Nouveau guide impérial de Tamriel/Bordeciel : Différence entre versions

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Média d'origine : Édition Impériale de TES Online



Bordeciel
Nordiques du Pacte de Coeurébène
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Quand ma bien-aimée, Honoria Lucasta, m'a mis en garde contre Bordeciel, ce n'est pas des Nordiques dont elle se souciait. Il était bien évident que ces brutes, dont la sophistication sociale et l'hygiène avoisinent celles d'un troll apprivoisé, ne poseraient aucun problème que l'alcool et la condescendance ne puissent résoudre. Non, sa principale préoccupation était le froid implacable de cette province. Elle a même exigé que j'emporte quelques fourrures de plus pour cette partie du voyage ( fourrures récemment volées à des Crevassais ). Je comprends maintenant pourquoi les Nordiques cherchent à envahir le reste du continent : ils tentent clairement de fuir leur climat ingrat. Les forêts de pins et les Monts Vélothi ont beaux être fascinants, il n'est pas facile d'apprécier leur beauté les yeux couverts de glace. Sans parler de la présence de tous ces sauvages…

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Bordeciel au cœur de l'été.

Nous nous sommes matérialisés dans un bruit effrayant au bout du pont, à l'opposé des grandes portes de Vendeaume. Si furieux et orgueilleux soit-il, j'avais espéré que Vanus Galérion nous ferait apparaître directement dans la ville. Son choix m'a laissé perplexe. Les vents mordants qui soufflaient depuis la Mer des Fantômes s'engouffraient dans ma tunique déchirée, j'avais besoin de nourriture, de bandages propres et de repos… pas de ces rafales incessantes qui me fouettaient le visage.

J'avais aussi d'autres inquiétudes : je devais terminer ce guide et présenter mes preuves au chancelier Tharn au plus vite. Il devait être informé de la trahison de son neveu Javad et de la malfaisance de son conseiller Mannimarco. Avec Vanus Galérion à mes côtés, nous étions invincibles ! Plus déterminés que jamais, nous sommes entrés dans Vendeaume (avec l'escorte immédiate des gardes) avant de rejoindre directement la Guilde des mages. Là, Galérion m'a quitté sans dire un mot pour s'entretenir en privé avec le Maître de la guilde. Une attitude typique des Altmers.



D
ressée fièrement au confluent de la rivière blanche et de la rivière Yorgrim, la plus ancienne cité humaine de Tamriel est une place forte marquée par le temps et les combats. Sa reine consacre tous ses efforts au maintien de son autorité et à la protection des voies commerciales, en particulier le Col de Dunmeth qui mène à Morrowind. Pour comprendre cette attitude ferme, il faut connaître l'histoire de la ville: le treize de Clairciel s'y tient le Festival des Morts, commémorant le sac historique de Saarthal, le rassemblement des cinq cents compagnons et la débâcle des Elfes qui conduisit à l'avènement du premier empire des hommes. Le palais d'Ysgramor domine toujours le cœur de la vieille ville ; on l'appelle maintenant le Palais des rois. A ce jour, Vendeaume reste la seule cité importante dans la Châtellerie rurale d'Estemarche.

Notez que ce texte a été rédigé avant la récente invasion des Akavirois. De plus, il a grand besoin d'être révisé.



Pendant que Galérion réglait des problèmes manifestement plus urgents que les miens, j'ai acheté un peu de matériel de dessin et demandé où trouver le Jarl locale (ou thane des neiges, ou baron des pins… Ces rois nordiques affectionnent les titres bucoliques). Le roi Jorunn règne manifestement sur la région… non pas depuis le Palais des rois (pillé et incendié par les envahisseurs akavirois) mais dans le Hall de Rudepoing.



Je n'avais pas réalisé que mon sauveur était à l'origine de l'essor de la Guilde des mages à travers Tamriel. Pas étonnant qu'il soit aussi insupportable !


P
rès de 300 ans se sont écoulés depuis que Vanus Galérion, le Psijique anticonformiste, a fondé la Guilde des mages sur l'Archipel du couchant dans le but de rassembler les individus souvent solitaires étudiant la magie. Malgré la noblesse de ses intentions, certains y virent presque une insurrection. A l'origine, l'Ordre des Psijiques servait les souverains du couchant, et leur méthodologie secrète et ritualisée intégrait le culte des anciens. Mais Galérion jugea que ces rites étaient dépassés et attiraient la suspicion des profanes. Il introduisit l'expérimentation magique dans les villes et les villages, et eut même l'audace de vendre potions, talismans, livres et parchemins de sorts à tous ceux qui pouvaient payer, qu'ils soient monarques ou simples paysans.

De manière prévisible, l'élite intellectuelle ne tarda pas à réagir et exigea de lui qu'il décline clairement ses intentions (certains soupçonnant un groupe de rebelles hargneux de vouloir redistribuer les cartes du pouvoir). Quelle qu'ait été la réponse de Galérion, elle suffit à convaincre le Roi de Prime-Tenure, Rilis XII, puisque la charte fut ratifiée. Nul doute que son oraison passionnée fut teintée de son inquiétude face à la progression de la nécromancie, car à ce jour, cette forme de magie noire demeure interdite au sein de la guilde. En restant initialement neutre sur le plan politique, la Guilde des mages ne fit qu'accroître son pouvoir.

Mais par la suite, Vanus Galérion a commencé à se détacher de l'institution qu'il avait créée. Il aurait même déclaré que la guilde était devenue « un bourbier insondable de querelles politiques ».



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Jorunn le Roi-Scalde, un souverain jovial. Scalde est un vieux mot nordique qui signifie « barde ».

