TESA:Duel à l'épée entre le Seigneur Vivec et Cyrus l'Infatigable

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Texte de développeur
Auteur réel : Michael Kirkbride
Commentaire : Traduction établie par la GBT.


Approche, assieds-toi. Bois en l’honneur de Papa, et dis à Morwha que tu es désolé pour tout ce que tu as fait de mal aujourd’hui. Excepté les jurons habituellement permis à l’encontre de nos ennemis : les peaux claires et les peaux vertes et les sataks qui roulent dans la boue sans peau aucune. Mais - et c’est le plus important - écoute : voici un autre conte de Sura de la Marche de Bend’r, la Lame Rebelle des Couronnes, celui qu’on appelle Cyrus dans la langue des Septims.

Rappelle-toi : cette histoire n’est pas nécessairement vraie, car aucune histoire sur Cyrus l’Infatigable n’est entièrement vraie. Mais en même temps, ça n’a jamais vraiment eu d’importance. En effet, tu te rendras compte que parfois les histoires qui ne sont pas nécessairement vraies peuvent cependant, parfois, permettre de triompher. En l’occurrence, cette histoire se déroulait durant les jours après que la guerre de Tiber soit venue à Martelfell avec ses bannières et ses phalanges et ses compétences en mer. Celles-ci ne venaient pour rien d’autre qu’un traité de paix, car aucun empire des hommes ne pourrait régner sur les fils et filles de Yokuda. Nous sommes en tous points supérieurs à toutes les autres races de ce monde, et ils le savent. Le Hoon Ding nous guide ; tous les autres peuvent Faire Place. C’est à dire que, à moins que ces autres ne viennent pas du tout de ce monde, et soient en fait des esprits des Rivages Lointains ; ou de l’Entre-Deux, tous les hommes peuvent être humiliés au contact de ces dieux, ces démons et formes folles. Mais n’est-ce pas là l’intérêt de la chose ? Des règles différentes s’appliquent aux dieux, aux démons et ceux qui revêtent l’aspect des fous. Parmi ceux-ci, je parle à présent du roi-démon de l’Est à l’Étoile Blessée, Vehk et Vehk le Parle-en-Boucle, qu’on connaît sous le nom d’Ansu-Gurleht en yoku, le Dieu Qui Fait de Nous des Femmes, et dont les pouvoirs sont si terribles que même les Rougegardes doivent se soumettre à Sa volonté, bien qu’il soit étranger et donc maudit. Si Il vient, nous courrons jusqu’à ce que nous ne le puissions plus. Il n’y a aucune honte à cela ; nous avons le droit de fuir le désastre. Prend pour exemple la perte de Yokuda, au cours de laquelle notre course était bénie par la venteuse Tava, qui gonfla nos voiles d’une échappée. Et l’Ansu-Gurleht est certainement un désastre. Mais il en fut un parmi nous qui ne s’est pas enfui devant Lui. Cyrus n’a jamais fui devant quoi que ce soit, si ce n’est le meurtre de Hakan, mais cet événement-là se déroula il y a si longtemps que ça ne compte pas vraiment.


Le capitaine leur avait fait ravitailler le Carrick à Herne, et encore une fois à Jabbur avant de s’engager dans les eaux de l’Abécéenne. La carte vers l’Antique Yokuda leur était venue, comme toujours, du Chat Miteux de Haltevoie. Il n’y avait aucun programme établi, si ce n’est le pillage d’un temple spécifique ; du moins, c’est tout ce que Cyrus dirait à ce sujet. Mais certains raga de l’équipage trépignaient à la seule idée de voir la terre de leurs ancêtres. On racontait que des Yokus vivaient encore vraiment parmi les ruines désolées, que certains n’avaient pas fui ou n’avaient pas pu fuir lorsque le cataclysme était venu ; d’autres histoires racontaient que les îles d’orichalque étaient un lieu de blâme, transmis par les no-totambu. Et tout le monde savait que les ansus qui s’étaient eux-mêmes exilés là-bas n’avaient pas assisté au ho no shira, ou à la capture de Volen, ou au Traçage de Route de Diagna, et avaient donc été abandonnés à la langue aiguisée de leurs propres aèdes derrière le Rideau de la Fuite.

Le capitaine orienta leur course vers le sud sud-ouest, louvoyant à travers les courants rapides en direction de la Mer des Perles, laissant l’équipage perplexe. Certains des plus anciens parmi eux grommelaient sombrement au sujet des gardiens des entrées orientales, mais on ne vit rien durant les longues semaines de calme navigation. Au crépuscule du 12ème jour depuis le départ de Jabbur, Coyle, rompu depuis longtemps aux expéditions maritimes, observa les non-constellations de Sep, et Cyrus changea brusquement de cap vers le nord. Les vieux loups de mer expliquèrent aux novices qu’ils avaient traversé la Ligne ce jour-là, et qu’il était maintenant sans risque de tenir bon jusqu’à l’Antique Yokuda. Les vents, qui jusqu’ici avaient été cléments, tournèrent vers le nord et soufflèrent par rafales avec une intensité croissante, menaçant régulièrement de faire basculer le Carrick sur sa quille, mais c’était sans compter sur les compétences de son équipage. Après des journées éprouvantes dans ce temps, ils touchèrent finalement terre le 17ème jour.


Coyle, reste sur le navire et commence l’entretien. Si les locaux viennent, tu parles la langue. L’ancre a bien été lâchée, monsieur, et Borden a déjà préparé ses pillards. Bien, on bouge bientôt, la nuit tombe. Prenez Haekele avec vous, capitaine, il parle yoku aussi, et il le lit s’il ne ment pas. C’est noté. Nous allons à l’endroit marqué à S’rathra et nulle part ailleurs. Sen nung ni-Bateki tro ki-lodo. Quoi ? C’est une prière, cap’taine, pour le Dieu de Nous Aimons Nos Corps Comme Ils Sont. D’accord, ainsi. Ach, païens aidez-nous. Y a pas de mal, monsieur. C’est juste une tradition, capitaine. Ouais, ces îles tro zhang-ga let. Fermez-la et prenez votre matériel.


