Le Mystère de la Princesse Talara, livre II : Différence entre versions

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Elle ne sentit rien... les ténèbres enveloppaient son corps et son esprit. Une douleur lui parcourut la jambe puis une grande sensation de froid. Elle ouvrit les yeux et se rendit compte qu'elle était en train de se noyer.
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Elle ne sentit rien... les ténèbres enveloppaient son corps et son esprit. Une douleur lui parcourut la jambe puis une grande sensation de froid. Elle ouvrit les yeux et se rendit compte qu'elle était en train de couler.
  
Sa jambe gauche ne voulait pas bouger mais, grâce à celle de droite et à ses bras, elle parvint à se diriger vers les lunes qui brillaient au-dessus de sa tête. Il fallut lutter contre les courants qui gênaient sa remontée mais elle parvint à atteindre la surface et à emplir ses poumons de l'air frais de la nuit. Elle était encore très proche de la falaise de la capitale du royaume de Camlorn mais les courants l'avaient entraînée assez loin de l'endroit où elle était tombée du Rocher de Cavilstyr.
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Sa jambe gauche ne voulait pas bouger mais, grâce à celle de droite et à ses bras, elle parvint à se remonter vers les lunes qui brillaient au-dessus de sa tête. Il lui fallut lutter longuement contre les courants qui la tiraient violemment. Enfin elle parvint à atteindre la surface, et emplit ses poumons de l'air frais de la nuit. Elle était encore proche de la falaise de la capitale du royaume de Camlorn mais les courants l'avaient entraînée assez loin de l'endroit où elle était tombée du Rocher de Cavilstyr.
  
 
Pas tombée, se reprit-elle. Elle avait été poussée.
 
Pas tombée, se reprit-elle. Elle avait été poussée.
  
Elle se laissa dériver le long de la paroi rocheuse qui devenait de moins en moins abrupte jusqu'à ce que son faîte soit proche de l'eau. Devant elle, elle aperçut les contours d'une grande demeure et, en s'en approchant, elle put voir de la fumée s'élever de la cheminée. Elle avait très mal à la jambe mais le froid de l'eau était encore plus pénible. La seule pensée d'un feu bien chaud était suffisante pour la pousser à se remettre à nager.
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Elle se laissa dériver le long de la paroi rocheuse qui devenait de moins en moins abrupte jusqu'à ce que son faîte soit proche de l'eau. Devant elle, elle aperçut les contours d'une grande demeure et, en s'en approchant, elle put voir de la fumée s'élever de la cheminée et la lueur d'un feu à l'intérieur. Elle avait très mal à la jambe mais le froid de l'eau était encore plus pénible. La pensée d'un feu bien chaud était toute la motivation dont elle avait besoin pour se remettre à nager.
  
Lorsqu'elle atteignit la rive, elle essaya de se lever mais ne put y parvenir. Ses larmes se mêlaient à l'eau de mer et elle se mit à ramper sur les rochers et sur le sable. La simple tunique blanche qui avait été son costume pour le Festival des Fleurs était souillée et semblait un fardeau de plomb sur son dos. Quand elle fut totalement épuisée, elle s'effondra et se mit à pleurer.
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Lorsqu'elle atteignit la rive, elle essaya de se lever mais ne put y parvenir. Ses larmes se mêlèrent à l'eau de mer lorsqu'elle se mit à ramper sur les rochers et sur le sable. Le simple drap blanc qui avait été son costume pour le Festival des Fleurs était en lambeaux et semblait peser comme du plomb le long de son dos. Quand elle fut totalement épuisée, elle s'effondra et se mit à pleurer.
  
 
- Par pitié ! gémit-elle. Si jamais vous m'entendez, aidez-moi par pitié !
 
- Par pitié ! gémit-elle. Si jamais vous m'entendez, aidez-moi par pitié !
  
Quelques instants plus tard, la porte de la maison s'ouvrit et une femme en sortit. Il s'agissait de Ramke, la vieille femme qu'elle avait rencontrée au Festival des Fleurs. Celle qui s'était écriée en la voyant :
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Quelques instants plus tard, la porte de la maison s'ouvrit et une femme en sortit. Il s'agissait de Ramke, la vieille femme qu'elle avait rencontrée au Festival des Fleurs. Celle qui s'était écriée en la voyant "C'est elle !" avant même qu'elle ne sache qui elle était. Quand la vieille femme s'approcha d'elle, cette fois-ci, il n'y eut aucune lueur de reconnaissance dans ses yeux.
  
