Par Jee-Lar
Salutations, Peaux-Sèches et frères argoniens, Jee-Lar vous accueille pour cette nouvelle danse de la curiosité ! J’étudie bien des sujets, et je me rappelle ce que j’ai appris, voilà ma vocation. J’espère donc pouvoir à nouveau répondre à vos nombreuses questions, croyez-moi !
Puisqu’il est établi que les Lamies sont des créatures intelligentes et conscientes douées de parole et capables de communication verbale, pourquoi n’ont-elles pas établi d’habitations plus pérennes ? Elles possèdent des mains capables de fabriquer et d’utiliser des outils, alors qu’est-ce qui entrave leur développement ? – Arch Mikem
- Je ne sais pas d’où en Tamriel vous êtes originaire, beeko Arch, mais ce doit être l’une de ces provinces où un essor économique passager a déclenché une frénésie immobilière, qui a ensuite convaincu les mortels locaux que « construction » égale « développement ». Quelle idée ! Pensez donc. Vraiment, vous me fascinez, peaux-sèches. Il se trouve que vous avez adressé votre question au bon Saxhleel, car j’ai autrefois rencontré une lamie à la frontière du Bois noir. Au cours de notre longue conversation, nous abordâmes de nombreux sujets. Je la rencontrai dans des ruines barsaébiques où elle prenait le sommeil, rassasiée, le vendre distendu. Par tact, je préférai ne pas lui demander ce qu’elle digérait exactement. Je lui demandai en revanche pourquoi les lamies habitaient si souvent dans des ruines, et elle darda de la langue avant de siffler : « C’est l’endroit rêvé ! L’on trouve davantage de cicatrices civiques que de bâtiments intacts en Tamriel. Les humains et les Elfes, si stupides, installent ville après ville, capitulent devant les conflits et les discordes, succombent aux fléaux de la discorde. Et ensuite ? Une abondance de ruines, qu’il ne reste qu’à s’approprier. C’est enfantin ! Assembler un bâtiment soi-même, voilà bien un jeu de dupe. »
Je gagne ma vie dans une boulangerie artisanale spécialisée en délices sucrés, et l’on m’a récemment parlé d’un délicieux ingrédient venu d’Argonie, le « daril ». De quoi s’agit-il, au juste ? Connaissez-vous des recettes mêlant daril et sucre ? Assurément, il y a là un filon rentable à exploiter, oui ? - Hazazhun-dar l’Aigre-doux
- Ah, le daril, quel délice ! Une seule goutte sur la langue d’un Saxhleel, et le tango du vossa-satl prend un goût de poires pétillantes à la menthe poivrée. Un frère d’œuf peut danser toute la nuit avec une flammouche ! Mais rare, si difficile à trouver, oh non, car il faut d’abord attraper une vipère lunaire et exprimer son venin, puis le faire fermenter pour bien des brasses dans la vessie à gaz d’une gelée du marais. Et las, l’affaire est bien moins plaisante pour les peaux-sèches, car il les tue instantanément. Si vous avez du daril, beeko boulanger, ne le goûtez pas… mais gardez-le-moi, voulez-vous ?
Après mon éclosion, je jouai à des endroits souvent interdits par les terne-écailles adultes. Je me rappelle le jour où je vis des dessins apparemment âgés, d’être mi-Saxhleel, mi-arbres. Était-ce un symbole du lien entre l’Hist et nous, ou y eut-il une époque où notre forme était différente ? L’on raconte aussi que même si un humain consomme de la sève d’Hist et grandit avec elle, il deviendra suffisamment argonien. L’Hist est-il donc si généreux avec tout le monde ? – Chasse-la-Sagesse
- Ah, Chasse-la-Sagesse, il me semble que l’enthousiasme de votre jeunesse vous avait amené vers des lithographes de la Parabole du Devenir, fût-ce une représentation grossière et ambiguë, ce qui explique peut-être le tabou posé par vos aînés. Vous connaissez l’histoire dont je parle : l’allégorie de l’Hist percevant les Humains et les Elfes, admirant « leurs jambes qui marchent et leurs mains astucieuses », puis moulant les Lézards Utiles du marais jusqu’à en faire des Argoniens.
