Nouveau guide impérial de Tamriel/Bangkorai : Différence entre versions
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Version du 13 novembre 2022 à 16:56
Média d'origine : Édition Impériale de TES Online
Par Flaccus Terentius, de la Société Géographique Impériale, 2E581
Les Orques de l'Alliance de Daguefilante L'air était frais et la terre, ferme. Bien que le terrain fût un peu plus accidenté que les collines et les vallons de Hauteroche, la région nord de Bangkorai et la route d'Abondance virait graduellement de l'orange au vert, et la chaleur accablante laissait place à une bruine plus tempérée. Le nord de Bangkorai se trouve au sud du fleuve Bjoulsae, avec une frontière marquée uniquement sur les cartes, mais les Rougegardes ne semblent pas s'aventurer jusqu'ici : c'est toujours le domaine des Brétons. J'avais débarqué plutôt pour m'éclaircir les idées et appliquer du baume sur ma marque en privé. C'est un véritable soulagement de voir un peu de verdure après tout ce temps passé dans le désert d'Alik'r.
Je pensais avoir aperçu une silhouette dans les bois aux alentours d'Abondance, mais en approchant, j'ai découvert qu'il s'agissait en fait d'une étrange statue. J'ai nettoyé la mousse qui la recouvrait et me suis mis à la peindre. Cette « sentinelle viride », comme je l'ai nommée, semble représenter une gardienne de la forêt qui, d'après mon guide impérial de la région, et révérée par les Wyrds de Glenmoril. Je suis certain qu'elles sont apparentées aux sorcières de Beldama que j'ai vues à Glenumbrie. Mais à part cette statue, je n'ai trouvé aucun signe de leur présence.
Je me sentais en sécurité en parcourant le palais d'Abondance, un édifice impressionnant malgré le manque de subtilité de son architecture, qui met l'accent sur la robustesse avec ses créneaux taillés dans du granit importé de Markarth il y a plusieurs siècles. J'osais même bomber le torse légèrement (même si ma marque brûlait toujours). Ces pitres et serviteurs de leur espèce m'avait accueilli dans leur ville avec une déférence dont je n'avais certainement pas fait l'objet depuis mon départ de Sentinelle. Quand j'ai rencontré le roi Eamond pour lui remettre mes lettres de recommandation et mon permis de passage, je l'ai trouvé amical, mais effacé et timide, loin de l'image que je me faisais d'un souverain des terres sauvages. Évidemment, il est possible que son manque de charisme ait été amplifié par la présence de son invité au tempérament sauvage. Assis à côté d'Eamond se trouvait le roi Kurog d'Orsinium, un Orque qui respirait la force par tous ses pores crasseux. « Approchez, Impérial. Vous êtes le bienvenu dans cette cour ! » cria-t-il (j'ai découvert plus tard qu'il s'agissait en fait de sa voix normale). Quand je l'ai rejoint, Kurog m'a donné une tape sur l'épaule et j'ai senti mes jambes se dérober sous moi. Manquant de tomber à la renverse, j'ai réussi de justesse à retrouver mon équilibre en titubant. La cour a éclaté de rire en me voyant devenir le bouffon involontaire de Kurog ; mon physique gracile était apparemment désopilant pour les Brétons et les Orques . Rien d'étonnant pour des provinciaux généralement grossiers et bruyants.
Tandis que le roi Kurog est un colosse au visage aussi fin que le derrière d'un géant, la femme d'Eamond, la reine Arzhela, et la définition même d'une beauté brétonne épanouie . Elle se comporte en vraie mère poule avec le prince Edrien, un jeune homme fringant qui à l'exploration dans le sang. Il s'apprête à se joindre à la caravane qui doit quitter Abondance pour Orsinium ce soir même, son premier voyage d'adultes dans la nature sauvage. Peut-être pour se faire pardonner de m'avoir mis dans l'embarras, Kurog m'a d'abord offert un sourire édenté qui ferait tourner le lait, puis il m'a remis un permis de passage m'autorisant à traverser Wrothgar avec la caravane. Des excuses acceptables, car il est bien plus prudent de voyager avec des forces armées dans ces terres hostiles. Avant de partir, j'ai fait des croquis préliminaires des lourdes armures et armes utilisées par l'escorte du roi Kurog. Bien que les Orques portent cet équipement sans effort apparent (soit grâce à leur force physique, soit par magie), je suis à peine capable de soulever l'un de leurs plastrons. Stendarr, protège mes os si jamais l'une de ces brutes me tombe dessus par accident.
