Dernier fourreau d'Akrash : Différence entre versions
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Version du 21 mars 2015 à 12:47
Le Dernier Fourreau d'Akrash
Par Tabar Vunqidh
Durant plusieurs chaudes journées de l'été 3E 407, une jeune Dunmer des plus séduisantes rendait régulièrement visite à l'un des maîtres armuriers de la cité de Larme. Les gens du voisinage estimaient qu'elle était jeune et belle à en juger par sa silhouette et son allure mais, en réalité, personne n'avait vu son visage couvert d'un voile. L'armurier fermait son établissement et, après avoir renvoyé ses apprentis pendant quelques heures, il se retirait avec elle à l'arrière de la boutique. Puis, au milieu de l'après-midi, elle partait pour revenir à la même heure le lendemain. Tout le monde se demandait bien ce que le vieil homme pouvait faire avec cette jeune femme et cela donna naissance à des plaisanteries d'un goût douteux. Après plusieurs semaines, il n'y eut plus de visites et la vie reprit son cours normal dans les bas-fonds de Larme.
Un mois ou deux après que les visites eurent cessé, dans l'une des nombreuses tavernes du voisinage, un jeune tailleur, légèrement pris de boisson, demanda à l'armurier :
" Qu'est-il donc arrivé à votre jeune amie ? Vous avez brisé son coeur ? "
L'armurier, parfaitement au courant des rumeurs, répondit simplement : " C'est une jeune dame de bonne éducation. Il n'y avait rien entre elle et quelqu'un comme moi.
- Alors que faisait-elle dans votre boutique pendant toutes ces journées ? demanda une jeune femme de la taverne qui mourait d'impatience que l'on discute de ce sujet.
- Si vous voulez le savoir, répondit l'armurier, je lui enseignais mon art.
- Vous nous faites marcher, dit en riant le tailleur.
- Non, la jeune dame avait une fascination particulière pour mon art, répondit l'armurier, avec une note de fierté, avant de se perdre dans ses rêveries. Je lui ai enseigné comment réparer les épées, comment corriger toutes sortes d'entailles, de brèches, de fissures et remettre en état des pommeaux fendus ou des poignées abîmées. Quand elle a commencé, elle ne savait absolument pas comment fixer une poignée sur une épée. Bien entendu, elle ne connaissait rien à ces techniques, comment les auraient-elles apprises ? Mais elle n'avait pas peur de se salir les mains. Je lui ai appris comment appliquer les incrustations d'argent et d'or sur les plus belles épées et comment les polir jusqu'à donner l'impression que ce sont les dieux qui viennent de les forger. "
La fille de taverne et le tailleur se mirent à rire. Ce qu'ils pensaient n'avait aucune importance, l'armurier parlait de l'apprentissage de la jeune dame comme d'un ancien amour perdu.
La plupart des clients de la taverne auraient volontiers écouté l'histoire pathétique de l'armurier, si une rumeur plus importante n'avait capté leur attention. On avait découvert un autre marchand d'esclaves assassiné au coeur de la ville. On l'avait éventré. Cela en faisait six en moins de quinze jours. Certains appelaient l'assassin le Libérateur mais cette sorte de zèle anti-esclavagisme était assez rare parmi les gens du peuple. On préférait l'appeler l'Elagueur, plusieurs des victimes ayant été décapitées. D'autres avaient juste étaient pourfendues ou éventrées mais le tueur gardait son surnom d'Elagueur.
Alors que les plus enthousiastes prenaient des paris sur les conditions dans lesquelles on découvrirait le prochain esclavagiste, plusieurs dizaines de survivants de cette profession se rencontraient à la demeure d'Hlaluu Minegaur. Minegaur était un membre modeste de la Maison Hlaluu, mais un membre important de la fraternité des marchands d'esclaves. Peut-être que ses meilleures années étaient derrière lui mais ses associés se fiaient encore à sa sagesse.
" Il nous faut faire le point sur tout ce que nous savons de cet Elagueur et orienter nos recherches en fonction, dit Minegaur assis face à sa magnifique cheminée. Nous savons qu'il hait l'esclavage et les marchands d'esclaves. Nous savons qu'il sait se servir d'une épée. Nous savons qu'il est suffisamment discret et malin pour exécuter nos confrères les mieux protégés. Pour moi, il s'agit d'un aventurier, d'un étranger. Il n'est sûrement pas citoyen de Vvardenfell, aucun d'eux ne s'en prendrait à nous de cette manière. "
Les marchands d'esclaves acquiescèrent. Un étranger était vraisemblablement à l'origine de leurs ennuis. C'était toujours comme ça.
" Si j'étais plus jeune de cinquante ans, je prendrais mon épée Akrash. Minegaur fit un geste en direction de l'arme accrochée à la cheminée. Et je me joindrais à vous pour trouver ce monstre. Cherchez-le là où se réunissent les aventuriers, dans les tavernes et les guildes. Et montrez-lui comment vous savez vous y prendre pour élaguer les gens. "
Les marchands d'esclaves rirent poliment.
" Je suppose que vous ne nous permettrez pas de prendre votre épée pour cette exécution ? demanda Soron Jeles, un jeune esclavagiste enthousiaste.
- Ce serait une excellente utilisation pour Akrash, soupira Minegaur. Mais j'ai fait voeu de la rengainer le jour où je prendrai ma retraite. "
Minegaur appela sa fille Péliah pour qu'elle apporte encore du flin à ses invités mais ces derniers refusèrent. Cette nuit serait une nuit de chasse, pas d'ivresse. Minegaur approuva leur décision d'autant que cette liqueur était particulièrement onéreuse.
