Nouveau guide impérial de Tamriel/Martelfell : Différence entre versions

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Les Rougegardes de l'Alliance de Daguefilante</center>
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Version du 16 janvier 2015 à 14:49

Média d'origine : Édition Impériale de TES Online



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MARTELFELL
Les Rougegardes de l'Alliance de Daguefilante


Alikr.jpg

La traversée de la Baie d'Iliaque m'a permis de me documenter sur l'histoire de Yokuda. Une histoire marquée par la violence, la soif de pouvoir et la fourberie.



L
e royaume aride situé à l'ouest de Colovie et au sud de la Baie d'Iliaque est à l'abandon. Lors de la Première Ère, les Aldmers appelaient cette contrée désertique « Hegathe » et les Nèdes, « Terre-trépas ». Quiconque partait l'explorer finissait par avoir les poumons bouchés par le vent et le sable, et les pieds marqués par les rochers brûlants. Les seules empreintes qu'on y trouvait étaient celles de sabots écailleux ou de griffes appartenant aux créatures monstrueuses qui hantaient ces terres. Le bannissement des Rougegardes sur ces rivages a donc porté ses fruits, ce dont ils peuvent être fiers : ils ont su transformer cette contrée, leur nouveau foyer, en une province puissante et un nouveau territoire sous mandat pour leur peuple. Ce pays n'est plus « Terre-trépas ». C'est Martelfell.
Le désert d'Alik'r

Lors de la Première Ère, la ville de Sentinelle n'était rien de plus qu'un avant-poste, un symbole de puissance et de protection contre les Orques en maraude, les Gobelins pillards, les trolls rôdeurs, les scorpions gros comme du bétail et autres esprits terrifiants ne craignant pas de se risquer à Hauteroche. Mais les Rougegardes n'étaient pas les premiers à s'établir dans le désert : les Rourken, une faction de Dwemers qui avait refusé de ratifier les alliances entre Chimers et Dwemers en Morrowind, s'étaient retirés en Terre-trépas et faisaient du commerce avec les Elfes et les Brétons du nord. Ils baptisèrent leur capitale « Volenfell », ce qui signifie «Ville du marteau ». Bien qu'ils se fussent efforcés de ne pas prendre part à la guerre du Premier Conseil, ils ne furent pas épargnés, comme tous les Dwemers du continent, et les Rourken disparurent. Du jour au lendemain, la capitale dwemer se vida de ses habitants, comme les autres cités de Terre-trépas. Ses rutiles et ses bâtiments désaffectes n'étaient plus hantés que par des spectres et des créatures en provenance du désert, parfois dérangés par quelques pirates abécéens ou nordiques. Aujourd'hui encore, Volenfell est une ville silencieuse enfouie sous les sables brûlants du Désert d'Alik'r.



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N'ayant été ni poursuivi ni enlevé, la seule chose qu'on puisse me reprocher serait de souffrir du mal de mer et de vomir ma viande de cheval dans la Baie d'Iliaque. J'affirme donc haut et fort que ce premier vrai contact avec les Rougegardes est un succès. À bord de ce navire en partance pour sentinelle, une chose me frappe immédiatement : cette culture est étonnamment martiale. Du mousse au capitaine, tout le monde ici porte ses armes en permanence. Les marins qui montent la garde sur ce navire portent même leur armure lourde ! Que leur arriverait-il s'ils passaient par-dessus bord ?

Comparés aux lunatiques Brétons, les Rougegardes sont empreints d'une grande dignité. Grands, larges d'épaules, ils ont la peau sombre, les cheveux raides et semblent nés une épée à la main. J'ai discuté avec quelques Rougegardes et je les ai trouvés guindés, obsédés par leur propre honneur et plutôt distants.

En tant qu'Impérial je ne m'étais pas senti dépaysé par la culture brétonne, mais je ne puisais aucun réconfort dans la vue des dômes de la cité portuaire de Sentinelle qui étincelaient à l'horizon. Les Rougegardes venaient d'un autre continent et il semblerait qu'ils aient apporté avec eux tout ce qui leur a été possible de transporter depuis Yokuda.



C
omme un banc de poissons carnassiers, l'armada des Ra-Gadas fit des ravages sur les côtes de Tamriel alors que commençait l'invasion yokuda. Des guerriers impitoyables - ils n'avaient plus rien à perdre, leur archipel ayant été englouti par les mers occidentales - fondirent à l'improviste sur les colonies côtieres de Brétons et d'Orques maraudeurs, et les taillèrent en pièces. Il n'y eut pas de quartier. La province de Martelfell et le gouvernement des Na-Totambus de Yokuda - mieux connus, par la suite, sous le nom de Rougegardes - prospéraient. Les exploitations agricoles et les religions s'épanouissaient malgré l'aridité du climat. Les Elfes et les hommes s'alarmèrent de ces victoires éclair et de la construction rapide de Sentinelle, cité aux nombreux bâtiments surmontés de dômes aériens aux mosaïques resplendissantes, aux portes mêmes du grand désert. Alors que les Brétons s'apitoyaient sur leur sort, les Rougegardes s'échinaient à apprivoiser leur environnement hostile. Il fallut plus d'un siècle, et l'avènement du royaume d'Orsinium, pour que les Brétons fassent ravaler aux Rougegardes leur arrogance. Il en résulta une trêve précaire, mais aussi le début d'échanges économiques.

Le temps referme les plaies, même les plus profondes. La récente Alliance de Daguefilante tient toujours, et les cités-états de Sentinelle comme de Fort Hallin sont prêtes à se battre pour le roi Émeric de Cumbrie, même si les régions les plus écartées de Martelfell se tiennent encore sur la défensive. La hiérarchie sociale de Sentinelle (les Aïeux) sait parfaitement gérer les relations diplomatiques avec Hauteroche. Mais la proximité des Orques s'avère insupportable pour les Rougegardes, malgré leur engagement et leur honneur. Pour le moment, chacune des deux factions a tenu parole, bien que les tâches nécessitant qu'elles se côtoient fassent serrer des dents et soient l'objet de multiples contrôles. Les Rougegardes sont peut-être moins nombreux, mais l'Alliance prospère grâce à eux, et plus précisément grâce à la politique expansionniste stratégique de Fahara'jad, le roi des Aïeux, à ses généraux qui prennent la peine d'anticiper les conflits et à ses marins, particulièrement doués.

Fahara'jad a peut-être autre chose en tête que de simples alliances. Sa fille a épousé le roi Émeric. Il a su tirer parti du passage d'une comète dans les cieux, au nord, pour obtenir le soutien de ses hommes et jouer sur leur ferveur de croyants : Fahara'jad estimait qu'il s'agissait d'un signe de HoonDing, le Dieu Traceur de chemins yokuda. Il est nécessaire d'écraser ou de devenir l'allié d'un chef aussi fin renard.



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Quand ils ne parlent pas du dénommé « Frandar», qu'ils vénèrent, ou de la « Voie de l'épée », les gardes du navire s'entraînent à frapper de taille, d'estoc et à parer avec leur épée. À moins qu'ils n'échangent différents conseils sur l'entretien et l'aiguisage de leur épée : je crois que je commence à les cerner. Si les soldats rougegardes portent tout un arsenal – dont j'ai fait le croquis entre deux crises de mal de mer – un marin du nom de Wisr-al-Maeem m'a expliqué que l'épée d'un Rougegarde est le prolongement de son âme, et un symbole d'honneur. Ces hommes-là prennent plus de soin de leur épée qu'un nordique de son hydromel.

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Armes rougegardes, méticuleusement entretenues


L
'histoire de l'épée divine, ou « Ansei », remonte au temps du seigneur Frandar Hunding, le premier prince-guerrier. A cette époque, le royaume de Yokuda vivait une guerre civile endémique. Les érudits ayant consacré leur vie à la poésie et au savoir furent contraints de rejoindre leurs rustres congénères pour apprendre le chant de la lame. Lorsque le citoyen Randic Torn voulut unifier l'empire du Yokuda, il fit décréter que seuls les guerriers plus connus sous le nom de chantelames seraient autorisés à en porter.

