Nouveau guide impérial de Tamriel/Hauteroche : Différence entre versions
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{{Lettrine|P}}our les Brétons, le roi Émeric de Cumbrie est l'incarnation même de la réussite. Au lieu de paresser dans un palais et de maltraiter ses serviteurs, il a passé sa jeunesse à apprendre le commerce auprès de son père tout en suivant un entraînement martial rigoureux chez les dragons lourds de Ménévia. L'été, il escortait la caravane d'Abondance, mettant à l'épreuve son courage contre les gobelins et les Crevassais. Il n'avait que vingt ans lorsque les envahisseurs de Durcorach l'ont contraint à se retrancher derrière les murailles de Haltevoie avec d'autres guerriers-marchands. | {{Lettrine|P}}our les Brétons, le roi Émeric de Cumbrie est l'incarnation même de la réussite. Au lieu de paresser dans un palais et de maltraiter ses serviteurs, il a passé sa jeunesse à apprendre le commerce auprès de son père tout en suivant un entraînement martial rigoureux chez les dragons lourds de Ménévia. L'été, il escortait la caravane d'Abondance, mettant à l'épreuve son courage contre les gobelins et les Crevassais. Il n'avait que vingt ans lorsque les envahisseurs de Durcorach l'ont contraint à se retrancher derrière les murailles de Haltevoie avec d'autres guerriers-marchands. | ||
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La Garde du lion est extrêmement populaire à travers Hauteroche, et bien que certains seigneurs soient contrariés par son autonomie, et par l'infériorité de leurs propres troupes, ils gardent le silence ou se montrent ouvertement enthousiastes quand vient le moment de solliciter son aide pour faire face à une catastrophe. La plupart des chevaliers de l'ordre ont approuvé la fusion des différentes régions de la province décidée par l'Alliance, y voyant la consécration de leur mission originelle de réunification du peuple bréton. C'est donc sans surprise que le seigneur général de la Garde du lion a juré allégeance à la nouvelle alliance. Depuis, ses chevaliers servent de garde d'élite aux souverains locaux, et font preuve d'un dévouement sans faille. | La Garde du lion est extrêmement populaire à travers Hauteroche, et bien que certains seigneurs soient contrariés par son autonomie, et par l'infériorité de leurs propres troupes, ils gardent le silence ou se montrent ouvertement enthousiastes quand vient le moment de solliciter son aide pour faire face à une catastrophe. La plupart des chevaliers de l'ordre ont approuvé la fusion des différentes régions de la province décidée par l'Alliance, y voyant la consécration de leur mission originelle de réunification du peuple bréton. C'est donc sans surprise que le seigneur général de la Garde du lion a juré allégeance à la nouvelle alliance. Depuis, ses chevaliers servent de garde d'élite aux souverains locaux, et font preuve d'un dévouement sans faille. | ||
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|texte={{Lettrine|L}}es Brétons forment un peuple grincheux et querelleur, mais aussi très versatile et potentiellement dangereux pour l'empire. Leur ascendance nède, teintée d'un soupçon de sang altmer, leur confère une grande affinité pour la magie. La Guilde des mages est extrêmement puissante dans cette région de Tamriel. Ils n'ont certes pas la force des Nordiques ou la prestance des Rougegardes, mais les Brétons sont nerveux et résistants. Ils honorent le culte des huit Divins et sont presque aussi dévots que les Impériaux coloviens. | |texte={{Lettrine|L}}es Brétons forment un peuple grincheux et querelleur, mais aussi très versatile et potentiellement dangereux pour l'empire. Leur ascendance nède, teintée d'un soupçon de sang altmer, leur confère une grande affinité pour la magie. La Guilde des mages est extrêmement puissante dans cette région de Tamriel. Ils n'ont certes pas la force des Nordiques ou la prestance des Rougegardes, mais les Brétons sont nerveux et résistants. Ils honorent le culte des huit Divins et sont presque aussi dévots que les Impériaux coloviens. | ||
