Nouveau guide impérial de Tamriel/Archipel : Différence entre versions

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L'Archipel du couchant : Auridon
Les Hauts-elfes du Domaine Aldmeri




A
uridon est l'une des quatorze îles de tailles variables formant l'Archipel du couchant, qui fut peuplé par des colons venant directement d'Aldmeris, l'origine de la magie et de la civilisation sur Mundus, que l'on veuille bien l'admettre ou non. Cette enclave est souvent considérée comme un lieu idyllique (surtout par les Hauts-elfes, qui ne se lassent jamais de le répéter), mais aussi hermétique. Les îles reçurent des visiteurs de l'Ancienne Ehlnofey (l'autre nom d'Aldmeris) bien avant nos premiers registres ou nos premières cartes. Au fil de plusieurs millénaires, ces immigrants devinrent les Altmers, établissant une civilisation robuste et décimant les espèces indigènes qu'ils ne parvenaient pas à subjuguer. Demandez à l'ilyadi, le géant de la forêt aux multiples yeux, si sa vie s'est améliorée depuis l'arrivée des premiers Aldmers sur ses terres. Vous n'obtiendrez pas de réponse, car cette créature est à présent éteinte, au même titre que le gheatus ou le welwa. (Bah, de simples légendes elfiques sur les actes héroïques de leurs ancêtres.)

L'extermination n'était pas le seul objectif des Aldmers. Ils cultivaient les terres, nourrissaient des aspirations politiques limitées et vénéraient les ancêtres qui, d'après eux, descendaient directement des Divins. Quand il érigea les fondations de ce qui deviendrait la Tour de Cristal, ce peuple unifié œuvrait à l'unisson et honorait ses morts, mais les failles qui se formèrent progressivement dans la structure sociétale (des failles qui sont à présent des fissures, marquées par les rangs sur lesquels les Hauts-elfes contemporains font une telle fixation) finirent par estomper cette affinité. Les grands nobles s'appropriaient et dirigeaient les territoires. Les sages, ou noblesse intermédiaire, étaient constitués d'érudits tels que des professeurs et des prêtres, qui avaient étudié les traditions ancestrales et qui se consacraient à l'application de leur savoir. Venaient ensuite les artisans : artistes, propriétaires agricoles, marchands et soldats. Enfin, on trouvait les ouvriers : paysans, laboureurs, étrangers et esclaves gobelins.

Tamriel fut ensuite peuplé lors du deuxième exode aldmer, et les Chimers, Bosmers et Ayleids s'octroyèrent différentes régions. Aucune mention n'est faite des Dwemers, qui résidaient déjà dans les terres du nord-est. Une certaine animosité régnait déjà entre les cités-états de l'Archipel du couchant lors de la Première Ère, mais les intrus versaient également le sang des Hauts-elfes. Les hideux Sloads de Thras semèrent la terreur dans les îles avec leurs hordes de morts-vivants et leurs machines infernales. Les implacables Maormers de Pyandonée contribuèrent au chaos en attaquant par la mer ; leur tentative d'invasion entraîna toutefois d'importants progrès en matière de guerre navale car les Hauts-elfes étaient bien décidés à défendre leur foyer adoptif.



Bannière de l'aigle du Domaine Aldmeri

Thalmor logo.png

Sceau de l'aigle du Domaine Aldmeri

Parmi tous les voyages que j'ai entrepris pour passer d'une province à une autre, mon trajet jusqu'à l'Archipel du couchant est de loin mon préféré. Le Haut-elfe qui m'accompagnait ne pouvait dissimuler totalement sont naturel hautain, mais il était certainement plus agréable que tous les autres personnages que j'avais dû supporter. Nous avons discuté de nombreux sujets intellectuels, et même si nous étions généralement en désaccord, nous n'en sommes jamais venus aux mains. Je comprends pourquoi Telenger est considéré comme un excellent diplomate. À Arenthia, nous avons embarqué sur son grand navire, dont les immenses voiles gonflées par le vent me rappelaient les draps séchant dans le jardin de mes serviteurs. À bord de cet élégant « navire cygne », qui portait la bannière de l'aigle représentant la suprématie des Aldmers sur les « races inférieures », nous avons descendu la Strid, puis traversé la Mer abécéenne jusqu'à la cité de Prime-Tenure. Ce n'est qu'en admirant les rives scintillantes d'Auridon depuis la proue du bateau que je me suis réellement senti dans le domaine Aldmeri, une nouvelle terre aussi belle qu'étrange.