À la lueur des torches qu’ils allumèrent pour l’intérieur, tout n’était que désolation et pire encore. Des gouffres à pic apparaissaient le long du chemin de pierre ou des hauts murs humides, le tout déchiqueté depuis les guerres mythiques contre les Aldmers, et toujours luisant de mousse étrange. Cela évoqua la géographie de Morrowind et Masser à Cyrus, quoique le vent avait ici une senteur plus douce. Il éructa un ordre pour avoir de la corde, afin de les emmener à travers les Aiguilles Tendus qui arrivaient plus tôt que ne l’aurait cru possible son équipage. Leur capitaine avait mémorisé la carte, car il savait qu’ils devraient approcher du temple sous le couvert de la nuit. Il donna un peu de réglisse à Fornower, le plus jeune de ceux présents.

Le temple était niché dans les Aiguilles, non-éclairé si ce n’est par la mousse qui émettait une lueur sous-marine, et Borden adressa un petit mot à Tsun pour garder son calme. « Rien de plus normal.», dit-il.

Brisé et usé, le temple affichait un message luisant au-dessus de son entrée. Haekel d’Alik’r s’approcha. Cyrus leva une main.

« C’est du daedrique », dit le Capitaine. « Je peux le lire. »

À la mention des Seigneurs du Désordre, l’équipage du Carrick fut saisi d’un mal-être plus prononcé.

« La Vertu de la Petite Récompense », lut Cyrus à haute voix. Puis il fronça les sourcils devant l’inscription. « Eh bien, je suis heureux que cela puisse fonctionner pour nous. » Et ensuite ils les guida à l’intérieur.


La statue à l’air d’être dunmer. Shh. Mais ça n’a aucun sens, monsieur, ce sont pas franchement des marins doués. Trouvons juste le joyau si possible, cet endroit semble plutôt vide. Mais il ne semble pas avoir été mis à sac pour autant. Cap’taine, regardez, là, c’est probablement la raison. C’est une porte. Elle empêcherait quiconque de rentrer. Tiens la torche. Bouge-toi, Gar, qu’est-ce qui est écrit dans la lumière ? Regardez sur les murs. Shh, qu’est-ce qui est écrit ? Tout va bien, monsieur : ça ne peut pas s’ouvrir, c’est igni-scellé. L’Empereur sert à quelque chose alors. Je suis sérieux, regardez sur les murs. Ces rois, ils ne sont pas dunmers, ils sont raga. Non, regarde, ce sont des femmes. Elles sont toutes avec des enfants. Cherchez. Le. Joyau. Oh non, Capitaine, c’est un temple dédié à l’ Ansu-Gurleht ! C’est qui, ça ?

Ils découvrirent que le joyau était fragmenté en différents groupes de trois fragments, un pour chaque gravure des rois yoku enceints du Temple d’Ansu-Gurleht le Porteur-de-Semences. Avec des couteaux ils les délogèrent délicatement, et grâce aux légers enchantements de Gar ils les refondirent en un seul joyau : l’Opale de Verre des Nogru.

« AI PADHOME ALTADOON! »

Borden dégaina son épée. « Ça venait de la porte, monsieur. »

Cyrus regarda vers les colonnes et les arches du centre du temple, toutes fendues par l’âge et portant des traces de gravures de roues. « Ouais », dit-il.

La porte parla encore. « Lâchez le bijou, formes grossières, je baigne dans un pico-filament en fusion qui vient en six magnifiques couleurs que l’Aurbis n’a pas encore révélées, et je ne veux vraiment pas faire ce voyage. Vous devriez aussi savoir que je suis très dangereux. »

« Dégagez », dit Cyrus, et l’équipage du Carrick s’enfuit.


Le chemin de retour vers la plage fut plus rapide, dans la mesure où ils sautèrent les obstacles qu’ils avaient dû escalader à l’aller, et où ils abandonnèrent la discrétion dans leurs déplacements aussi rapidement que le soleil pourrait se lever. Certains d’entre eux pensèrent stupidement que la lumière du jour retiendrait leur poursuivant au loin, comme il était sans aucune doute une chose ténébreuse qui, peut-être, ne pouvait s’exposer aux matins naissants, mais Cyrus leur criait de courir. Il pouvait mieux sentir que Gar quand des choses étranges se mouvaient contre lui.

Ils traversèrent le sable en courant en direction des chaloupes, et leurs compagnons de bord en surent assez pour commencer à larguer les amarres. « On bouge , cria Coyle, ils ont causé du grabuge ! »

Le vent tomba autour d’eux, et ensuite une ombre, et ensuite une demi-étoile brillante, derrière eux. Cyrus se retourna pour voir, et peut-être souriait-il parce qu’il aimait ce genre de choses ; et des bords du rocher apparut Vivec, faisant sursauter les hommes. Personne ne se serait attendu à voir un dunmer sur ces rivages, et encore moins un Dunmer apparaissant de façon si étrange.

« Je m’occupe de lui », dit Cyrus, et Borden attendit une seconde pour prendre l’Opale, mais son capitaine ne la lâcherait pas. « C’est pas contre toi, mais je ne te fais vraiment pas confiance, Borden. Partez ! »

Vivec était à moitié doré et à moitié bleu, tout son être brillait et il était vêtu d’une armure légère, il portait un petit bouclier et une lame incurvée à son côté. Sa tête était chauve, mais hérissée de flammes, et il souriait d’un air méchant.

« Arrière, Dunmer », dit Cyrus en visant sa tête. « Je ne veux pas que tu brûles mon bateau. »

Vivec s’approcha. Par la suite, les hommes à bord du Carrick dirent qu’ils avaient pu sentir une fortune dépensée en musc d’insecte.