Me frayant un passage au milieu des courtisans du Hall de Rudepoing, j'ai remarqué un barde à la carrure et à la barbe particulièrement imposantes, jouant sur son luth l'une des chansons préférées des Nordiques : «Ragnar le Rouge ». Il était vraiment très doué. M'avançant vers lui, j'ai interrompu sa prestation : « Ménestrel ! Pendant que nous attendons le Roi-Scalde, jouez-nous donc un champ impérial ! » Un silence de mort est tombé sur la salle.

Un marchand fruste et ratatiné m'a alors tiré par le manteau pour me mettre à genoux. «Shéogorath vous aurait-il fait perdre la raison, étranger ? Vous prenez Jorunn le Roi-Scalde pour un simple barde ? »

« Par Mara... Mais plus sincères excuses, votre majesté ! » J'ai levé les mains au ciel, mon visage devenant aussi rouge qu'une pivoine alors que je réalisais l'énormité de mon erreur.

Mais Jorunn a éclaté de rire. «Eggvard, relâche-le ! Mais sérieusement, impérial… » Et ses yeux se sont plissés. « Vous m'avez insulté. Je demande réparation. Ménestrel ! Improvisez donc que quelques vers sur notre ami Eggvard. »

La gorge nouée, j'ai réfléchi un instant avant de réciter le poème suivant :

Un vieux marchand nommé Eggvard
avait engagé quelques Nordiques,
sans savoir que ces soûlards,
viderait toutes ses barriques,
pour oublier le froid du blizzard.

À mon grand étonnement, je n'ai pas été chassé de la ville : un tonnerre d'applaudissements a éclaté. Je n'avais jamais eu à endurer autant d'accolades bourrues.



M
is au monde en 2E 546 par la reine Mabjaarn aux Mèches écarlates, Jorunn était un chanteur d'un rare talent (un don de Kyne elle-même selon certains) qui fut entraîné à la Retraite du Scalde aux abords de Faillaise. Ce principicule, formé par les plus grands bardes du royaume de l'est, prit rapidement le nom de « Prince-Scalde ». N'affichant aucune ambition politique, il put compter sur son charisme naturel pour le mettre systématiquement en avant. Contrairement à la plupart de ses pairs, son éducation dans l'art du combat resta minimale pour un prince nordique. Mais elle fut durement mise à l'épreuve quand les Akavirois de Dir-Kamal attaquèrent Vendeaume.

Jorunn et sa Meute des Bardes étaient à Faillaise quand la nouvelle éclata. Ils chevauchèrent aussitôt vers le nord combattirent admirablement devant les portes puis dans les rues de la ville. Vendeaume tomba malgré tout, et avec elle sa mère et sa soeur aînée, la princesse Nurnhilde, leurs lames couvertes de sang akavirois. Anéanti, Jorunn fuit alors vers le Haut Hrothgar pour implorer l'aide des Grises barbes, qui invoquèrent celle d'un puissant allié, Wulfharth le Roi des Cendres. Fous de rage, les deux rois levèrent une armée de Nordiques belliqueux, si redoutable que les Akavirois durent contourner Faillaise dans leur marche vers Longsanglot.

Les troupes akaviroises se répandirent bientôt dans Morrowind, réalisant trop tard que l'armée des deux rois les avait suivies. Confrontés aux légions dunmers d'Almalexia dans les Éboulis, les envahisseurs se trouvèrent débordés et en grande difficulté. Mais ce n'est qu'avec l'arrivée de deux régiments de Dos-de-fer argoniens menés par trois des plus grands mages de bataille de Hist que le sort des Akavirois fut finalement scellé. Leurs lignes se brisèrent et ils périrent par milliers dans les eaux glacées de la Mer intérieure. Après cette grande victoire, Wulfharth repartit pour Sovngarde et Jorunn fut couronné roi de l'est de Bordeciel.



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Armes et armures lourdes portées par les Nordiques au combat

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Armes et armures intermédiaires portées par ceux qui recherchent plus de flexibilité

La principale préoccupation de la journée était apparemment de boire de l'hydromel et de battre la mesure sur des chansons paillardes. Reprenant son souffle entre deux couplets de «Nera la nymphe grivoise », Jorunn m'a fait signe d'approcher du trône. À ses côtés se tenait une nordique remarquable, rasée de près, la peau tannée par le vent et les yeux d'un bleu profond. « Flaccus Terentius de Bravil, je vous présente Mera Sombrage, Thane de Vendeaume.»

Souriante, elle m'a dit : « Vous n'avez pas l'air dans votre élément, mon ami. » Je lui ai rendu son sourire. « Peu importe. Marchez un peu avec moi. Jorunn m'a chargée de passer les troupes locales en revue. » Me voyant hésiter, elle a ajouté : « N'ayez crainte, la boisson ne manquera pas. » Quelques instants plus tard, nous marchions dans les rues enneigées de Vendeaume. En avant des marchés grouillants et des cris de la populace se dressait une imposante structure militaire. Mera a ouvert la porte, et sept Nordiques se sont aussitôt levés de table pour la saluer. Elle a servi deux chopes d'hydromel et m'en a tendu une. « La guilde des guerriers ne fait pas partie de la milice locale », a-t-elle déclaré entre deux gorgées, avant d'ajouter en sortant un registre de son sac : « mais le roi ne s'arrête pas à ce genre de détail. »

L'hydromel était épais, exceptionnellement riche, et j'ai senti un feu s'allumer dans mon ventre dès la première gorgée. Il contenait des traces de baies fermentées et une bonne dose de miel. L'alcool m'est immédiatement monté à la tête. Je me rappelle avoir quitté la guilde des guerriers avec Mera pour rejoindre la caserne de Vendeaume ; j'ai même fait un croquis du bâtiment, mais je ne sais plus exactement quand. J'ai pu rencontrer les soldats de la troisième compagnie d'Estemarche, qui nous ont invités à boire à leur tour. Mera a chanté avec eux au rythme des coups de marteau d'un forgeron réparant une armure.