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Le culte de ces entités est strictement interdit par les Impériaux, et même si l'étude de ces idoles hérétiques est encouragée, il y a une ligne claire entre analyse et adoration. Une ligne à ne pas franchir. | Le culte de ces entités est strictement interdit par les Impériaux, et même si l'étude de ces idoles hérétiques est encouragée, il y a une ligne claire entre analyse et adoration. Une ligne à ne pas franchir. | ||
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En visitant avec émerveillement la grande cité de Haltevoie, j'ai réalisé toute l'emprise du roi Émeric sur ses sujets, pour la plupart loyaux. Mes chaperons de la Garde du Lion étaient polis, sans chercher pour autant à cacher leur mépris. J'ai dessiné leurs armes et armures malgré les questions sarcastiques qu'ils me posaient, comme "Êtes-vous vraiment un écrivain explorateur, ou simplement l'espion le plus maladroit de l'histoire ?". J'ai souri à leurs provocations, mais sous mon attitude respectueuse, je bouillais de colère. | En visitant avec émerveillement la grande cité de Haltevoie, j'ai réalisé toute l'emprise du roi Émeric sur ses sujets, pour la plupart loyaux. Mes chaperons de la Garde du Lion étaient polis, sans chercher pour autant à cacher leur mépris. J'ai dessiné leurs armes et armures malgré les questions sarcastiques qu'ils me posaient, comme "Êtes-vous vraiment un écrivain explorateur, ou simplement l'espion le plus maladroit de l'histoire ?". J'ai souri à leurs provocations, mais sous mon attitude respectueuse, je bouillais de colère. | ||
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Baigné par la lumière d'Aetherius qui filtrait à travers les vitraux du sanctuaire, j'ai senti la chaleur de Mara pour la première fois depuis mon arrivée à Haltevoie, et j'en ai profité pour reposer un peu mes os fatigués. Un dernier moment de répit avant mon départ. | Baigné par la lumière d'Aetherius qui filtrait à travers les vitraux du sanctuaire, j'ai senti la chaleur de Mara pour la première fois depuis mon arrivée à Haltevoie, et j'en ai profité pour reposer un peu mes os fatigués. Un dernier moment de répit avant mon départ. | ||
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+ | Il était temps pour moi de quitter Haltevoie et de partir vers le nord, plus loin dans la province. La Garde du Lion m'a proposé une monture, mais ma peur des gros animaux m'a contraint à refuser. Le sac plein de provisions, je suis parti à pied sur la route de la cité de Taillemont, dans la région de Brisecime. | ||
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Mis à part des fermes isolées, progressivement remplacées par des ravines et des monts escarpés, j'ai croisé très peu d'habitations avant d'atteindre l'Abbaye des parias. Ce monastère, qui porte bien son nom, est ouvertement consacré au culte d'Azura. Sœur Jerique, l'une de ses prêtresses, m'a même invité à « communier avec l'Ombre de lune ». J'ai poliment refusé, mais j'ai accepté le breuvage sucré qu'elle m'a proposé. Bien qu'hérétique, la présence d'Azura était étrangement réconfortante. | Mis à part des fermes isolées, progressivement remplacées par des ravines et des monts escarpés, j'ai croisé très peu d'habitations avant d'atteindre l'Abbaye des parias. Ce monastère, qui porte bien son nom, est ouvertement consacré au culte d'Azura. Sœur Jerique, l'une de ses prêtresses, m'a même invité à « communier avec l'Ombre de lune ». J'ai poliment refusé, mais j'ai accepté le breuvage sucré qu'elle m'a proposé. Bien qu'hérétique, la présence d'Azura était étrangement réconfortante. | ||
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« C'était un Sylvegol » m'a expliqué Mannick, encore haletant, alors que je peignais le corps de cet étrange homoncule sylvestre. « Ils ont commencé à apparaître récemment dans les forêts du Nord et du centre de la province. Personne ne sait pourquoi. » | « C'était un Sylvegol » m'a expliqué Mannick, encore haletant, alors que je peignais le corps de cet étrange homoncule sylvestre. « Ils ont commencé à apparaître récemment dans les forêts du Nord et du centre de la province. Personne ne sait pourquoi. » | ||
− | |style="width: | + | |style="width:20em;"|{{Cadre NGI |
