Nouveau guide impérial de Tamriel/Elsweyr : Différence entre versions
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Version actuelle datée du 14 novembre 2022 à 21:33
Média d'origine : Édition Impériale de TES Online
Par Flaccus Terentius, de la Société Géographique Impériale, 2E581
Khajiit du Domaine Aldmeri
Le marché de Rivefort était particulièrement bondé. Des caravanes surchargées d'épices, d'armes et d'étoffes préparaient leur départ pour Rimmen et Dune. Des nomades essayaient de vendre leurs guars et leurs chèvres. Les cris, les sifflements et les odeurs sucrées auraient pu m'attirer toujours plus loin dans ce tumulte, si j'avais pu voir autre chose que les ruelles sombres et les recoins isolés où des truands en robe noire attendaient sûrement de m'infliger une mort lente et douloureuse. Était-ce l'un d'eux ? Là, près du joaillier ? J'ai vite rejoint un Khajiit robuste manifestement responsable d'une caravane en partance pour Dune. Je lui ai expliqué mon problème et vanté mes meilleures qualités. « Moi, Ma'rashirr, suis heureux d'accueillir un tel dignitaire dans notre humble groupe de voyageurs. » « Merci… » ai-je commencé à dire. « Vos joues roses, votre absence de griffes et votre forte odeur de sueur ne manqueront pas d'attirer l'attention sur ma caravane. Les acheteurs vont se bousculer à notre arrivée à Dune. » Comme le disait toujours mon père, « un coup à l'honneur est toujours plus facile à encaisser qu'un coup à la tête ».
J'ai essayé d'impressionner Ma'rashirr en lui montrant ce croquis de la savane du nord d'Elsweyr. Les arbres sont très dispersés, leurs branches poussant tout en largeur pour capturer la moindre goutte d'humidité. Points d'eau, petits affleurements rocheux et gardiens de troupeau laconiques sont tout aussi rares. Notre caravane a suivi des routes plus que rudimentaires. Quand Ma'rashirr et les siens croisent d'autres voyageurs khajiits ou des petits campements, ils sont salués par des cris rapides et gutturaux dans leur propre langue, et je suis l'objet de rires criards… Notre périple continuait à travers la savane ouest, et Dune était encore à deux jours de voyage. Mes tentatives pour me rapprocher des gardes de la caravane (dans l'espoir que ces vétérans me protègent de mes peurs) rencontraient un moyen succès. Ra'tassa, un Khajiit particulièrement bien bâti, semblait chargé de cette équipe. Tôt le deuxième matin, j'ai demandé à marcher avec lui. « Vous êtes l'Impérial à face rouge que Ma'rashirr nous a mis sur le dos, c'est ça ? » J'ai cherché une réponse adéquate sous les ricanements. « Je préfère qualifier mon teint de sanguin, un reflet de mon caractère » ai-je finalement répondu. Les oreilles de Ra'tassa se sont alors dressées, et il a souri. « Ra'tassa se demande pourquoi vous transpirez déjà, alors que le soleil est à peine levé. Vos fourrures nordiques puent le bouc. » « Au moins, je peux ôter ma fourrure quand la chaleur me gêne. Et vous ? J'avoue que je paierais cher pour vous voir tondu. » À ce moment, j'ai eu peur d'être allé trop loin. Mais les cris approbateurs et les rires moqueurs du groupe m'ont vite rassuré.
Nous avons entendu un son de corne étrange, bientôt suivi de cris sinistres dans un langage primitif, et un petit groupe de gobelins est apparu, chargeant la caravane depuis l'amas de rochers rouges où ils s'étaient embusqués. Bien caché derrière nos gardes, j'ai compté une bonne dizaine de ces maraudeurs à la peau verdâtre, encouragés par un chef de la taille d'un Nordique. « Muskarse ! Ra'tassa va vous dévorer le foie ! » Son groupe était déjà en plein combat, massacrant les gobelins à coups de sabre avec une facilité et une férocité impressionnantes. Ra'tassa s'est habilement catapulté derrière les archers ennemis avant de bondir sur leur chef pour enfoncer ses deux dagues dans son cou. La créature s'est effondrée en crachant du sang et de la bile. Souriant, Ma'rashirr s'est assis sur ses talons. Ses frères khajiits était quasiment indemnes, alors que leurs ennemis reposaient morts, certains en plusieurs morceaux. Il restait un survivant, que Ra'tassa a pris par le cou avant de le secouer violemment au-dessus du sol. Il l'a ensuite lancé vers l'un de ses camarades, qui s'est fait les griffes dessus avant de lui renvoyer. « Impeccable ! » a-t-il crié en frappant le malheureux avant de lui briser la nuque.