« Tu ne me connais pas », dit Cyrus, « alors je ne te le dirai qu’une fois— »

Alors Vivec parla, et les vents sur la plage périrent quand il le fit, car il était le Seigneur de l’Air Intermédiaire et ils lui étaient inféodés. Il dit à Cyrus, « Oh, je te connais, raga. Je sais que tu as forcé le Cyrodiil à une armistice, ce que j’ai moi-même accompli, quoique par des moyens différents. Je sais aussi que, après avoir bien parlé et rendu la liberté à ton peuple, tu es resté un voleur dans ton cœur dans les jours qui suivirent ; ces jours, en fait, que j’ai également parcourus et que je parcours encore à ma façon. »

Et à présent le dieu de l’Est souriait un peu trop amoureusement. « Et tu n’as pas idée d’à quel point j’adore les voleurs. »

Cyrus de son côté contournait Vivec, traçant une ligne dans le sol, un espace dans lequel il serait plus facile de se mouvoir quand viendrait le combat. Ses hommes observaient depuis le pont du navire. Certains avaient apporté des arcs et des flèches, mais Coyle les chassa de la main.

Vivec leva les jambes pour flotter en position du lotus, penchant la tête sur le côté, son sourire effacé et remplacé par une once de remord dépourvue de moquerie. « Je sais comment tu meurs, dit-il, et je connais les tourments que connaîtra ton âme pour atteindre les Rivages Lointains de tes étoiles enlevées, à cause des choses que tu fis au détriment des Hists, et je sais comment leurs longues racines s’étendent dans le vide, leurs sentiments s’enchevêtrant pour ton ultime entrée. Je sais ce que tu penses maintenant, à ce moment précis : tu penses qu’il n’y pas de chemin hormis la Lampe Noyée ou la romance mal menée d’un jeu de sabres dans un décor de long regret, en prenant quiconque naviguerait avec toi toujours en quête d’une rédemption étendue à travers chaque flaque d’eau, et en faisant errer ton cœur pour trouver un achat au-delà de l’avertissement des lunes ; Un pénitent permanent. »

Les yeux de Vivec se posèrent sur l’Opale de Verre nichée dans les bras du pirate, et fronça les sourcils. Il regarda Cyrus, austère, en disant : « Je sais tout cela sur ton compte, Sura, et bien plus encore, et cela nous confère une affinité malgré ton crime à mon encontre ; par conséquent il me peine déjà de penser que tu ne sais vraiment rien de moi et de ma maîtrise. Ou sais-tu quelque chose ? Je suis la cité qui marche, l’œil sage et bienveillant d’ALMSIVI, et il en a été ainsi pour d’innombrables générations rouges, chacune ajoutant sa marque alors et pour toujours, le culte de l’éternelle construction, Architecte Amen. Que pourrais-tu bien connaître à mon propos ? »

Cyrus n’avait pas un instant changé d’expression. « Je sais que tu parles », dit-il, « car je vois ta bouche bouger et j’entends des mots. » Et disant cela il laissa choir le joyau volé et dégaina son sabre.

Alors Vivec sortit également sa propre épée, lentement mais parfaitement, la faisant claquer pour la plier sur sa gauche. « Hmm », dit-il, « Oui, bien, je pense. »

Les deux s’approchèrent, Vivec flottant doucement de façon à ce que l’ostalium de son armure de droite soit face à Cyrus. « La mort malgré l’affinité a toujours été notre façon de faire , dit-il, Je sais aussi l’effet que cela fait de tuer le mari de ma sœur. »

À ces paroles, Cyrus se mit finalement en colère, comprenant à présent que ce champion de Morrowind était réellement capable de lire son esprit, qu’il avait pourtant hermétiquement clos même à ses plus proches, et c’est la raison pour laquelle il haïssait tous les esprits de l’aether. Cela se lisait sur son visage, qui n’en fut que plus dur par la suite.

« Dis-moi, démon, demanda-t-il, puisque tu sais comment je meurs : est-ce au cours de ce combat ? »

« Non. »

« Bon à savoir », dit Cyrus, et il attaqua.

Vivec pirouetta dans les airs jambes croisées, sans jamais bouger sa main d’épée de sa position initiale. Il dit, « Fa-Nuit-Hen », le nom d’un vieux maître, et Cyrus s’écroula, huit blessures étant apparues sans paraître mortelles. Coyle ne put alors empêcher les hommes de tirer.

Saignant dans le sable, Cyrus put voir Vivec au-dessus de lui, sans aucune épée dans les mains, mais à la place le joyau du Nogru, et une volée de dix-sept flèches fichées en éventail autour de son aspect de tête-en-feu à la façon d’un paon, attrapées par une magie démoniaque. Cyrus ne pouvait se lever, et Vivec dit, « Et je sais aussi pour ton père de substitution, le dramaturge. Même si une partie de sa couleur locale est perdue pour moi, j’apprécie son œuvre. C’est pourquoi je t’ai laissé la vie sauve. J’adore la poésie, moi aussi. »

Le Seigneur de l’Air Intermédiaire s’évanouit, et Coyle envoya des barques sur la côte avec des des remèdes et leur chirurgien chat-à-sucre, qui avait rejoint l’équipée quelque temps après Heme.


Vous ne pouvez pas y retourner. Nous devons mettre les voiles. Capitaine, ne nous embarquez plus là-dedans. La miséricorde d’un démon ne se produit qu’une seule fois. Cessez de fixer votre épée du regard, monsieur. Yokuda a été perdue pour une bonne raison. Partons seulement. Pourquoi ne pas simplement envoyer aux corbeaux une invitation en lumière ? De grâce, capitaine, laissez-nous mettre les voiles. Je veux dire : on en a amenés d’Akavir, ils les verraient sûrement. Vous pouvez même pas bouger. On a entendu les histoires de l’Ansu-Gurleht, enfin, du moins les raga parmi nous ; les dieux disent que c’est normal de se tirer face à ça. Beau travail, Haekele, ça c’était des mots magiques. Va cherche la pipe à skooma et dis-lui que c’est à nouveau un jour de scalpel. S’il vous plaît, laissez-nous quitter ce lieu hanté. Avec tout le respect que je vous dois, monsieur, vous êtes plus stupide que je ne le parais.