- C'est elle ! avant même qu'elle ne sache qui elle était.
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- Par Séthiete ! Êtes-vous blessée ? murmura Ramke.
  
Quand la vieille femme s'approcha d'elle, cette fois-ci, il n'y eut aucune lueur de reconnaissance dans ses yeux.
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Elle l'aida à se relever et la soutint telle une béquille. J'ai déjà vu cette robe auparavant. Étiez-vous une des danseuses du Festival des Fleurs ? Je m'y trouvais avec dame Jyllia Raze, la fille du roi.
  
- Par Séthieten !!! Etes-vous blessée ? murmura Ramke.
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- Je sais, elle nous a présentées, gémit-elle. Je me suis introduite, Gyna de Daguefilante ?
  
Elle l'aida à se relever et la soutint. J'ai déjà vu cette robe auparavant. Etes-vous une des danseuses du Festival des Fleurs ? J'y étais avec dame Jyllia Raze, la fille du roi.
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- Bien sûr, je savais que vous me sembliez familière d'une certaine façon, gloussa la vieille dame.
  
- Je sais, elle nous a présentées, gémit-elle. Je vous avais dit que je m'appelais Gyna de Daguefilante.
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Elle lui fit traverser la plage et la conduisit jusqu'à sa porte. Ma mémoire n'est plus ce qu'elle était. Allons vous réchauffer et jeter un coup d'oeil à cette jambe.
  
- Oui, bien sûr, je savais que vous me sembliez familière, gloussa la vieille dame.
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Ramke retira les haillons de Gyna et la couvrit d'une couverture après l'avoir installée près du feu. Alors qu'elle commençait à se réchauffer, elle sentit l'horrible douleur de sa jambe. Jusqu'à maintenant, elle n'avait pas osé la regarder. Quand elle le fit, elle se sentit nauséeuse en voyant la profonde plaie, sa chair blanche comme un poisson mort, boursouflée et enflée. Du sang giclait en gros jets de la blessure sur le sol.
  
Elle lui fit traverser la plage et la conduisit jusque chez elle. Ma mémoire n'est plus ce qu'elle était. Allez vous réchauffer et jetons un coup d'oeil à cette jambe.
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- Ho, ma chète ! dit la vieille femme en revenant près du feu. Ça doit piquer. Vous avez de la chance que je me rappelle encore de quelques vieux sorts de soin.
  
Ramke retira les haillons de Gyna et la couvrit d'une couverture après l'avoir installée près du feu. Alors qu'elle commençait à se réchauffer, elle sentit l'horrible douleur de sa jambe. Jusqu'à maintenant, elle n'avait pas osé la regarder. Quand elle le fit, elle se sentit nauséeuse en voyant la profonde plaie, sa chair blanche boursouflée et enflée. Du sang giclait de la blessure et tombait en cascade sur le sol de la demeure.
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Ramke s'assit par terre et serra entre ses mains la plaie béante. Gyna sentit une vive douleur puis un pincement et des picotements. Quand elle regarda de nouveau, Ramke faisait lentement glisser ses mains ridées l'une vers l'autre. Pendant qu'elles se rapprochaient, sa blessure commença à se refermer sous ses yeux, la chair se rejoignant et les marques s'effaçant.
  
- Ho ! Ma pauvre, dit la vieille femme en revenant près du feu. Cela doit faire mal. Vous avez de la chance que je me rappelle encore quelques sorts de soins.
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- Douce Kynareth, bredouilla Gyna. Vous m'avez sauvé la vie.
  
Ramke s'assit par terre et serra entre ses mains la plaie béante. Gyna sentit une vive douleur puis un pincement et des picotements. Quand elle regarda de nouveau, Ramke faisait lentement glisser ses mains l'une vers l'autre. Pendant qu'elles se rapprochaient, sa blessure se refermait sous ses yeux.
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- Non seulement ça, mais en plus vous n'aurez aucune cicatrice sur votre jolie jambe, dit Ramke en gloussant. J'ai tellement dû utiliser ce sort quand dame Jyllia était petite ! Vous savez, j'étais sa nourrice.
  
