Feyfolken I : Différence entre versions
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Version du 17 mars 2006 à 11:04
Feyfolken,
Livre I
Par Waughin Jarth
Le grand sage était un grand homme débraillé, barbu mais chauve. Sa bibliothèque lui ressemblait : tous les livres, au fil des années, s'étaient retrouvés dans le plus grand désordre sur les étagères du bas. Il en utilisait plusieurs pour son cours, expliquant à ses étudiants, Taksim et Vonguldak, comment la guilde des Mages avait été fondée par Vanus Galérion. Les jeunes gens posaient de nombreuses questions au sujet des débuts de Galérion dans l'Ordre des Psijiques ainsi que sur l'étude de la magie dans cet ordre qui différait de celle enseignée au sein de la guilde des Mages.
" C'était, et c'est encore, un mode de vie très structuré, expliqua le grand sage : assez élitiste en fait. C'était d'ailleurs cet aspect auquel Galérion était le plus opposé. Il voulait que l'étude de la magie soit libre. Pas tout à fait libre, en fait, mais au moins accessible à tous ceux qui pouvaient se le permettre. Ce faisant, il a modifié la manière de vivre en Tamriel.
- Il a codifié les pratiques et les rituels utilisés par tous les fabricants de potions, les fabricants d'objets et les créateurs de sorts, n'est-ce pas, grand sage ? demanda Vonguldalk.
TAB
- Ce n'est qu'une partie de son oeuvre. La magie telle que nous la connaissons aujourd'hui vient de Vanus Galérion. Il a restructuré les écoles afin qu'elles soient accessibles au plus grand nombre. Il a inventé les outils de l'alchimie et de l'enchantement pour que tous puissent créer ce qu'ils souhaitent, tout ce que leur talent et leur bourse peuvent leur permettre de faire, sans craindre les effets néfastes de la magie. En fait, c'est ce qu'il a fini par créer.
TAB- Que voulez-vous dire, grand sage ? demanda Taksim.
TAB- Les premiers outils étaient plus automatisés que ceux que nous possédons aujourd'hui. N'importe quel profane pouvait les utiliser sans rien entendre aux enchantements ou à l'alchimie. Sur l'île d'Artaeum, les étudiants devaient étudier laborieusement de nombreuses années durant mais, pour Galérion, ce n'était qu'un autre exemple de l'élitisme des Psijiques. Les outils qu'il avait conçus étaient comme des maîtres enchanteurs et des alchimistes mécanisés, capables de créer tout ce que désirait leur propriétaire du moment que celui-ci pouvait payer le prix demandé.
TAB- Alors quelqu'un pouvait, par exemple, créer une épée capable de couper le monde en deux ? demanda Vonguldak.
- Je suppose ... en théorie... mais cela aurait nécessité tout l'or du monde, gloussa le grand sage. Non, je ne peux pas dire que nous ayons couru un grand danger mais cela ne veut pas dire qu'il n'y ait pas eu de malheureux incidents quand un rustre ignorant créait quelque chose qui le dépassait complètement. Galérion finit par détruire ses propres outils et inventa ceux que nous utilisons aujourd'hui. C'est quelque peu élitiste et nécessite que l'individu sache ce qu'il fait avant de le faire, mais c'est extrêmement pratique.
- Qu'est-ce que les gens ont inventé ? demanda Taksim. Y-a-t-il des histoires à ce sujet ?
- Vous êtes en train de me distraire pour que je ne vous mette pas à l'épreuve, dit le grand sage. Mais je pense pouvoir vous raconter une histoire. Elle se déroule dans la cité d'Alinor, sur la côte ouest de l'archipel de l'Automne, et concerne un scribe nommé Thaurbad :
" C'était au cours de l'ère Deuxième, peu de temps après que Vanus Galérion eut fondé la guilde des Mages et que des écoles se soient répandues sur tout l'archipel de l'Automne, mais pas encore en Tamriel.
Pendant cinq ans, le scribe Thaurbad, fit parvenir sa correspondance au monde extérieur par l'intermédiaire de son messager, Gorgos. La première année, après qu'il eut embrassé sa vie d'ermite, les quelques amis et les quelques membres de sa famille qui lui restaient, disons plutôt les amis et les membres de la famille de sa défunte femme, tentèrent de lui rendre visite. Mais même le plus persévérant dut renoncer. Personne n'avait de raison valable de rester en contact avec Thaurbad Hulzik, et, après quelque temps, très peu s'y essayèrent. Sa belle-soeur lui envoyait bien quelques lettres de gens dont il se souvenait à peine mais c'était fort rare. La plupart des messages qui arrivaient chez lui ou qui en repartaient avaient trait à ses affaires, la rédaction hebdomadaire de la proclamation du temple d'Auri-El. C'étaient des bulletins cloués à la porte du temple, des nouvelles de la communauté, des sermons, ce genre de choses.