Frandar était issu d'un milieu d'artisans prisant par-dessus tout la beauté d'une lame imprégnée de magie. Mais ce fut leur puissante foi envers les dieux de la guerre qui leur permit d'invoquer, par la pensée, des épées de lumière insaisissable. Les Ansei dont la piété ne connaissait plus aucune limite firent même mieux : ils donnèrent consistance à la lumière, une consistance capable de trancher à peu près n'importe quoi. Pour les désarmer, il fallait désormais les couper de leur propre esprit. Le Shehai d'Hunding a occis des entités merveilleuses et monstrueuses. Suite à la défaite du seigneur Janic et des sept liches qui le protégeaient, Hunding se retira dans les monts Hattu. Désormais invincible, il consacra les 30 années qui suivirent à l'écriture d'un ouvrage regroupant tous ses enseignements : le Livre des Cercles. Alors qu'Hunding se préparait à mourir, son isolement fut interrompu par l'arrivée de ses propres citoyens.

Un nouvel empereur, le dernier, fut couronné : Hira. Le seul moyen d'étancher sa soif de pouvoir était de prendre le pouvoir par la force et de massacrer tous les chantelames. Mais ces derniers eurent le dessus. Les armées d'Hira furent mises en déroute et dispersées à l'issue de sept terribles batailles, mais les manants n'avaient que faire de la Voie et se souciaient peu de savoir qui les avait sauvés. Ainsi les chantelames traversèrent un vaste océan et jurèrent d'honorer leur passé, mais sous un nouveau nom : les Rougegardes. Aujourd'hui, on trouve dans chaque foyer de cette province un petit renfoncement juste au-dessus de l'âtre : c'est là qu'on rend hommage à Hunding et au Livre des Cercles.


Légendes superstitieuses. Des « épées de lumière » ? Allons, allons.



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Le roi Fahara'jad
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F
ahara'jad hérita d'un royaume en proie à l'incertitude. Son prédécesseur, Ramzi le Distrait, avait été aussi égoïste qu'influençable et il n'avait absolument rien fait pour ses sujets lorsque la Peste Knahataine les avait décimés. Ramzi crut voir un châtiment divin lancé par Ruptga pour le punir de ses faiblesses. Lorsque la mort rampante frappa ses courtisans, Ramzi s'enferma dans son propre palais et commença à mourir de faim, trop épouvanté pour oser sortir. La peste plongea le royaume dans le chaos. C'est alors que Fahara'jad, membre des Aïeux, s'empara du trône de Sentinelle.

On murmura que les Aïeux complotaient quelque chose. Les citoyens de Sentinelle devinrent complètement paranoïaques. L'absence de chef à poigne s'avéra catastrophique pour cette colonie jadis prospère, jusqu'au jour où le jeune et bravache Fahara'jad, originaire de la lointaine Bergame, entra à Sentinelle et s'autoproclama roi. Les chefs des provinces méridionales s'y opposèrent violemment, mais les vizirs des Aïeux et les chefs du septentrion lui accordèrent leur soutien. Avait-il pressenti que le sud risquait de se soulever contre lui ? Toujours est-il que Fahara'jad fut le plus malin : il rejoignit l'Alliance de Daguefilante et se proclama haut-roi de l'ensemble de Martelfell. Au sud, on écumait de rage face à tant d'impudence, mais les ennemis de Fahara'jad n'étaient pas en mesure de faire quoi que ce soit contre lui.

Pour bien des gens, Fahara'jad n'était qu'un usurpateur, un roi de pacotille qui ne tarderait pas à subir les foudres de Satakal l'Ecorce Terrestre. Mais l'usurpateur avait trois cartes maîtresses à jouer : ses liens avec les Aïeux, le mariage de sa fille avec le haut-roi Emeric et son poids politique au sein de l'Alliance de Daguefilante.



Je m'attendais presque à voir le roi Fahara'jad juché sur un palanquin, mais je m'étais juré de ne pas céder aux préjugés avant d'entrer dans le palais aux mosaïques. On me fit attendre plus de deux heures dans la salle d'audience, mais le roi me parut bien plus sympathique lorsque je me rendis compte qu'il donnait énormément de sa personne. Il résolut un différend à propos d'une source potable polluée par les excréments d'un troupeau en ordonnant qu'on abatte toutes les bêtes ou qu'on les déplace. Il confisqua la harpe d'un musicien accusé d'en jouer avant l'aube. Enfin, il me fit signe de m'approcher.

« Soyez le bienvenu à Martelfell et dans notre foyer Flaccus Terentius .» Fahara'jad m'a rendu mes papiers. « Vous êtes un éclaireur ? Il vous faut des gourdes, peut-être ? Le désert d'Alik'r ne pardonne pas. Je vais vous expliquer, mon ami : donne ce mot à n'importe quel marchand et prend ce dont tu as besoin. »

Quelle gentillesse ! Nous poursuivîmes cette conversation d'égal à égal, le roi ayant le bon goût de respecter mon titre d'Émissaire-érudit. Il m'invita à la cérémonie du mariage, prévu pour le lendemain. Sa plus jeune fille, la princesse Lakana, été fiancée au duc Nathanial de Château Alcaire. J'acceptai. Ce roi rusé semble vouloir renforcer son réseau d'alliances.

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Intérieur rougegarde typique : richement orné mais fonctionnel
La cérémonie s'acheva sur une impressionnante démonstration d'épées et de lumière, par une chantelame d'âge vénérable, puis on servit des fruits secs et l'on s'étendit sur de luxueux oreillers pour fumer l'herbe de tonnerre. C'est alors que j'aperçus une poignée de plumes hérissées. L'un des convives de Fahara'jad était un vizir des Couronnes de Rihad qui, après quelques coupes de vin de grenades corsées, décrivit l'Alliance de Daguefilante comme un « pacte de servitude par lequel notre roi si fourbe se prosternait aux pieds des seigneurs de Haltevoie. » Le vizir fut rapidement éconduit, mais son intervention montre bien que les nouvelles alliances contractées par le roi ne font pas l'unanimité.


L
'instabilité est le mot d'ordre des agents impériaux disséminés en Tamriel. Il s'agit d'affaiblir les ennemis de l'empire pour mieux triompher ! Nos agents de terrain nous signalent avec satisfaction que la société rougegarde est irrémédiablement fracturée, à tel point que l'Alliance de Daguefilante semble être la seule chose qui protège Martelfell d'une guerre civile. Les lignes de bataille sont tirées d'est en ouest : Au nord, les colonies côtières sont gouvernées par de cruels marchands marins néanmoins ouverts sur l'extérieur : ce sont les Aïeux. Les nomades sont également plus enclins à coopérer avec des étrangers - peut-être parce que le commerce est une composante essentielle de leurs traditions. Ces peuples sont fidèles au roi Fahara'j'ad et à l'Alliance de Daguefilante. Si l'empire décide de passer à l'action, il serait préférable de nouer des relations diplomatiques avec cette faction.

Au sud, on trouve les cités poussiéreuses et balayées par le sable des déserts de Martelfell. Les réfugiés les plus récents de Yokuda s'y sont établis et se font appeler « les Couronnes ». Ils observent d'archaïques rituels de Yokuda avec un zèle propre à impressionner un prêtre d'Arkay. Et il n'est pas de peuple plus entêté sur ce continent. Ils estiment que les Aïeux sont corrompus par leurs « acoquinages tamrieliques » et trouvent l'Alliance de Daguefilante pour le moins suspecte.

Malgré leur acrimonie, Aïeux et Couronnes partagent une même aversion pour la magie, en particulier la nécromancie. L'idée même de faire renaître les Rougegardes des temps anciens sous la forme de morts-vivants les plonge dans une véritable panique. Les invocateurs impériaux sont invités à rassembler tous les parchemins d'invocation de squelette qu'ils trouveront en cas de marche sur Martelfell.



