La Reine-Louve, livre VII : Différence entre versions

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Version du 24 mai 2014 à 13:01

La Reine-Louve, livre VII

Par Waughin Jarth




De la plume d'Inzolicus, sage du deuxième siècle de l'ère Troisième :


3E 125

La date exacte de l'exécution de l'impératrice Kintyra Septim II à Pointe-Glen est sujette à spéculation. D'aucuns pensent qu'elle fut mise à mort peu de temps après son incarcération en 121, tandis que d'autres affirment qu'elle a sans doute été gardée en otage jusqu'à ce qu'oncle Céphorus, roi de Gilane, reprenne la partie occidentale d'Hauteroche pendant l'été 125. En tout cas, la preuve de la mort de Kintyra rallia de nombreux indécis contre la Reine-Louve et son fils, lequel avait été couronné empereur sous le nom d'Uriel III quatre ans plus tôt, après qu'il eût envahi une cité impériale trop peu défendue.


Céphorus concentra son offensive sur Hauteroche, tandis que son frère Magnus, roi de Lilmoth, traversait Morrowind sans combattre à la tête de ses Argoniens pour aller affronter Potéma dans sa province de Bordeciel. Les hommes-reptiles étaient particulièrement efficaces l'été mais, avec la venue de l'hiver, Magnus n'eut d'autre choix que de se replier vers le sud en attendant que le climat se réchauffe. Cette incapacité des troupes de Magnus à poursuivre leur offensive jusqu'à son terme prolongea la guerre de deux ans.


Egalement en l'an 125, Hellena, l'épouse de Magnus, donna naissance à leur premier enfant, un garçon prénommé Pélagius, en l'honneur du père de Magnus, de Céphorus, d'Antiochus et de la redoutable Reine-Louve de Solitude.


3E 127

Assise sur un épais coussin de soie dans l'herbe fraîche qui faisait un tapis de verdure devant sa tente, Potéma contemplait le lever de soleil par-delà les arbres, de l'autre côté de la clairière. L'aube regorgeait de vie, comme c'était si souvent le cas l'été en Bordeciel. Les insectes bourdonnaient autour d'elle et des milliers d'oiseaux traçaient des arabesques dans le ciel. La nature n'avait pas conscience que la guerre frappait aux portes de Rapastre.


" Un messager vient d'arriver en provenance de l'armée de Martelfell, Majesté ", lui dit l'une de ses servantes.


L'homme qui l'accompagnait avait le souffle court et des vêtements couverts de boue et de poussière. Il avait manifestement passé de longues heures en selle.


" Ma reine, je suis porteur de mauvaises nouvelles concernant votre fils, l'empereur, dit-il, les yeux rivés au sol. Il a affronté l'armée de votre frère, le roi Céphorus, en Martelfell, à proximité d'Ichidag. Vous pouvez être fière de lui, car il s'est bien battu, mais il a fini par s'incliner et a été fait prisonnier. Le roi Céphorus le ramène actuellement à Gilane. "


Potéma écouta l'intégralité du rapport, livide de rage.


" Le petit crétin ", siffla-t-elle finalement.


La Reine-Louve se leva et se rendit au camp où ses hommes se préparaient au combat. Il y avait bien longtemps que ces derniers avaient compris que leur maîtresse ne s'attachait guère au cérémonial et qu'elle préférait les voir se dépenser sans compter plutôt que de la saluer dès qu'elle passait. Le seigneur Vhökken se trouvait devant elle. Il avait déjà commencé à s'entretenir avec le chef des mages de guerre, avec lequel il discutait des stratégies de dernière minute.


" Qu'allez-vous faire, ma reine ? demanda le messager, qui l'avait suivie.


- Je vais vaincre Magnus, et ce, bien que l'occupation des ruines du château de Kogmenthist lui confère l'avantage de la position, répondit Potéma. Lorsque je saurai ce que Céphorus compte faire de l'empereur, je réagirai en conséquence. S'il faut verser une rançon, je la paierai. Si jamais mon frère souhaite procéder à un échange de prisonniers, il en sera ainsi. Et maintenant, allez vous débarbouiller, reposez-vous et ne gênez pas mes soldats.


- Ce scénario n'est guère idéal, lui expliqua le seigneur Vhökken alors qu'elle entrait dans la tente de commandement. Si nous attaquons par l'ouest, nous nous exposerons directement au feu des mages et archers. Si nous choisissons la voie de l'est, il nous faudra traverser les marais, et les Argoniens nous sont nettement supérieurs dans un tel environnement.


- Et qu'en est-il du nord et du sud ? Ce ne sont que collines, est-ce exact ?