- Tendre Kynareth, bredouilla Gyna. Vous m'avez sauvé la vie.
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- Je sais, dit Gyna en souriant. Mais c'était il y a bien longtemps, et vous vous souvenez encore du sort.
  
- Non seulement ça, mais en plus vous n'aurez aucune cicatrice sur votre adorable petite jambe, s'esclaffa Ramke. J'ai tellement dû utiliser ce sort quand dame Jyllia était petite ! Vous savez, j'étais sa nourrice.
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- Oh ! Quand on vous enseigne quelque chose, même l'École de la Guérison, il y a beaucoup à étudier et vous faites de nombreuses erreurs mais, quand vous devenez aussi vieille que moi, plus besoin de se souvenir des choses. Vous les savez, tout simplement. Après tout, j'ai dû m'en servir un bon millier de fois puisque la petite dame Jyllia et la petite princesse Talara ne cessaient de se blesser. Ce n'est pas étonnant : elles escaladaient tout ce qu'elles trouvaient au palais. "
 
 
-Je sais, dit Gyna en souriant. Mais c'était il y a bien longtemps et vous vous souvenez encore du sort.
 
 
 
- Ho ! Quand on vous enseigne quelque chose, même à l'école de la Guérison, il y a beaucoup à étudier et vous faites de nombreuses erreurs mais, quand vous devenez aussi vieille que moi, on n'a plus besoin de se souvenir des choses. Vous les savez, tout simplement. Après tout, j'ai dû m'en servir un bon millier de fois puisque la petite dame Jyllia et la petite princesse Talara ne cessaient de se blesser. Ce n'est pas étonnant : elles n'arrêtaient pas d'escalader tout ce qu'elles trouvaient au palais. "
 
  
 
- Gyna soupira : Vous avez dû beaucoup aimer dame Jyllia.
 
- Gyna soupira : Vous avez dû beaucoup aimer dame Jyllia.
  
- Je l'aime encore, corrigea Ramke. Mais maintenant qu'elle est adulte, les choses sont différentes. Vous savez, je ne l'avais pas remarqué jusqu'à ce que je vous voie toute mouillée sur la plage, mais vous lui ressemblez beaucoup. Vous l'ai-je déjà dit au festival ?
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- Je l'aime encore, dit Ramke rayonnante. Mais maintenant elle est grande et les choses sont différentes. Vous savez, je ne l'avais pas remarqué jusqu'ici parce que vous étiez toute mouillée sortie de la mer, mais vous lui ressemblez beaucoup. Vous l'ai-je déjà dit quand nous nous sommes rencontrées au festival ?
  
- Oui, répondit Gyna. Ou il me semble plutôt que vous avez dit que je ressemblais à la princesse Talara.
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- Oui, répondit Gyna. Ou il me semble plutôt que vous pensiez que je ressemblais à la princesse Talara.
  
- Ho ! Ce serait tellement merveilleux si vous étiez la princesse, bredouilla la vieille femme. Vous savez, quand l'ancienne famille royale a été assassinée et que tout le monde a dit que la princesse avait été tuée, bien que nous n'ayons jamais retrouvé son corps, j'ai cru que la seule vraie victime était dame Jyllia. Son petit coeur fut brisé et, pendant un temps, on crut qu'elle avait perdu la raison.
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- Oh... Ce serait tellement merveilleux si vous étiez la princesse de retour, bredouilla la vieille femme. Vous savez, quand l'ancienne famille royale a été assassinée et que tout le monde a dit que la princesse avait été tuée bien que nous n'ayons jamais retrouvé son corps, je pense que la vraie victime était dame Jyllia. Son petit coeur fut brisé et, pendant un temps, il sembla en être de même de sa raison.
  
- Que voulez-vous dire ? demanda Gyna. Que s'est-il donc passé ?
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- Que voulez-vous dire ? demanda Gyna. Que s'est-il passé ?
  