L'imposant Samuruik, palais de Sentinelle

Alors que les festivités se terminaient, je repérais un visage familier : un marchand impérial à qui j'avais adressé un signe lors de la cérémonie s'approcha de moi. Il me montra le registre qu'il tenait sous le bras, puis une porte latérale. Il était probablement venu pour une livraison de gourde. Je le suivis à l'intérieur, où nous pourrions discuter en toute discrétion.

Il pointa du doigt le symbole d'Akatosh que masquait sa cape et murmura : « Je suis le chevalier affidé Maximian Memmius. Pourquoi ne vous êtes-vous pas présenté à Daguefilante ? »

En proie à la plus grande confusion, écrasé par la chaleur ambiante, je ne répondis rien. «Euh… mes gourdes ? » demandai-je.

« A Havreglace, vos gourdes ! » me répondit-il avec hargne. « Nous vous suivons à la trace depuis la scierie de Deleyn. Vous avez oublié le rendez-vous, ou quoi ? »

« Écoutez, mon brave. » Je baissai la voix et pointai vers lui un index accusateur : « Je vous rappelle que vous vous adressez à l'Émissaire-érudit du régent ! J'exige qu'on me témoigne un minimum de respect ! »

Il me repoussa violemment contre le mur du palais, la main contre ma trachée. Un jardinier argonien leva les yeux vers nous, puis repris précipitamment son travail. « Non, c'est toi qui vas m'écouter, sale petite nymphe ! Mon capitaine veut savoir pourquoi tu n'as pas envoyé de rapport sur Hauteroche. On prend du bon temps dans les tavernes et dans les palais des puissants, et on oublie sa mission ? » Il desserra son étreinte, conscient de ma confusion. Puis il s'empara de mon journal et le feuilleta sans ménagement, la mine renfrognée. Je lui intimai l'ordre d'en ménager le vélin.

« Que les scorpions vous emportent, vous ». Sur ces mots, mon « ami » impérial me lança le guide, tourna les talons et partit précipitamment vers le port. Je l'aurais bien suivi, mais je me souvins que les quartiers pauvres n'étaient pas faits pour moi. Quelle était la mission de cet homme ? Plus important, quel était son problème ? Des rapports ? On m'a demandé de compiler un guide de voyage !



L
e palais de Sentinelle, que les autochtones appellent « Samuruik», domine de sa hauteur la capitale de Martelfell. Bien qu'il s'étale dans toutes les directions, le château reste une place forte conçue pour soutenir un siège et le parc boisé qui l'entoure occupe une bonne partie de la ville. C'est là que résident la famille royale, ses domestiques et courtisans ainsi que les nombreux diplomates circulant entre les principaux villages de l'Alliance de Daguefilante. Le dôme doré situé au centre de la citadelle et ses tours richement ornées la protègent des invasions, mais c'est dans l'enceinte de ses murs de pierre froide et dans ses chambres secrètes que coule le plus de sang. Ses murs couverts de tableaux et de tapisseries sont maculés par des siècles d'usurpation sanglante. Les petites gens disent, pour plaisanter, qu'il existe un domestique dont l'unique tâche est de laver le sang des superbes et nombreux tapis du château. Ils ont même inventé l'expression « Je préfère être nettoyeur de tapis à Samuruik ! » pour parler d'une tâche ingrate ou interminable. Mais cette expression est plus drôle dans sa langue d'origine.


Guilde des guerriers de Sentinelle

Avoir maille à partir avec un adepte pris de démence, c'est une chose, mais être malmené par un confrère, c'est une trahison ! J'en informerai le chancelier Tharn. Mais pour le moment, pas question de laisser une larve pourrie gâter ma tarte au scrib, comme on dit, d'autant qu'il me reste beaucoup de choses à voir et à peindre dans les rues animées de Sentinelle. L'architecture de cette ville est à couper le souffle ! Moi qui m'attendais à trouver des huttes vétustes, je découvris une guilde des guerriers empreinte de majesté et dotée de canaux fonctionnels faisant office de ventilation et isolant le bâtiment de la chaleur étouffante et des nuits sans nuage. Des maçons particulièrement habiles ont érigé ces monuments d'un royaume foncièrement étranger. Je n'écris pas ceci de gaieté de cœur, mais nos architectes auraient beaucoup à apprendre sur la circulation de l'air, ici. À Bravil, ma chambre est située un peu trop près des latrines du poste de garde à mon goût.



L
es Aïeux, qui ont conservé des liens avec le Second Empire, réussissent à survivre au sein des peuplades indigènes de Tamriel. Les dieux auxquels ils vouent un culte sont similaires aux divinités impériales et brétonnes. Leurs rivaux, les Couronnes, révèrent avec plus de zèle encore les anciens dieux Yokuda.

Les huit Divins des Aïeux


Akatosh, le Dieu-Dragon du Temps : Le principal dieu des Divins, et le premier à s'être formé dans le Lieu du Commencement. Il symbolise l'endurance, l'invincibilité et la légitimité éternelle. Les Couronnes l'appellent le Haut-Père.

Tava, la Déesse des Oiseaux : L'esprit de l'air cher les Yokudas. A amené ces derniers à l'île d'Herne après la destruction de leur patrie. Elle représente l'une des facettes de Kynareth et son culte est populaire chez les marins des villes portuaires de Martelfell.

Julianos, Dieu de la Connaissance et de la Logique : Incarne l'une des facettes de Jhunal. Dieu de la littérature, de la loi, de l'histoire et des contradictions. Il est également le dieu des magistrats et des rares sorciers encore en activité à Martelfell.

Dibella, Déesse de la Beauté : La déesse des artistes, des esthètes et de tous ceux qui se vouent à l'érotisme. Son culte est particulièrement répandu chez les femmes rougegardes. On en trouve également une douzaine aux quatre coins du pays.

Tu'whacca, Dieu Farceur: Parfois assimilé à Arkay. Quand le Haut-Père décida de créer l'Incessante promenade, le dieu Yokuda des âmes trouva un sens à son existence en s'autoproclamant gardien des Lointains Rivages. Il aide les Rougegardes à se rendre dans l'au-delà.

Zeht, Dieu des Fermes : Aspect de Zénithar, parfois adoré sous ce nom par les Aïeux. Le dieu Yokuda de l'agriculture tourna le dos à son père suite à la création du monde, raison pour laquelle Akatosh fit s'abattre la sécheresse sur les terres de Martelfell.

Morwa, Déesse Nourricière : Divinité proche de Mara. La déesse à quatre bras de la fertilité (ses nombreux appendices lui permettant d'attraper davantage d'époux) est l'épouse favorite du Haut-Père. Elle occupe une place fondamentale au sein du panthéon. Son culte est particulièrement puissant à Stros M'kaï.

Stendarr, Dieu de la Miséricorde : Lorsque les « vaillants » rougegardes (c'est le nom qu'ils utilisent pour leurs chevaliers) prient au nom de la compassion, de la justice ou de l'équité, c'est Stendarr qui entend leur supplique.


Les huit Divins des Couronnes


Tava, Tu'whacca, Zeht et Morwa font l'objet d'un culte chez les Aïeux comme chez les Couronnes et leurs origines sont sensiblement identiques d'une faction à l'autre. Mais les Couronnes ne vouent pas de culte aux autres Divins, auxquels ils préfèrent les idoles hérétiques et répugnantes suivantes :

- Satakal, l'Ecorce Terrestre : Le dieu du Tout ressemble au dieu nordique Alduin, qui détruit un monde pour donner naissance au suivant. Satakal reproduit ce processus à l'infini, ce qui donne naissance à certains esprits capables de survivre à chaque destruction et formant le panthéon des Couronnes.