À bord du navire signe, j'ai découvert que Telenger « l'Artificier » était bien plus qu'un simple émissaire. Il se considère ainsi comme un conjureur doublé d'un ingénieur magique, des qualifications qui m'avaient semblé tenir de la vantardise si je ne les avais pas vérifiées de mes propres yeux.

« Je mène les Daedra à la baguette, comme d'autres se font obéir de chiens. » Devant une assemblée de marins au regard sceptique, Telenger a formé un nuage gazeux duquel est sortie une créature à l'air maléfique. Après s'être perché sur l'épaule de son maître, le diablotin a claqué des doigts et mis le feu à mon pantalon en ricanant hystériquement. Avant que je puisse tenter d'étrangler cette vermine, Telenger l'a fait disparaître.



O
n peut soutenir que les mages impériaux ont fait considérablement progresser l'étude de la magie de Conjuration, mais ce sont les magiciens elfes qui réussirent pour la première fois à entrouvrir la porte d'Oblivion sans laisser les abominations de ce plan envahir Mundus. Corvus, Calani Direnni et leur clan furent les premiers à oser aborder ces épouvantables ténèbres et établirent ainsi les prémices de l'école magique de Conjuration. Leurs incantations de subjugation sont encore utilisées de nos jours pour invoquer des Daedra inférieurs.

Les Atronachs dociles furent une aubaine pour le Clan Direnni, jouant le rôle de protecteurs et occasionnellement de serviteurs ou de familiers. Même les malicieux diablotins furent domptés sans mal. Toutefois, les Elfes sont connus pour leur naturel curieux et leur prétention presque calamiteuse. Ils ouvrirent la porte un peu plus, à tel point que ce passage menant aux plans daedriques devint impossible à refermer.

Vers la fin de la Première Ère, les acolytes des Direnni tentèrent pour la première fois de soumettre un Daedra supérieur. Les maîtres-conjureurs réussirent raisonnablement bien à captiver ces agents chaotiques, mais tous n'avaient pas leur talent et à cause de ces mages inconscients, la porte d'Oblivion ne pourra jamais être complètement refermée. Les affrontements catastrophiques qui s'ensuivirent contre les princes Daedra mirent nos terres à feu et à sang. Les mages de Cyrodiil ont donc la responsabilité de dissuader avec insistance toute négociation avec les Daedra supérieurs. Il est strictement interdit de communier avec eux. (Comme j'aimerais que ce soit vrai. Mes cauchemars sont la preuve du contraire.)



ON flame atronach.png

Un Atronach de feu dans le plan d'Oblivion. J'ai dessiné l'arrière-plan d'après ce que j'ai vu dans les terribles rêves que je fais en ce moment.

Hmm… Encore des flammes sur un navire en bois. Au mépris des règles de sécurité maritimes, Telenger a invoqué un Atronach de feu sur le pont. Cette créature était bien plus grande et flamboyante que celles que j'avais réussi à conjurer lors de mes pitoyables tentatives. Malgré la consternation grandissante de l'équipage (qui n'avait pas perdu de temps pour remplir des seaux d'eau), Telenger faisait danser son élémental comme un pantin tournoyant au bout de fils invisibles.

Il s'est contenté de rire quand son Atronach a roussi la grand-voile, jusqu'à ce que le second s'approche de lui et déclame quelques mots elfiques. L'esprit s'est volatilisé dans un éclair glacé, laissant derrière lui un petit tas de sels de feu.

« Par les puissants vents d'Aldmeris ! Viens à moi, Atronach de foudre ! » Après cette incantation, une nouvelle créature élémentale est apparue dans un petit tourbillon, liée par des chaînes et de la magie électrique. Des applaudissements polis ont retenti autour de nous, les marins venant de plus en plus nombreux assister au spectacle. Leur enthousiasme s'est rapidement estompé quand un éclair s'est échappé du poing de l'Atronach et a failli frapper le mousse. Telenger a finalement renvoyé son jouet quand il a remarqué que les planches du pont menaçaient de céder sous son poids.

