Chroniques des Cinq compagnons, Vol. 5
Média d'origine : TES Online
Par Abnur Tharn, 2E 582
En fin de compte, il fut très simple d'aller chercher le Rougegarde dans les salles du Tourment. Je suis étonné que Sai Sahan ait tant été affecté par ses expériences avec les autres membres des Compagnons. Quoique je trouve disgracieuses sa tolérance et son affection pour cette colossale trolesse, je ne puis nier qu'il a fait preuve pendant son incarcération d'une force de volonté légendaire. Nous savons à présent où se trouve l'Amulette des rois. Ce n'est pas sans poésie qu'elle soit à nouveau là-bas. Sahan est plus érudit que je le pensais, mais peut-être un peu trop mélancolique. Un Impérial intelligent et patriote aurait peut-être pu penser à l'ancienne citadelle de Sancre Tor et son association avec Alessia et le pacte des Divins. Il est peut-être heureux que l'Elfe Mannimarco n'ait pas cet amour pour l'histoire de Cyrodiil. Quel individu curieux que ce Sai Sahan. Je n'ai jamais considéré les Rougegardes avec autant de mépris que les seigneurs Nibenais le font, et de tous les Compagnons encore envie, c'est certainement le moins désagréable. Il sait ce que son le devoir et le dévouement, sert ceux à qui il se sait inférieur, et affine son talent avec une singulière volonté. Malgré son incapacité à raviver une antique tradition - ce qui vaut sans doute mieux, vu le rôle qu'elle aurait joué dans la destruction de la patrie rougegarde - Sai Sahan possède une maîtrise édifiante de l'épée longue. Je me rappelle une époque, pendant la guerre contre les empereurs des longères, où il mena la charge d'une colonne de mercenaires chargés par Varen d'aider à la libération de Letawiin. Il s'avéra que Léovic, dernier né des Tagh Droiloch et alors empereur de la cité impérial, employait ces mercenaires comme agents doubles. Lorsque Sai se présenta devant les portes de Leyawiin avec ses troupes « loyales », elles se retournèrent contre lui, espérant remettre la tête du légendaire commandant de la garde-dragon à l'empereur Léovic. Il est souvent difficile de croire aux ouï-dires de la plèbe, mais même en se gardant des exagérations paysannes, il est clair que Sai se dégagea des deux forces armées qui comptaient le séparer de sa tête. Lorsqu'il regagna la base de la rébellion à Bruma, des semaines plus tard, il portait le scalp de quatre-vingt six hommes, et la nouvelle que Leyawiin était libérée. Il ne m'en a jamais vraiment parlé, malgré mon insistance. Varen, bien sûr, n'insista pas - il usa de son propre charisme et de l'imagination fertile des troupes pour y peindre un récit glorieux. Un homme contre deux armées. Sai Sahan, qui avait sais aide libéré Leyawiin des mains de Léovic. J'imagine que la vérité est bien plus brutale et sanglante. L'on n'arrache le cuir chevelu de quatre-vingt six têtes que sous le coup d'une rage et d'une soif de sang immenses. L'on n'affronte pas six cents hommes seul. Je pense bien plus probable que le Rougegarde ait livré pendant des jours une bataille mobile dans toute la ville, assassinant gardes et commandants jusqu'à ce que les Crevassais finissent par en déserter les murs. Voilà ce qui rend Sai Sahan si dangereux. À le voir, nul n'imaginerait qu'il est le genre d'homme à se tapir dans les ruelles sombres, à survivre d'ordures, à massacrer un par un des hommes si sauvages que la seule façon de les effrayer est de devenir un fantôme invisible, un vent de mort tapi dans les ombres d'une ville occupée. Et pourtant, c'est exactement ce qu'il est, ce qu'il a fait.
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