- Ruptga, le Haut-Père : Dieu principal du panthéon yokuda, Ruptga est le premier dieu à avoir compris comment survivre à la Faim de Satakal grâce à « l'Incessante promenade », procédé permettant d'exister pendant plus d'une vie. Il créa également les étoiles afin de montrer aux esprits inférieurs comment faire. Quand les esprits devinrent trop nombreux, il se créa-un assistant : Sep.

- Onsi (Dieu de la guerre et Coupeur d'Os) : Dieu guerrier important pour les Ra-Gadas de Yokuda, Onsi apprit aux guerriers et aux guerrières à tremper l'acier pour transformer leurs couteaux en épées, combinant ainsi la dureté du métal à leur volonté de fer.

- Diagna, Dieu Orichalque de la Lame oblique : Au faîte de sa puissance, Diagna était un avatar du HoonDing qui finit par acquérir une existence propre. Il procura des armes d'orichalque aux Yokudas lorsque ces derniers découvrirent les Elfes gauchers. En Tamriel, on raconte qu'il mena un petit groupe de fidèles contre les Orques d'Orsinium.


Au temple, l'office divin se terminait juste alors que j'apportais les dernières touches à la peinture de l'hôtel. Bon nombre de femmes portaient l'armure, mais d'autres avaient revêtu de longues robes avec lesquels jouait la légère brise marine de l'après-midi. Je m'efforçais de ne parler à personne. « Oh, quelle journée délicieuse. Votre beauté égalerait-elle votre capacité à manier une lame ? » demandais-je. La femme s'arrêta et nos regards se croisèrent. « Puissiez-vous atteindre sans encombre le but de votre voyage, mon ami en sueur, » répondit-elle avant de s'éloigner.

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Temple des divins

En descendant vers le port, où les majestueux navires marchands en provenance de Haltevoie et au-delà déchargeaient leur cargaison, je l'aperçus : il était aussi discret que les favoris d'une Nordique. Uwafa, ce sale réfugié de Daguefilante, cet adepte maléfique, était ici même, dans les rues de Sentinelle ! Mon estomac se souleva et mes joues s'empourprèrent de colère. Je m'arrêtai pour mieux vérifier qu'il s'agissait bien de lui. Pas de doute possible. Instinctivement, ma main se referma sur le pommeau de ma dague. Il fallait qu'Uwafa paie - déjà deux fois que nos chemins se croisaient.

« Kidnappeurs ! » Marchands et villageois me dévisagèrent : je pointai frénétiquement du doigt en direction de l'homme à la cape noire puis m'élançai à sa poursuite. À me voir filer comme le vent, on eût dit que j'avais des trolls aux trousses. Uwafa m'avait repéré et il s'éloignait déjà, se faufilant avec la grâce d'un smilodon entre les étals du marché. Il s'engouffra dans une ruelle étroite et je l'y suivis en crachant son nom détestable entre deux inspirations.

« Voleur ! » criai-je pour faire bonne mesure. Sous mes pieds, les dalles étaient noyées sous les eaux d'écoulement et je me frayai un passage entre les rigoles. J'émergeai dans une petite cour entourée de solides murs percés de meurtrières. Uwafa avait disparu. Je connaissais mal ce quartier de Sentinelle situé à l'écart des temples bruissants d'activité et de la foule. Debout dans cette cour, loin du cœur de la ville, je fus pris d'inquiétude.

Je sentis une violente douleur à l'arrière du crâne et m'écroulai en avant dans un puits de ténèbres.

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Nécropole rougegarde


Je regardais autour de moi, mais en vain. Je voulais pousser un cri, mais impossible de parler. Je tentais de desserrer mes liens, mais n'eus guère plus de chance. Je souffrais : du sang échappait de ma tête et coulait dans ma bouche. Je sentais contre mon corps la froideur de la pierre à laquelle j'étais ligoté. Je jetais un coup d'œil autour de moi – tout devenait enfin plus net. Des roses noires avaient été déposées de part et d'autre de mon corps. On avait allumé des torches de cérémonie. D'étranges silhouettes allaient et venaient derrière ces torches. Uwafa s'avança.

« Normalement, il aurait fallu s'installer dans une grotte, près de Daguefilante », devisait-il. Pour toute réponse, je poussai un grognement étouffé. « Ah, vous êtes enfin réveillé. Bien. L'application du fer rouge est plus douloureuse encore si la victime se débat. » Je laissai échapper un juron étouffé. « Détendez-vous, Flaccus Terentius », répondit Uwafa. « L'heure n'est plus à la colère, pour vous. »

Quelque chose s'agita derrière Uwafa. Un corps enveloppé dans des bandelettes de tissu si serrées qu'elles lui formaient une seconde peau était descendu de l'alcôve de sa crypte et nous regardait fixement de ses orbites vides. Uwafa adressa un hochement de tête à son serviteur puis me dit : « Vous n'avez pas entendu la nouvelle ? La nécromancie est une pratique légale dans l'empire… » Sa voix diminua de volume, comme s'il écoutait quelqu'un qui n'était pas avec nous. L'espace d'une fraction de seconde, j'eus une vision : le grand nécromancien Mannimarco que tout le monde avait en horreur.

Uwafa déchira ma chemise et se saisit d'un tisonnier servant à marquer le bétail. Le tisonnier émettait une lueur bleue. « Pour commencer, vous porterez la Marque du Ver », énonça-t-il d'une voix douce en me caressant les cheveux. « Un petit échauffement avant le sacrifice ». Il appliqua le tisonnier contre mon torse. Ma peau se figea et se fendilla tandis que je me tordais de douleur sur l'autel, marqué à jamais du signe du Ver noir.



C
hez les Rougegardes, l'étrange pratique consistant à momifier les morts s'applique dès que l'esprit est parti en quête de Tu'whacca. On étend le corps sur une table pour le laver à l'aide d'huiles et de feuilles. Avant d'ouvrir avec précision la tête et le thorax, le corps est vidé de son sang ; le cerveau, le coeur et différents organes sont déposés dans des vases de cérémonie. Ce rituel profondément religieux s'achève par une semaine de prières chantées et de deuil au cours de laquelle le corps est enveloppé dans d'interminables bandelettes de cérémonie. Enfin, le corps est inhumé dans un sarcophage peint, dans une tombe souterraine, avec les armes, serviteurs et animaux de compagnie préférés du défunt.

Pratique répugnante – pas étonnant que les morts reviennent sur terre.



Des yeux sans vie assisteraient à mon sacrifice. Des cadavres pourris, enveloppés dans des bandelettes nauséabondes, sortirent de leurs sarcophages sur l'ordre de l'adepte du Ver.

Cette fois, toute fuite était impossible. Des guerriers squelettiques morts depuis des siècles et arborant d'antiques armes et armures de Yokuda se joignirent à la foule. Les chants et le fracas des os qui s'entrechoquent s'intensifièrent…

Du sang coulait devant mes yeux. Je devinai plus que je ne vis l'adepte brandir sa dague, avant qu'elle ne lui échappe des mains. Le visage d'Uwafa se déforma sous le coup de la colère. Une flèche avait transpercé son poignet, qu'il serrait convulsivement. Puis il disparut. J'entendis des cris et aperçus des formes couvertes de bandages se débattre en poussant des gémissements, trébucher et se consumer. Des rayons lumineux inondèrent la crypte. Des épées s'abattaient contre des boucliers poussiéreux et tranchait des os cliquetants. Plusieurs épées rougegardes tranchèrent mes liens. On m'aida à descendre de l'autel. Un crâne dont les dents claquaient encore me heurta le bras. Il se fracassa au sol près du corps décapité.

Des arabesques d'acier et de magie d'incandescence massacrèrent les morts-vivants. Les momies se disloquèrent comme des mannequins d'entraînement. Les squelettes recevaient une pluie de coups d'épée trop rapides pour que l'œil puisse les suivre. Aveuglé par la lumière du jour, je sortis en chancelant du cimetière rougegarde en direction du quai des Ancêtres. Des herbes furent appliquées sur mes plaies et on rassembla les affaires. Avant d'être sauvé par les Ash'abah, jamais je n'avais vu de combats à l'épée à ce point virtuoses.