Le premier message que lui remit Gorgos ce jour-là provenait de son guérisseur, qui lui rappelait son rendez-vous. Thaurbad prit son temps pour rédiger sa réponse. Il était atteint de la peste pourpre, maladie dont le traitement coûtait fort cher. Il faut vous rappeler que cela se déroulait avant que l'Ecole de Guérison ne devienne très spécialisée. C'était une terrible maladie qui l'avait privé de la faculté de parler. C'est pourquoi il ne communiquait que par écrit.
Le message suivant provenait d'Alfiers, la copiste du temple, aussi sèche qu'à son habitude :
THAURBAD ? VOUS TROUVEREZ CI-JOINT LE SERMON DE DIMANCHE, LE CALENDRIER DES EVENEMENTS DE LA SEMAINE PROCHAINE ET LA RUBRIQUE NECROLOGIQUE. ESSAYEZ D'EGAYER UN PEU TOUT ÇA. LES DERNIERS NE M'ONT PAS PLU.
Thaurbad s'occupait déjà des bulletins avant qu'Alfiers ne rejoigne le temple. L'image qu'il se faisait d'elle, purement théorique, avait évolué avec le temps. Au début, il se l'imaginait en mégère affreuse, couverte de pustules, mais plus récemment, il se la représentait comme une vieille fille orque toute maigrelette. Bien sûr, il était possible que sa première vision fût juste et qu'elle n'ait fait que perdre du poids.
Quel que soit l'aspect physique d'Alfiers, son attitude vis-à-vis de Thaurbad était claire : le mépris le plus total. Elle haïssait son sens de l'humour, soulignait la moindre faute et considérait ses textes et son écriture comme dignes du plus parfait amateur. Fort heureusement, un emploi au temple constituait une position presque aussi protégée qu'une fonction auprès du roi d'Alinor. Si cela n'était pas très lucratif, les frais restaient modestes. En fait, Thaurbad n'était en rien obligé de travailler mais cet emploi lui permettait de s'occuper. La vérité était que ce bulletin, très important à ses yeux, remplissait toutes ses journées.
Après avoir remis tous les messages, Gorgos se mit à nettoyer comme il le faisait toujours. Il raconta à Thaurbad les nouvelles de la ville. C'est ce que faisait toujours le garçon et Thaurbad ne lui prêtait guère d'attention mais, cette fois-ci, son récit était intéressant. La guilde des Mages était arrivée à Alinor.
Tandis que Thaurbad écoutait avec attention, Gorgos lui raconta tout ce qu'il savait sur la guilde, son remarquable archimage et ses incroyables outils d'alchimie et d'enchantement. Enfin, lorsque le jeune garçon eut terminé, Thaurbad rédigea une petite note et la tendit à Gorgos avec une plume. Sur la note était écrit :
Qu'ils enchantent cette plume.
" Cela sera cher ", dit Gorgos.
Thaurbad donna à Gorgos une part importante des quelques mille pièces d'or qu'il avait accumulées au cours des années et le congédia. Désormais, songea Thaurbad, il aurait les moyens d'impressionner Alfiers et de couvrir de gloire le temple d'Auri-El.
D'après l'histoire que l'on m'a racontée, Gorgos envisagea de garder l'or et de quitter Alinor mais il s'était attaché au vieux Thaurbad. Mais, par-dessus tout, il haïssait Alfiers qu'il devait rencontrer chaque jour pour prendre les messages adressés à son maître. Bien que ses intentions ne fussent pas innocentes, il se rendit à la guilde et fit enchanter la plume.
Comme je l'ai déjà dit, la guilde n'était pas alors une institution sélective, mais lorsque le messager arriva et sollicita les services de l'enchanteur d'objets, cela éveilla la suspicion, attitude qui changea du tout au tout quand il montra le sac d'or. On le fit alors entrer dans la pièce.
Je n'ai jamais vu ces vieux outils d'enchantement, il vous faudra donc faire preuve d'imagination. Il y avait un grand prisme servant à insuffler l'énergie magique à l'objet et un assortiment de gemmes spirituelles et de globes crépitants d'énergie. A part ça, je ne suis pas sûr de savoir à quoi tout cela ressemblait et comment cela marchait exactement.
Grâce à tout l'or qu'il avait donné à la guilde, Gorgos put enchanter la plume avec l'âme la plus chère, qui était quelque chose de daedrique appelé Feyfolken. Les initiés de la guilde, ignorants comme la plupart des membres de la Guilde de cette époque, n'en savaient pas beaucoup au sujet des esprits sauf qu'ils étaient pleins d'énergie. Quand Gorgos quitta la pièce, la plume était aussi enchantée qu'elle pouvait l'être. Elle vibrait littéralement d'énergie.
Naturellement, lorsque Thaurbad l'utilisa, il devint clair que cela le dépassait complètement. "
" Et maintenant, dit le grand sage, il est temps de passer à votre épreuve.
- Mais que s'est-il passé ? Quels étaient les pouvoirs de la plume ? s'écria Taksim.
- Vous ne pouvez arrêter votre histoire maintenant ! objecta Vonguldak.
- Nous continuerons cette histoire après votre épreuve d'invocation, mais à la condition que vous la réussissiez, répondit le grand sage. "