Que ce soit durant le temps où il dormait ou passait sous le scalpel, Cyrus ignorait que Coyle avait mis les voiles avec quelques autres marins, tous des locuteurs yokus. Ne connaissant que trop bien son capitaine, le jeune homme était parti chercher les légendaires ansus, les saints de l’épée d’orichalque. Coyle n’entretenait aucun espoir d’être aussi chanceux - les ansus gardaient leurs citadelles cachées, et les varans les protégeaient, camouflés en pierres. Dans le village de Bu-tabar, qui s’effondre dans les failles elthériques comme des perles survivantes, Coyle apprit que les ansus cherchaient de toute façon à tenir conseil avec Cyrus. Il les rencontra sur la Route Samaranthe, et ils étaient trois selon l’usage - un jeune, un vieux, et une fille qui n’était ni jeune ni vieille. Ils avaient un cortège de suivants qui transportaient leur collection d’épées et leurs pierres-mémoires. Voyant l’équipage du Carrick, la fille ansu rejoua la Chute de Diag-leeki avec des sabres jumeaux, reproduisant chaque partie ; comme elle accomplit cela en moins d’une minute, cela voulait dire bonjour-ne-soyez-pas-inutiles.

« Je devrais vous avertir, dit Coyle à l’ancien dans la vieille langue, le capitaine Cyrus ne connaît pas un mot de yoku. »


Coyle amena l’ancien et le jeune ansus à la rencontre de Cyrus dans la cabine du chirurgien ; la fille demeura sur les ponts supérieurs avec leur suite, afin de les protéger et de prévenir les marins par des démonstrations. Le jeune ansu salua le capitaine en yoku, et Coyle lui fit la traduction. Cyrus se redressa et fit à peine un signe de la tête, tout couvert de bandages qu’il était à cause de ses huit blessures, et le chat-à-sucre feulait au moindre mouvement inutile. Effrayé par le son, le jeune ansu adopta une pose de Conséquence Murée. Coyle fit promptement sortir le chirurgien, et l’ancien s’exprima finalement.

« Nous savons des choses sur toi, Surahoon, dit-il dans la langue du capitaine, et les mouvements furent multipliés l’autre jour sur la plage. C’est un frémissement que nous pouvons percevoir, et cela ne peut une dire qu’une chose : tu as rencontré l’Ansu-Gurleht. »

Cyrus haussa les épaules. « Si vous voulez dire le sorcier dunmer, ouais, il était là. Je l’ai presque eu. Et ce n’est pas une blague. »

Le jeune ansu abandonna sa pose. « Il ne peut être vaincu, dit-il à Cyrus. Nous connaissons toutes les bottes d’épées créées au cours de l’histoire, et aucune ne pourrait te profiter, même si tu les apprenais de nos pierres-mémoires. Nous serions tout à fait disposés à te les prêter : tu as tué le roi blanc à Martelfell, après tout. »

« Quoi ? », dit Cyrus. « L’Empereur ? Je ne l’ai pas tué. »

« Bien sûr que si ; tu étais le Hoon Ding. »

« Non je ne l’ai pas tué, et non je ne l’étais pas. »

Le jeune ansu refusa d’écouter. Derrière son masque de pierre-plume, il souriait d’admiration. « Tu l’as désarmé, même, et tu ne l’aurais pas tué jusqu’à ce qu’il sorte un autre couteau. C’est l’honneur des ra gada. Nous ne combattons pas les êtres sans défense. Tes histoires sont parvenues— »

« Ce n’était pas l’Empereur », dit Cyrus, « C’était seulement— »

« Bien sûr que c’était lui. C’est pourquoi Martelfell demeure. Tu étais le Hoon Ding. Quoi qu’il en soit, l’Ansu-Gurleht ne peut être défait. Il a été doté par les Barons de Bouge-Ainsi, qui ont également enregistré les bottes d’épées du futur. »

« Bon, soupira Cyrus. Veuillez quitter mon navire ».

Coyle s’approcha de son capitaine. « Sura, murmura-t-il, nogo tur— »

« Ça n’est pas une option, Coyle. » Cyrus se tourna vers les ansu. « Maintenant, partez. Le combat avec le dunmer m’appartient. J’apprécie le conseil, mais vous n’êtes— »

« Ne prendras-tu pas au moins nos pierres-mémoires ? »

« Pourquoi ? dit Cyrus. Il tâchait de conserver son calme. Vous m’avez déjà dit qu’elles étaient inutiles contre lui. »

L’ancien leva une main. « Le Hoon Ding pourrait— »

« Écoutez, je ne suis pas — »

« Le Hoon Ding pourrait lire les pierres et te montrer que ce que nous disons est vrai : il n’existe aucune botte capable de défaire l’Ansu-Gurleht. »

L’ancien parcourut le sol de la cabine du regard. « Du moins, pas pour le moment », dit-il, « Le Hoon Ding pourrait te montrer qu’il ne se manifesterait pas en toi lors de ce combat. »

« Tant mieux, dit Cyrus, il risquerait d’être dans mes pieds. » Et sur ces mots il se recoucha. L’ancien releva les yeux du plancher, et pencha sa tête sur le côté.

« Surahoon », dit-il, « Nous sommes les ansus, les plus grands guerriers vivant parmi les hommes. Nos lames ont envoyé les Gauchers dans les océans, eux dont l’empire était quatre fois supérieur à celui du roi blanc. Quand nous combattons, nos lames peuvent tuer les lois de la nature elle-même. Yokuda est telle que tu la vois parce que nos lames hira-dirg peuvent trancher les atomos, les insécables, et nous l’avons fait. Nous sommes les ansus, et nous te disons maintenant que tu ne peux pas battre l’Ansu-Gurleht. Comment penses-tu qu’il a obtenu ce nom ? Qui crois-tu être notre meilleur disciple ? »

Coyle fit un pas en arrière. Il secoua la tête. Cyrus pour sa part se contenta de hausser une nouvelle fois ses épaules.