Ma'rashirr dégustait un peu de viande séchée avec son escorte. J'ai décliné pour me consacrer à l'étude de l'armure lourde portée par certains des gobelins de l'embuscade. Elles ne sont qu'un assemblage grossier de fragments de cottes de mailles, de plaques de fer, d'ossements, de cornes et de crânes. Bien qu'un peu brut, le cuir est de bonne facture, un exploit pour une race aussi stupide et primitive. Pendant que Ra'tassa et son groupe rassemblaient leur butin, j'ai entrepris d'examiner et de peindre (leurs blessures en moins) les trois gobelins les moins amochés. Leur équipement était particulièrement intéressant : il est principalement fait de bois, de bronze et de fer forgé. Les armes sont encore plus fascinantes : épées, boucliers et autres gourdins semblent tous empruntés à d'autres cultures et adaptés de manière grossière, mais efficace. J'ai suivi Ra'tassa et deux de ces guerriers alors qu'il remontait la piste des Gobelins jusqu'à un petit camp caché dans un vallon rocheux à quelques centaines de mètres de là. Ils s'attendaient à une résistance féroce, mais nous avons été accueilli par des gémissements pathétiques et des corps avachis se tordant de douleur. La plupart avaient perdu leur couleur verte pour prendre une teinte jaunâtre, et leurs bouches était couvertes de bubons. J'ai pris quelques croquis rapides du camp et de ces totems et nous nous sommes retirés en toute hâte, laissant ces malheureux succomber au soleil et à ce qui ne pouvait être que la peste Knahataine. J'ai alors fait une remarque à Ra'tassa : les gobelins qu'ils avaient si facilement massacrés étaient peut-être déjà contaminés, eux aussi. « Ça expliquerait pourquoi les pillards étaient si faibles… » ai-je dit en voyant les sourcils du Khajiit se froncer. « Le sans-griffe parle beaucoup, » a-t-il craché, « mais de choses qui dépassent ses compétences ! » Nullement découragé, j'ai insisté : « j'ai bien observé le pus qui s'écoulait des blessures et de la bouche de leur chef. Il avait l'air infecté. » Ra'tassa m'a alors interrompu en posant une griffe puissante sur mon épaule. «Ra' tassa croit en nos propres prouesses. Flaccus va tenir sa langue, s'il ne veut pas la donner au chat. »
J'avais manifestement pris Ra'tassa à contre-poil, et j'ai préféré garder le silence jusqu'à notre arrivée à Dune, dans les grandes plaines fertiles du Nord-Ouest ou vagabondent les marchands Baandaris. Pendant que la caravane payait ses taxes et ses droits de douane, j'ai fait de brefs adieux avant de prendre quelques croquis de l'architecture vaguement exotique des lieux. Je n'avais pas espéré retrouver ici les grandes structures en pierre ou en marbre du sud, où la culture khajiit construit avec plus de permanence. Les bâtiments de Dune sont moins solides, tous en bois est souvent fort délabrés. C'est sans doute la conséquence du mode de vie nomade des Khajiits du Nord, qui savent s'accommoder d'une simple tente.
Retrouvant enfin mon calme, j'ai examiné le cadeau de départ que m'avait offert Ma'Rashirr : un Zwinthodurrarr, ou « bâton d'écriture jaune ». Je m'en suis servi pour dessiner les entrées élégantes et les portes richement décorées de Dune, et j'ai trouvé ce nouvel instrument (et l'architecture Khajiit) des plus agréables. Les hommes-chats ont clairement un faible pour les couleurs vives, mais leur style ne tombe jamais dans le criard, et témoigne d'une créativité remarquable. J'ai arpenté les rues de Dune dans les premières heures de l'après-midi. Les pavillons et les sculptures colorées étaient tous ornés de gravures brillantes dans les tons noirs, rouges et or, pour former un ensemble à la beauté irrésistible. Les allées sableuses étaient propres pour la plupart, en dépit du passage de nombreux conducteurs de bestiaux, extrêmement habile pour guider leur bétail et leurs chevaux. J'ai ralenti le pas devant des colporteurs de viandes, et je me suis même arrêté pour acheter un sachet de boulettes de chèvres caramélisées : elles étaient succulentes ! Ici, pas d'ombres menaçantes à chaque coin de rue. Seulement l'arôme enivrant des miches de pain sucré et des gâteaux au miel. Je me suis fait une joie de prendre part à une dégustation de liqueur d'abricot de Tenmar. Un délice ! Dans ce tourbillon de messagers pressés, de marchands excités et de nantis affalés sous leur tente ombragée (c'était la première fois que je voyais un Khajiit aussi désœuvrés), j'ai fini par entendre la musique stridente des flûtes d'une taverne. Étrange… Les Khajiit sont des sensualistes qui ne vivent que pour le plaisir.