|texte=<poem>'''Wergital l'enfant-loup''' | |texte=<poem>'''Wergital l'enfant-loup''' | ||
'''Attribué à Édouard Longtemps''' | '''Attribué à Édouard Longtemps''' | ||
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|[[Fichier:ON-LoupGarou.png]] | |[[Fichier:ON-LoupGarou.png]] | ||
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<center>''Le féroce loup-garou des terres sauvages brétonnes''</center> | <center>''Le féroce loup-garou des terres sauvages brétonnes''</center> |
Version actuelle datée du 14 novembre 2022 à 21:18
Média d'origine : Édition Impériale de TES Online
Par Flaccus Terentius, de la Société Géographique Impériale, 2E581
Les Brétons de l'Alliance de Daguefilante
Je garde peu de souvenirs de mon périple de la Cité impériale jusqu'à Haltevoie, tant ce premier voyage en haute mer m'a rendu malade. C'est avec un immense soulagement que j'ai vu notre navire atteindre enfin les eaux plus calmes de la Baie d'Iliaque. Le capitaine a mis une chaloupe à ma disposition pour rejoindre le rivage. Sitôt à terre, j'ai posé mes affaires sur la jetée avant de faire signe à un enfant crasseux. Motivé par la promesse d'une pièce d'or, il s'est empressé de m'indiquer le plus court chemin vers le centre d'Haltevoie. Confiant, j'ai emprunté son "raccourci", mais les pavés sous mes pieds ont rapidement laissé place à la boue, les bâtiments autour se faisant de plus en plus précaires et miteux. Des visages émaciés m'observaient depuis ces taudis lugubres. J'ai pressé le pas vers l'ouest, maudissant la malhonnêteté de mon guide. Quelque peu désorienté par la brume marine, je me suis retrouvé dans une frayère de dreughs. "Éloignez-vous des auges !", m'a crié un homme couvert de boue depuis sa cabane. Je me suis vite exécuté. "Du balai ! Évitez les matriarches et vous n'aurez rien à craindre !" J'ai réussi à contenir mon agacement et à dessiner ces créatures aux airs de crustacés. Revenant sur mes pas, j'ai retrouvé le petit menteur et je l'ai vertement sermonné sur ses méthodes.
J'ai passé un peu de temps à étudier et à peindre la campagne de Havre-tempête, un charmant domaine fait de collines vallonnées, de plaines alluviales, de saillies rocheuses et de boqueteaux anciens. L'endroit pourrait être enchanteur s'il n'était pas plongé dans une perpétuelle pénombre et fréquemment secoué par le tonnerre quand les éclairs de rage de Kynareth déchirent le ciel. Après ma visite imprévue des quartiers pauvres, j'ai rassemblé mon courage pour ma rencontre avec le haut-roi Émeric. Armé de mes lettres de créance, je me suis frayé un chemin à travers la foule de Haltevoie pour rejoindre le palais. Mon audience avec le roi (et ma requête pour l'exploration à travers sa province) ne tenait qu'à moi. "Émeric Premier, comte de Cumbrie, roi de Haltevoie, et par la grâce des Divins, haut-roi de l'Alliance de Daguefilante. Avancez et prosternez-vous." Un héraut imposant m'a fait signe d'approcher. Émeric a jeté un rapide coup d’œil à mes documents officiels avant de poser son regard sur moi. C'était un homme encore relativement jeune, mais ses yeux étaient déjà cernés de rides ; les guerres de sa province l'avaient manifestement usé.
"Voyons... Flaccus Terentius, c'est bien cela ? Vous êtes un émissaire du chancelier Tharn ? Je trouve l'homme déplaisant, mais c'est un des puissants de Cyrodiil. Pour le moment tout du moins. Il a alors fait signe à un Rougegarde portant les insignes de la Garde du lion. "Veillez à la sécurité de notre hôte. Terentius, vous pouvez retirer vos fonds à la banque de Haltevoie. Ce sera tout..." Et j'ai été mis dehors comme le dernier des domestiques. Ah, les rois !
En visitant avec émerveillement la grande cité de Haltevoie, j'ai réalisé toute l'emprise du roi Émeric sur ses sujets, pour la plupart loyaux. Mes chaperons de la Garde du Lion étaient polis, sans chercher pour autant à cacher leur mépris. J'ai dessiné leurs armes et armures malgré les questions sarcastiques qu'ils me posaient, comme "Êtes-vous vraiment un écrivain explorateur, ou simplement l'espion le plus maladroit de l'histoire ?". J'ai souri à leurs provocations, mais sous mon attitude respectueuse, je bouillais de colère.