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L'horrible atronach de chair. J'ignore si je dois le qualifier d'abomination obscène ou d'abominable obscénité.

J'avais entendu dire que Telenger avait tendance à se laisser emporter, et sa démonstration suivante a confirmé ces dires : dans un excès d'enthousiasme pour la conjuration, il a invoqué un Atronach de chair. Les spectateurs n'ont pas manqué d'exprimer leur désapprobation à la vue de l'ignoble créature, qui avançait péniblement sur le pont en agitant les lame rouillées fusionnées à sa peau. Telenger l'a pris en chasse en voyant qu'il se dirigeait vers la cabine du capitaine. « Débarrassez-moi de cette abomination ! » a ordonné un Haut-elfe aux proportions généreuses, revêtu d'une armure de capitaine remarquablement polie. En se dégonflant, le Golem m'a rappelé les morts-vivants du culte du Ver jaillissant des cryptes de Martelfell. Je n'ai pu réprimer un frisson en sentant la peur revenir.



A
uridon est le rempart oriental de l'Archipel du couchant. Cette île est défendue efficacement par les guerriers vétérans de ses clans elfiques ; les envahisseurs s'exposent à une résistance farouche même s'ils parviennent à percer les défenses côtières. Par exemple, Prime-Tenure - la plus ancienne cité d'Auridon - est protégée par d'immenses falaises escarpées sur la côte nord. Cette muraille naturelle ne peut être franchie que par une unique ouverture, bien gardée et suffisamment grande pour laisser un navire accéder au lagon où la ville portuaire a été bâtie. Cette véritable forteresse a plus de chances de succomber à l'érosion des vagues qu'à une attaque de maraudeurs.

Exagération : le port m'a semblé relativement ouvert.

Exotiques et paradisiaques, les promontoires irréguliers du nord s'adoucissent progressivement et s'élèvent davantage pour former les montagnes de granit blanc qui trônent au centre de l'île. De vastes forêts de lauriers, d'érables et de mélèzes donnent aux terres une apparence luxuriante, mais quelque peu négligée. Pensez à voyager armé si vous vous aventurez dans ces immenses étendues vierges : c'est le terrain de chasse des ours et des loups, qui partagent leur territoire avec des araignées semblables à des joyaux et d'étranges entités invoquées puis abandonnées par les mages altmers.

Cette région verdoyante est parsemée d'immenses escarpements, de bois d'émeraude et de dunes de sable blanchâtre. Les Hauts-elfes (ou Altmers, l'appellation qu'ils préfèrent) élaguent et creusent leurs terres afin de dompter la nature environnante. Cependant, à l'écart de la civilisation, la majeure partie d'Auridon reste sauvage, couverte d'une forêt vierge abritant des ruines d'un autre temps. Si vous vous attardez sur cette île, vous y découvrirez des traditions perpétuées depuis des siècles et des merveilles d'architecture d'une époque similaire.



Quand nous avons débarqué aux quais de Prime-Tenure, le capitaine du navire cygne nous a lancé un regard noir en guise d'adieu. Sans lui prêter la moindre attention, Telenger a congédié ses intendants et ses gardes du corps avant de quitter le port. La ville était décorée de banderoles élégantes, de bouquets de lavandes et de coupes cérémonielles remplies de pétales. Était-ce pour nous accueillir ? Non, quelle idée ridicule. Telenger m'a appris qu'Ayrenn, surnommée « la princesse inattendue » par les Hauts-elfes, s'apprêtait à revenir dans les îles.

Son accession au trône avait surpris tout le monde, car elle était restée pendant longtemps portée disparue. Apparemment, son soudain retour était dû à la mort de son père, le roi Hidellith. Des gardes en armures de verre étaient postés en rangs ordonnés pour accueillir le navire grandiose de la princesse, qui faisait passer celui de Telenger pour une chaloupe.

