TESO:Présentation d'un personnage/Dame Ronce
Date de publication : 14/07/2020
Résumé et mise en garde Par Fennorian, de la maison Corbeguet Tout d’abord, chère Gwendis, accepte mes excuses pour la réponse tardive que je fais ici à ta demande. Je sais que par le passé, nous avons connu plusieurs différends concernant nos responsabilités envers la maison Corbeguet, mais sache qu’en aucun cas je ne déciderais de te manquer de respect. Même lorsque nos discussions se sont enflammées, je n’ai jamais oublié que tu es ma sœur. Notre loyauté mutuelle envers la cause du seigneur Vérandis dépasse largement nos bisbilles. D’ailleurs, mon retard est lié à la mission de notre maison. La lettre par laquelle tu me demandais des renseignements sur Dame Ronce me parvint juste après mon départ pour Bangkoraï. Des rumeurs m’étaient parvenues concernant un site funéraire sans précédent, et elles me paraissaient dignes d’intérêt. Il faut absolument que je te raconte l’aventure incroyable que j’y ai vécue. J’y ai rencontré une femme qui m’a beaucoup fait penser à toi. Mais cela pourra attendre nos retrouvailles. Disons que je comprends mieux, à présent, pourquoi le travail de terrain te fascine et t’attire autant. Une fois rentré au château Corbeguet, je me mis immédiatement en quête de références à Dame Ronce. Je comprends mieux ton ignorance. L’Index Vampirique établi par Vérandis ne dit presque rien d’elle. Ce qui est étonnant, puisque son titre de « Dame » impliquerait une origine aristocratique. J’ai commencé à me demander s’il ne s’agissait pas simplement d’une légende que les Nordiques de la campagne se racontaient en attendant que leurs flanchets de horqueur cuisent. Nous avons ainsi traqué plus que notre part de fantômes. Mais, je me suis ensuite souvenu de la description que tu faisais de son château, sur la frontière ouest de Bordeciel, près de la Crevasse. Dans ta lettre, tu disais que son architecture paraissait vampirique. Ou, pour reprendre ta formule, qu’il « a tous ces horribles machins pointus que les gens comme nous aiment mettre sur les objets. » Outre que je te rejoins sur la pénibilité de l’architecture vampirique, cela m’a aidé à en apprendre davantage sur le passé de Dame Ronce. Vois-tu, je ne pense pas que Dame Ronce ait été l’occupante originelle de ce château. J’ai trouvé des archives de Solitude indiquant qu’un clan de vampires, qui se faisait appeler le Nid des neiges, avait bâti le château vers le septième siècle de la Première Ère. Je ne parviens pas à préciser la date car, comme tu le sais, les Nordiques ne sont pas très méticuleux dans leurs chronologies. En revanche, on précise que le Nid des neiges a bâti son château à l’aide d’esclaves locaux. Ils ont mené plusieurs raids contre les villages des environs, pour capturer des ouvriers assez forts pour cela. Apparemment, le clan les épuisait à la tâche, puis les vidait de leur sang, avant de les redéposer dans le village. Ils allaient parfois jusqu’à les installer à la table ou dans le lit, en une sinistre imitation de vie. Tu en conviendras, ce n’est pas le genre de grandiloquence maléfique que l’on imagine venant de Dame Ronce. Elle est avant tout, voire exclusivement, connue pour son isolation. C’est notre seule certitude. Mais j’ai découvert d’autres choses. Lorsque le Nid des neiges a fini de bâtir son château, les raids ont ralenti, mais pas cessé. Il se passait des années voire des décennies, sans que les autochtones n’aient de nouvelles des vampires, puis ceux-ci attaquaient. Ils décrivent des assauts gratuits, des démonstrations pures et simples de cruauté. Ensuite, le Nid des neiges se faisait à nouveau oublier. Puis, en 1E 1030, une Altmer arriva dans la région. Les histoires décrivent une femme digne, raffinée, presque