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Monstrueux morts-vivants réanimés par le culte du Ver


L
es Déserts d'Alik'r sont réellement inhospitaliers : tempêtes de sable fréquentes, chaleur étouffante... Si le paysage déconcertant ne sape pas vos forces et votre énergie, les tranchedunes ou les scorpions s'en chargeront. Une tribu ancienne et énigmatique arpente ces terres maudites : les Ash'abah. Bannis de la société rougegarde, ses membres évoluent sous le commandement de Marimah, formidable guerrier au corps couvert de cicatrices. Ces parias n'obéissent à aucun chef régional et changent de lieu de vie comme le sable du désert. On raconte que les Ash'abah terminent l'œuvre commencée par les trois grandes protections Ansei. À l'instar de ces héros des temps anciens, les Ash'abah laissèrent leur foi de côté pour sauver le peuple rougegarde. Car lorsque les morts, honorés ou honnis, sortent de terre pour frapper les Rougegardes, les Ash'abah frappent en retour, tandis que leurs frères restent paralysés.

Je trouvai ce texte légèrement exagéré lorsque j'en pris connaissance, mais tout est vrai. Bien sûr, tout sera plus clair lorsque je l'aurai réécrit.



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Paysage du désert d'Alik'r
La marque du tisonnier me brûlait toujours. Je remerciai avec effusion mes sauveurs et espérais qu'ils me supporteraient encore un peu : il était impensable pour moi de rentrer à Sentinelle sans escorte. Ils acceptèrent, m'offrirent de l'eau, et nous nous enfonçâmes dans le désert. Mais au fil des heures, sous un soleil impitoyablement brûlant, je commençais à mettre en doute le plan consistant à voyager avec de dangereux exilés de la culture rougegarde. M'abandonneraient-ils si mes forces déclinaient ? Ma peau me démangeait sous cette chaleur insupportable, mais bottes étaient remplies de sable et je commençai à ralentir.

Je demandai de l'eau : le sable ondulait et tanguait sous mes yeux. Ce n'était pas un malaise dû à la chaleur. Je poussai un cri perçant lorsque le sol se mit à écumer. Une crête dorsale blanche perça la dune. J'étais tout-à-coup face à une énorme gueule noire. Je me souviens avoir trébuché sur le côté tandis qu'un Ash'abah plantait sa lance dans la gueule de la créature. Le serpent géant à carapace, dont j'appris plus tard qu'il s'agissait d'un «tranchedune », poussa un rugissement avant d'être attaqué de tous côtés. Plusieurs épées transpercèrent la bête sous sa carapace et elle poussa un ultime soupir gémissant. Nous montâmes un camp improvisé et je badigeonnais le corps, qui commençait déjà à émettre une odeur nauséabonde. Dès lors, je pris la précaution de rester en permanence à l'abri, au milieu du groupe d'Ash'abah.



Les habitants des Déserts d'Alik'r
Compilé par Frère Fabricius

S
i les chasseurs argoniens partis en reconnaissance dans le Marais noir évoquent un monstrueux dragon aquatique - un poisson géant doté d'un museau reptilien et d'une peau épaisse et écailleuse - il existe des légendes similaires chez les trappeurs nomades du Désert d'Alik'r. Le tranchedune ressemble en bien des points à ce monstre aquatique, mais il s'est adapté aux sables brûlants du désert occidental d'Alik'r. Les créatures pratiquant la chasse en embuscade tels que le tranchedune se sont parfaitement adaptées à ces terres arides et impitoyables. La bête est démesurée - elle peut atteindre trois chevaux mis bout à bout - et sa queue est recouverte d'une véritable armure en écailles de chitine. Contrairement au dragon des mers, le tranchedune a appris l'art primitif de la patience. Son système digestif lui permettant de survivre avec très peu de nourriture, le tranchedune s'enfouit sous le sable et reste immobile pendant des jours en attendant sa prochaine victime.

La première chose que l'on aperçoit du tranchedune, c'est sa crête dorsale qui fend le sable une fraction de seconde avant l'attaque. Le sol tourbillonne alors comme sous l'effet de remous. La proie ne comprend qu'au tout dernier moment qu'une gueule aux dents acérées se referme sur elle. Si sa première morsure ne suffit pas à immobiliser sa proie, le tranchedune s'efforce de la ralentir, de l'écraser de sa masse, de l'étouffer ou de l'entraîner sous le sable pour l'asphyxier.

Le tranchedune utilise également sa queue pour renverser son adversaire et fait preuve d'une impressionnante rapidité. Méfiez-vous des sables mouvants, car ils annoncent souvent une mort rapide et violente.


Fabricius est un vantard, mais cette histoire est vraie dans les grandes lignes.



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Un tranchedune, de la tête à la queue.
Cette créature a peut-être de courtes pattes, mais sa rapidité et fulgurante.
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Le scorpion géant du désert profond


Nous nous enfonçâmes plus avant dans un tourbillon de chaleur indescriptible. Je restais au milieu de la colonne, et bien m'en prit. Car j'aperçus derrière une dune une gigantesque créature s'enfoncer rapidement dans le sable. Un vieillard qui s'était écarté de la colonne intenta vaillamment de parer le coup, mais la créature l'immobilisa de sa pince géante avant de l'empaler. Les chasseurs Ash'abah encerclèrent rapidement le scorpion géant de leur bouclier brandi droit devant eux, et une âme courageuse bondit pour immobiliser la queue du monstre avant qu'ils ne la taillent en pièces. Voici, pour la postérité, quelques croquis de la lutte qui s'ensuivit. Le vieillard a succombé à ses blessures, mais nous dégustâmes du ragoût de scorpion cette nuit-là.



D
es légendes circulaient déjà sur ces créatures semblables à des crabes géants avant que les premiers rougegardes ne soient partis explorer l'océan de dunes des Déserts d'Alik'r. Le scorpion géant, n'ayant d'autre prédateur que le tranchedune, prit des proportions gigantesques. Sa circonférence est comparable à celle du taureau ; il est doté de deux horribles pinces à l'avant, de six pattes plus petites aux griffes acérées et d'une immense queue segmentée et préhensile - une véritable merveille de la nature, mais aussi et surtout l'arme naturelle la plus redoutée de Martelfell. Lorsque cette monstruosité repère sa proie, elle se déplace avec célérité sur le sable sans jamais s'y enfoncer.

En général, ce sont d'abord les pinces qui entrent en jeu : elle saisit sa proie avant de la frapper de la queue, ce qui s'avère la plupart du temps rapide, douloureux et fatal. Si l'aiguillon acéré ne tue pas immédiatement sa victime, le venin mortel qu'il injecte dans la plaie la paralyse. La proie sans vie ou paralysée est ensuite lentement dévorée et digérée de façon externe. Pour éviter de subir une mort de cette violence, il est conseillé d'attaquer par derrière et de mettre la queue hors d'état de nuire, car la carapace durcie de la bête s'avère particulièrement difficile à percer. Les aiguillons de scorpions géants sont très prisés par les chamans de l'Ash'abah, mais ces derniers préfèrent les chasser eux-mêmes plutôt que de devoir les acheter.


« Queue préhensile » ?
« Digérée de façon externe » ?
Fabricius est un imbécile.



Ne souhaitant pas utiliser les latrines rudimentaires du camp improvisé, un simple trou au-dessus duquel il faut s'accroupir, je m'aventurai dans une grotte située à proximité pour répondre à un besoin naturel et appliquer de la poudre sur mes irritations. Je repérai un coin approprié, terminai mon affaire et goûtai l'air frais sur mes joues. Alors que je me reboutonnais, j'aperçus la lueur d'une torche tout au fond de la grotte. D'étranges ombres se déplaçaient furtivement. J'entendis alors un chant empreint de mélancolie. Quelqu'un se lamentait dans une langue qui m'était inconnue. J'étais fasciné. J'avançais lentement, attiré par la voix comme une noctuelle ancestrale par un arbre du cantique.