- Je ne sais pas si je devrais dire ça à une étrangère mais c'est assez connu à Camlorn et j'ai vraiment l'impression de vous connaître. Ramke lutta avec sa conscience puis continua. Jyllia a été témoin de l'assassinat, voyez-vous. Je l'ai trouvée peu après, elle se cachait dans la salle du trône, couverte de sang, et elle ressemblait à une poupée désarticulée. Elle refusait de parler et de manger. J'essayai mes sorts de soin mais cela dépassait mes facultés. C'était bien plus qu'un genou éraflé. Son père, qui était alors le Duc Oloïne, l'envoya dans une maison de santé pour qu'elle se remette.
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- Je ne sais pas si je devrais dire ça à une étrangère mais c'est assez connu à Camlorn et j'ai vraiment l'impression de vous connaître. Ramke lutta un moment avec sa conscience puis continua. Jyllia a été témoin de l'assassinat, voyez-vous. Je l'ai trouvée peu après, cachée dans cette salle du trône terrible couverte de sang, et elle ressemblait à une petite poupée désarticulée. Elle ne parlait plus, ne mangeait plus. J'essayai tous mes sorts de soin mais cela dépassait de loin mes facultés. C'était bien plus qu'un genou éraflé. Son père, qui était alors le Duc Oloïne, l'envoya dans une maison de santé en campagne pour qu'elle se remette.
  
 
- La pauvre petite fille, dit Gyna en pleurant.
 
- La pauvre petite fille, dit Gyna en pleurant.
  
- Il fallut des années pour qu'elle s'en remette, reprit Ramke en hochant de la tête. Et, en vérité, elle n'est jamais vraiment redevenue elle-même. Vous vous demandez sans doute pourquoi son père ne l'a pas désignée comme son héritière quand il est devenu roi ? Il pensait qu'elle n'allait pas très bien et, je dois avouer, bien que j'aimerais dire le contraire, qu'il n'a pas tout à fait tort. Elle ne se souvenait de rien, de rien du tout.
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- Il lui fallut des années pour se retrouver, reprit Ramke en hochant de la tête. Et, en vérité, elle n'est jamais vraiment redevenue elle-même. Vous vous demandez pourquoi son père ne l'a pas désignée comme son héritière quand il est devenu roi ? Il pensait qu'elle n'allait toujours pas tout à fait bien et je dois avouer qu'il n'a pas tort, bien que j'aimerais pouvoir affirmer le contraire. Elle ne se souvenait de rien, de rien du tout.
  
- Pensez-vous..., Gyna pesa ses mots avec prudence, ...qu'elle irait mieux si elle pensait que sa cousine, la princesse Talara, était encore vivante et qu'elle se portait bien ?
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- Pensez-vous - Gyna réfléchit prudemment aux mots qu'elle allait employer - qu'elle irait mieux si elle savait que sa cousine, la princesse Talara, était vivante et se portait bien ?
  
 
Ramke réfléchit.
 
Ramke réfléchit.
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- Je le crois. Mais peut-être que non. Parfois il vaut mieux ne rien espérer.
 
- Je le crois. Mais peut-être que non. Parfois il vaut mieux ne rien espérer.
  
Gyna se leva et se rendit compte que sa jambe était aussi robuste qu'elle semblait l'être. Sa robe avait séché et Ramke lui donna un manteau en insistant pour qu'elle se protège du froid. Sur le pas de la porte, Gyna embrassa la vieille femme sur la joue et la remercia. Non seulement pour ses soins et le manteau mais également pour toute sa générosité.
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Gyna se leva, et se rendit compte que sa jambe était aussi robuste qu'elle semblait l'être. Sa robe avait séché et Ramke lui donna un manteau en insistant pour qu'elle se protège de l'air froid de la nuit. Sur le pas de la porte, Gyna embrassa la vieille femme sur la joue et la remercia. Pas seulement pour ses soins et le manteau, mais aussi pour toute la gentillesse dont elle avait fait preuve au cours de sa vie.
  
La route près de la maison allait vers le nord et vers le sud. A gauche, elle menait à Camlorn où gisaient des secrets dont elle était la seule à détenir la clef. Au sud, se trouvait Daguefilante, son foyer depuis près de vingt ans. Elle pouvait rentrer là-bas, reprendre son métier. C'était facile. Pendant quelques secondes, elle réfléchit puis elle prit sa décision.
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La route près de la maison allait vers le nord et vers le sud. A gauche, elle menait à Camlorn où gisaient des secrets dont elle était la seule à détenir la clef. Au sud, elle filait vers Daguefilante, son foyer depuis plus de vingt ans. Elle pouvait rentrer là-bas, reprendre son métier dans les rues, c'était facile. Pendant quelques secondes, elle réfléchit à ses possibilités, puis elle prit sa décision.
  