U
n forgeron nordique ressent une affinité particulière pour son enclume, ses pinces, son marteau et son soufflet. Pour un Nordique, créer des armes et des armures de qualité (si inélégantes soient-elles) est aussi important que de savoir les utiliser. Ces talents s'acquièrent jeune et sont pour ainsi dire obligatoires. A mesure que l'artisan perfectionne ses techniques, sa forge devient un second foyer. Près d'elle se trouve toujours un chevalet de tannage, sur lequel les peaux de toutes les créatures du nord sont préparées selon leur durabilité et leur flexibilité. Les forgerons commencent une arme sur l'enclume avec du fer forgé qui est ensuite associé à l'acier et au corindon, ce qui donne naissance à des armes plus robustes et plus tranchantes que celles des autres royaumes. Quand les Nordiques disent que leurs lames « piquent », ils ne parlent pas que de leur pointe effilée. Très superstitieux, les forgerons de Bordeciel ajoutent une goutte de miel à toutes leurs créations. Les origines de cette pratique sont tombées dans l'oubli, mais elle est très largement répandue. Aujourd'hui encore, aucun armurier nordique n'oserait travailler sa forge sans d'abord écraser quelques rayons de miel dans son baquet d'eau.


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Guilde des guerriers de Vendeaume ; elle est aussi robuste que les combattants qu'elle abrite.

Je ne saurais dire exactement comment s'est terminée la journée. Nous avons quitté le vacarme de la caserne, mais j'avais bu deux autres chopes et je me sentais nauséeux. Au prix de ma sobriété, j'ai fini par déterminer que ce goût de fruit était celui des genièvres. Mera a dû m'aider à marcher. Par la barbe de Stendarr, je me suis ridiculisé. Je me souviens d'avoir été dégoûté par la quantité de neige sale qui encombrait les rues. J'ai eu le malheur de marcher dedans : il faudra que je brûle cette botte. J'ai croisé la statue d'un Nordique, que j'ai trouvée étrangement hilarante. Grossière et vigoureuse à la fois, comme mes hôtes. Encore de l'hydromel. Je ne me rappelle plus avoir fait ces croquis.



L
e héros Ysgramor est venu en Tamriel depuis le royaume nordique d'Atmora. Les érudits lui attribuent des mérites revenant plus probablement aux premiers rois du nord, et prétendent même qu'il aurait affronté Herma Mora. Certains historiens elfiques l'accusent d'avoir instigué la Nuit des larmes par ses blasphèmes, tandis que leurs homologues humains soutiennent que les Elfes ont attaqué sans raison. Quoi qu'il en soit, les Elfes ont bel et bien rasé Saarthal, ne laissant comme uniques survivants qu'Ysgramor et ses deux fils, Yngol et Ylgar. Ensemble, ils retournèrent à Atmora pour assembler une puissante armée de cinq cents Compagnons, avant de revenir pour conquérir tout Bordeciel, chassant leurs ennemis de leurs terres mal acquises.

Mais avant d'écraser les Elfes, Ysgramor perdit Yngol aux mains des « fantômes des mers » (que certains voient comme une simple personnification des dangers de la Mer des Fantômes). Sur ses ordres fut érigée une « superbe place forte sur la rive nord de la Rivière blanche, depuis laquelle il pourrait veiller personnellement sur le tertre de son fils aîné. Ce bastion devint par la suite la ville fortifiée de Vendeaume, où régnèrent ses descendants jusqu'à la mort du roi Borgas en 1E 369. Bien qu'aucune preuve n'existe, les Nordiques sont convaincus que tous leurs rois portent le sang d'Ysgramor, si dilué soit -il.

C'est vrai. Les Nordiques n'en ont que pour Ysgramor. À les entendre, on croirait qu'il a fondé l'empire.



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Ce héros coiffé d'un casque à cornes et accompagné d'un loup est Ysgramor. Il porte une hache nommée Wuuthrad. Je n'aimerais pas le croiser dans une ruelle sombre. Ni en plein jour, d'ailleurs.

Je me suis réveillé tout tremblant. Ce n'était pas le froid qui me faisait frissonner, car j'avais miraculeusement réussi à rejoindre les baraquements, mais un terrible rêve. Mes draps étaient trempés de sueur et mon stigmate brûlait. Je me souvenais d'une fuite éperdue sur les sentiers de Vendeaume, une meute de Daedra hurlants sur mes talons. À leur tête se trouvait Mannimarco, qui semblait marcher sans fouler le sol. C'était l'hydromel qui me donnait des cauchemars. Oui, c'était forcément cela.

J'avais l'impression d'avoir eu la tête tranchée en deux. J'ai pris quelques profondes inspirations et je me suis emmitouflé dans mes habits humides pour affronter le blizzard. Je devais trouver un apothicaire et lui acheter des potions pour soulager ma tête endolorie. Quand la tempête de neige s'est calmée, j'ai reconnu certaines des structures que j'avais vues en rêve. Je les ai dessinés ici au cas où elles auraient une signification quelconque.