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Garde Royal en armure lourde

Pendant que nous attendions, Telenger a tenu à me raconter les exploits d'Ayrenn. Elle aurait été nommée chantelame honoraire des Rougegardes après avoir combattu un Ansei d'Hegathe, elle aurait vaincu un Roncecoeur de la Crevasse en lui arrachant son essence de la poitrine en plein combat, et elle aurait même battu la reine Mabjaarn de Vendeaume lors d'un concours du plus gros buveur d'hydromel. Soit Telenger tient ses informations de sources qui me sont inconnues, soit ces histoires sont aussi grotesques que sa propre audace.

Quoi qu'il en soit, je dois avouer qu'Ayrenn avait le sens du théâtral. Revêtue d'une armure altmer scintillante et flanquée de hérauts portant des bannières, elle s'est avancée vers la proue d'un pas magistral et à sauté du navire au moment où il a touché le quai, suscitant les acclamations de la foule (plus des murmures que des cris, à vrai dire, car les Hauts-elfes n'oseraient contrevenir au décorum en aucune circonstance). Elle a traversé les quais en passant devant deux gardes en armure lourde, puis elle est rentrée dans la tente où l'attendaient les représentants de la noblesse. Après avoir offert une petite révérence à sa mère, Dame Tuinden, elle a pris les commandes des festivités comme si la couronne reposait déjà sur sa chevelure dorée. Ses formes sculpturales et sa beauté exotique sont seulement entachées par sa taille démesurée.

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Son altesse le Prince Naemon, un Elfe pour le moins renfrogné.

« Mes hommages, princesse Ayrenn ! » s'est exclamé Telenger d'un ton minaudier, en s'inclinant le plus bas possible devant sa future reine. Après qu'elle est passée devant moi sans même m'accorder un regard, Telenger m'a murmuré à l'oreille : « Si vous trouviez ces effusions un tantinet pompeuses et embarrassantes, mon ami étranger, attendez que les salutations des Sapiarches de la Tour de Cristal soit terminée. Le pouvoir de l'Archipel du couchant va bientôt changer de mains. »

Apparemment, quatre des mains dont Telenger parlait appartenaient au prince Naemon et à sa fiancée, Dame Estre de Guet-des-Cieux ; des mains qui s'étaient surtout accrochées au pouvoir. Naemon était devenu l'héritier légitime après la disparition de sa sœur aînée, mais maintenant Ayrenn était officiellement revenue dans les îles, il allait devoir lui céder la place sur le trône. L'ambiance de la réception été saturée de ressentiment. Naemon semblait bouillir à sous sa robe raffinée et après le passage d'Ayrenn, le visage d'Estre s'est tordu en une grimace qui aurait fait trembler un loup-garou.



É
lancée et gracieuse, ou statique et répétitive : l'architecture des Hauts-elfes divise les critiques impériaux comme une vache peinte dans un banquet de Crevassais. Leurs pignons recourbés et leurs flèches pointues mettent l'accent sur la hauteur, avec des plafonds assez hauts pour accommoder un géant et des toits s'élevant fièrement vers le firmament. Ces structures reflètent l'apparence des Hauts-elfes et visent à se distinguer des habitations des autres races.

Les historiens les plus perspicaces (à l'instar de Cantaber Congonius de Skingrad) ont discerné des similarités indéniables en comparant les villes des Altmers et des Ayleids, ce qui vient certainement du fait que ces deux races descendent des mêmes ancêtres. Même si les Altmers sont restés dans l'Archipel du couchant au contraire des Ayleids, leurs structures présentent de nombreux points communs. Il suffit de visiter les ruines à proximité de Bravil et de les comparer à des peintures de Guet-des-Cieux. On remarque tout de même des changements plus subtils : même si les Altmers sont relativement dédaigneux, ils n'ont jamais atteint la perniciosité des Ayleids, un trait reflété par les bâtiments plus raffinés d'Auridon.

Ce style architectural découle de racines anciennes et de méthodes éprouvées, mais pas au point d'en être obsolètes. Les Altmers affectionnent le raffinement plutôt que l'innovation ; ils s'opposent farouchement aux changements de grande envergure, se contentant d'apporter des améliorations ici et là. Leur ouvrage révèle une sophistication axée sur la précision et l'harmonie, ainsi que la sélection et la répétition de compositions orthodoxes.