Elle ne marchait pas depuis très longtemps quand un attelage noir tiré par trois chevaux et portant le sceau impérial passa à côté d'elle. L'attelage était escorté par huit cavaliers. Avant qu'il ne disparaisse au détour de la route, il s'arrêta. Elle reconnut un des soldats comme étant Gnorbooth, le valet de pied du seigneur Strale. Une portière s'ouvrit et le seigneur Strale en personne, l'ambassadeur de l'empereur, celui qui les avait engagées, elle et les autres femmes, pour divertir la cour, en descendit.
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Elle ne marchait pas depuis très longtemps lorsqu'un attelage noir tiré par trois chevaux et portant le sceau impérial passa à côté d'elle. L'attelage était escorté par huit cavaliers. Avant qu'il ne disparaisse au détour de la route, il s'arrêta. Elle reconnut un des soldats comme étant Gnorbooth, le valet de pied du seigneur Strale. Une portière s'ouvrit et le seigneur Strale en personne, l'ambassadeur de l'empereur, celui qui les avait engagées, elle et toutes les autres femmes pour divertir la cour, descendit.
  
 
- Vous ! gronda-t-il. Vous êtes l'une des courtisanes, n'est-ce pas ? Vous êtes celle qui a disparu pendant le Festival des Fleurs ? Gyna, si je ne m'abuse ?
 
- Vous ! gronda-t-il. Vous êtes l'une des courtisanes, n'est-ce pas ? Vous êtes celle qui a disparu pendant le Festival des Fleurs ? Gyna, si je ne m'abuse ?
  
- C'est tout à fait vrai, sourit-elle. Sauf que j'ai découvert que je ne m'appelais pas Gyna.
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- C'est tout à fait vrai, dit-elle avec un sourire aigre. Au détail près que j'ai découvert que mon nom n'est pas Gyna.
  
- Je n'en ai cure, répondit le seigneur Strale. Que faites-vous sur la route du sud ? Je vous ai payée pour rester là-bas et divertir le royaume.
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- Je n'en ai cure, répondit le seigneur Strale. Que faites-vous sur la route du sud ? Je vous ai payée pour rester là-bas et rendre le royaume heureux.
  
- Si je retourne à Camlorn, il y en a beaucoup que cela ne va pas divertir du tout.
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- Si je retournais à Camlorn, il y en a beaucoup qui ne seraient pas heureux du tout.
  
 
- Expliquez-vous, répondit le Seigneur Strale.
 
- Expliquez-vous, répondit le Seigneur Strale.
  
Elle s'exécuta et il l'écouta avec attention.
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Ce qu'elle fit, et il l'écouta.
  
 
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[[en:Mystery of Talara, Part 2]]
 
[[en:Mystery of Talara, Part 2]]

Version actuelle datée du 22 juillet 2017 à 11:28

Auteur réel : Ted Peterson
Média d'origine : TES 3 : Morrowind

Par Mera Llykith


Elle ne sentit rien... les ténèbres enveloppaient son corps et son esprit. Une douleur lui parcourut la jambe puis une grande sensation de froid. Elle ouvrit les yeux et se rendit compte qu'elle était en train de couler.

Sa jambe gauche ne voulait pas bouger mais, grâce à celle de droite et à ses bras, elle parvint à se remonter vers les lunes qui brillaient au-dessus de sa tête. Il lui fallut lutter longuement contre les courants qui la tiraient violemment. Enfin elle parvint à atteindre la surface, et emplit ses poumons de l'air frais de la nuit. Elle était encore proche de la falaise de la capitale du royaume de Camlorn mais les courants l'avaient entraînée assez loin de l'endroit où elle était tombée du Rocher de Cavilstyr.

Pas tombée, se reprit-elle. Elle avait été poussée.

Elle se laissa dériver le long de la paroi rocheuse qui devenait de moins en moins abrupte jusqu'à ce que son faîte soit proche de l'eau. Devant elle, elle aperçut les contours d'une grande demeure et, en s'en approchant, elle put voir de la fumée s'élever de la cheminée et la lueur d'un feu à l'intérieur. Elle avait très mal à la jambe mais le froid de l'eau était encore plus pénible. La pensée d'un feu bien chaud était toute la motivation dont elle avait besoin pour se remettre à nager.