Après avoir traversé le gué du Bjoulsae, la caravane est partie vers le nord-est sur la route de Jehanna, en direction des montagnes sauvages de Wrothgar. Malgré leur prétendue maladresse, les orques ne craignent aucune fissure ni aucun ravin. Mon voyage se déroulait pour le mieux en compagnie de Loghorz gro-Murtag, l'un des gardes et forgerons du roi, qui m'avait promis un festin « qui gaverait un géant ». Nous avons atteint Murtag le soir de notre deuxième journée de route. Le chef Godrun nous a accueillis avec un plateau d'abats de cerfs. J'essaye toujours de digérer la viande et les chopes d'hydromel aussi grosses que ma tête. La présence d'Orques dans notre groupe de Brétons permettait de dissiper toute méfiance à notre égard. J'ai pris un instant pour dessiner le pavillon du chef et la vieille forge de Murtag. Godrun m'a offert une épée et un bouclier d'excellente facture. Malgré leur poids, j'ai accepté ces présents par respect pour ce geste. S'ils restent dans la caravane après mon départ, je pourrais peut-être aller jusqu'en Bordeciel sans m'ouvrir le ventre ou me casser le dos en essayant de les porter.
Quand l'aube s'élevait sur la forteresse de Murtag, je suis remonté à la route de Jehanna et je me suis perché sur un affleurement rocheux surplombant le camp pour dessiner ce formidable exemple d'architecture orque, aussi fier et inébranlable que les rochers et les pics de la patrie des orques. Le fort est dans une position idéale pour la défense grâce aux montagnes environnantes, et ses parapets faits de bois et de pierres grossièrement taillées sont très efficaces contre les géants et les Crevassais en maraude. Ces villes fortifiées pullulent à Wrothgar et à Martelfell. Nous avons gravi la montagne vers l'est jusqu'à ce que les arbres et l'air se raréfient. En baissant les yeux vers les nuages en contrebas, j'ai pris pleine conscience de la grandeur des plans d'Akatosh pour les insectes que nous sommes, grouillant sur l'écorce du monde. Je discutais avec mon compagnon Bréton, Edgard Thenephan, quand la caravane de tête s'est arrêtée. Les gardes se sont éloignés pour inspecter la carcasse fumante d'un refuge de chasseurs. « Il y a des pillards crevassais dans les environs », m'a confié Edgard en se penchant vers moi. Il m'a ensuite montré quelque chose du doigt, au-delà des restes du refuge, dont seul le foyer de pierre était encore debout. « Vous voyez ces totems ? Ils sont là pour effrayer les voyageurs sans méfiance ou faibles d'esprit. » Un garde venait de sortir deux cadavres carbonisés des décombres : l'un d'eux était décapité. Je grimaçai à la vue des totems, faits de bâtons ou d'arbres couverts de gravure primitive, de crânes, d'os… et de la tête d'un des chasseurs. « Ne vous inquiétez pas, Flaccus », s'est écrié Edgard en touchant son casque avec son épée. « Nous sommes bien armés. Ces vermines savent à peine allumer un feu ! » Quand la caravane a repris sa route, j'ai dû prendre plusieurs inspirations profondes pour calmer ma panique grandissante. Nous aurions dû prévoir bien plus que deux Orques pour nous protéger sur le chemin étroit et accidenté sillonnant les crevasses et corniques sur notre itinéraire.