« Alors votre meilleur disciple est une catin peinturlurée, dit-il, et une étrangère qui plus est. Joli travail. Il est plutôt rapide, c’est sûr, mais j’ai abattu des gens de sa race auparavant. »

Cyrus leva la tête une seconde, regardant vers Coyle. « Il parle beaucoup, aussi, et il a l’air d’aimer ça. Il y a un Dieu du Parler-jusqu’à-la-mort ici aussi ? »

« Oui, dit Coyle, Mais Ansu-Gurleht est le— »

« Évidemment qu’il y en a un », dit Cyrus, « Je peux travailler avec ça, alors. Heureusement qu’il sera en train de tenir son épée pendant qu’il jacassera, ainsi mon honneur de Rougegarde restera intact quand je lui enfoncerai mon sabre dans la bouche au beau milieu d’une phrase. »

Le jeune ansu parla avec la voix de l’ancien. « Nous demandons au Hoon Ding de s’enfuir. »

Cyrus sourit et ferma les yeux.

« Où est l’argent là-dedans ? »


Bellegarde basse, levée, maintiens. Le Rasoir d’Os. Frappe à 80 grammes, n’importe quel degré sauf celui-là. La Feinte Éphémère. Inspire et ensuite oublie le souffle ; tu ne peux le remplacer que quand il sera à terre, pour le combattre comme s’il était mort : second principe du pneumansu. Le Jeune Cygne Orientable. Bras dehors, genou fléchi, du charbon sur les dents pour cacher ton sourire. La Pankratosword, mais c’est interdit. Arque les os qui ne peuvent être arqués autrement. La Menace des Miroirs. En utilisant l’Athlète Mathématique, tu pourrais te retrouver à plusieurs endroits différents au cours d’un même duel, illustre et sûr. Peins-toi de faux yeux partout sur le visage, et ensuite cache les vrais parmi ceux-ci ; l’adversaire ne peut plus lire alors où ton regard se pose. La Modestie Préméditée. Le Couteau-de-Doigts sert comme cinq couteaux, et protège tes points cardinaux et ta théorie centrale ; cinq coup d’estoc, espacés de quelques microsecondes, comme si tu pianotais d’ennui sur la table en attendant le pain matinal.


Cyrus s’éveilla dans la cabine du chirurgien, de sombres lapements se faisant entendre à travers le bois. Le chat était toujours debout, déambulant entre les bouteilles et les linges de nettoyage. Voyant son capitaine grimacer, il lui adressa un signe de tête et dit : « De mauvaises lunes dans un grand rêve. »

« Parle-moi de cela. »

« Avant même que vous ne demandiez », dit le chat, « G’latha n’a pas versé une seule goutte de sucrelune dans votre dernier bouillon. »

Cyrus se redressa sur son séant, grimaçant légèrement en se trouvant des douleurs dans le bas du dos. « Alors pourquoi ? », dit-il.

« Les marche-lames ont laissé une pierre-mémoire sous votre oreiller. »

Cyrus souleva l’oreiller et la vit : une roche noire polie par le temps, incrustée de traces de courbes scintillantes. Il toisa G’latha. « Et tu le savais ? » « Oui », dit le chat, « G’latha trouvait cela amusant. Aussi, G’latha pensait que peut-être cette magie s’insinuerait dans votre soupière et vous enseignerait vaba maaszi lhajiito, do sura. »

Cyrus sauta sur ses pieds et grommela un avertissement. Il trouva son épée près des outils de découpe et la soupesa, regardant à sa prise et se demanda pourquoi elle semblait un peu changée. Est-ce que le sorcier dunmer avait ruiné son équilibre ? Avait-il seulement éjecté le sabre dans ce mouvement tourbillonnant qu’il avait accompli ? Cyrus ne parvenait pas à se rappeler. Il se souvenait seulement à quelle vitesse ridicule tout cela s’était produit.

« Ce livre enseigne aussi ahzirr traajijazeri », dit-il à G’latha.

« Avez-vous remarqué que nous avions caché cette leçon-là tout au fond ? Parlant de leçons, il semble que do-sura en appris quelques unes. »

« Ouais, il y avait un mouvement appelé - aïe. » Cyrus avait essayé un coup mais quelque chose se tordit douloureusement à travers sa peau. « J’allais faire une blague sur l’écorchement - aïe. J’ai rouvert un truc. »

« G’latha était sérieux. Avez-vous remarqué ce que vous avez fait ? »

Cyrus reposa son sabre. Il se sentait tout bizarre. Le chat-à-sucre lui offrit une main.

« Ici, rasseyez-vous pour l’aiguille », dit G’latha. Grattant doucement les coutures de son capitaine, ses yeux s’écarquillèrent sur l’épée.

« Do-sura se bat à la main droite », dit-il à voix basse, « Et pourtant vous venez juste de manier votre sabre de votre main gauche. »


Au point du jour, Cyrus observait de nouveau la plage d’en haut. Certains parmi les hommes se déplaçaient avec nervosité. Thorpe, le brosseur, était tout proche, récurant le pont et sifflotant quelque chanson de Sutch ou des environs.

« Les voyous ne peuvent pas avoir d’attaches avec quoi que ce soit, si ce n’est l’encre et l’éclat de l’or. »

Thorpe releva les yeux de sa brosse. « Que disiez-vous, monsieur ? »

« Rien, dit Cyrus, réalisant qu’on l’avait entendu. Quelque chose qu’un vieil adversaire m’a dit une fois. »

- Ça rappelle une vérité, dit Thorpe en retournant à son travail. Et si vous permettez qu’j’parle ainsi, y’a plein de trucs scintillants à la maison. » Thorpe commença à opiner du bonnet à son propre conseil. « S’enfuir, c’est ce que les Crevassais ont fait sur la mer pour combattre Old Mary, continua-t-il, et ces sacs à beurre de Brétons ne pourraient pas rattraper le Carrick même sous leur meilleur jour.

- C’est exactement cela, Thrope, soupira Cyrus. Les Crevassais n’ont pas la moindre chance face au Domaine. Mais ils essayent. Les mêmes nouvelles que tu as entendues disent que le Thalmor a envoyé une épidémie sur Camlorn. C’est une question de... Et Cyrus ne finit pas sa phrase. Son attention avait été attirée par le soleil levant.