L
es architectes nordiques sont des maîtres dans l'art de bâtir des ouvrages impérissables, capables de traverser les siècles et même les ères (à condition d'échapper aux pillages et aux invasions). Leur savoir-faire est visible à travers tout Bordeciel, mais aussi à Solstheim et dans la région de Bruma du nord de Cyrodiil. Que cela nous plaise ou non, nous autres Impériaux avons une dette de gratitude envers nos voisins nordiques pour les techniques de construction que nous leur avons empruntées.

Peu après le règne d'Ysgramor, les maçons nordiques ont mis au point une méthode de pose des pierres ignées. A l'origine, ces blocs étaient extraits de gisements porphyriques, avant d'être remplacés progressivement par le granite et la roche volcanique de l'est de la province dans la Deuxième Ère. Ils s'emboitaient les uns dans les autres sans jointage ni mortier, un procédé permettant d'ériger des murs gigantesques relativement vite, même avec des pierres irrégulières. Ces murs se révélèrent particulièrement difficiles à démanteler pour les maraudeurs, comme en atteste le Vieux Fort, un bastion royal à la frontière nord de Bordeciel, toujours debout bien que construit à l'époque du Premier empire.



J'aurais eu plus de chance de trouver un Khajiit imberbe qu'un marchand de potions dans ce dédale d'avenues enneigées et de murs de granite. Mais dans sa miséricorde, Mara a soulagé mon mal de tête, suffisamment pour que je me rappelle que Mera Sombrage m'attendait à l'auberge de la Lune de glace. Une fois sur place, je l'ai trouvée assise près de l'âtre avec mes affaires. Quel soulagement ! Elle m'a fait signe d'approcher en souriant avant de me présenter Garthar Trois-Doigts, le cuisinier.

Il m'a proposé différents morceaux de porc, du pain et des œufs, le tout frit à la graisse d'oie dans une énorme poêle. Luttant contre la nausée, mais voyant bien que je risquais d'offenser Mera, j'ai accepté. Ma portion est arrivée dans une assiette si grande qu'il fallait deux mains pour la porter. Palpitations mises à part (un phénomène tout à fait normal selon la Nordique), j'avoue que ce repas rudimentaire était absolument délicieux. Par contre, j'ai refusé de reprendre une chope. Mera m'a alors dit en riant : « Si vous voulez vraiment boire, vous devez rencontrer mon frère, Holgunn le Borgne. »



L
es circonstances de la colonisation de Tamriel par les Nèdes font débat depuis que les premiers vaisseaux atmoriens ont pris la mer pour échapper aux guerres civiles de leurs contrées lointaines. Même si de nombreux Nordiques considèrent Ysgramor, le chef de guerre des cinq cents Compagnons, comme leur premier ancêtre, il est loin d'être le premier humain à avoir foulé le continent de Tamriel. Ses prédécesseurs, probablement mécontents de leur vie dans le « Vieux Monde », arrivèrent sur des terres déjà occupées par les Elfes, et établirent avec eux une coexistence harmonieuse qui permit aux provinces de Hauteroche, de Martelfell et de Cyrodiil de s'épanouir rapidement. Seuls les proto-Nordiques, de nature belliqueuse, estimèrent que la terre qui les portait leur appartenait. Voilà pourquoi l'expansion de Bordeciel continue et s'oppose toujours autant au brassage des races.


Tour de guet

Nous avons bravé le vent mordant et la neige qui tombait de plus belle pour nous rendre à l'Auberge du Nordique sobre, un nom bien ironique pour une taverne où l'alcool coulait encore plus librement que dans les autres établissements. En poussant la lourde porte de chêne, nous avons été accueillis par une bouffée de chaleur venant à la fois du foyer et des nombreux Nordiques rassemblés ici. Un cri de joie a retenti à l'arrivée de Mera. Holgunn, un homme imposant à la carrure d'Orque, s'est levé pour nous saluer et m'a offert une étreinte amicale qui a manqué de m'étouffer. Il portait une épaisse armure d'acier, même en ville, et était armé d'un énorme marteau, de plusieurs dagues et d'une hache.

« Nous buvons pour honorer les morts, Impérial ! » a déclaré Holgunn d'une voix tonitruante qui m'a déchiré le crâne.

« Je prendrais une bière légère, merci, » ai-je répondu.

L'œil gauche d'Holgunn a tressailli de manière visible. « Ah ! On ne sert que de l'hydromel ici, petite nature ! »

Je me suis résigné à une nouvelle nuit de festivités en compagnie d'Holgunn, qui engloutissait l'hydromel comme de l'eau et n'en ressentait pas plus les effets. Il nous a fait part de ses exploits lors de la récente invasion akaviroise : il aurait ainsi combattu aux côtés de la Meute des Bardes dans l'enceinte de Vendeaume, conquis les Sept mille marches pour atteindre les Grises-barbes du Haut-Hrothgar, chassé les pillards akavirois de Faillaise et participé à la grande bataille des Éboulis, où les mers intérieures sont devenues rouges du sang de l'ennemi.

J'ai consigné les récits d'Holgunn dans les moindres détails, de son sauvetage du Roi-Scalde Jorunn d'une flèche ennemie à son combat épique aux côtés de Wulfharth, le légendaire Roi des Cendres, en passant par ses négociations avec les chefs dunmers (au cours desquelles il a affronté le général Tanval Indoril dans un concours de boisson qui a duré près d'une semaine). Mera Sombrage a confirmé tous ces faits, mais j'ai malheureusement égaré mes parchemins secondaires quand notre petite réunion s'est changée en véritable beuverie.