Une bonne description, si l'on oublie cette affreuse comparaison.



Mes jambes s'étaient engourdies le temps que la procession s'éloigne dans les rues pavées et incroyablement propres de Prime-Tenure en direction du château. Malgré leur dignité, les Altmers semblait plutôt lourd et raide en défilant devant nous. Cette parade m'a tout de même donné l'occasion d'admirer les splendides bâtiments le long du chemin.

« Salutations à tous, dignitaires, visiteurs et enfants d'Ehlnofey ! Le sacrement du banquet commencera après le récital des luths ancestraux. » En entrant dans la grande salle, nous avons été invités à nous asseoir à une immense table taillée dans un unique tronc d'arbre. À notre plus grande joie, elle était couverte de mets délicats et de boissons elfiques. Au son de la mélodie des luths, nous nous sommes repus de confit de paon et de truite fumée, en nous désaltérant d'ale de poires dorées. Un véritable festin !

Reflétant l'apparence physique des Hauts-elfes, l'architecture de cette région est allongée et finement sculptée. Je préfère toutefois passer mon temps à admirer les imposantes arches, les tours élancées et la structure gracieuse d'une maison altmer qu'à discuter avec ses occupants (qui sont pour la plupart acerbes et dédaigneux, à l'exception notable de Telenger). Cette flamboyance structurelle semble toujours attirer l'attention vers les cieux, ce dont attestent mes croquis dessinés lors de mon séjour à Prime-Tenure. Il suffit d'examiner les décorations gravées dans les poteaux marquant l'enceinte de la ville pour voir que la plus simple palissade est fabriquée avec le même soin qu'un majestueux autel cérémoniel.

J'ai brièvement envisagé de dessiner quelques-uns des invités du banquier, mais l'envie m'est passée au fil du festin. Nous avons dégusté une succulente soupe accompagnée de pain frais, puis je me suis fait servir un pichet de metheglin, j'ai éructé discrètement et je me suis mis à observer la salle. La satisfaction du repas a fait place à un sentiment croissant d'inquiétude quand j'ai remarqué que tous les convives commençaient à ressembler à l'Altmer Mannimarco. J'ignore s'il s'agissait d'une crise d'anxiété ou de l'effet du raisin fermenté ; quoi qu'il en soit, je n'ai pas pu me résoudre à peindre ces visages. Telenger m'a fait signe de l'accompagner aux cuisines : il avait « trouvé » une double carafe de Vieille épiphanie et nous avons immédiatement trinqué au retour de la princesse Ayrenn. Ma griserie a temporairement calmé mon tracas.

La compagnie de tous ces Hauts-elfes commençait à m'irriter. Je préfère observer leurs splendides constructions, les Altmers eux-mêmes sont trop déstabilisants à mon goût.

Alors que nous buvions tranquillement à l'écart des autres invités, Telenger a senti quelqu'un lui tapoter l'épaule. Il s'est retourné et a offert une étreinte étonnamment robuste à notre nouveau compagnon, un vieil homme à la tenue élimée qui détonnait parmi les élégants Hauts-Elfes. « Voici Falarel. Il était l'un des bouffons de feu Rilis XII. » Falarel m'a tendu une main aux doigts noueux que je me suis empressé de serrer, faisant tinter des clochettes qu'il portait à son poignet. Telenger m'a expliqué que Falarel était aussi un barde de renom : ce dernier m'a d'ailleurs remis un petit parchemin sur lequel était écrite une complainte qu'il avait composée pour moi.

Falarel a murmuré : « Telenger, je sais que vous adorez les secrets. Suivez-moi ! »

Le barde nous a menés dans des escaliers interminables. Essayant de me repérer dans ce nouvel environnement malgré mon état d'ébriété, je me suis rendu compte que nous descendions dans les souterrains du vieux château. Falarel nous a raconté qu'il s'était récemment installé ici et qu'il recevait régulièrement la visite de son ancien maître (décédé depuis longtemps). Nous pénétrions dans des ruines hantées, ivres et loin d'être prêts pour une telle aventure.