- Qu’est-ce que c’est, monsieur ? dit Thorpe en lui jetant un œil. Une réconciliation entre la vengeance et l’honneur, encore ?

- Le Yoku a quarante-huit versions différentes de l’honneur, dit Cyrus, et elles trouvent toutes leurs racines dans l’ugak-ta, ce qui veut dire, plus ou moins, « Je suis plutôt cinglé. Donc je dirais que ouais. »

Fornower s’avançait, à la recherche d’une scie. « On se réveille en parlant yoku, cap’ ? » dit-il.

- Une nuit étrange, répondit Cyrus.

Thorpe laissa passer Fornower jusqu’à ce qu’il parle à nouveau. « Y a po’ une âme sur ce navire qui vous mépriserait pour avoir évité ce fou de Velothi, Cy. »

- Je sais. »

Cyrus mit la main sur le pommeau de son sabre, pensif. Il fronça les sourcils quand il perçut le même déséquilibre dans la lame, même dans son fourreau. Il soupira de nouveau et jeta un œil vers Thorpe.

« En fait, il pourrait bien y en avoir un qui me mépriserait. »


C’est ainsi donc que Cyrus l’Infatigable en vint à une décision qui avait toujours été prédestinée depuis sa conception. Et ne laissons pas dire qu’il la prit avec facilité, car ce serait là un mensonge, mais hélas : il était sur le point de rencontrer l’Ansu-Gurleht en combat singulier pour sa propre satisfaction, si du moins le roi-démon pouvait à nouveau être dérangé et se montrer. Cyrus avait réfléchi à plusieurs moyens de s’en assurer.

« Apporte-moi des cartes et des histoires sur les Dunmers, dit-il au plus instruit parmi ses hommes, et amène ici tous ceux qui savent quelque chose sur son aspect d’Ansu-Gurleht, au-delà de la légende locale. »

Borden se présenta avec les documents, car c’était un collectionneur de longue date : il s’était rendu à Morrowind avant et après l’Armistice. Il ne savait pas grand chose, cependant, au sujet des Elfes noirs au-delà de leur capacité à combattre au cours de raids. « Ce n’est pas un Rédoran, ça je peux le dire », dit Borden en déroulant les territoires couchés sur papier et en en pointant un, « Son armement était léger, et ces démons préfèrent les armures lourdes. »

C’était Gar qui en savait le plus sur la politique des Dunmers, mais il ne pouvait pas révéler grand chose qui ne soit pas emmêlé dans de vieux contes. « Il pourrait être celui qu’on appelle Vivec, parce qu’il a mentionné ALMSIVI, qui est une espèce de cabale divine dans leurs croyances, avec une grande emprise sur leur nation. Ce « Vivec » est le seul de ce groupe qui batifole autant en dehors de leurs frontières ; On pourrait dire qu’il est leur visage public, ou quelque chose de ce genre-là. »

Cyrus grogna.

« Je fais que vous dire ce que je sais, Capitaine. Le Guide de Poche dit qu’ils sortent jamais, l’ALMSIVI. De meilleurs textes le rattachent au Daedroth Méphala. »

« Oh, ajouta Borden, les Rédoran aussi en parlent de façon moins distinguée que le dandy que vous... hum, je pourrais dire « que vous avez combattu », mais ce serait une description un peu euphémique. Sans offense, comme toujours.

- Méphala ?, demanda Cyrus, Quel Seigneur est-ce là ? »

Gar feuilleta un livre, cherchant quelque chose pour appuyer ce qu’il allait déjà dire. « La Tisseuse de Toiles pour le dire clairement ; sinon ça devient brumeux. Rattachée à la Morag Tong, rattachée à d’autres cultes sordides dans les provinces, passant de toute la gamme des drogues aux sombres plantoirs jusqu’à - enfer ! - les tendances de la mode. Une fille bizarre, cette Méphala.

- Bizarre est relatif », cita Cyrus.

Une foule s’était formée ; des hommes avec des cordes, une amertume cachée, ou une gêne à peine voilée. Leur capitaine était déterminé, et il était célèbre pour cela. Qu’importe la conjoncture, tous les Carrickers devaient en être. Coyle était parmi eux, sur le point de dire quelque chose, quand Hiddleman prit la parole.

« En terme de récompense, c’que vous dites au-delà de tout ce bruit de raga, c’qu’on récupère l’Opale des Nogru, hein ? »

Les hommes du Carrick se retournèrent alors, regardant leur capitaine et le marin idiot d’Anvil. Coyle saisit le moment. Il dit : « Oui, Hiddle. Aucun action décidée par Sura ne part en tobr’a. Installez-vous et ne laissez pas de place au scandale. »

Cyrus capta l’attention, mais sa nature ne pourrait malgré tout arrêter sa couleur.« Écoutez, vous tous. Des Coureurs ont été envoyés dans les terres, et ils reviennent avec des marchandises. Les locaux n’ont jamais vu de feux d’artifice, et on en a volé plein à Ko. L’orichalque est en route en abondance, ce qui va rapporter plus de drakes qu’aucun des plus vieux d’entre vous n’en a jamais vu. L’argent de S’rathra ne nous rendra que plus riches encore, et je compte bien le reprendre à la princesse dunmer sans aucune hésitation. »

Cyrus considéra ses hommes pour estimer dans quelles mesure ils étaient ébranlés. « Sans aucune hésitation, vous m’entendez ? Parce qu’aucun puissance ne m’écrase comme cela sur aucun terrain, étranger ou quoi que vous vouliez. Je suis un Rougegarde. Il m’a insulté, et il m'a laissé vivre. En clair, ne m’ennuyez pas avec mes motivations, et votre récompense arrivera cette nuit. »

Il regarda Borden. « Amène-moi mon armure. » Il se tourna vers Gar. « Trouve-moi la pire chose que je puisse dire à ce Vivec. » À Coyle il dit : « Prépare la lame. Je pars dans l’heure. » Sans besoin de discrétion cette fois-ci, Cyrus emprunta une route plus directe vers le temple de l’Ansu-Gurleht. Près d’un carrefour qui se scindait à hauteur de la chute plus occidentale du Tendus, se trouvait un autel à Morwha, avec une statue tentaculaire dans un style qu’il avait déjà vu auparavant dans sa patrie. Il laissa une pièce dans un chandelier vidé de sa cire sur les genoux de la déesse, et il ressentit un soulagement soudain à la blessure dans le bas de son dos. Il adressa un signe de tête à l’affreuse grosse tête de la mère yoku des esprits, il rendit grâce et poursuivit sa route.