Malgré tout, Fjori mourut d'épuisement. Accablé par le chagrin, Holgeir mit à jour le grand tombeau d'Ansilvund et y fit enterrer sa bien-aimée. Peu après, il laissa le serpent le mordre une seconde fois afin de rejoindre Fjori et la chasse éternelle de Sovngarde. (Note : à supprimer)

Nordiques renommés : annexe H
Holgunn le Borgne
Holgunn le Borgne était un commandant nordique réputé pour son sourire sauvage et son charme brut, dont il se servait aussi bien que de son marteau pour vaincre ses adversaires. Il joua un rôle crucial dans l'établissement d'une relation de confiance entre Nordiques et Dunmers, qui entraîna la cessation des hostilités au profit d'une alliance contre les Akavirois. Holgunn et Tanval Indoril, général de l'armée du Tribunal, entretiennent toujours une solide amitié.



Le lendemain matin, j'ai quitté les quartiers réservés aux invités d'Holgunn avec une vessie vide et un pot de chambre plein.

« Prêt pour la chasse, mon ami ? » m'a demandé Holgunn en me faisant un clin d'œil. «Kyne nous offre un temps favorable et Ingjard a déjà repéré des empreintes de smilodon. Nous partirons dans l'heure. »

Pendant que je prenais mon petit-déjeuner de viande fraîche aux herbes, Mera m'a présenté à Thorbjolf le Rouge et à Ingjard Main-de-Pierre, deux trompe-la-mort de Vendeaume qui complétaient notre groupe de chasse.

« Quel groupe de chasse ? » ai-je demandé.

« Celui que nous avons formé à votre demande. Pour rendre les choses plus intéressantes, comme vous le vouliez. »

« Plus intéressantes ? » Je n'en avais pas le moindre souvenir.

« Oui ! Nous chasserons avec des arcs, des épées courtes et des dagues. Pas d'armes longues. Nous relevons votre défi ! »

Je me suis affaissé dans mon siège en regardant mes quatre compagnons remplir leurs besaces et préparer leurs arcs. L'hydromel m'avait encore embrouillé l'esprit.



N
iché près des nuages, sur un pic surplombant Estemarche, se trouve le temple des Grises-barbes, un monastère de silence que l'on nomme Haut Hrothgar. Pour rejoindre cette vénérable communauté, il est nécessaire de gravir la Gorge du Monde en empruntant les Sept mille marches, un trajet périlleux où rôdent de monstrueuses créatures entre les poteaux de prière. Communiquant rarement avec les visiteurs (qui déposent des offrandes avant de braver la descente), ces moines solitaires sont presque totalement muets, en opposition totale avec les ivrognes tapageurs de la région. Ils préfèrent se concentrer sur la « Voix du ciel », ces étranges et puissants cris qu'ils nomment également « thu'ums ». Ils auraient été découverts par Jurgen Parlevent, héros nordique de la Première Ere, si l'on en croit les récits des visiteurs ébahis.


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Peinture fantaisiste acquise à Vendeaume, représentant Estemarche tournée vers le Haut-Hrothgar. Au moins, l'aurore est peinte correctement.

Malgré ma crainte initiale à l'idée d'arpenter les terres sauvages de Bordeciel avec quatre rustauds, j'ai trouvé notre petite escapade palpitante. Mes préjugés les plus négatifs à l'égard des Nordiques étaient sans mérite. Il sont bruyant et grossier, c'est certain. Oui, leurs rues sont jonchées de neige jaune et marron. Mais rares sont ceux qui peuvent rivaliser avec leur force de caractère et l'amitié qu'ils m'ont témoignée.

Holgunn m'a persuadé d'abandonner mes vêtements impériaux. À ma grande surprise, la veste en peau d'ours, le pantalon en cuir et les solides botte en peau de loup était à la fois souples et adaptés. J'ai même trouvé la cape de fourrure très confortable une fois que je me suis habitué à son odeur. Protégé du froid dans ma tenue de chasse, j'ai quitté Vendeaume avec mes compagnons et nous nous sommes mis en route pour les collines enneigées d'Estemarche.

Alors que nous nous approchions de la limite des arbres, Ingjard s'est soudain accroupie près d'une grotte, puis elle a bandé son arc et décoché une flèche avant que j'ai eu le temps d'apercevoir sa cible. Je suis resté derrière elle, mon propre arc prêt à tirer, tandis que les trois autres Nordiques se dispersaient. Mera s'est précipitée sur le fauve et lui a planté sa dague dans le cou, luttant avec lui dans la neige tachée de sang jusqu'à ce qu'il succombe. J'ai dessiné sa carcasse pour la postérité.

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Le géant spectral des contes nordiques

Après cette violente interruption, nous avons repris notre longue marche entrecoupée de haltes autour du feu de camp. Ingjard avait perdu une partie de sa main droite lors d'un combat contre un ours-garou, mais sa blessure n'avait en rien amoindri ses talents de peintre. C'est elle qui a réalisé l'œuvre ci-contre, qui représente la vallée menant au Haut-Hrothgar. Holgunn m'a informé que les bâtiments étaient positionnés de manière fantaisiste, mais qu'importe. Elle a su peindre l'aurore, ou « Lumières de Kyne », avec autant de réalisme que de beauté. En me reposant sous ces lueurs vertes et violettes, je me suis senti pour la première fois en paix dans la majestueuse nature de Tamriel.

Le deuxième soir, nous nous étions déjà aventurés bien au-delà de la limite des arbres, sur les flancs rocheux et venteux des Monts Velothi. Après avoir monté nos spacieuses tentes, pourvues de toits inclinés et huilés pour éviter que la neige s'accumule, j'ai inspecté nos prises : deux renard des neiges, un loup et un ours. Je me suis ensuite assis auprès du feu pour siroter mon hydromel, tout en vidant discrètement mes chopes derrière moi pour donner l'impression de boire autant que les autres.

