Contes perdus du célèbre explorateur : fragment III : Différence entre versions

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Version du 31 octobre 2018 à 14:30

Média d'origine : TES Online

Par Solis Aduro


Ils voyagèrent par radeau pendant trois jours, pendant lesquels Branchies-rivière décidait du moment où ils pouvaient dresser le camp et se reposer en sécurité.

Le premier jour, il les fit s'arrêter sous une avancée de roche qui surplombait les berges pendant plusieurs heures, sans leur donner d'explication. Matius tua le temps en apprenant à Riffen ce qu'il savait des plantes et des animaux qui occupaient le marais. Celles et ceux dont il ignorait tout l'intéressaient bien plus, mais il ne pouvait pas s'offrir le luxe de s'adonner au naturalisme en de telles circonstances. Partout, ce n'était qu'oiseaux aux couleurs éclatantes, scarabées géants aux carapaces évoquant des cailloux et petits prédateurs écailleux qui se déplaçaient en bandes pour se délecter des charognes de béhémoths gris. Autant d'êtres auxquels l'université n'avait pas encore donné de nom.

Lorsqu'ils reprirent leur chemin, la nuit tombait. Leur guide leur assura que c'était le meilleur moment pour avancer, malgré leurs protestations. Matius décida de se fier à lui et ils continuèrent donc à descendre la rivière. Salara se joignit à leur contemplation du marais, car à ces heures il s'illuminait des émissions d'étranges gelées phosphorescentes qui passaient lentement sous les racines.

Le deuxième jour, Riffen remarqua quelque chose et attira leur attention d'un cri. Salara retint un hoquet de surprise. Matius se retourna et fut lui aussi frappé de mutisme. De la fange du marais émergeaient deux grandes ailes de métal, semblables à celles d'un papillon de nuit. Même à travers la mousse et la bourbe, il distinguait les dômes jumeaux d'une paire d'yeux en verre ouvragé. Il se demanda immédiatement à quoi ressemblait cette chose dans son entièreté, et ce qu'elle pouvait bien être.

Branchies-rivière ne quitta pas le cours d'eau des yeux. Les crêtes de sa tête vibrèrent toutefois si rapidement qu'elles émirent un bourdonnement.

« Arrêtons-nous ! Je dois l'examiner ! » implora Salara d'une voix tremblante, en tendant la main vers leur guide.

« Impossible », l'informa patiemment Branchies-rivière. « Un léviathan nous suit depuis quelque temps. »

Salara prit un bref instant de réflexion, puis se jeta à l'eau en manquant de faire chavirer leur embarcation, forçant ses compagnons à lutter pour conserver leur équilibre.

« Salara ! » cria Matius alors qu'il luttait pour que leur radeau reste à flot. « Branchies, ralentissez ! »

« Impossible », répliqua-t-il.

L'Altmer avançait aussi vite que possible dans la bourbe, ignorant les suppliques de ses compagnons. Elle dégrafa sa cape et la laissa partir au gré du courant, pour se mouvoir plus aisément. Elle progressait vers l'étrange insecte en agitant les bras, projetant des éclaboussures.

« Dame Salara ! Revenez ! » s'écria Riffen.

Elle avançait très péniblement, ralentie par l'épaisseur de la fange. Elle s'arrêta et commença à murmurer des mots de pouvoir pour, estima Matius, avancer plus facilement. Dans sa main, il distingua sa boussole cassée.

Soudain, il sembla que le marais lui-même l'aspirait vers le fond pour l'avaler. Elle disparut sans produire un son et ne refit jamais surface. C'est à peine si Matius put distinguer une forme qui se mouvait sous les eaux. Son sillage trahissait ses dimensions titanesques. C'est alors qu'il remarqua que la jungle était devenue silencieuse.

La cape du mage dérivait lentement, son agrafe pour seul vestige de son existence.

« Impossible de s'arrêter », répéta leur guide.

Les autres ne le contredirent pas. À vrai dire, ce furent les dernières paroles prononcées ce jour-là. La nuit, ils dormirent dans un arbre grand comme un village.

Le matin suivant, Matius découvrit que Riffen avait disparu. Un message de la main du jeune Nordique lui indiqua qu'il avait vu les lueurs d'un village depuis l'arbre et qu'il était parti dans cette direction pour tenter de rejoindre la civilisation. Il s'excusait de les abandonner. L'explorateur comprit que ce garçon était sûrement déjà mort. Branchies-rivière ne fit aucun commentaire lorsque son employeur lui apprit qu'ils n'étaient plus que deux.

Ce jour-là, ils recommencèrent à voyager par voie de terre. Malgré la difficulté du terrain, l'explorateur préférait cette façon de voyager. Malgré ce soulagement, il était hanté par les souvenirs de sa précédente expédition et l'instant où il devrait se séparer de son guide actuel s'approchait. Ne rien savoir de celui qui le relèverait ne calmait en rien ses craintes. Il se souvenait de ses heures de solitude dans le marais noir et son cœur était serré d'effroi.

La troisième nuit, Branchies-rivière déploya ses crêtes et commença à siffler. Puis, il ordonna à Matius de s'abriter dans une cavité.

Le guide ne l'y suivit pas. Matius ne ferma pas l'œil de la nuit, l'oreille tendue vers ce qu'il interprétait comme des chants et des sifflements de serpent. L'Argonien revint le voir au matin, comme si de rien n'était.

« N'buta va vous rencontrer », se contenta-t-il de dire, avant de tourner les talons et de ne jamais revenir.