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Vision cauchemardesque sous Prime-Tenure. L'ai-je simplement rêvée ?

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Croquis des souterrains. Les statues pourraient représenter Syrabane et Phynastre.

Au moment même où j'ai compris que nous nous trouvions dans un tombeau, quelque chose à souffler nos bougies. Le vieux bouffon a laissé échapper un gémissement de peur. J'ai aperçu une lueur sinistre entre les rangées de cercueil de pierre et soudain, il était sur nous. Rilis XII, ou ce qu'il en restait : un fantôme hurlant, rongé par la haine et la folie. Paniqué, j'ai heurté une colonne qui était beaucoup moins solide que je ne pensais. Elle s'est effondrée et son chapiteau a atterri sur la tête de Falarel, réduisant sa cervelle en bouillie.

Nous avons réussi à nous échapper des souterrains, mais à peine sortis, nous avons senti des gantelets de verre agripper nos épaules et nous avons été promptement arrêtés. Même si je cachais ma culpabilité avec l'aplomb d'un acteur bravilien, j'étais rongé par le remords. Selon la tradition altmer, l'accès à ces chambres funéraires est strictement interdit. Nous attendions donc notre sentence auprès des terrasses fleuries du château.

« Partez. » Voilà à quoi s'est résumée mon entrevue avec Rilis XIII, seigneur actuel de Prime-Tenure, qui m'a regardé comme si j'étais un tas d'excréments sur son tapis royal. Accusé « d'intrusion sacrilège », j'ai été reconduit au port pour déportation immédiate à Val-Boisé. J'ignore ce qu'il est advenu de Telenger.

Je savais que mes actes, aussi involontaires qu'ils aient été, méritaient pénitence, mais je ne m'attendais pas à ce que Falarel s'occupe personnellement de mon châtiment. Depuis ce jour, à chaque fois que je ferme les yeux pour dormir, ce spectre rabougri hante mes rêves, chantant d'une voix nasillarde une complainte à mon sujet, au son de ses clochettes et de son luth larmoyant.

ON Auridon.png

Les jardins en terrasse au pied du palais, que j'ai peints en attendant notre convocation pour expliquer notre intrusion dans les souterrains.



La brièveté de mon séjour à Auridon ne m'a pas permis de reproduire les nombreuses variétés d'armes et d'armures elfiques. En revanche, le texte suivant donne une description convenable à l'attention de mes superviseurs.


E
xotique et ornée ; d'une force et d'une rigidité surprenantes ; confortable et fonctionnelle malgré la croyance populaire. L'armure de verre des Altmers déconcerte les artisans impériaux les plus accomplis depuis la Première Ère. Nombre d'entre eux ont cédé à la frustration devant leur incapacité à reproduire la solidité et la flexibilité de ce matériau. Usant de techniques inconnues, les armuriers altmers forgent des bandes souples et légères de métal imprégné de verre, qui sont ensuite minutieusement entrelacées. La production de ce matériau demande un travail considérable, mais il est préférable à l'acier en raison de sa résistance supérieure et de sa capacité à distribuer et absorber les impacts. La qualité de ces protections montre jusqu'où les dédaigneux Altmers sont prêts à aller pour se distinguer des races du continent qu'ils dénigrent tant.

Diverses armes de verre ont été récupérées pour être étudiées : de précieuses épées, des haches étincelantes, des dagues délicates et même des arcs finement sculptés. Les forgerons altmers font preuve d'une extravagance notable en utilisant des matériaux rares. Visiblement, une lame se doit d'être aussi élégante que tranchante pour les Hauts-elfes, et chacune est façonnée à partir d'une matière cristalline récoltée dans les sites volcaniques. Caractérisé par sa teinte verdâtre, ce verre brut translucide est plus léger et plus flexible que l'ébonite. Les "lames" altmers sont d'une légèreté incomparable et font couler le sang comme nulle autre. Les duellistes et les canailles affectionnent ce tranchant redoutable. Il s'agit tout de même de créations absolument remarquables.


Un peu exagéré, à mon humble avis."