Edgard fut le premier à mourir. Un homme déguenillé, vêtu de peaux d'animaux et d'une coiffe en bois de cerf, a coupé la tête du pauvre Bréton avec une lame rudimentaire. Il a dû s'y prendre à deux fois. Quand il est enfin tombé sous les coups de hache d'un Orque, notre camp était déjà cerné par des dizaines de pillards, déboulant des rochers comme des asticots sur la dépouille d'un renard. Les tentes ont pris feu et les gardes réveillés en sursaut ont saisi leurs armes, mais les épées infectées des Roncecœurs ne leur laissaient guère de chances. Évaluant la situation d'un regard sombre et rempli de conviction, le prince Edrien était déterminé à prouver son mérite. Flanqué de deux Orques imposants, il s'est lancé à l'attaque d'un groupe de sorciers au nord. Je suis resté dans ma tente pour m'équiper de mon plastron. Le chaos régnait et les cris des ennemis blessés résonnaient dans la vallée. La plupart des membres de la caravane avaient suivi leur prince, bataillant pour fuir vers Orsinium. Malheureusement, Stendarr est resté sourd à mes prières et je me suis retrouvé pris au piège avec quelques-uns de mes compagnons par des assaillants venus du Sud. J'ai dégainé ma dague, craignant que la fin soit proche. Un homme au regard fou, coiffé de ronces empoisonnées, a fait apparaître du feu dans ses mains en crachant une prière à Hircine. Nous nous sommes rendus sans attendre. On m'a jeté dans une petite cage en bois avec d'autres captifs, puis nous avons été transportés à la hâte dans les pics boisés à l'est. Je me suis demandé à voix haute si nos compagnons tombés au combat n'étaient pas les plus chanceux. J'ai avalé du bulbe-liège pour calmer ma crainte tout en m'efforçant de ne pas prêter attention à la tête tranchée d'Edgard, qui me regardait de ses yeux morts depuis le pieu sur lequel elle était plantée. Sa langue pendante oscillait d'un côté à l'autre, faisant pleuvoir salive et sang sur ma prison de bois. J'étais stupéfait d'être en vie, indemne même, et plus encore d'avoir réussi à conserver mon carnet à dessin. J'ai eu tout le loisir de dessiner d'une main nerveuse les Crevassais revêtus de leur peau et de leurs armures primitives à cornes, ainsi que les armes grossières qu'ils maniaient avec une efficacité redoutable. Nous avons été brinquebalés ainsi pendant deux jours de plus, témoins des discussions, chansons et querelles de nos ravisseurs. Notre sort serait décidé plus près de Markarth. Je suis l'un des quatre captifs survivants, mais on me tient à l'écart et j'ignore donc qui est vivant et qui a eu la chance de recevoir une mort rapide. Encore une journée de voyage, ballotté dans une prison suffisamment petite pour rendre un ragnard fou. Et toujours ces chants. À la halte du soir, des tentes faites de bois, d'os et de peaux ont été montées. Malgré leur apparence grossière, ces structures sont étonnamment solide et étanches. On m'a fait sortir de ma cage pour me pousser dans une tente répugnante avec les autres prisonniers – deux Brétons et un Orque – ainsi qu'une meute de chiens ressemblant davantage à des loups. J'étirerais bien mes jambes si elles n'étaient pas entravées. L'odeur est immonde. Les chiens ne veulent même pas toucher à la nourriture. Les dieux m'ont réellement abandonné.
« Aujourd'hui, nous honorons Hircine ! » Ils ont brisé nos chaînes et ouvert les portes de la cage. Rochers escarpés et une falaise à pic au sud. Pierres impossibles à franchir au nord. Des chiens hurlants et des Crevassais à la bouche écumante nous regardaient d'un air ébahi. Mes compagnons libérés ont été poussés vers des armes jonchant le sol. J'ai voulu les suivre, mais un chaman m'a arrêté. « Nous t'épargnons leur sort, étranger. » Un sentiment de soulagement mêlé de culpabilité s'est emparé de moi. « Le Despote de Markarth veut que l'on peigne son portrait. Tes mains sont libres, mais tu seras entravé si tu essaies de fuir. » Pendant que je peignais la bannière du clan et l'autel dédié à Hircine sous sa forme la plus malveillante, la chasse a commencé. Un Bréton a tenté de fuir, mais les chiens l'ont vite rattrapé. L'autre est tombé en se précipitant vers le ravin et les sauvages enragés l'ont littéralement mis en pièces. J'ai vu des morceaux de son corps tomber dans la rivière en contrebas tandis que le festin commençait. L'Orque s'est contenté de rire en hurlant : « Du sang pour Mauloch ! » Puis il a ramassé deux masses et a foncé tête baissée dans un groupe de Crevassais. La scène est vite devenue un chaos de hurlements, de craquements d'os et de sang versé. Quatre des sauvages se sont retrouvés encastrés dans le sol, leurs têtes déformées et mutilées. Quand un Roncecœur est arrivé en renfort, l'Orque a finalement été vaincu et décapité.