Après mon expérience désagréable avec la Garde du Lion, j'ai été soulagé de trouver un moment de paix dans la cathédrale de Haltevoie. La prêtresse Gidric m'a appris que la noblesse de la ville venait prier ici, et que le couronnement d'Émeric avait eu lieu sous cette voûte. Cela ne m'a pas surpris : ces arcades de pierre sont certes loin d'avoir la magnificence de celles de la grande cathédrale de la Cité impériale, mais elles constituent une prouesse architecturale digne de respect. Les Brétons ont vraiment fait de leur mieux. Baigné par la lumière d'Aetherius qui filtrait à travers les vitraux du sanctuaire, j'ai senti la chaleur de Mara pour la première fois depuis mon arrivée à Haltevoie, et j'en ai profité pour reposer un peu mes os fatigués. Un dernier moment de répit avant mon départ.
Mis à part des fermes isolées, progressivement remplacées par des ravines et des monts escarpés, j'ai croisé très peu d'habitations avant d'atteindre l'Abbaye des parias. Ce monastère, qui porte bien son nom, est ouvertement consacré au culte d'Azura. Sœur Jerique, l'une de ses prêtresses, m'a même invité à « communier avec l'Ombre de lune ». J'ai poliment refusé, mais j'ai accepté le breuvage sucré qu'elle m'a proposé. Bien qu'hérétique, la présence d'Azura était étrangement réconfortante. Loin d'être rassasié, j'ai repris la route pour finir par trouver une petite auberge à l'âtre et au propriétaire fort accueillants. La bière qu'il m'a servie m'est rapidement montée à la tête, et j'ai décidé de faire une petite promenade au crépuscule pour m'éclaircir les idées. La signalisation et l'éclairage de ces maudits chemins de campagne sont déplorables. Le sol sous mes pieds s'est fait de plus en plus pentu et broussailleux, et je me suis retrouvé dans un profond ravin. Des contreforts rocheux encerclaient une clairière parsemée de buissons noueux et dominés par une effigie de Vaermina semblant tout droit sortie d'un cauchemar. L'esprit rempli d'images terrifiantes de sacrifices rituels, j'ai examiné prudemment ce monument dédié au prince des rêves. Les flammes des bougies étaient bien droites : le vent avait cessé de souffler. Je ne pouvais pas rester là. Tout à coup, j'ai entendu une voix : « Prenez garde, Flaccus Terentius. Les dangers sont nombreux sous le clair de lune ».
J'ai poussé un cri de surprise. Mais la voix était familière, rassurante. C'était Jerique. Je me suis alors rappelé ce qu'elle m'avait dit sur les Songeurs transcendants de Vaermina, de dangereux fanatiques actifs dans la région. Nerveux, j'ai sollicité son aide, et elle m'a raccompagné jusqu'à l'auberge. J'ai été réveillé le lendemain matin par l'aubergiste venu m'apporter mon petit-déjeuner. Une rose noire était posée sur la table à côté de moi. Un détachement de soldats brétons s'est joint à moi sur la route de Taillemont et m'a offert sa protection pendant notre marche (un peu trop soutenue à mon goût) vers le Nord depuis Nouesseuil, laissant Havre-Tempête derrière nous. Il convient ici de revenir un peu sur l'histoire sanglante de Brisecime. Le paysage tourmenté de Brisecime abrite une variété de vampires sauvages appelés Sanguinars. Par chance, leur mal ne semble pas très contagieux, ou la région en serait déjà infestée.
« C'est ici que nos chemins se séparent. » Mannick Noellaume m'avait conduit jusqu'à l'un des sites les plus sacrés de son peuple, et me faisait maintenant ses adieux. J'ai passé la soirée à noircir du parchemin au milieu des mausolées, avant de dresser mon camp en compagnie des nobles défunts de Hauteroche. L'étape suivante a été aussi longue qu'épuisante. Heureusement, ma traversée de Sorcemarr s'est faite sans incident. Les notes du guide sont pour la plupart exactes, et incluent une représentation fidèle de l'antre d'une Macrale, ainsi qu'un portrait effrayant de ces ermites verruqueuses. Mais comment nos brillants explorateurs ont-ils pu patauger dans ce marais et oublier d'en mentionner l'odeur ?