Holgunn nous a raconté l'histoire passionnante d'un géant spectral qui hante ces montagnes. Revenu dans ce monde après un pacte avec Hircine, il arpente les collines et les vallées à la recherche de sa femme. Malheur à ceux qui croisent son chemin, car l'esprit solitaire est armé d'une massue de glace avec laquelle il fige ses victimes avant de dévorer leurs corps immobiles. Quand je me suis retiré sous mes couvertures, j'ai senti un courant d'air glacé qui m'a fait frissonner, comme si une créature fantomatique enserrait mon âme de ses mains gelées.



L
es géants sont-ils les véritables « ancêtres » du peuple nordique ? Il est évident que non, mais les habitants les plus rétrogrades de Bordeciel - généralement des chasseurs ou des villageois vivant dans des hameaux isolés - ne partagent pas cette opinion. Ils sont persuadés d'être apparentés aux imposants humanoïdes que l'on voit parfois mener leurs troupeaux de mammouths à travers les paysages désolés de Bordeciel. Cette conviction était très répandue lors de la Première Ère ; à l'époque, les Nordiques offraient leur plus belle vache aux géants des environs, la peignant de runes colorées pour la distinguer des autres.

Cette superstition a tendance à disparaître de nos jours. Les Nordiques progressistes ont beaucoup moins de respect pour les géants et considèrent leurs mammouths comme une menace pour leurs pâtures. Les géants sont des êtres solitaires qui communiquent rarement avec les autres, même entre eux. Ils semblent se nourrir de nombreux types de viande (à l'exception de la chair humaine), ainsi que de fromage et de crème tirés du lait de mammouth. Ils préparent leur nourriture dans d'énormes foyers, qui leur servent également à garder leurs peaux d'animaux au chaud.



Notre troisième jour de chasse a été tout aussi fructueux. Nous sommes descendus dans les futaies, accompagnés par le son des cornes nordiques en ramenant nos prises : du lapin pour le déjeuner et du chevreuil accompagné de champignons pour le dîner. Pendant que Thorbjolf faisait cuire la viande, Mera Sombrage nous a diverti avec l'histoire du sorcier Serenarth, un Elfe des neiges de l'ancien temps. Je me suis mis à dessiner en l'écoutant parler d'un affrontement entre l'elfe et les compagnons d'Ysgramor lors de la Nuit des Larmes. Les deux camps étaient pris dans une lutte acharnée après la destruction de Saarthal, la première ville nordique. Maniant son arc avec une précision redoutable, Ysgramor abattit le mage d'une seule flèche.

Les Nordiques s'éloignèrent pour reprendre leur ville, laissant Serenarth mourir dans le froid. Puisant dans ses dernières forces, le sorcier invoqua un puissant Atronach de glace, puis fit un pacte avec des forces malveillantes pour transférer son esprit dans le corps du Daedra. On dit que Serenarth attend toujours sous sa nouvelle forme, enfermé au cœur d'un glacier auprès de son cadavre gelé, destiné à se venger des héritiers d'Ysgramor quand la glace fondra.



G
râce aux formidables conjurations du mage de bataille Quiricus Vidacilius lors de récentes escarmouches dans les terres nordiques, nous avons pu rassembler des informations détaillées sur les Atronachs de glace. Ces puissants Daedra élémentaux s'avèrent être des invocations très efficaces. Grands et imposants, ils sont toutefois dénués de culture et de personnalité. Sous cet aspect, ils s'apparentent davantage aux trolls ou autres créatures primitives qu'aux Crevassais. Ils se montrent agressifs uniquement lorsqu'ils sont provoqués et ne bénéficient pas de l'agilité de leurs cousins enflammés. Cependant, ils sont capables d'attaques redoutables qui leur permettent de ralentir leurs victimes avant de les pulvériser. Ils sont résistants à la magie tirée du froid et la glace, mais finissent toujours par tomber en miettes sous un assaut soutenu. Leurs restes contiennent des sels de givre, un ingrédient très recherché pour diverses potions. Je n'hésiterais pas à recommander leur utilisation dans le rôle de sentinelles ou de troupes d'assaut.


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Le temple dragon de Skuldafn ; nous n'avons pas pu approcher davantage.

Ingjard a décelé un mouvement dans le blizzard, là où je ne voyais qu'un mur de neige opaque. En prenant un peu de hauteur, j'ai finalement pu apercevoir une femelle smilodon en train de chasser le lapin. Nous l'avons poursuivie toujours plus haut, au milieu de la brume et de rochers plus ou moins glissants, avant d'atteindre une série de ruines étalées le long d'un escarpement : un immense monument funéraire, j'ai aussitôt interrogé mes compagnons sur cet endroit étrange. «C'est Skuldafn… » m'a répondu simplement Mera.

Thorbjolf a vu le félin disparaître dans les ruines. Il est revenu vers nous sans en franchir le seuil : les arches enneigées semblaient nous interdire le passage, et des totems d'animaux nous regardaient avec une tacite malveillance. L'atmosphère était vraiment lugubre et angoissante. Holgunn nous a fait signe de faire demi-tour et de quitter les lieux. Selon lui, « on n'entre pas dans un temple dragon ». J'ai essayé de le raisonner jusqu'à ce que Mera m'attrape par l'épaule.

« N'ennuyez pas Holgunn avec ça… » m'a-t-elle murmuré. « Ces prêtres-dragons servaient Alduin .»