On m'a forcé à avaler une potion au goût amer et écœurant qui m'a plongé dans un état délirant pendant tout le reste du voyage. Mes humbles excuses pour mon examen inadéquat de la grande cité fortifiée de Markarth. J'étais inconscient à mon arrivée et je n'ai vu que de vagues silhouettes (et le fond d'un saut à vomi) jusqu'à ce que ma vue et mon esprit s'éclaircissent enfin. Et à ce moment, j'aurais préféré retourner à ma torpeur. Devant moi se trouvait un Altmer au visage fin et terrifiant. Il était revêtu d'une armure et d'une cape qui effleurait un bâton grouillant de vers. Toujours étourdi, je lui ai demandé s'il était le Despote et si je devais me munir de mes peintures à l'huile (ou qu'elles puissent être). Quand le Haut-Elfe s'est mis à rire, la mémoire m'est revenue immédiatement. J'avais déjà croisé ces yeux cireux et perçants lors de mes voyages. La peur s'est emparée de moi, comme si ce démon avait pénétré dans mon esprit. J'étais en présence du mal en personne. « Je suis Mannimarco, » a-t-il déclaré. J'ai senti une douleur dans ma poitrine quand, d'un geste de son bâton, il a déboutonné ma chemise pour révéler ma cicatrice. « Tu portes ma marque, Flaccus Terentius, » a-t-il dit en souriant d'un air suffisant.« Le destin t'a conduit à mes pieds et te voilà temporairement lié à mes affaires. Ma rencontre avec le gracieux Despote est terminée… » Il s'est interrompu et a pointé son bâton sur mon visage, si bien que je pouvais voir les vers sortir des yeux du crâne qui formait le pommeau. « A présent, tu m'appartiens. » Mannimarco s'est penché vers moi. Un frisson a parcouru mon corps quand j'ai senti sa salive toucher mon front. « Tu es mon esclave. » Il a caressé mes joues de ses gantelets d'acier. « Je te réserve un sort pire que la mort ».
Mannimarco avait quitté la cellule dans laquelle j'étais enfermé en annonçant que j'allais bientôt rencontrer « un ami commun ». Uwafa ! Je le savais. Mais contrairement à ce que je pensais, c'est dans un dialecte des plus familiers que ce fameux ami s'est adressé à moi. « Flaccus ! Comment avez-vous survécu ? » Pendant un instant, j'ai cru que mon salut était arrivé. Que faisait Javad Tharn ici ? Il était peut-être venu hâter ma libération, sous la bannière de son oncle. Après tout, il était l'un de nos plus talentueux diplomates. Le jeune Tharn semblait réceptif à mes suppliques, reconnaissant que j'étais détenu dans des conditions déplorables. Il a promis de prendre des mesures rapides contre Mannimarco et de me donner mon premier repas digne de ce nom depuis des jours. Et surtout, de me libérer.« Mais d'abord, buvez ceci. Pour prendre des forces. » Dès que mes lèvres se sont posées sur le goulot de la bouteille, j'ai compris qu'il m'avait menti. Avant de perdre connaissance, j'ai entendu Javad Tharn ricaner et dire : « Emmenez le à Nchuand-Zel, que les Daedra le conduisent à Molag Bal. »
Quand je suis revenu à moi, j'ai senti un souffle chaud sur mon visage et une douleur lancinante dans mon flanc. En examinant les alentours, j'ai découvert que je me trouvais dans une immense cathédrale remplie de machines anciennes… Et surtout, qu'un banekin, un diablotin sans ailes au tempérament curieux et cruel, tâtait mon ventre avec un bâton daedrique. Les banekins m'avaient arraché des cheveux, mis le feu à mes parchemins, et s'amusaient maintenant à saccager mes affaires. Soudain, ils ont fui dans les ombres en entendant un hurlement retentir dans la salle. On m'a jeté sur une table de pierre, près d'une vieille forge dwemer aux braises brûlantes, et ligoté. Une femme de grande taille, qui dégageait une impression de puissance, actionnait les soufflets. À côté de cette Drémora se trouvaient plusieurs armes horriblement tranchantes qu'elle venait de forger. Les souvenirs de ma torture aux griffes de la Kynmesser sont flous et fragmentaires. Elle a pris une lame et l'a fait tournoyer dans les airs d'une main experte pendant quelques instants. Elle s'est approchée de moi, attachant ce qui semblait être une bride autour de ma tête et sur ma bouche. Puis elle m'a adressé ces mots : « la flamme dans ton esprit s'éteint petit à petit ». Elle a ouvert ma veste, déchiré ma chemise et enfoncé sa lame acérée dans mon flanc. J'ai mordu la tige de fer dans ma bouche de toutes mes forces tandis qu'elle continuait d'inciser mon ventre. Il m'a suffi d'un seul regard sur la blessure pour perdre connaissance.