- Des collines extrêmement pentues, Majesté, lui répondit le commandant en chef. Nous devrions y poster des archers, mais nous serions par trop vulnérables si nous y disposions l'essentiel de nos troupes.


- Donc, pas d'autre choix que le marais, en conclut Potéma, avant d'ajouter, pragmatique : A moins que nous ne replions et que nous n'attendions qu'ils sortent de leur trou.


- Si nous choisissons cette option, nous laisserons Céphorus amener son armée d'Hauteroche et nous nous retrouverons piégés entre les deux, lui rappela le seigneur Vhökken. Avouez que cette situation n'est guère souhaitable.


- Je vais aller parler aux hommes pour les préparer à passer par le marais, proposa le commandant en chef.


- Non. Je m'en charge ", trancha Potéma.


Les soldats en armure se rassemblèrent au centre du camp. Hommes et femmes, Cyrodiléens, Nordiques, Brétons et Dunmers, vieux et jeunes, enfants de nobles, de marchands, de serfs, de prêtres, de prostituées, de fermiers, d'académiciens et d'aventuriers. Tous réunis derrière la bannière du Diamant rouge, symbole de la famille impériale de Tamriel.


" Mes enfants, leur dit Potéma d'une voix forte. Ensemble, nous avons livré de nombreuses batailles, dans les montagnes et sur les plages, en forêt et dans le désert. Je vous ai tous vus accomplir de fantastiques actes de bravoure et je suis fière de vous. Et vous savez également vous battre déloyalement quand il le faut en faisant preuve de sauvagerie et de cruauté, ce qui me fait tout aussi plaisir. Car vous êtes tous de véritables guerriers. "


La Reine-Louve poursuivit son discours en allant d'un soldat à l'autre, les regardant tous droit dans les yeux.


" La guerre fait partie intégrante de votre sang, de votre coeur et de vos muscles ; elle est présente dans chacun de vos actes, chacune de vos pensées. Quand ce conflit sera terminé après la défaite ultime des fourbes qui cherchent à voler son trône au seul empereur de droit divin, Uriel Septim III, vous pourrez cesser de combattre. Vous aurez la possibilité de reprendre votre vie d'antan, à la campagne ou en ville, et de montrer vos cicatrices fièrement en narrant vos exploits à vos voisins émerveillés. Mais aujourd'hui, ne vous y trompez pas, vous êtes encore des guerriers. Plus que cela, vous êtes la guerre elle-même. "


Elle vit que ses paroles faisaient leur effet. Tout autour d'elle, les mains se refermaient convulsivement sur les armes, tandis que les yeux injectés de sang se plissaient, comme pour mieux se préparer au carnage à venir.


" Vous allez traverser le marais telle une déferlante issue du plus profond du Grand Oubli et vous arracherez les écailles des monstres qui occupent le château de Kogmenthist ! conclut-elle dans un cri. Vous êtes des guerriers, et vous ne devez pas vous contenter de combattre ! Vous devez gagner, vous m'entendez ? Gagner ! "


Ils lui répondirent par une grande clameur qui fit s'envoler tous les oiseaux des environs.


Potéma et le seigneur Vhökken trouvèrent un avantageux poste d'observation dans les collines du sud. De là, l'affrontement semblait opposer deux armées d'insectes de deux couleurs différentes se disputant une butte dont le sommet était occupé par les ruines du château. De temps en temps, leur attention était accaparée par une boule de feu ou un nuage d'acide invoqué par un mage. Le combat se poursuivit plusieurs heures durant, dans le plus grand chaos.


" Un cavalier approche ", dit soudain le seigneur Vhökken.


La jeune Rougegarde arborait les couleurs de Gilane mais tenait un drapeau blanc à la main. Potéma l'autorisa à approcher. La jeune femme n'avait pas plus ménagé ses efforts que le messager précédent.


" Majesté, fit-elle, essoufflée. Je suis envoyée par mon seigneur votre frère, le roi Céphorus, afin de vous prévenir que votre fils Uriel a été capturé à Ichidag puis amené à Gilane.


- Je le sais déjà, répondit la Reine-Louve avec dédain. Je possède mes propres messagers. Retourne dire à ton maître que, lorsque j'aurai gagné cette bataille, je verserai la rançon qu'il...


- Majesté, le convoi escortant votre fils jusqu'à Gilane a été intercepté par une foule en colère. Votre fils est mort. Il a brûlé dans l'incendie de son carrosse. "


Potéma reporta toute son attention sur la bataille. Ses soldats étaient sur le point de l'emporter ; les troupes de Magnus se repliaient.


" Ce n'est pas tout, Majesté, poursuivit la messagère. Le roi Céphorus a été proclamé empereur. "


Potéma refusa de la regarder. En haut de la butte, son armée célébrait la victoire.


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