Le prince des mendiants : Différence entre versions
(Aucune différence)
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Version du 12 novembre 2011 à 02:00
Nous méprisons les mendiants de l’Empire. Ces âmes perdues sont les pauvres et les misérables du pays. Il n’existe point de ville sans mendiants. La plupart sont si démunis qu’ils n’ont que leurs maigres oripeaux pour tout bien. Ils se nourrissent des déchets dont nous ne voulons point. Nous leur abandonnons quelques piécettes pour ne pas avoir à penser à leur triste sort.
Imaginez ma surprise lorsque j’entendis l’histoire du Prince mendiant ! Un prince mendiant ? Ma curiosité était grande. Voici donc l’histoire qui m’a été contée. Cela se passe à l’aube des temps, alors que les dieux marchaient comme les hommes et que les Daedras rôdaient dans les grandes étendues sauvages en toute impunité… C’était avant qu’ils ne soient confinés en Oblivion.
Il était une fois un homme appelé Persuah. Ou peut-être était-ce une femme. L’histoire ne le dit pas. Persuah était le treizième enfant d’un roi de Val-Boisé. En tant que tel, Persuah n’était pas en mesure de prendre le pouvoir ou même d’hériter d’un bien quelconque.
Persuah décida de quitter le palais paternel pour faire fortune en d’autres lieux. Après plusieurs jours de marche sur d’interminables sentiers de forêts, après avoir laissé moult villages derrière lui, Persuah aperçut trois hommes penchés sur un mendiant. Emmitouflé dans d’affreux haillons, il était couvert de la tête aux pieds. Pas le moindre pouce de son corps n’était visible. Les hommes s’apprêtaient à l’assassiner...
Persuah poussa un cri de rage et d’indignation et se jeta sur les hommes en dégainant son épée. Simples citadins, armés de fourches et de faux, les malfrats prirent la fuite face à ce personnage en armure, armé d’une épée luisante.
- Merci de m’avoir sauvé la vie, souffla une voix rauque, provenant du tas de hardes. L’odeur nauséabonde incommoda fortement Persuah.
- Comment t’appelles-tu, pauvre hère ? demanda Persuah.
- Je m’appelle Namira.
Contrairement aux gens de la ville, Persuah était cultivé. Si ce nom ne leur disait rien, Persuah le connaissait bien, lui. Il y vit une occasion en or.
- Mais tu es la dame daedra ! s’exclama Persuah. Pourquoi as-tu laissé ces hommes te faire du mal ? Tu aurais pu les tuer d’une seule parole !
- Je suis heureuse que tu m’aies reconnue, répondit Namira d’une voix rauque. Les gens de la ville me vilipendent. A défaut d’être connue par mon nom, je le suis par mes attributs...
Persuah savait que Namira était la dame daedra régnant sur la vulgarité et la crasse. Les maladies telles que la lèpre et la gangrène relevaient de son domaine. Là où certains auraient vu le danger, Persuah vit une occasion rêvée.
- O grande Namira, permets-moi d’être ton apprenti ! Je te demande seulement de m’accorder le pouvoir de faire fortune et de me forger un nom qui perdurera au travers des âges.
- Que nenni ! Je fais cavalier seul. Je n’ai point besoin d’apprenti.
Namira descendit le chemin d’un pas traînant. Il en fallait plus pour décourager Persuah. D’un bond, il se retrouva aux pieds de Namira, la suppliant de l’accepter comme apprenti. Pendant 33 jours et 33 nuits, Persuah lui servit ses arguments. Namira ne disait mot, pas plus que les paroles de Persuah ne tarissaient. Enfin, le trente-troisième jour, la voix de Persuah se cassa.
Namira regarda la silhouette devenue silencieuse. Persuah s’agenouilla dans la boue à ses pieds, en tendant les mains en signe de supplication.
- On dirait que tu as terminé ton apprentissage, déclara Namira. Je vais répondre à ta requête.
Persuah sentit la joie sourdre en lui.
- Je t’accorde le pouvoir de la maladie. Tu peux choisir d’être affligé par le mal de ton choix, tu peux en changer quand bon te semble, tant qu’il présente des symptômes visibles. Tu dois toujours être atteint par une maladie au moins.
Je t’accorde le pouvoir de pitié. Tu attireras la pitié de tous ceux qui te regarderont. Enfin, je t’accorde le pouvoir de l’indifférence. Les autres peuvent être indifférents à ta présence, si tu le souhaites.
Persuah était consterné. Il n’y avait là rien qui lui permît de faire fortune. Il s’agissait de sorts, tous plus atroces les uns que les autres, pis encore une fois réunis.
- Comment puis-je faire fortune et me forger un nom avec ces pouvoirs terribles ?
- Comme tu as mendié à mes pieds pendant 33 jours et 33 nuits, tu mendieras ta fortune dans les villes des hommes. Ton nom deviendra une légende parmi les mendiants de Tamriel. L’histoire de Persuah, le Prince mendiant, sera transmise de génération en génération.
Il advint ce que Namira prédit. Persuah devint un mendiant d’excellence. Personne ne pouvait jeter un regard sur lui sans jeter une pièce à l'amas de haillons qu’il formait. Par ailleurs, Persuah découvrit que le pouvoir de l’indifférence lui donnait accès aux mystères des royaumes. Innocemment, les gens dévoilaient de véritables secrets tandis que Persuah les écoutait. Il finit par connaître les moindres confidences des habitants de toutes les villes.
Aujourd’hui encore, on dit que si vous cherchez un renseignement, il faut vous adresser aux mendiants. Leurs yeux et leurs oreilles traînent partout. Ils connaissent toutes les confidences et les moindres secrets des gens des villes.