Mystérieux temples du Culte du Dragon

D
ans les confins de Bordeciel, au-delà des cabanes de chasseurs et des petits villages agricoles isolés, vous tomberez peut-être sur une pierre brisée à moitié enfouie et couverte de mousse et de lierre. Regardez de plus près, il pourrait s'agir de l'effigie d'un dieu animal vénéré par les primitifs d'Ysgramor. La déification de l'ours, du dragon, du renard, de la phalène, de la chouette, du serpent, de la baleine et du loup a été confirmée par nos agents de terrain, et beaucoup pensent que ces totems sont les sentinelles de ruines oubliées. Ces temples effondrés, gardés par des draugr endormis, ou pire, datent d'une époque où le Culte du Dragon régnait soi-disant sur cette province.

Bien qu'aucun Tamrielien moderne ne croie plus à ces légendes absurdes, la révérence des Nordiques pour ces lieux anciens en dit long sur leur peur de voir un jour revenir les prêtres-dragons. A l'époque du culte d'Akatosh (le dragon), comme roi-dieu sur les hommes, ces prêtres étaient les intermédiaires à travers lesquels les dragons s'exprimaient et imposaient leurs lois ; à ce titre, ils possédaient des temples grandioses. Quand Alduin, premier-né d'Akatosh, fut vaincu au sommet de la Gorge du Monde au terme de la mythique Guerre draconique, le culte construit autour de ces gardiens ne tarda pas à disparaître, enseveli dans ces tertres avec dépouille de leurs maîtres. Ses derniers représentants furent définitivement vaincus dans les montagnes de la Brèche par le haut-roi Harald en 1E 140. La vénération des dieux animaux fut rapidement remplacée par le culte des huit Divins.



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Bassins sulfureux d'Estemarche ; ils sont assez chauds pour détacher la chair de vos os.

Mon visage transi a retrouvé des couleurs quand nous avons atteint un terrain sinistre parsemé de bassins bouillonnants et de fumerolles. Intrigué, je suis descendu vers un ensemble d'étangs d'un vert presque luminescent. Loin de nous, Mera a aperçu la silhouette immense d'un géant avançant d'un pas lourd à travers le paysage clairsemé, et le groupe s'est aussitôt mis en chasse.

J'ai trempé les orteils dans l'eau brûlante d'une source, ravi de sentir un frisson de chaleur me traverser malgré l'odeur nauséabonde. J'ai d'abord cru que Thorbjolf préparait des œufs, mais c'était un gaz étrange qui m'irritait la gorge. La vapeur s'est progressivement faite plus épaisse en se mélangeant aux brouillards qui descendaient sur les plaines, et j'ai fini par perdre de vue mes compagnons. J'ai tenté en vain de les retrouver avant la nuit. Je n'ai pu qu'entendre le son de leurs cornes qui résonnait dans le lointain.



B
ien connu pour ses anomalies géothermiques, Morrowind est un territoire grondant parsemé de crevasses et de fissures recrachant les vapeurs des profondeurs de Nirn, et son activité volcanique déborde sur la partie est de Bordeciel. Les sources chaudes et les bassins sulfureux d'Estemarche bouillonnent continuellement, et malgré l'odeur âcre et les brumes déroutantes qu'ils dégagent, on leur prête des propriétés thérapeutiques. Malheureusement, la région est infestée de géants, qui font de son exploration une entreprise trop risquée.




L
es éclaireurs en mission dans les étendues du nord parlent tous d'une créature hirsute et bipède dotée de trois yeux et de bras presque assez longs pour toucher le sol ; ces puissants membres antérieurs sont capables de déchirer le cuir et même d'enfoncer le métal. A l'instar des minotaures, ces bêtes ne possèdent qu'une intelligence rudimentaire et vivent en général dans des grottes ou des niches rocheuses remplies des carcasses de leurs proies. Les trolls de glace sont cependant loin d'être idiots : ils évitent les pièges avant d'attaquer. Ils peuvent aussi sauter et marteler le sol, mais ne cherchent généralement pas à se défendre contre les coups, comptant plutôt sur leur formidable capacité de régénération pour récupérer de leurs blessures. Cette aptitude intéresse fortement nos mages de bataille, alors essayez de capturer des spécimens vivants. Dans le cas contraire, prenez soin de brûler leur carcasse.


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L'énorme et coléreux mammouth de la toundra de Bordeciel.
Leurs excréments forment des tas impressionnants.

Perdu ! Je me suis hissé sur un tas d'éboulis instable, la brume et le son des cornes se dissipant peu à peu à mesure que je retournais vers des températures plus fraîches. Je me suis bientôt retrouvé dans un bois de pins et de sapins ; errant au milieu des arbres, j'ai soudain entendu un grognement sauvage avant d'être jeté au sol.

Une créature immonde à cligné de ses trois yeux avant de montrer les crocs. Elle s'apprêtait à me sauter dessus quand trois guerriers en armures m'ont dépassé et se sont jetés sur elle. « Voilà pour mon cheval, sale bête ! » s'est écrié le plus gros du groupe en tranchant le bras du troll d'un grand coup de sa hache double. Amputé et déstabilisé par une volée de flèches tirées par un second guerrier, le monstre n'a pas mis longtemps à s'effondrer.

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Une créature sauvage et robuste : le troll de glace, l'autre terreur du nord.
Avec leurs jambes courtes et leurs bras longs, ces trolls marchent parfois à quatre pattes.