Je me suis laissé attirer par le parfum d'ambroisie de la Douce Plethora. Au milieu des tapisseries murales finement tissées mettant les lunes à l'honneur et des Khajiits assis en tailleur, je me suis installé pour peindre et goûter les différentes infusions sirupeuses de l'établissement. Le thé épais qu'on m'a servi était un peu trop sucré pour moi, et j'ai donc grignoté quelques betteraves confites en attendant mon pot de lait de sorghum. Ce breuvage m'a laissé un étrange goût métallique dans la bouche. Je dégustais une tasse de myrrhe-tanaisie avec un immense plaisir quand j'ai remarqué qu'on m'observait. De l'autre côté de la salle, une Impériale me regardait fixement. Elle était peut-être là pour les premières ébauches de mon guide ? Non, elle ne portait aucun insigne. Plongeant sa main sous la table elle a alors fait un geste particulièrement troublant, les doigts serrés et la paume ouverte. Un signal assurément utilisé par le culte du Ver ; mais elle ne portait pas la tenue associée. Je ne pouvais décidément plus faire confiance à personne. J'ai fini d'avaler mon thé et je suis sorti par la porte de derrière. Elle m'a suivi. Paniqué je me suis mis à courir. J'ai senti une des ampoules sous mes pieds éclater alors que je m'engouffrais dans le type même de ruelle que je m'étais promis d'éviter. À bout de souffle, j'ai changé plusieurs fois de direction dans l'espoir de semer ma poursuivante tout en me rapprochant peu à peu d'un vague bruit de foule. Franchissant précipitamment une double porte, j'ai perdu l'équilibre et je suis tombé tête la première dans les bras d'un Khajiit massif et anguleux, couvert de cicatrices. Relevant les yeux, j'ai essayé de reprendre mon souffle pour lui expliquer mon dilemme.
« Moi, Jobasha-do, te souhaite la bienvenue dans la mort. » Poussé sans ménagement par d'énormes pattes et complètement affolé, je me suis retrouvé dans un grand cercle couvert de sable, cerné de toutes parts par des murs immenses et un public hurlant à pleins poumons. Privé de toutes mes possessions et muni uniquement du cimeterre qu'on venait de me lancer, j'ai réalisé ma situation. Une jeune Khajiit s'est précipitée vers moi. Instinctivement, j'ai jeté mon arme et reculé en signe d'abandon. « Zara pense que tu n'as peut-être pas ta place dans l'arène de Thizzrini, Impérial. » a-t-elle crié en me renvoyant mon arme. « Je ne suis pas un gladiateur ! » ai-je répondu en prenant le cimeterre par le mauvais bout.
« Essaie de faire semblant ! » M'a-t-elle dit en désignant une porte en train de s'ouvrir pour libérer un jeune tigre-Senche. J'ai ramassé un bouclier en forme de croissant de lune dans la poussière et je me suis mis en position. Le fauve m'a sauté dessus. Serrant la poignée de toutes mes forces, j'ai tenu bon pendant que Zara empalait la bête sur sa lance. « Flaccus a peut-être l'âme d'un combattant, comme son frère ! » ai-je crié avec un sourire hystérique. Je me suis ensuite demandé pourquoi je mimais ainsi les tics verbaux des Khajiits. « Un ogre ! » a crié Zara en montrant une seconde porte. Une énorme créature bleue-grise est sortie lentement de sa cage, avant d'arracher un morceau de l'arche de pierre au-dessus de sa tête pour la balancer à travers l'arène. Il s'est écrasé bruyamment à moins d'un mètre de moi. Sentant mon courage m'abandonner, j'ai bredouillé une prière à Arkay. Je me souviens d'avoir été un peu agacé de voir la foule me couvrir de fruits pourris sous prétexte que je fuyais le combat. Mon cœur et la marque sur mon torse me brûlaient affreusement, et à bout de force, j'ai fini par m'arrêter de courir. La bête m'a vite rattrapé, et je me suis recroquevillé en la voyant brandir son poing massif vers le ciel pour m'écraser. Mais au lieu de frapper, l'ogre se mit à hurler ; Zara venait de lui couper lestement les deux jarrets. Les genoux ruisselants de sang, il s'est mis à vaciller dangereusement. Sans attendre, un Khajiit a bondi sur son dos et lui a tranché la gorge avec précision. Le monstre était mort avant de toucher le sol. L'arène n'avait jamais connu si belle équipe !