- Quant aux effets de la sève d’Hist sur les peaux-sèches, j’ai entendu dire que certains Hauts-Elfes avaient eu la mauvaise idée de mener des expériences, dont d’autres avaient su les dissuader. Cela vaut sans doute mieux, oui oui ?
Quel est le nom de votre Province en Jel ? Elle est aujourd’hui baptisée Argonie, ou pire, Marais noir. Ces deux noms sont étrangers, et qui plus est plaqués par d’autres races, mais alors, pourquoi tous les guides et ouvrages érudits les utilisent-ils pour désigner votre belle et mystérieuse patrie ? C’est injuste ! Je vous demande donc d’écrire un vrai nom, donné par un Saxhleel ! – Maximus Ferras
- La réponse est moins aisée que vous ne l’imaginez, Maximus ! Pour commencer, « province » est un concept impérial qui laisse la plupart des Argoniens perplexes, même si je crois l’avoir enfin compris. Après tout, pourquoi utiliser un seul nom pour désigner tant de différences. Un Argonien limite généralement sa patrie aux poils-de-racines les plus distants de son Hist. J’ai bien entendu un Gee-Rusleel, un jour, utiliser le geste pan-marécageux avec le terme « kronka-thatith, » soit approximativement tout-œuf, et c’est sans doute ce que vous trouverez de plus approchant d’un nom de province en Jel.
J’espère que vous pourrez me parler de l’histoire générale entre l’Argonie et ses voisins impériaux, et peut-être même entre les Argoniens et leurs voisins khajiits. Ces relations sont-elles bonnes, dans l’ensemble ? – Recremen
- Hélas, miséricorde, nous voilà en une époque triste-triste, Recremen, car la maladie bénigne que nous appelons Goutte de Demi-nage a quitté notre marais pour entrer sur les terres des peaux-sèches, qui l’appelèrent la Peste Knahataine, qu’ils trouvaient bien moins bénigne. Votre peuple, les poilus qui vivent à notre ouest, lui fut particulièrement sensible… vous étiez peut-être en voyage ? Les Khajiits furent grandement éprouvés, et accusèrent les Saxhleel de leur avoir volontairement infligé cette épidémie. Ce qui est terriblement, terriblement injuste ! Nous n’aurions jamais souhaité une telle horreur sur nos amis les venus ! Les Elfes Gris, si, bien sûr, mais c’est différent. Personne ne les aime.
Étant une prêtresse de notre tendre mère Mara, je tente d’en apprendre le plus possible sur les traditions nuptiales de Tamriel. Mais lorsque je me suis penché sur les coutumes argoniennes en la matière, je restai interdite après la découverte d’un livre tout à fait horrible ! Il affirmait que les Argoniens n’ont en fait aucun mariage, et ne cherchent partenaire que pour la procréation. En outre, l’on y disait que ces accouplements sont une sorte d’épreuve annuelle, dont seuls les vainqueurs ont le droit de s’accoupler. J’avais toujours imaginé les mariages argoniens comme des rituels complexes, délicats et éthérés. Par pitié, dites-moi la vérité, quelle qu’elle soit, au nom de notre Mère aimante ! – Leonidas Tavicus
- Ah, oui, bien. Les « mariages ». Nous n’avons pas vraiment de mot associé à cette idée en Jel, sans doute car le concept de partenaire de procréation varie grandement d’une tribu à une autre. Voyons, il y a « uvastuxith », le devenir-un-nid, et il y a « tumjum, » ou tissage de maison, qui est plus allégorique, et « thtithatei, » qui signifie, eh bien, ventre à œufs. Et tant d’autres ! Le gloor de son Hist influence la méthode de partage des affections au sein de sa tribu, et la création de ses œufs. Et puisque les Argoniens sont adaptables-par-induction à la gloor de leur Hist, cela donne de nombreuses possibilités ! Quant aux rites nuptiaux inter-tribaux, là, tout est permis ! Croyez-moi, aucun Saxhleel qui atteint l’âge d’infertilité ne s’ennuie. Nous avons même adopté la coutume exotique des peaux-sèches et échangeons des anneaux de Mara, pratique que nous trouvons étrangement émouvante. Bref, bonne question, Leonidas, mais je sens ma Deer-Naza dresser la crête de… euh, on m’attend ! J’ai à faire ! Xuth !
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