Après avoir manqué de perdre une botte dans ces marécages, j'ai finalement réussi à laisser la boue et la brume derrière moi pour pénétrer dans les bois touffus de Glenumbrie. Je m'efforçais d'allumer un feu de camp quand j'ai eu la surprise d'être réprimandé par une inconnue vêtue de vert et de marron. « Pas de feu ici, étranger. Maintenant suivez-moi. » J'ai ainsi été escorté dans le val des Wyresses de Beldama, une vaste clairière dominée par l'immense Wyrdarbor, un chêne colossal dont l'épais feuillage masquait le ciel. J'ai remarqué des feux, des petites huttes en bois drapées de mousse barbue et des tentes dispersées dans toute la vallée. La sorcière agile parlait d'une voix douce : « Prenez un peu de bouillon. Restez parmi les veilleuses du grand vert et surveillez vos manières ». Pour des primitives, ces sorcières se sont montrées polies et respectueuses. Du moins, jusqu'à ce que je leur demande de partager l'une de leurs huttes avec moi, une requête promptement rejetée. Et leurs doyennes ne m'ont même pas accordé un regard. Mais la soupe était bonne, et je me suis installé le plus confortablement possible contre une tente pour la nuit. Je me suis réveillé en sursaut peu après. Les bruits de la forêt étaient noyés par une mélopée rythmée. La lueur du Wyrdarbor était la seule source de lumière. Mon cou était douloureux et mes vêtements humides et froids, alors quand j'ai remarqué que la porte de la hutte voisine était ouverte, j'y ai vu une invitation à entrer. Le lit de la Wyresse avait l'air confortable, mais j'ai préféré jouer la carte de la prudence et m'installer près des braises encore chaudes de l'âtre. J'ai eu un sommeil agité. Je me souviens seulement d'une voix râpeuse :
A la lisière des bois, j'ai découvert une barrière et un panneau usé indiquant la direction de la scierie de Deleyn. J'ai suivi le chemin qui serpentait à travers les collines, heureux de sentir les rayons du soleil me réchauffer les os. Le hameau en vue, alors que je m'étais arrêté pour retirer un caillou de ma botte, j'ai été salué par un petit homme portant péniblement une énorme musette. "Vous achetez ?" m'a-t-il demandé. J'ai examiné l'assortiment de vieux pots, de coupes ébréchées et de breloques sans valeur qu'il me présentait en réprimant un fou rire. "Ces babioles ne valent rien, vieux fou !" me suis-je finalement exclamé, peut-être un peu trop méchamment. Je trouverais de meilleurs articles dans la tombe d'un mendiant. Du balai !" Le marchand s'est figé, abasourdi par mes paroles, et je me suis éloigné de lui à cloche-pied. J'avais à moitié remis ma botte quand un grand fracas m'a fait sursauter. J'ai cru que le vieux marchand s'était effondré, mais quand je me suis retourné, j'ai vu que ses yeux brûlaient d'une lueur sauvage. Il a fixé son regard sur moi et a commencé à grogner et à gesticuler comme un dément. Il m'a fallu un moment pour réaliser qu'il était en train de se transformer. Son corps s'est couvert de poils et ses vêtements miteux sont tombés. C'est en voyant son nez devenir un long museau noir et en entendant ses os craquer que je me suis enfin décidé à courir. J'avais offensé un loup-garou ! J'ai fui à toutes jambes, abandonnant ma botte dans un fossé, persuadé de sentir l'haleine fétide de la bête sur ma nuque Jetant un regard par-dessus mon épaule, je l'ai vue s'arrêter pour ramasser une cruche avant de se remettre à ma poursuite J'ai remercié les huit Divins (dans l'ordre) en voyant enfin les gardes de la scierie. Le loup-garou était à portée de flèche, il a hurlé avant de prendre la fuite, sa musette sous le bras, alors que je m'écroulais au pied d'un de mes sauveurs. Si ce monstre n'avait pas été aussi attaché à sa ferraille... Enfin, je préfère ne pas y penser.