Une Ash'abah du nom de Barahar me barra la route. Elle connaissait le danger que représentait une Lamia et elle m'éloigna de force de sa belle mélopée. Après nous être bouché les oreilles à la cire de dreugh, nous retournâmes dans la grotte en passant par une anfractuosité située plus haut. Là, nous observâmes une Lamia en quête de proie. J'en fis un croquis. Je dessinais également quelques esquisses spéculatives de Lamias rôdant dans la jungle et dans des marais. Puis je rentrai au camp. Peu après, Barahar émergea de la grotte. Elle portait sur son dos la peau de la Lamia et tenait une fiole de venin.

Croquis de Lamia


U
ne histoire de Lamia s'introduisant dans la maison, la nuit, suffit à calmer les enfants surexcités. Il en existe bien des variations, mais toutes ont ceci en commun : un voyageur ensorcelé subit une mort atroce et douloureuse, déchiqueté par les griffes et les dents d'une Lamia. Cette créature aquatique représente un danger bien connu des pêcheurs de Daguefilante. Récemment, des Impériaux en mission d'exploration et différents vizirs du Désert d'Alik'r ont découvert une race de Lamia agressive et sauvage native du désert, mais très similaire aux Lamias déjà connues en termes de structure osseuse et de mode d'attaque.

Les Lamias sont des femmes-serpents, bien qu'on les sache hermaphrodites : elles pondent des œufs comme tous les reptiles (oeufs qu'elles abandonnent, leur progéniture doit donc survivre sans l'aide d'une mère). Les plus superstitieux pensent qu'il s'agit de femmes tombées sous le coup d'une malédiction, mais rien n'a jamais été prouvé à ce sujet. Les Lamias, quand elles se redressent, font la taille d'un Bréton adulte. Elles se servent de leur longue queue pour se maintenir en équilibre quand elles ne sont pas sous l'eau. Leurs griffes acérées et empoisonnées, leur tête ophidienne et leur queue recouverte d'écailles ne les ont pas rendues très populaires en Tamriel.

Elles convoitent l'or, les bijoux, les babioles en tous genres et sont connues pour porter ce qu'elles ont pu dérober à leurs victimes. Elles comprennent nos langues mais s'avèrent incapables de prononcer autre chose que quelques sifflements grinçants. Par contre, elles ont appris à chanter une mélopée étrange et hypnotique qu'elles utilisent pour séduire les plus crédules. Leur intelligence est trop limitée pour qu'elles s'adonnent à l'artisanat ou à l'art ; elles ne s'aventurent jamais très loin de leur antre et vivent en parfaite indépendance, sauf si la prudence leur dicte de se rassembler ou si elles obéissent à une Lamia plus puissante ou toute autre entité. Leur maîtrise de la magie électrique est innée. Mais leur appétit ne connaît pas de limite : elles peuvent dévorer les chairs, les muscles et les os de tout être vivant.

Méfiez-vous du chant des Lamias. Ce pourrait être votre dernière berceuse. Mauvais. La dernière ligne est à supprimer.


Allons, Fabricius. Si elles pondent des oeufs, à quoi leur servirait-il d'avoir des seins ? Ignare.



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Un redoutable revenant : le spectre.
Pense-bête : pas assez effrayant, à repeindre.
Dans le silence du crépuscule, nous fîmes halte au mausolée situé en périphérie de Bergame. Les Ash'abah s'assirent en cercle, en tailleur, et chantèrent pendant qu'on lavait un guerrier de différentes huiles. « C'est un rituel de purification », me murmura Barahar, « avant que notre guerrier ne bannisse l'esprit-ancêtre en colère. » Je commençais à comprendre. C'était là la fonction des Ash'abah en ce bas monde : renvoyer les morts-vivants, la religion des Rougegardes leur interdisant de lever les armes contre leurs propres défunts.

« Par le tranchant de ma lame ! » Le guerrier s'empara d'une longue lance et entra dans le mausolée. Une immense forme obscure et éthérée se matérialisa sous la forme d'un crâne, d'un capuchon de griffes reliées par un corps de néant. L'être poussa tout à coup un hurlement strident et lança un sortilège de glace en direction des Rougegardes. Les guerriers esquivèrent sans mal cette attaque et prononcèrent d'incompréhensibles incantations. Sa lance se mit à briller et il la lança dans le visage du spectre. L'esprit disparut dans une grande bourrasque de vent ; mais le travail ne manquerait pas pour les Ash'abah



L
es mausolées maudits situés dans les terres dévastées proches de Bergame contiennent des hordes de morts-vivants. Les pilleurs de tombes parlent d'un spectre terrible, une créature encapuchonnée inspirant la peur et flottant dans l'air froid et vicié. Contrairement aux fantômes, les spectres n'ont aucune mémoire. Ils ont été ressuscités d'entre les morts ou invoqués par un sort de nécromancie. Ils flottent au-dessus du sol, sans un bruit et sans une pensée. Mais dès que quelqu'un franchit le seuil de l'endroit qu'ils gardent, la magie qui les maintient en vie les aiguillonne et ils passent à l'attaque, violemment et sans la moindre pitié.


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Récupérateur d'eau de pluie rougegarde

Je n'arrive toujours pas à comprendre comment les éclaireurs impériaux ont fait pour passer à côté des colonnes rougegardes prospérant au sein du désert. Nous avons rencontré un nombre étonnamment élevé de Rougegardes vivant dans des villages rudimentaires. Au départ, bien sûr, les Ash'abah n'étaient pas les bienvenus ici, mais j'ai passé un peu de temps à dessiner des objets de leur vie quotidienne primitive, comme le récupérateur d'eau de pluie en forme de tentes plantées à l'envers et les aqueducs souterrains permettant de faire circuler l'eau. Je pris quelques échantillons de plantes grasses et croisai quelques chevriers. Cet endroit grouille de vie, il suffit de savoir où chercher.



Un pays cauchemardesque
Par le chevalier galant Titianus Iulus, Gardien de Ska'vyn

D
e vastes plaines salées sans rien pour se nourrir. Des bancs de sable soumis aux caprices des vents. Des créatures aux griffes acérées et des carcasses squelettiques. D'atroces créatures rôdant sur et sous le sable. De brusques tempêtes de sable qui vous asphyxient et vous désorientent. Des nappes d'eau empoisonnées par l'accumulation de sel. De profonds bancs de sables qui vous ralentissent et des falaises infranchissables. Des gorges à contourner pendant des jours et des jours. Le désert profond d'Alik'r est un pays cauchemardesque. D'après ce chercheur, rares sont les Rougegardes à pouvoir survivre plus de quelques jours dans cet enfer. De toute évidence, les régions côtières de Martelfell sont bien plus propices à la survie : l'intérieur des terres est une région maudite, desséchée et vide, un furoncle sur le dos de Tamriel, où aucune race ou presque n'a daigné s'établir. Seules les plus redoutables ont réussi à s'y habituer.

Titianus Lulus ferait bien de sortir dans le vaste monde, il nage dans l'erreur.




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Par endroits, on trouve d'antiques ruines elfiques à l'intérieur des terres. Les Rougegardes s'y aventurent pour y dérober des dépôts de malachite brute.

J'ai vu un mineur ouvrir une géode que la dérive des dunes avait exposée au grand jour. On les récolte pour les joyaux et les cristaux qu'elles contiennent.