Lorsqu'elle atteignit la rive, elle essaya de se lever mais ne put y parvenir. Ses larmes se mêlèrent à l'eau de mer lorsqu'elle se mit à ramper sur les rochers et sur le sable. Le simple drap blanc qui avait été son costume pour le Festival des Fleurs était en lambeaux et semblait peser comme du plomb le long de son dos. Quand elle fut totalement épuisée, elle s'effondra et se mit à pleurer.

- Par pitié ! gémit-elle. Si jamais vous m'entendez, aidez-moi par pitié !

Quelques instants plus tard, la porte de la maison s'ouvrit et une femme en sortit. Il s'agissait de Ramke, la vieille femme qu'elle avait rencontrée au Festival des Fleurs. Celle qui s'était écriée en la voyant "C'est elle !" avant même qu'elle ne sache qui elle était. Quand la vieille femme s'approcha d'elle, cette fois-ci, il n'y eut aucune lueur de reconnaissance dans ses yeux.

- Par Séthiete ! Êtes-vous blessée ? murmura Ramke.

Elle l'aida à se relever et la soutint telle une béquille. J'ai déjà vu cette robe auparavant. Étiez-vous une des danseuses du Festival des Fleurs ? Je m'y trouvais avec dame Jyllia Raze, la fille du roi.

- Je sais, elle nous a présentées, gémit-elle. Je me suis introduite, Gyna de Daguefilante ?

- Bien sûr, je savais que vous me sembliez familière d'une certaine façon, gloussa la vieille dame.

Elle lui fit traverser la plage et la conduisit jusqu'à sa porte. Ma mémoire n'est plus ce qu'elle était. Allons vous réchauffer et jeter un coup d'oeil à cette jambe.

Ramke retira les haillons de Gyna et la couvrit d'une couverture après l'avoir installée près du feu. Alors qu'elle commençait à se réchauffer, elle sentit l'horrible douleur de sa jambe. Jusqu'à maintenant, elle n'avait pas osé la regarder. Quand elle le fit, elle se sentit nauséeuse en voyant la profonde plaie, sa chair blanche comme un poisson mort, boursouflée et enflée. Du sang giclait en gros jets de la blessure sur le sol.

- Ho, ma chète ! dit la vieille femme en revenant près du feu. Ça doit piquer. Vous avez de la chance que je me rappelle encore de quelques vieux sorts de soin.

Ramke s'assit par terre et serra entre ses mains la plaie béante. Gyna sentit une vive douleur puis un pincement et des picotements. Quand elle regarda de nouveau, Ramke faisait lentement glisser ses mains ridées l'une vers l'autre. Pendant qu'elles se rapprochaient, sa blessure commença à se refermer sous ses yeux, la chair se rejoignant et les marques s'effaçant.

- Douce Kynareth, bredouilla Gyna. Vous m'avez sauvé la vie.

- Non seulement ça, mais en plus vous n'aurez aucune cicatrice sur votre jolie jambe, dit Ramke en gloussant. J'ai tellement dû utiliser ce sort quand dame Jyllia était petite ! Vous savez, j'étais sa nourrice.

- Je sais, dit Gyna en souriant. Mais c'était il y a bien longtemps, et vous vous souvenez encore du sort.

- Oh ! Quand on vous enseigne quelque chose, même l'École de la Guérison, il y a beaucoup à étudier et vous faites de nombreuses erreurs mais, quand vous devenez aussi vieille que moi, plus besoin de se souvenir des choses. Vous les savez, tout simplement. Après tout, j'ai dû m'en servir un bon millier de fois puisque la petite dame Jyllia et la petite princesse Talara ne cessaient de se blesser. Ce n'est pas étonnant : elles escaladaient tout ce qu'elles trouvaient au palais. "

- Gyna soupira : Vous avez dû beaucoup aimer dame Jyllia.

- Je l'aime encore, dit Ramke rayonnante. Mais maintenant elle est grande et les choses sont différentes. Vous savez, je ne l'avais pas remarqué jusqu'ici parce que vous étiez toute mouillée sortie de la mer, mais vous lui ressemblez beaucoup. Vous l'ai-je déjà dit quand nous nous sommes rencontrées au festival ?

- Oui, répondit Gyna. Ou il me semble plutôt que vous pensiez que je ressemblais à la princesse Talara.