J'ai récupéré ma botte avant de me retirer à la taverne locale. Une serveuse au visage couvert de taches de rousseur m'a servi des saucisses avant de pousser un hoquet de surprise en voyant ma plume d'écriture. « C'est une plume de harpie ! » s'est-elle exclamée avec un grand sourire. « Effectivement. Son bec est particulièrement résistant et permet d'écrire plus longtemps entre de trempage dans l'encre. » « Vous avez dû la trouver à Hurlefaille ! » a-t-elle ajouté avant de me poser des questions sur une reine harpie dénommée Malefala. Le lendemain matin, j'ai décidé de faire un petit détour pour observer ces mystérieuses créatures. J'ai suivi les indications de la serveuse, et après une petite heure de trajet, j'ai trouvé les nids de Hurlefaille. Les harpies étaient bien là, et en nombre. Je me suis caché dans un buisson pour esquisser à la hâte un spécimen vigoureux dans toute son impudeur. Ne laissez pas leur apparence humaine vous tromper : ces créatures n'ont rien de civilisé. Je les ai vues régurgiter un gruau infect pour nourrir leurs petits et se battre entre elles dans un tourbillon de cris stridents et de serres tranchantes. Je suis reparti avec trois plumes que j'avais ramassées, et une nouvelle estime pour mon fournisseur.
Après avoir visité la guilde des guerriers et dessiné une fontaine brétonne, je me suis vu refuser l'accès au château de Daguefilante, et j'ai donc passé l'après-midi à peindre l'imposante mosaïque de la guilde des mages, vue depuis le premier étage du bâtiment. Je me dois de concéder un certain émerveillement : cette structure est presque aussi élégante et délicate que celle de la Cité impériale ! Mon admiration a toutefois été entachée par ma confrontation avec un archiviste, qui a refusé de reconnaître que mon érudition impériale était supérieure à son éducation quelque peu paroissiale. Ce petit rat de bibliothèque arrogant mériterait d'être remis à sa place. L'âtre était rouge et crépitant. J'apposais la touche finale à ma peinture de l'auberge quand son propriétaire, Grégoire Lafont, a déposé un cuissot de bœuf rôti et sa garniture sur ma table. Alors que j'attaquais ce festin en commandant une nouvelle chope d'hydromel, un Rougegarde aux larges épaules s'est installé à côté de moi. « Quel superbe tableau ! » m'a-t-il dit en souriant. « Que buvez-vous ? ». "Uwafa. De Sentinelle. Mon maître cherche un décorateur. Vous feriez parfaitement l'affaire. » J'ai continué à mâcher sans rien dire. « Ah, mais où sont mes manières ? Mille excuses. Je vous laisse à votre assiette. Je serais au coin du feu ». J'étais intrigué. Beaucoup de ces Rougegardes étaient des marchands aux poches bien remplies, et je n'aurais jamais trop de pièces d'or pour mes futures noces. Une fois mon repas terminé, j'ai poussé un rot salutaire et rejoint Uwafa pour en savoir plus sur cet emploi potentiel. « Je pourrais interrompre mon périple quelques jours… Ah, mais que cet hydromel est amer ! Dites-moi, pourquoi ne pas engager un artisan local ? » Uwafa a grimacé. « Parce que mon maître veut un impérial ». Le regard intense, il s'est tout à coup penché vers moi. « Flaccus, vous voulez bien suivre mon doigt un instant ? » Je me suis senti un peu hébété. D'étranges étincelles brouillaient ma vision. J'ai hoché la tête alors qu'Uwafa agitait son gantelet devant moi. « Bien, suivez-moi… » a-t-il ordonné. Je ne garde qu'un souvenir confus de ce qui s'est passé ensuite. Des formes et des couleurs sombres ; des ruelles boueuses, les bas-fonds miteux de Daguefilante. J'avançais en titubant sans cesser de parler. Uwafa m'avait manifestement drogué. Je crois me rappeler l'avoir entendu dire de me préparer à « recevoir la marque du ver ». Il n'avait plus rien d'amical. Essayait-t-il de me faire monter dans un charriot ? Oui c'était bien cela, mais j'ai trébuché sur un chien. Je me suis baissé pour le caresser : je devais vraiment être perturbé. La bête a grogné vers Uwafa avant de se jeter sur lui. Je me suis assis et je l'ai regardée mordre l'adepte. Leur raffut a fini par attirer l'attention de la garde. J'ai entendu des « Au pied ! » Alors que ce scélérat d'Uwafa s'enfuyait. Ce chien m'a sauvé la vie.
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