Le gardien de l'arène s'est confondu en excuses pour m'avoir ainsi exposé au côté le plus redoutable de la culture Khajiit, et j'ai quitté l'arène en boîtant pendant que Zara empochait ses gains. Elle m'a offert quelques pièces, une générosité pour le moins inappropriée. J'ai refusé, préférant lui parler de mon péril et du côté implacable de mes ennemis, ces adorateurs de Daedra. Par chance, elle m'a proposé de m'accompagner.
Très dévote, Zara a insisté pour aller faire une offrande au temple des Deux-Lunes. Avide de découvrir un aspect moins sanglant de la culture Khajiit, j'ai accepté, et nous avons rejoint un sanctuaire impressionnant, que je me suis fait une joie de dessiner. Zara a revêtu un budi, sorte de tunique cérémonielle fermée par des lanières sur le côté droit, afin de cacher la fourrure de son torse comme l'exige la bienséance. Elle m'a expliqué qu'elle venait toujours remercier Jone, Jode et Alkosh après une victoire. Les couloirs se sont bientôt mis à résonner de ses serments adressés à des déités plus ou moins hérétiques : « Rugissement d'Alkosh ! »
J'aimerais avoir la fourrure et les moustaches nécessaires pour apprécier pleinement une telle cathédrale. Les salles extérieures ont certes souffert du passage des siècles (et des récents combats contre des maraudeurs khajiits de la région corrompue du Senchal), mais la basilique intérieure est une pure merveille de maçonnerie, avec ses idoles de divinités mineures que je ne connaissais pas avant. Zara était plongée dans ses prières à Alkosh, et j'étais assis dans le cloître en train de dessiner une chaire, quand j'ai été approché par un vieux Khajiit en budi de cérémonie. Je me suis levé pour lui céder la place, mais il m'a calmement fait signe de rester. C'était le prêtre-lune Hunal. « Vous courez avec vitesse et dextérité, sans-poil. Vous seriez redoutable si vous maîtrisiez la lame aussi bien que l'esquive. Quoi qu'il en soit, j'ai trouvé votre démonstration dans l'arène remarquable. » Son dénigrement narquois m'a agacé, mais je n'avais pas affaire à un simple garde de caravane. Je me suis donc contenté de lui adresser une réponse courtoise avant de dérouler mes documents impériaux. Il m'a aussitôt fait signe de les remettre dans mon sac. « Je ne doute pas de votre bonne foi, Flaccus Terentius. À en juger par votre ventre, vous aimez manger ? Pour vous faire oublier votre frayeur dans notre arène, je vous invite à dîner. Nous serons accompagnés de Telenger l'Artificier, un émissaire Altmer du Couchant. Vous serez honoré d'accepter, j'en suis certain. Bien entendu, vous pouvez venir avec votre amie ». Zara nous avait rejoints. J'ai trouvé étrange de l'avoir aussi circonspecte (je ne savais pas que les Khajiits pouvaient rougir), mais je l'ai pris à l'écart pour lui rappeler mes craintes concernant les anachorètes du Ver et j'ai réussi à la convaincre. Viande séchée pour les visiteurs et morceaux de rongeur pour les Khajiits de la tablée. J'ai demandé un verre de cordial des deux lunes, et les présentations ont été faites. J'ai été enchanté de faire la connaissance du Haut elfe Telenger, car en dépit de son attitude froide et condescendante envers tout le monde, il représentait pour moi une porte ouverte vers l'Archipel du Couchant. Après l'inévitable bavardage sur leur concorde actuelle avec les Khajiits, j'ai finalement eu l'audace de lui demander une escorte vers les îles. Il a rabattu son capuchon pour révéler deux yeux bleus perçants et m'a toisé des pieds à la tête. « Mon navire cygne part pour l'archipel demain matin, Impérial. Laissez votre protectrice parmi les siens. Je peux garantir votre sécurité. » J'ai accepté avec gratitude, même si la nouvelle a semblé attrister Zara, les yeux baissés sur son alcool de prune.
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