snob. Un Nordique écrit : « Au moment où le dernier rayon de lumière tomba sous l’horizon, cette Elfe apparut sur son cheval. Elle était jolie, pour une Elfe. Je crois que je n’avais jamais vu d’aussi beaux vêtements que les siens, et je n’en ai sans doute jamais revu depuis. Elle n’était pas vêtue pour le froid, mais ça n’avait pas l’air de la déranger. » « Quand elle s’approcha du feu de mon poste de garde, je l’entendis demander à rencontrer notre jarl. Son ton ressemblait plus à un ordre, bien que ses mots aient été très polis. Je me souviens avoir gloussé, et répondu que notre petit village n’avait pas encore mérité son jarl. Un peu piquée, elle demanda à parler à la personne qui gérait la ville. Bien sûr, je ne pouvais pas aller le chercher pour n’importe quel voyageur, alors je lui demandai ce qu’elle désirait. C’est là qu’elle nous annonça pouvoir éliminer le Nid des neiges. Croyez-moi, j’ai filé ventre à terre chercher Thornir. » Je passai en revue plusieurs récits rédigés dans la poignée de petits villages autour de ce qu’on appelle aujourd’hui Bastion-les-Ronce, et tous les détails se recoupent dans les grandes lignées. La mystérieuse Altmer arrive au coucher du soleil, demande à parler au décideur. Au cours de ces entrevues, elle affirme pouvait éliminer le Nid des neiges et mettre fin aux attaques. En échange, elle demande la possession du château à perpétuité. Puisque de toute façon les Nordiques se lavent les mains de cet endroit maudit, ils acceptent tous. Par la suite, elle annonce aux villageois que lorsqu’ils verront de la fumée monter du château, ils pourront se sentir à l’abri. Le Nid des neiges aura disparu. Il n’existe qu’un seul rapport de la dernière fois où on l’a vue hors du château. Je le reproduis ici dans son intégralité : « Je regardai l’Elfe à cheval se diriger vers la porte qui bloque le passage dans la montagne. Les autres me conseillèrent de la laisser tranquille, mais je n’avais jamais vu d’Elfe au comportement aussi étrange. Je la suivis de loin, en espérant qu’elle ne me verrait pas. Alors que nous approchions du château, elle s’arrêta et me regarda en face. Je ne sais pas comment elle avait pu sentir ma présence. Tout le village saurait vous dire que je suis le plus discret. Mais quand j’ai vu son visage, quelque chose a changé. Ses yeux sont devenus noirs, et sa peau grise. Elle m’a simplement dit : ‘Mon petit, satisfaire ta curiosité ne mérite pas que tu en meures.’ Puis elle est repartie vers le sommet de la colline. « J’ai attendu un instant, le temps de reprendre ma respiration. Elle était terrifiante. C’est là que j’ai entendu les cris dans le château. Ils montaient dans le vent, puis s’interrompaient net. De là où j’étais, je sentais que les cris venaient de différentes parties du château. Comme si elle le traversait, pièce après pièce. Puis le silence est retombé. Et la fumée est montée, comme elle l’avait dit. Mais elle n’avait pas parlé de l’odeur. Cela me rappelait l’époque où les chasseurs rapportaient un mammouth, et où tout le monde se rassemblait autour du feu pour se remplir la panse. Bref. Je suis rentré en courant, et je n’ai jamais revu l’Elfe. » Gwendis, si cette histoire parle bien de Dame Ronce, je pense que cela devrait t’inquiéter. Cette vampire a éliminé tout un clan de monstres sanguinaires sans aide. Sa force pourrait suffire à éliminer toute la maison Corbeguet. Seuls, nous n’aurions aucune chance. Nous devrions peut-être respecter son désir d’isolement… Je te vois déjà lever les yeux au ciel. Je ne te demanderais jamais de renoncer à une enquête. Mais je t’en prie, n’ignore pas ma mise en garde. Je ne supporterais pas de perdre un membre de notre famille. Sincèrement, et tendrement, Ton frère, Fennorian |