Extrait du journal de Dranos Velador, capitaine de l'Anneau de soie
Date de publication : 28/07/2016 Média d'origine : Archives du maître du savoir
Par Dranos Velador
Enfin, je l'ai trouvé. J'ai trouvé le Berceau des ombres. Il était vraiment bien caché. L'extérieur n'est qu'un tas de maçonnerie ravagée, couvert de mousse et de vieilles racines de cyprès. Les Impériaux ont bien pris soin de le dissimuler, mais l'œil d'un assassin voit tout. Le bâtiment lui-même est quelconque, un simple bastion de pierre assemblé au style colovien, on ne peut plus assommant. Mais il suffit de gratter la surface pour découvrir la vérité de cet endroit. Une horreur sourde recouvre le Berceau comme un linceul. Les serviteurs de Méphala rôdent dans tous les recoins sombres, hors de vue mais toujours attentifs. Patients. Je ne me suis jamais senti mieux ailleurs. La présence de Méphala ne fait que croître à mesure que l'on descend. Les mornes murs de pierre cèdent la place à de grandes cavernes, où les ombres dansent comme des galopins fous et d'immenses toiles d'araignée luisent à la lumière des torches. Les serviteurs de Méphala, les Arachnakiens, parcourent ces volumes et se murmurent de sombres secrets dans une langue qu'aucun mortel ne comprend. Mais cela n'est encore qu'un pâle reflet de ce qui peut suivre. Au-delà des cavernes, la trame même de la réalité se délite. Le sombre royaume de Méphala, la spirale de l'écheveau, a conquis ces lieux. Ses tentacules d'encre s'étirent dans toutes les directions, pour séduire pèlerins et proies avec autant d'aisance, et les enserrer dans sa froide étreinte chitineuse. Voilà ce qui a poussé les Impériaux à détruire ce fort. Ils ont trouvé ce centre de pouvoir, et ont voulu le cacher au reste du monde. Imbéciles sans ambition. Comment peut-on tourner le dos à cette sublime obscurité ? Depuis une semaine, voire davantage, que je parcours ces sombres couloirs, je sens le poids de cette horreur. Comme si toute cette sombre beauté pouvait céder d'un instant à l'autre. Quelqu'un maintient ouvert ce portail par sa simple volonté. Je l'ai rencontrée dans mes rêves, elle m'invitait à m'enfoncer encore dans le Berceau, et m'y promettait gloire, passion et terreur. Elle s'appelle Velidreth, la Dame des dentelles. Un jour, je deviendrai son serviteur, et ensemble nous materons le monde. Tous craindront Méphala. Tous aimeront Méphala. Tous adoreront Méphala. Notre sinistre tâche commence ici, dans le Berceau des ombres. |