Bâtiments de Bergame, ville de Rougegardes des Couronnes

Enfin ! J'en ai ma claque des créatures terrifiantes : on m'a certifié que je ne risquais plus rien une fois arrivé à Bergame, si ce n'est qu'on vide ma bourse. Apparemment, les marchands du coin pratiquent un commerce proche de l'extorsion pure et simple. Pour bien marquer, bien que cela puisse paraître comique, leur animosité, les Ash'abah ont établi leur campement à l'extérieur de la ville, derrière une dune. Ainsi, les habitants de Bergame peuvent prétendre qu'ils ne sont pas là. Ridicule ! Par chance, on ne me considère pas comme un paria et je suis autorisé à me promener en ville pour m'y ravitailler.



L
'architecture souvent imposante des intérieurs de Martelfell peut varier de la tente nomade et spartiate aux dômes robustes des splendides bâtiments situés au cœur de Bergame. Ce chapitre sera consacré à ces derniers. Demandez à n'importe quel Rougegarde digne de ce nom de vous parler de l'habitation dans laquelle il se retire à l'issue de sa journée de travail, il vantera sa solidité, sa flexibilité, sa fraîcheur et sa beauté travaillée. Dans l'ensemble, il aura raison : ces étrangers ont apporté en Tamriel bien des idées architecturales Yokuda novatrices, que nous serions avisés d'imiter et de perfectionner.

Si vous parlez au tailleur de pierres impérial qui a reconstruit les nefs, les murs et les créneaux d'un bâtiment cyrodiilien suite à un raid, il vous dira à quel point il est difficile de réparer des pierres aussi travaillées et aussi lourdes. Si la plupart des constructions impériales doivent être démolies et reconstruites à l'issue d'un conflit, de nombreux éléments décoratifs Yokuda, comme les escaliers volants ou les dômes décoratifs, ont été conçus de telle sorte qu'ils s'écroulent lors d'une attaque ou d'un séisme afin de faciliter leur reconstruction par la suite. Mais ces structures n'en sont pas moins solides et défient fièrement la chaleur écrasante qui règne en ces lieux. Il n'est pas nécessaire d'être architecte pour comprendre que ces structures reflètent la maison originale des Rougegardes.


« Conçus pour s'écrouler » ? Je n'en crois pas un mot.




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Les nombreuses fortifications extérieures de cette cité sont d'une beauté renversante. Le mur d'enceinte marie ornements et solidité, avec notamment de nombreuses fioritures telles que je n'en avais encore jamais vues. Comparées aux écuries nordiques, semblables à de solides granges de bois, les écuries rougegardes s'avèrent incroyablement opulentes tout en restant fonctionnelles. Les toits de tissus des pavillons peuvent se refermer lors des tempêtes de sable où s'ouvrir pour protéger les animaux du soleil. Tout cela sans gêner la ventilation. Comme c'est ingénieux !

Avant de me lancer dans le troc, il fallait que je repère une auberge. Les Ash'abah ont peut être une sainte horreur de toute boisson plus forte que le thé, mais je ne partage pas leurs réticences. En fait, je commandai même un puissant remontant pour me remettre des émotions de ces derniers jours. Je repérai vite un endroit agréable et optai pour un balcon, à l'étage. Alors que je laissais mon regard vagabonder entre les interstices du toit de toile, et se perdre dans la nuit étoilée, au-delà de Masser et Secunda, on m'apporta un pichet de vin de Grenade. Douce Mara, quel délicieux breuvage ! En fait, je ferais bien d'en commander un autre.

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Le marché animé de Bergame, à ciel ouvert

Une fois mon vin terminé, j'enfilai un talisman censé améliorer mes talents de marchandage et pénétrai avec assurance dans le marché de Bergame, où régnait une grande activité bien que la nuit fût tombée. Au milieu des bêlements de chèvres, des cris de marchands vêtus de robes, des odeurs de viande et d'encens, je commençai par m'arrêter au petit étal d'un forgeron pour refournir mon stock d'armes. Malgré mes efforts répétés, je fus incapable d'acheter quoi que ce soit. Je n'eus guère plus de succès chez l'herboriste : les herbes séchées, racines et poudres réactives que j'y achetais étaient deux fois plus chères qu'à Haltevoie ! Nouvel échec lorsque je voulus acheter des gourdes.

Je n'en avais cure : je n'avais pas dépensé toute ma solde. Je poursuivis donc ma promenade et marchandai avec acharnement un assortiment d'authentiques moulins à prièreTu'whacca en peau de Lamia (qui n'avaient rien d'imitations argoniennes, à ce qu'on me dit). Il fallait également que je fasse l'acquisition de baguettes de radiesthésie magiques en vertèbres de tranchedune : le marchand m'offrit une garantie sans la moindre radiesthésitation ! C'était drolatique et nous rîmes à gorge déployée. Je remarquai alors une femme qui vendait de grandes outres de vin de grenade. D'humeur toujours aussi joyeuse depuis mon dernier repas, j'avais très envie de ce breuvage des plus délicieux. J'ai peut-être payé un peu plus que ce que j'aurais dû.

Superbes marchandises rougegardes offertes par les marchands de Bergame

Quelle idiot impulsif j'ai été ! Je rebouchai la bouteille dès que je m'aperçus que je portais une amulette permettant de marcher au fond des océans. Je me tenais peut-être un peu mieux, mais j'avais perdu toute crédibilité pour marchander efficacement quoi que ce soit. Pire encore, mon ivresse signifiait que j'avais été dépossédé sans vergogne de tout mon or alors que j'entrais en titubant dans une nouvelle merveille architecturale. Je ne pouvais rien faire d'autre que m'asseoir pour dessiner les tapis entrelacés en poil de chèvre, les urnes et les lanternes dorées et incrustées de joyaux, enfin les meubles d'un goût exquis. Je regrettai amèrement d'avoir dilapidé toutes les pièces des Ash'abah. C'est alors que l'une de mes baguettes de radiesthésie transperça mon outre de vin, tachant au passage un coûteux rouleau de soie. Je m'éclipsai discrètement avant que le marchand de soie ne se rende compte de quoi que ce soit.

Le grand autel mortuaire du Trône de Tu'whacca


Je réussis à justifier mes achats d'ivrogne devant les Ash'abah en leur expliquant que les troubles ayant récemment agité Tamriel avaient fait grimper les prix en flèche, et nous partîmes à l'aube pour le Trône de Tu'whacca. Barahar m'expliqua que la tribu était tenue de s'y rendre pour le rite annuel du Repos Royal scellant les rois et reines rougegardes dans leurs tombeaux et garantissant leur bonheur dans l'au-delà pour éviter qu'ils ne soient tentés de revenir sur terre et de reprendre le pouvoir. Du moins, en théorie.

Le Trône de Tu'whacca s'avère être bien plus qu'un banal tombeau : c'est aussi un monument aux morts aux proportions stupéfiantes. Pas étonnant que ce rituel soit important : il y a assez de défunts enterrés là pour invoquer une ville entière de morts-vivants ! Tandis que les Gardiens du Trône se retiraient dans les ruines pour le rite qui durerait 36 heures, on m'arrêta à l'entrée pour me renverser un sac sur la tête et on ne laissa méditer dans l'enclos à chèvres. Apparemment les étrangers ne doivent pas assister à ces rituels. J'étais soulagé d'attendre là, malgré la forte odeur d'excréments. Des bribes de souvenirs datant de la dernière fois où l'on m'avait traîné dans un mausolée me revenaient à l'esprit et la marque sur mon torse se mit à me démanger.



Le culte des morts : Tu'whacca et les rites funéraires dans la culture rougegarde contemporaine
Par Frère Opilio Congonius

L
es Rougegardes révèrent leurs défunts avec autant, voire plus de ferveur, que bien des races adorent leurs propres divinités. Un Bréton déposera un cercueil dans une terre consacrée, sous une voûte ornée ; un Nordique placera un corps séché par le vent sur une corniche, dans un caveau ; les Rougegardes, quant à eux, érigent des structures funéraires aussi vastes qu'impressionnantes en l'honneur de leurs morts. Les liens d'honneur liant les Rougegardes, des limbes précédant la naissance à celles qui suivent la mort, sont des plus solides. Ces mausolées élancés et disproportionnés sont la représentation la plus pure du jusqu'au-boutisme architectural Yokuda. Ils ont pour fonction de propulser les âmes vers leurs dieux putatifs.

