des cris, à vrai dire, car les Hauts-elfes n'oseraient contrevenir au décorum en aucune circonstance). Elle a traversé les quais en passant devant deux gardes en armure lourde, puis elle est rentrée dans la tente où l'attendaient les représentants de la noblesse. Après avoir offert une petite révérence à sa mère, Dame Tuinden, elle a pris les commandes des festivités comme si la couronne reposait déjà sur sa chevelure dorée. Ses formes sculpturales et sa beauté exotique sont seulement entachées par sa taille démesurée.
« Mes hommages, princesse Ayrenn ! » s'est exclamé Telenger d'un ton minaudier, en s'inclinant le plus bas possible devant sa future reine. Après qu'elle est passée devant moi sans même m'accorder un regard, Telenger m'a murmuré à l'oreille : « Si vous trouviez ces effusions un tantinet pompeuses et embarrassantes, mon ami étranger, attendez que les salutations des Sapiarches de la Tour de Cristal soit terminée. Le pouvoir de l'Archipel du couchant va bientôt changer de mains. » Apparemment, quatre des mains dont Telenger parlait appartenaient au prince Naemon et à sa fiancée, Dame Estre de Guet-des-Cieux ; des mains qui s'étaient surtout accrochées au pouvoir. Naemon était devenu l'héritier légitime après la disparition de sa sœur aînée, mais maintenant Ayrenn était officiellement revenue dans les îles, il allait devoir lui céder la place sur le trône. L'ambiance de la réception été saturée de ressentiment. Naemon semblait bouillir à sous sa robe raffinée et après le passage d'Ayrenn, le visage d'Estre s'est tordu en une grimace qui aurait fait trembler un loup-garou.
Mes jambes s'étaient engourdies le temps que la procession s'éloigne dans les rues pavées et incroyablement propres de Prime-Tenure en direction du château. Malgré leur dignité, les Altmers semblait plutôt lourd et raide en défilant devant nous. Cette parade m'a tout de même donné l'occasion d'admirer les splendides bâtiments le long du chemin. « Salutations à tous, dignitaires, visiteurs et enfants d'Ehlnofey ! Le sacrement du banquet commencera après le récital des luths ancestraux. » En entrant dans la grande salle, nous avons été invités à nous asseoir à une immense table taillée dans un unique tronc d'arbre. À notre plus grande joie, elle était couverte de mets délicats et de boissons elfiques. Au son de la mélodie des luths, nous nous sommes repus de confit de paon et de truite fumée, en nous désaltérant d'ale de poires dorées. Un véritable festin ! Reflétant l'apparence physique des Hauts-elfes, l'architecture de cette région est allongée et finement sculptée. Je préfère toutefois passer mon temps à admirer les imposantes arches, les tours élancées et la structure gracieuse d'une maison altmer qu'à discuter avec ses occupants (qui sont pour la plupart acerbes et dédaigneux, à l'exception notable de Telenger). Cette flamboyance structurelle semble toujours attirer l'attention vers les cieux, ce dont attestent mes croquis dessinés lors de mon séjour à Prime-Tenure. Il suffit d'examiner les décorations gravées dans les poteaux marquant l'enceinte de la ville pour voir que la plus simple palissade est fabriquée avec le même soin qu'un majestueux autel cérémoniel.
J'ai brièvement envisagé de dessiner quelques-uns des invités du banquier, mais l'envie m'est passée au fil du festin. Nous avons dégusté une succulente soupe accompagnée de pain frais, puis je me suis fait servir un pichet de metheglin, j'ai éructé discrètement et je me suis mis à observer la salle. La satisfaction du repas a fait place à un sentiment croissant d'inquiétude quand j'ai remarqué que tous les convives commençaient à ressembler à l'Altmer Mannimarco. J'ignore s'il s'agissait d'une crise d'anxiété ou de l'effet du raisin fermenté ; quoi qu'il en soit, je n'ai pas pu me résoudre à peindre ces visages. Telenger m'a fait signe de l'accompagner aux cuisines : il avait « trouvé » une double carafe de Vieille épiphanie et nous avons immédiatement trinqué au retour de la princesse Ayrenn. Ma griserie a temporairement calmé mon tracas. La compagnie de tous ces Hauts-elfes commençait à m'irriter. Je préfère observer leurs splendides constructions, les Altmers eux-mêmes sont trop déstabilisants à mon goût. Alors que nous buvions tranquillement à l'écart des autres invités, Telenger a senti quelqu'un lui tapoter l'épaule. Il s'est retourné et a offert une étreinte étonnamment robuste à notre nouveau compagnon, un vieil homme à la tenue élimée qui détonnait parmi les élégants Hauts-Elfes. « Voici Falarel. Il était l'un des bouffons de feu Rilis XII. » Falarel m'a tendu une main aux doigts noueux que je me suis empressé de serrer, faisant tinter des clochettes qu'il portait à son poignet. Telenger m'a expliqué que Falarel était aussi un barde de renom : ce dernier m'a d'ailleurs remis un petit parchemin sur lequel était écrite une complainte qu'il avait composée pour moi. Falarel a murmuré : « Telenger, je sais que vous adorez les secrets. Suivez-moi ! » Le barde nous a menés dans des escaliers interminables. Essayant de me repérer dans ce nouvel environnement malgré mon état d'ébriété, je me suis rendu compte que nous descendions dans les souterrains du vieux château. Falarel nous a raconté qu'il s'était récemment installé ici et qu'il recevait régulièrement la visite de son ancien maître (décédé depuis longtemps). Nous pénétrions dans des ruines hantées, ivres et loin d'être prêts pour une telle aventure.
Au moment même où j'ai compris que nous nous trouvions dans un tombeau, quelque chose à souffler nos bougies. Le vieux bouffon a laissé échapper un gémissement de peur. J'ai aperçu une lueur sinistre entre les rangées de cercueil de pierre et soudain, il était sur nous. Rilis XII, ou ce qu'il en restait : un fantôme hurlant, rongé par la haine et la folie. Paniqué, j'ai heurté une colonne qui était beaucoup moins solide que je ne pensais. Elle s'est effondrée et son chapiteau a atterri sur la tête de Falarel, réduisant sa cervelle en bouillie. Nous avons réussi à nous échapper des souterrains, mais à peine sortis, nous avons senti des gantelets de verre agripper nos épaules et nous avons été promptement arrêtés. Même si je cachais ma culpabilité avec l'aplomb d'un acteur bravilien, j'étais rongé par le remords. Selon la tradition altmer, l'accès à ces chambres funéraires est strictement interdit. Nous attendions donc notre sentence auprès des terrasses fleuries du château. « Partez. » Voilà à quoi s'est résumée mon entrevue avec Rilis XIII, seigneur actuel de Prime-Tenure, qui m'a regardé comme si j'étais un tas d'excréments sur son tapis royal. Accusé « d'intrusion sacrilège », j'ai été reconduit au port pour déportation immédiate à Val-Boisé. J'ignore ce qu'il est advenu de Telenger. Je savais que mes actes, aussi involontaires qu'ils aient été, méritaient pénitence, mais je ne m'attendais pas à ce que Falarel s'occupe personnellement de mon châtiment. Depuis ce jour, à chaque fois que je ferme les yeux pour dormir, ce spectre rabougri hante mes rêves, chantant d'une voix nasillarde une complainte à mon sujet, au son de ses clochettes et de son luth larmoyant.
|