Le jour devint chaud, car il n’avait pas l’habitude de porter une cotte de maille, un heaume et des jambières, ainsi qu’un matelassage par-dessous. Il aurait pu procéder ainsi à l’époque, et batailler en armure, mais même durant la guerre à M’kai ou à Frontière il s’en passa et préféra se fier à sa vitesse, car c’était la base de son style de combat. Cyrus avait appris qu’il n’aurait besoin d’aucune vitesse contre le roi-démon des Dunmers, seulement de la force et d’une solide défense. Ses pensées étaient grisées par les réflexions-d’épée des ansus. C’était tout ce souffle, toute cette géométrie de tranchant, et toutes ces leçons qui étaient gaspillées avec lui, parce qu’il n’avait pas l’entraînement physique pour ces techniques.

Il s’interrogea sur les Barons de Bouge-Ainsi et sur l’impossibilité de leurs mouvements ; en quoi ils constituaient un avantage pour Vivec et que peu de guerriers pourraient compenser. Il se demanda comment toute cette connaissance-de-pierre qu’il avait absorbée avait déjà pu être contrée par une parade qui n’existait pas encore ; et il se dit que l’Ansu-Gurleht s’y était entraîné, sans aucun doute.

Enfin, il s’interrogea sur différentes options de pure tricherie.

« Il n’y a rien que vous puissiez dire pour insulter le Tribun, Capitaine, avait dit Gar. Il est divin, et remonte à toutes les ères. Il a enduré les offenses de toutes les puissances - des ténèbres, des gardiens des étoiles, et de la plus basse royauté de l’Homme - et y a répondu en riant. Sa principale joie est une effronterie infâme, pourrait-on dire, et elle ne vous rapportera rien. »

Cyrus avait dit à Gar que cela ne l’aidait pas beaucoup.

« En fait, j’essaie, avait dit Gar. Comme l’insulter a peu de chance de vous attirer autre chose qu’un mépris amusé, j’ai bien peur qu’il parerait avec quelque chose de pire. Il a un esprit de dieu, Capitaine. Il sait qu’il pourrait vous perturber, et vous ne pouvez pas vous permettre ça au cours de votre duel avec lui. »


Il n’avait d’une certaine façon plu que sur l’intérieur des terres les derniers jours. La terre près des falaises déchiquetées était douce et désagréable, brisée par les vagues. Cyrus s’arrêta et observa un large golfe en contrebas, pensant en yoku « netu anselim », ce qui était la version courte de « fais demi-tour ». En bas, des saumons remontaient un fleuve dans leur fonctionnement incompréhensible.

Une autre phrase yoku émergea, mais Cyrus l’étouffa, disant seulement « Oui, ce n’est que justesse. » Les saumons et leur nage désespérée étaient une réponse à laquelle il adhérait.

Il poussa la gêne de sa connaissance-de-pierre dans son estomac, la déplaçant pour un moment, afin de devenir de nouveau ce qu’il se souvenait lui-même être, et non pas ce que la magie avait façonné, tandis que les idiomes ancestraux s’insinuaient à travers lui.

Il maudit les ansus pour leurs interférences. Nul ne devrait être poussé à ingurgiter une langue d’un seul coup. Il regarda à nouveau les poissons et haussa les épaules, avançant enfin. Oui, pensa-t-il, il faut être un fou pour choisir le destin auquel il adhérait, s’il était plus que quelqu’un qui brisait son ciel... mais, eh, allons-y.

« Je viens pour toi, femme », dit-il, pressant le pas.


Quand il vit que l’entrée du temple avait été scellée par une plaque d’ébène continue, Cyrus se demanda s’il était venu pour rien. Puis toute pensée d’honneur s’évanouit et il se demanda plutôt s’il y avait quoi que ce soit à bord du Carrick qui puisse trancher le sang d’un dieu. Parce qu’alors il serait fichtrement riche.

Ensuite la partie droite de la plaque d’ébène devint or, et les deux moitiés se murent comme un fluide dans les airs, une vision de pluie piégée s’écoulant le long d’une boussole fiévreuse. Et Vivec apparut de ce tourbillon de mercure, et il flottait là, souriant enfin. Cyrus nota qu’il n’avait pas changé son accoutrement. « Et lui a remarqué que j’avais changé. Bien. Grr. »

Vivec parla. « Alors les ansus que j’ai envoyés ne t’ont pas détourné, petite frappe ? Je voulais qu’ils le fassent, comme j’ai mentionné mon affection pour les voleurs, et ainsi je cherchais à t’aider, raga doon, Cyrus l’Infatigable. »

« Tung den uta-no-mongo, Ansu-Gurleht. »

Vivec dressa la tête, qu’il enflamma de questionnement. « Bien, quelque chose de fixé, au moins. Je te donne de l’aide que tu le veuilles ou non. Ce que je ne donnerai pas, c’est mon jouet de l’occident le plus lointain, l’Opale des Nogrus, dont j’ai engendré les chefs sous forme de femme en des temps lointains, bien avant que ta race ne vienne en Tamri-el. » « Nous verrons cela », dit Cyrus.