L'exemple le plus représentatif de ces sites funéraires est peut-être le Trône de Tu'whacca, érigé au sommet d'un vaste plateau dans les Déserts d'Alik'r de Martelfell. Ce temple démesuré a été construit en l'honneur du Dieu Farceur, également appelé le Berger des Âmes et le Gardien des Lointains Rivages. Après avoir laissé en contrebas les pâturages et le désert, et gravi l'escalier de pierre taillé dans le flanc du plateau, on est tout d'abord frappé par la vue à couper le souffle qui s'offre au sommet de cette vaste étendue de roche et de sable. Après avoir dépassé les Gardiens du Trône, qui veillent sans relâche et soutiennent le trône de Tu'whacca, l'oeil se pose sur la véritable splendeur de ce lieu saint.

Cette nécropole tient à la fois du cimetière et de la ruine sacrée. A part la présence de Tu'whacca, observateur rôdant dans les sombres recoins de ce sanctuaire, le temple sert de monument aux innombrables Yokuda qui ont péri lorsque leur continent a sombré sous les flots. Des pèlerins traversent les sables cuisants pour présenter leurs respects aux victimes et aux rois rougegardes également inhumés dans cette nécropole labyrinthique.



Je dois reconnaître que le vin me donna l'assurance nécessaire pour retirer le bandeau que j'avais devant les yeux. Clignant des yeux à l'entrée de la nécropole, je remarquai qu'elle était vide. J'entrai et commençai immédiatement à reproduire les colonnades et les créneaux sur mon carnet. Lorsque j'eus rempli une page de magnifiques croquis, je poursuivis ma promenade et me retrouvai devant un mausolée. Il était gardé par deux statues de rois levant les bras comme en signe d'avertissement. Mais la porte était entrebâillée. La curiosité fut la plus forte et je me glissai à l'intérieur. Je fus immédiatement environné de ténèbres.

Je poursuivis sur la pointe des pieds, les narines frémissantes dans l'air vicié. Puis je me figeai. Un frisson me transperça jusqu'à l'os. Une immense main glacée se posa sur mon épaule et la serra. Je laissais échapper un cri de terreur, plongeai la main dans ma sacoche, en sortie mon moulin à prières Tu'whacca authentique et en donnai un grand coup sur mon invisible assaillant. En proie à la terreur la plus abjecte, je me précipitai vers la fente de lumière, dépassai les statues de rois et filai vers l'enclos à chèvres. Un rapide coup d'œil par-dessus mon épaule confirma mes peurs : quelque chose m'avait suivi. Une créature enveloppée de ténèbres. Une silhouette indistincte qui refusait de se montrer sous son véritable jour. J'avais commis une erreur de jugement.


Les Ash'abah sortir précipitamment du temple, leurs chasseurs suivant la créature de chaos noir qui s'était rapidement éloignée et semblait prêt à fondre sur le village le plus proche, la Lame de Leki. Le chef Marimah se tourna vers moi. « Vous êtes une catastrophe ambulante, vous ! Serait-ce Sep qui vous envoie pour tester notre foi ? » Je commençai à m'excuser, mais me tus quand une lame se pointa dans ma direction. « Vous avez réveillé l'esprit de Ra Boshek, le maléfique usurpateur. Vous tuer ne ferait qu'aggraver la colère qui monte en moi. Suivez-moi. » Shéogorath était d'humeur clémente, aujourd'hui.

Au milieu de ce maelström de furie et de confusion, notre seule consolation était que la momie libérée empruntait une ancienne route commerciale, tandis que les Ash'abah connaissait un raccourci pour rejoindre plus rapidement la ville. À l'issue d'une longue marche éreintante dans les dunes, alors que le vent soufflait sa note unique et étouffait un léger murmure (on prononça mon nom, et d'autres choses peu aimables, d'une voix gutturale), nous aperçûmes la statue de l'épée qui avait donné son nom au village. Les Ash'abah avaient déjà commencé à évacuer la population de Rougegardes en direction d'une colline qui s'avérerait facile à défendre.

Plusieurs prêtres de Marimah préparaient ce dernier pour un combat contre un revenant. Barahar dépassa le petit groupe de villageois et me lança d'un ton méprisant : « ce rituel exige le sacrifice de quatre moutons blancs. » Elle tendit la main pour me réclamer l'argent en question. Je lui offris l'un de mes authentiques moulins à prières : elle cracha à mes pieds. Je lui donnai alors un anneau d'or et attendis le début des hostilités. Une immense culpabilité me rongeait.

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Structure funéraire Yokuda


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Village et monument de la Lame de Leki


L
'avant-poste de la Lame de Leki a été construit lors de la Première Ère, autour de l'autel du même nom. Taillée dans des roches locales, l'immense statue représentant une main agrippant une épée servait toujours de point de repère, d'idole et de marque pour les Rougegardes en pèlerinage. Les érudits locaux se disputent parfois sur certains détails, mais il est admis que l'autel de Leki a été fondé par le dernier des Ansei pour devenir un temple d'entraînement, où ces derniers pourraient transmettre aux générations futures leur science du combat à l'épée. Aujourd'hui, des Rougegardes viennent des quatre coins de Martelfell pour étudier sous la lame brisée.

Tous viennent prendre des leçons, de l'enfant apprenant la concentration l'épée à la main au guerrier adulte cherchant à se perfectionner et à méditer, jusqu'au maître souhaitant obtenir quelque ultime conseil. D'après certaines légendes locales, les esprits des Ansei disparus veillent sur le cœur et les désirs de ceux qui s'entraînent dans ce temple. Les Ansei, également connus sous le nom de chantelames, recrutaient des membres de l'ordre parmi les enfants de 11 ans. Les garçons devenaient des « Frères de la lame » et les filles obtenaient le titre de «Vestales de l'esprit ». L'Ansei le plus célèbre est Frandar Hunding (dont on trouvera le récit de la vie et des tribulations dans l'Appendice 13).



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Marimah triompha des revenants. Des prêtres accoururent pour évaluer la gravité de ses blessures. Il les repoussa d'un signe de la main et enjamba les vêtements vides encore fumants et frémissants éparpillés sur le sable. Je crus sincèrement que j'allais rejoindre Ra Boshek dans un au-delà perdu, mais Marimah me fit signe de le suivre jusqu'à l'autel de Leki, où il rinça son visage trempé de sueur. Il me fit calmement remarquer en s'essuyant le front : " Vous avez eu un contact impur avec Ra Boshek. Vous n'êtes plus digne de rester avec nous. Quelques instants plus tard, les Ash'abah rassemblèrent les restes des revenants et disparurent de la Lame de Leki.

Je dessinai sans conviction quelques carreaux de cérémonie et l'autel avant d'engager, penaud, un guide pour qu'il m'emmène jusqu'à la côte prendre un bateau pour Abondance. "Un paria de la tribu des parias ! Un exilé parmi les exilés !" J'esquissai un demi-sourire à Jack, le cocher, et lui intimai l'ordre de se taire.

Plus tard, la marque sur ma poitrine devint brûlante et mes hurlements finirent par me réveiller : j'avais fait un cauchemar. J'eus une vision de vers rampant dans l'orbite vide d'un cadavre. Ils dévoraient sa bouche tandis que le corps sans vie tremblait violemment puis explosait. C'est alors que Mannimarco en personne fit son entrée. Il plongea la main dans ma poitrine, par la marque, et serra le poing. Je me tordis de douleur.

Après quelques larmes vite réprimées, je me retrouvai dans le port et repris le contrôle de mes émotions. Après m'être procuré une ultime outre de vin de grenade, je montai à bord du ferry et jurai de ne plus jamais revenir.