Le Nordique à la hache s'est alors tourné vers moi en souriant. « Bien le bonjour, étranger. Je suis Vigrod Clive-Spectre, le héraut. Et ce sont mes frères d'armes, Uli et Rargal. Nous sommes des Compagnons. »

Pendant qu'il dressait le camp, Vigrod m'a expliqué que ses Compagnons voyageaient avec très peu d'équipement pour rester rapides, et passaient leur nuit dans des grottes ou des vallons plutôt que sous la tente. Assis autour du feu, Uli et Rargal sont restés silencieux, préférant se consacrer à l'entretien de leurs armes, mais Vigrod s'est montré plus sociable et m'a parlé de sa rivalité amicale avec Holgunn le Borgne. Interrogé sur sa loyauté envers le Roi-Scalde, il a rétorqué fièrement qu'il avait juré allégeance au trône, rompant la tradition de son clan de mercenaires.

Le lendemain matin, Vigrod m'a proposé de m'emmener avec eux vers le sud, au Hall de Rochebrune, leur domaine dans la Châtellerie de la Brèche. Ma seule autre option étant de finir dans le ventre d'un troll, j'ai accepté. Nous avons traversé d'autres sources chaudes, et à mesure que mes bottes s'usaient, la neige s'est effacée du paysage. Finalement, au détour d'un dernier col, j'ai posé les yeux sur une vaste forêt caduque.

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La forêt automnale de la Châtellerie de la Brèche. J'aurais voulu peindre plus, mais je suis tombé malade...



D
ans les déserts glacials de Bordeciel, l'autorité déjà chaotique du haut-roi est sapée par la présence des Compagnons, un groupe de mercenaires qui ne respectent que la force des armes. Mais ce ne sont pas des Orques ; il existe en leur sein un semblant de hiérarchie. Ce ramassis de soldats, de bandits et de vauriens à la recherche d'un peu de structure dans leur misérable existence est uni sous la coupe d'un héraut, un chef qui prétend leur apprendre l'honneur et calmer les conflits sans pour autant les commander directement. Sa parole est sacro-sainte à travers toute la province, à l'image du culte voué à Ysgramor l'envahisseur. Mais qu'en est-il des hérauts du passé et de leur règne ?

Après Ysgramor vint Jeek de la Rivière, le fondateur de Blancherive, de Jorrvaskr et de la Forge Céleste. II atteint la gloire, non pas dans la conquête, mais en aidant ceux qui avaient la force et le courage de porter les armes. Sous le règne de Mryfwiil le reclus, l'absurde coutume des Compagnons de se battre entre eux fut enfin interdite. Mais quand Cirroc le noble prit le pouvoir, les fractures au sein de cette guilde de brutes s'élargirent encore : ce Rougegarde n'était pas d'ascendance atmorienne. Sans surprise, son règne fut bref, mais il insuffla néanmoins une réelle prouesse martiale dans le style de ses disciples.

Nul n'aurait imaginé voir un Elfe devenir héraut avant que Henantier l'Etranger prenne le pouvoir. Aussi fastidieuse qu'une balade brétonne, son ascension se résume à une succession de corvées banales, mais il a su survivre à tous ceux plus compétents que lui. Macke aux yeux perçants lui succéda. Son histoire est ridicule : on raconte qu'elle aurait mis en déroute la moitié d'une armée d'un simple regard, avant de massacrer l'autre moitié de ses seules lames. Elle disparut de manière inexplicable au cours de la Deuxième Ere, une époque sombre pour ces faux paladins. Ce n'est qu'après que Kyrnil Long-Nez se soit battu pour débarrasser Jorrvaskr de cette corruption que furent rétablies les anciennes traditions et le respect de l'honneur par le sang.

Vos échanges avec ces étranges bellicistes doivent être polis, mais fermes. Méfiez-vous de leur habileté au combat, et ne leur confiez jamais rien de plus précieux que votre temps.



J'ai été très bien accueilli au Hall de Rochebrune. Pour commencer, j'ai pu refuser de boire sans offenser mes hôtes. J'ai été surpris de voir d'autres races, même un Khajiit, parmi les guerriers présents. Quant à la structure elle-même ? C'est un bastion si sûr que ses fondations semblent ne faire qu'un avec les contreforts des Monts Velothi. J'ai été agréablement surpris par la qualité de la charpente et de la menuiserie, faisant bon usage du pain et du sapin. Mon seul regret porte sur la profusion de dragons sculptés : il y en avait sur chaque pignon, une obsession frôlant l'idolâtrie.

Je n'ai pas réussi à profiter du banquet du soir. Vigrod n'y est pour rien ; ses histoires et ses légendes sur les Compagnons pourraient remplir plusieurs volumes, même s'il m'a été demandé de ne pas les transcrire (la plupart tournaient autour d'Ysgramor et de sa hache mythique, Wuuthrad, apparemment conservée dans l'un de leurs coffres souterrains). Non, je pense que des forces plus démoniaques étaient à l'œuvre, et j'ai donc préféré me retirer dans mes quartiers pour la nuit, en priant pour un sommeil réparateur.

Mara ne m'a pas entendu. Malgré le relatif confort de ma couche, mes terribles cauchemars sont revenus, plus terrifiants que jamais : Mannimarco me poursuit. Il prend l'apparence d'un géant spectral, qui brille d'une lueur bleutée dans la pénombre de Masser. Il abat son énorme gourdin sur ma tête, me soulève de terre et enfonce son pouce dans mon stigmate. Plus vite je quitterai ces terres nordiques, mieux ce sera.

Le lendemain matin, je me suis réveillé seul devant les portes de Faillaise, incapable de me rappeler comment j'étais arrivé là. Perplexe et mal en point, j'ai pris la route de Longsanglot avec une caravane d'hydromel.