Quand le dernier des esclavagistes se retira, le vieil homme embrassa sa fille sur le front, jeta un dernier coup d'oeil admiratif à Akrash et alla se coucher. A peine s'était-il rendu dans sa chambre que Péliah s'empara de l'arme et s'en alla avec elle à travers les champs derrière la demeure. Elle savait que cela faisait des heures que Kazaagh l'attendait dans les étables.
Il jaillit de l'ombre et l'enserra dans ses bras puissants et velus. Il l'embrassa longuement et tendrement. Après l'avoir étreint aussi longtemps qu'elle l'osait, elle s'écarta et lui tendit l'épée. Il testa son tranchant.
" Le meilleur des armuriers khajiits ne pourrait atteindre cette perfection, dit-il en regardant sa promise avec fierté. Et pourtant je l'ai ébréchée la nuit dernière.
- Oui, effectivement, répondit Péliah. Vous avez dû traverser une cuirasse de fer.
- Les esclavagistes prennent des précautions maintenant, ajouta Kazagh. Qu'ont-ils dit au cours de la réunion ?
- Ils pensent que c'est un aventurier étranger, dit-elle en riant. Cela ne leur est pas venu à l'esprit qu'un esclave khajiit puisse être suffisamment fine lame pour être l'Elagueur.
- Et votre père ne se doute pas que c'est sa chère Akrash qui frappe le coeur de l'oppression ?
- Pourquoi s'en douterait-il, puisque chaque jour il la découvre aussi belle que la veille ? Maintenant je dois y aller avant que quelqu'un ne remarque mon absence. Ma nourrice vient me voir quelquefois pour me parler du mariage comme si j'avais le choix dans cette affaire.
- Je te promets, dit Kazagh sérieusement. Tu ne seras pas obligée de te marier pour assurer la dynastie d'esclavagistes de ta famille. Le dernier fourreau dans lequel Akrash sera rengainée sera le coeur de ton père. Et quand tu seras orpheline, tu pourras libérer les esclaves et te marier avec qui tu veux.
- Je me demande qui cela pourra bien être ", se moqua Péliah avant de sortir en courant des étables.
Juste avant l'aube, Péliah se réveilla et sortit discrètement dans le jardin où elle retrouva Akrash cachée dans les vignes. Le tranchant était encore assez affûté mais il y avait des rayures verticales sur sa surface. Une autre décapitation, pensa-t-elle tandis qu'elle commençait à effacer les marques avec une pierre ponce. Puis elle polit la lame avec un mélange de sel et de vinaigre. Elle était raccrochée à la cheminée, en parfait état, lorsque son père se rendit dans le salon pour prendre son déjeuner.
Quand on apprit que Kemillith Torom, le futur époux de Péliah, avait été retrouvé la tête sur une pique, elle n'eut pas à simuler son chagrin. Son père savait qu'elle ne voulait pas l'épouser.
" C'est une honte, dit-il. Ce garçon était un bon esclavagiste. Mais il y a bien d'autres jeunes hommes qui apprécieraient une alliance avec notre famille. Que dis-tu du jeune Soron Jeles ? "
Deux nuits plus tard, Soron Jeles eut la visite de l'Elagueur. Le combat ne dura pas longtemps mais Soron avait songé à préparer une petite protection : une épine trempée dans la sève d'une plante empoisonnée. Après qu'il eut été frappé à mort, il s'effondra et frappa Kazagh avec l'épine. Quand le Khajiit parvint à la demeure de Péliah, il était en train de mourir.
La vue trouble, il escalada la demeure jusqu'à la fenêtre de Péliah et frappa. Cette dernière ne répondit pas tout de suite car elle était profondément endormie et rêvait de son avenir avec son amant khajiit. Il tapa plus fort ce qui réveilla non seulement Péliah mais aussi son père dans la chambre voisine.
" Kazagh ! " cria-t-elle en ouvrant la fenêtre. Minegaur arriva dans la chambre juste après.
En voyant ceci, son esclave, sa propriété, se préparant à décapiter sa fille avec sa propre épée, il sentit son corps déborder d'énergie. Minegaur se rua sur le Khajiit mourant et lui arracha l'épée des mains. Avant que Péliah ait pu l'en empêcher, son père avait enfoncé son épée dans le coeur de son amant.
Le vieil homme laissa tomber son arme et se dirigea vers la porte pour appeler la garde. Il songea alors à s'assurer que sa fille n'avait pas été blessée. Il se retourna. Pendant un instant, il se sentit désorienté, sentant la force du coup mais pas la lame. Puis il vit du sang et sentit la douleur. Avant qu'il ne comprenne vraiment que sa fille lui avait enfoncé Akrash dans le corps, il était mort. L'épée avait enfin retrouvé son fourreau.
Une semaine plus tard, après l'enquête, l'esclave fut enterré dans une tombe anonyme de la demeure et Hlaluu Minegaur fut placé dans le somptueux mausolée familial. Une foule de curieux vint assister aux funérailles du noble qui était en secret le sauvage Elagueur. L'auditoire se montra respectueusement silencieux mais tous songeaient aux derniers instants de la vie de cet homme. L'attaque de sa propre fille dans un accès de folie, défendue par un esclave loyal mais sans défense, puis son suicide avec sa propre arme.
Parmi les curieux se trouvait un vieil armurier qui vit pour la dernière fois la jeune dame voilée avant qu'elle ne disparaisse de Larme à tout jamais.