- De la ténacité, releva Vivec, dégainant prestement son épée, J’adore cela également. Je suis la circonvolution des Mains Noires de l’excès, et maintenant j’en ai le contrôle, et ce ne fut pas acquis sans ténacité. Pourrais-je t’appeler ma femme quand tout ceci sera fini ? »

Et sur ces mots l’Ansu-Gurleht plia son épée vers le bas, dans la position qu’il avait adoptée sur la plage, la pointe vers le bas, et le tranchant de la lame tournée vers l’avant, à 60 degrés par rapport au sol. Il flotta en position du lotus et cessa de sourire. Ses yeux contemplaient le futur, Cyrus le savait, aussi pensait-il à une façon de contourner tout cela, malédiction.

Cyrus tira son sabre au clair, le brandissant de la main gauche dans la position de l’Usure de la Tempête.

Vivec était impressionné et parla ainsi : « Cette position te permet de riposter », dit-il. Ensuite il sourit de nouveau. « Si tu es suffisamment rapide. »

Cyrus se mut en Canal de Ravage et Vivec acquiesça. « Mieux. Ton équipement favorise cela. Mais qui te dit que je n’ai pas enchanté ma peau pour qu’elle se durcisse à chaque coup ? »

Interruption de Somme Nulle.

« Peux-tu seulement faire cela, stupide raga ?

- Éprouve-moi donc.

- Non , parce que je préférerais imaginer que tu pourrais. Cela voudrait dire que je saignerais avant même d’être coupé, allant au-delà de toute guérison possible. Et c’est cela qui me plaît au plus haut point... cela voudrait dire que je t’ai effectivement aidé. »

Cyrus eut alors son occasion, au moment où il aurait mené le duel depuis le commencement : la fierté. La fierté était la faiblesse de l’Ansu-Gurleht. « Mon seigneur, pardonne mon manque de gratitude, mais je refuse à nouveau ton aide. En effet, je lui tourne le dos, et je la trahis, et je l’offense. Voilà qui doit t’être familier. »

Vivec resta silencieux. « En effet », dit-il.

- Tout comme ceci », dit Cyrus, entamant la Pankratosword.

Vivec resta silencieux plus longuement. Puis il rit fort. « Tu n’oserais pas !

- Je te le répète : éprouve-moi donc.

- Tu détruirais encore davantage la terre de tes ancêtres ? Et de la manière qu’ils l’ont fait, ce qui est interdit entre tes mains ? »

Cyrus ne bougea pas de sa position.

« Tout cela pour une Opale que tu ne pourras jamais dépenser par la suite ?

- Ce serait ta fin, dit Cyrus, et je me serais débarrassé de celui qui a jeté le déshonneur sur moi. Alors pourquoi ne le ferais-je pas ? Tu n’aurais pas dû envoyer tes saints vers moi, Ansu-Gurleht : je ne suis pas du tout comme eux.

- Coupe les atomos, et tu mourras aussi.

- Quoi, les Barons de Bouge-Ainsi ne t’ont pas appris la parade à cela ? Oh, attends : ils n’auraient pas pu. La Pankratosword est honnie dans leurs registres. »

Vivec rit de nouveau. Il était enchanté. Il dit : « Ce qu’ils ont dit à ton propos était vrai, Rougegarde, que tu le croies ou non. »

Vivec baissa la tête.

« Je m’écarte, dit-il, je lâche mon épée. »

Et ainsi fit le roi-démon, même si la lame flotta à quelques centimètres du sol.

Vivec poursuivit. « Et donc nous en arrivons à une impasse, parce que je suis sans défense et que tu ne peux pas — »

- Non, dit Cyrus, pointant sa lame sous la gorge de Vivec. Tu as surestimé mon honneur de Rougegarde, mon garçon. Des règles différentes s’appliquent aux dieux, aux démons et à ceux qui revêtent l’apparence des fous. Et toi, Ansu-Gurleht, tu es les trois à la fois.

- Je devrais t’embrasser, sourit Vivec.

- Le joyau devrait suffire, merci beaucoup. Fais-le apparaître, envoie-le sur mon navire, et nous serons quittes.

- Voilà donc la rançon de ton humiliation, dit Vivec d’un ton de réprimande, tandis que l’Opale des Nogru flottait hors du temple. Elle s’envola vers le sud-est. On t’achète facilement.

Cyrus tourna les talons pour s’en aller, mais Vivec l’arrêta, disant : « Et j’aurais tellement voulu voir la Pankratosword, et tellement cru que tu étais suffisamment en colère pour causer notre perte à tous les deux. Qu’est-ce qui t’a retenu, Surahoon ?

- Un vieux conseil, répondit Cyrus. Et il pointa son sabre vers le visage de Vivec et ses deux couleurs. Et tu le portes sur toi, indubitablement. »

Arrivé au sommet du seuil supérieur du temple, Cyrus se retourna, criant vers Vivec :

- De l’encre et de l’or, mon seigneur, dit-il. Et le mystère commun des hommes dangereux, vois-tu. Ravi de t’avoir rencontré, Tribun, et adieu. »

Il laissa l’Ansu-Gurleht pour toujours.

Et c’est ainsi que va l’histoire, avec un duel qui n’en était pas un, et avec une histoire qui n’était pas vraie. Cyrus, voyez-vous, ne savait pas vraiment comment utiliser la Pankratosword, seulement comment la brandir comme une menace. Après tout, son utilisation était interdite, et donc n’était pas contenue dans quelque pierre que ce soit après la chute de l’Antique Yokuda.

Quand il retourna à ton navire, les Carrickers le félicitèrent et demandèrent bruyamment l’un après l’autre les mêmes questions : comment s’était passé le combat avec l’Ansu-Gurleht, et comment leur capitaine en était sorti victorieux. Cyrus sourit alors, mais ne répondit pas, en les poussant alors à se mettre en branle et à ramer, car ils appareillaient immédiatement.

C’est Fornower qui sut la vérité sur tout cela, tendant à Cyrus un morceau de réglisse. « Pour tous vos remarquables exploits, plus un à présent : de la réglisse mordue de la Baie » dit-il. « Mais allez, Cap’, dites-le moi. Comment l’avez-vous battu ? »

« Eh bien... » dit Cyrus. Il mâcha et avala. « ... j’ai triché. »

FIN