Je pensais ne jamais me réveiller, mais j'avais tort. La forge était éteinte et la Drémora m'avait quitté, probablement pour présenter son œuvre à son maître. J'étais libre, mais mon torse lacéré saignait toujours. Je tentais d'étancher l'hémorragie avec mes vêtements quand j'ai entendu des cris. C'est alors que j'ai vu des banekins et des Faucheclans approcher. Je les ai sentis toucher mes jambes, puis l'un d'eux a refermé ses mâchoires sur ma botte. J'ai réussi à me libérer et je me suis précipité dans les ténèbres, mes poursuivants sur les talons. Ils me bousculaient, me mordaient, me ballottaient entre leurs griffes. Je me serais achevé moi-même si j'avais eu une lame sous la main.
J'ai escaladé des piliers effondrés pour me réfugier dans un coin surélevé, mais j'avais mal calculé ma stratégie de fuite et les Faucheclans menaçaient à tout moment de m'atteindre. Je commençais à perdre espoir, quand soudain… un puissant éclat magique a illuminé la salle. Les Faucheclans et les banekins ont tenté de battre en retraite en sentant cet immense pouvoir, mais après une brève incantation, ils ont été happés par le maelström qui s'était formé autour d'un magicien. Des runes sont apparues devant ce dernier et un éclair s'est échappé de ses doigts, incinérant la chair daedrique. Le mage s'est ensuite multiplié et a fait tomber la foudre à l'aide de ses deux doubles, réduisant instantanément les banekins apeurés en poussière. Une étrange créature s'est ensuite matérialisée autour du magicien avant de s'élancer dans la salle en poussant un rugissement terrifiant. Il ne restait plus un seul Daedra après son passage, mais le tonnerre continuait de gronder et un petit nuage d'énergie noire est apparu. Le commençais à croire que les anciens murs dwemers eux-mêmes allaient finir par s'effondrer. « Mannimarco, sale vipère ! » hurla l'Altmer. « Comment as-tu encore fait pour m'échapper ? Combien de temps Vanus Galérion doit-il te poursuivre ? » Quelques instants plus tard, mes blessures étaient presque guéries grâce à la potion que Galérion m'avait donnée. J'avais suffisamment récupéré pour parler. « Vos remerciements et votre admiration me vont droit au cœur, » m'a-t-il dit avant que je puisse prononcer le moindre mot, devinant incorrectement mes pensées. Puis il a aperçu mon journal, a fait venir le livre jusqu'à lui et s'est mis à le feuilleter dans les airs. « Oh, c'est merveilleux. Un portraitiste de talent ! » s'est-il exclamé. J'avais désespérément besoin de repos, mais, à mon grand regret, j'ai été contraint de me munir de ce qui restait de mon matériel de dessin. Pendant plusieurs heures, je me suis efforcé avec la plus grande peine de reproduire les incantations de Galérion au lieu de laisser mon corps meurtri récupérer. « Avez-vous dessiné toutes mes attaques dévastatrices dans votre petit carnet ? » Avant que je puisse répondre, Galérion s'est emparé de mon journal et s'est mis à étudier les dernières pages. « Non, la tempête invocatrice n'est pas assez impressionnante. Tenez. » Il a alors scellé les pages qui n'étaient pas à son goût et a passé l'heure suivante à représenter ses sortilèges, usant mes fusains mauves et noirs sans vergogne. Le résultat se trouve dans ces pages. Pendant ce temps, j'ai fait son portrait. Après avoir contemplé mon œuvre un instant, il l'a dénaturée pour que son visage paresse plus majestueux et m'a rendu le parchemin. Puis il a sorti une cuisse de chèvre cuite et a mordu dedans à pleines dents. Je lui étais beaucoup moins reconnaissant de m'avoir sauvé depuis qu'il avait touché à mon précieux carnet. Ses modifications étaient recouvertes d'une substance que mes gommes ne pouvaient effacer. Essuyant la graisse de sa lèvre supérieure avec un mouchoir brodé, Vanus Galérion a jeté la viande à moitié mangée par terre et a repris son bâton. « Nous avons du travail en Bordeciel, » s'est-il écrié. « En route pour Vendeaume ! »
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