Les chroniques du roi Kurog, livre IV

Média d'origine : TES Online

Par Réphrine Fray, Chroniqueuse de Haltevoie

Au fil des années, je servis souvent d'intermédiaire entre le roi Émeric et le chef Kurog. Pour cette raison, et aussi à cause de mon amitié avec le chef, je fus témoin des événements les plus importants de la vie de Kurog. Il partageait aussi avec moi ses pensées et ses sentiments, car il continuait à me faire confiance et à me traiter en confidente, allant jusqu'à m'écrire lorsque nous étions longtemps éloignés. (Mais, malheureusement, je n'ai jamais accepté sa demande en mariage. Kurog commença à prendre des épouses dès son accession au rang de chef, un peu comme un maître de haras accumule les chevaux, mais c'est une autre histoire.)

Kurog passa quelques années à consolider son pouvoir, agrandissant son clan et formant des alliances avec les chefs de clan désireux de soutenir ses buts et ses idées. C'est à ce moment que Kurog me révéla les détails de sa grande vision : « Je vais marcher dans les pas du puissant Yashnag et marcher sur Bordeciel », m'écrivit-il, « je restaurerai le royaume orque en Épervine et bâtirai une ville qui rivalisera avec la merveilleuse Haltevoie. Pendant que Kurog était occupé au Nord, Émeric réglait des problèmes au centre de Hauteroche. Le roi Ranser de Taillemont avait déclaré la guerre à Haltevoie. Après une rencontre clandestine avec Émeric, je décidai de retourner auprès de Kurog.

Je le rattrapai près d'Étoile du dragon, alors qu'il rassemblait ses forces dans les montagnes occidentales de Bordeciel. L'entreprise était plus pénible que prévu. Les Nordiques, bien que déchirés par une guerre civile, étaient des combattants adroits et courageux. Le chemin jusqu'en Épervine était long et ardu, et les rochers et la neige seraient aspergés du sang des guerriers de chaque camp avant la fin de la campagne. Une nuit, j'étais assise à contempler le feu de camp, lorsque le chef de clan s'ouvrit à moi comme il le faisait du temps où nous étions à Elsweyr.

« Foutus Nordiques, » dit-il, « s'ils avaient une once de décence, ils baisseraient les armes et dégageraient de note chemin. Mais non ! Les clans qui ne nous combattent pas tentent de nous acheter pour qu'on les aide. Ils ne nous considèrent pas comme des conquérants, mais comme des mercenaires ! Je commence à penser que mes projets concernant Épervine seront étouffés sous la neige et la glace. Maudits soient les Nordiques et leur foutu hydromel ! »

Je mis une main sur son genou et dit doucement : « Et si je vous proposais un autre rêve, plus grand ? Et l'autorité nécessaire pour en faire une réalité ? » Kurog me regarda un long moment. Puis, il se leva, me toisa, et exigea que je lui dise de quoi il retournait. Au lieu de cela, je saisis une sacoche à documents sous mon manteau de voyage, et lui remis. Il lut son contenu à la lumière du feu. Puis, encore. Et une troisième fois. Puis, il me demanda si c'était une sorte de piège. Je lui assurai que non. C'était une offre. « Vous aidez le roi Émeric, et le roi Émeric vous aide. » Notre discussion se continua longtemps dans la nuit.

Au matin, Kurog me donna une liste de demandes à ramener à Haltevoie. J’étais impressionnée. Il négociait dur, mais il offrait aussi au roi Émeric la puissance nécessaire pour mettre un terme à la guerre de Ranser, d'un seul coup puissant. Je lui dis que je remettrais les documents au roi Émeric le plus vite possible. En retour, il me promit que son armée serait prête et attendrait le signal d'Émeric, mais ils ne bougeraient pas sans que les documents signés de la main d'Émeric soient entre les siennes.

Et c'était ainsi que les Orques rejoignirent l'Alliance de Daguefilante et que Kurog devint roi de Wrothgar.