- Oh... Ce serait tellement merveilleux si vous étiez la princesse de retour, bredouilla la vieille femme. Vous savez, quand l'ancienne famille royale a été assassinée et que tout le monde a dit que la princesse avait été tuée bien que nous n'ayons jamais retrouvé son corps, je pense que la vraie victime était dame Jyllia. Son petit coeur fut brisé et, pendant un temps, il sembla en être de même de sa raison.

- Que voulez-vous dire ? demanda Gyna. Que s'est-il passé ?

- Je ne sais pas si je devrais dire ça à une étrangère mais c'est assez connu à Camlorn et j'ai vraiment l'impression de vous connaître. Ramke lutta un moment avec sa conscience puis continua. Jyllia a été témoin de l'assassinat, voyez-vous. Je l'ai trouvée peu après, cachée dans cette salle du trône terrible couverte de sang, et elle ressemblait à une petite poupée désarticulée. Elle ne parlait plus, ne mangeait plus. J'essayai tous mes sorts de soin mais cela dépassait de loin mes facultés. C'était bien plus qu'un genou éraflé. Son père, qui était alors le Duc Oloïne, l'envoya dans une maison de santé en campagne pour qu'elle se remette.

- La pauvre petite fille, dit Gyna en pleurant.

- Il lui fallut des années pour se retrouver, reprit Ramke en hochant de la tête. Et, en vérité, elle n'est jamais vraiment redevenue elle-même. Vous vous demandez pourquoi son père ne l'a pas désignée comme son héritière quand il est devenu roi ? Il pensait qu'elle n'allait toujours pas tout à fait bien et je dois avouer qu'il n'a pas tort, bien que j'aimerais pouvoir affirmer le contraire. Elle ne se souvenait de rien, de rien du tout.

- Pensez-vous - Gyna réfléchit prudemment aux mots qu'elle allait employer - qu'elle irait mieux si elle savait que sa cousine, la princesse Talara, était vivante et se portait bien ?

Ramke réfléchit.

- Je le crois. Mais peut-être que non. Parfois il vaut mieux ne rien espérer.

Gyna se leva, et se rendit compte que sa jambe était aussi robuste qu'elle semblait l'être. Sa robe avait séché et Ramke lui donna un manteau en insistant pour qu'elle se protège de l'air froid de la nuit. Sur le pas de la porte, Gyna embrassa la vieille femme sur la joue et la remercia. Pas seulement pour ses soins et le manteau, mais aussi pour toute la gentillesse dont elle avait fait preuve au cours de sa vie.

La route près de la maison allait vers le nord et vers le sud. A gauche, elle menait à Camlorn où gisaient des secrets dont elle était la seule à détenir la clef. Au sud, elle filait vers Daguefilante, son foyer depuis plus de vingt ans. Elle pouvait rentrer là-bas, reprendre son métier dans les rues, c'était facile. Pendant quelques secondes, elle réfléchit à ses possibilités, puis elle prit sa décision.

Elle ne marchait pas depuis très longtemps lorsqu'un attelage noir tiré par trois chevaux et portant le sceau impérial passa à côté d'elle. L'attelage était escorté par huit cavaliers. Avant qu'il ne disparaisse au détour de la route, il s'arrêta. Elle reconnut un des soldats comme étant Gnorbooth, le valet de pied du seigneur Strale. Une portière s'ouvrit et le seigneur Strale en personne, l'ambassadeur de l'empereur, celui qui les avait engagées, elle et toutes les autres femmes pour divertir la cour, descendit.

- Vous ! gronda-t-il. Vous êtes l'une des courtisanes, n'est-ce pas ? Vous êtes celle qui a disparu pendant le Festival des Fleurs ? Gyna, si je ne m'abuse ?

- C'est tout à fait vrai, dit-elle avec un sourire aigre. Au détail près que j'ai découvert que mon nom n'est pas Gyna.

- Je n'en ai cure, répondit le seigneur Strale. Que faites-vous sur la route du sud ? Je vous ai payée pour rester là-bas et rendre le royaume heureux.

- Si je retournais à Camlorn, il y en a beaucoup qui ne seraient pas heureux du tout.

- Expliquez-vous, répondit le Seigneur Strale.

Ce qu'elle fit, et il l'écouta.