Date de publication : 09/08/2022
Une Conversation avec dame Arabelle Davaux
Par Adandora, chroniqueuse itinérante
Une fois de plus, je prends ma plume et mon encre pour tenter d’arracher la vérité à la farouche dame Arabelle Davaux. Si elle sait se montrer charmante, spirituelle, sulfureuse et désarmante, et a également l’agaçante manie de ne pas répondre aux questions de votre chroniqueuse préférée. Peut-être cet entretien sera-t-il différent. Nous verrons bien.
Pour commencer, un peu de contexte. Arabelle Davaux est née dans une maison noble d’Haltevoie en 2E 527. Sa famille lui apporta la meilleure éducation et tous les privilèges liés à la fortune, mais cela ne lui suffisait pas. Elle s’enfuit de la maison à l’âge de quinze ans et rejoignit un groupe de mercenaires pour défendre Hauteroche contre les envahisseurs crevassais. Ses victoires militaires l’amenèrent à intégrer la Garde du Lion, où elle gagna le grade de capitaine pour commander un escadron d’élite. C’est à cette époque que le roi Émeric d’Haltevoie remarqua pour la première fois Arabelle, et par la suite, devenu haut-roi de l’Alliance de Dagufilante, il la recruta dans son réseau de renseignements, les Dagues.
Les aventures de dame Arabelle sont dignes des œuvres de fiction les moins tempérées. De fait, d’aucuns (dont je fais partie) sont convaincus que les populaires romans de l’Investigatrice Vale sont non seulement inspirés de ses exploits, mais même qu’elle a signé de sa main ces romans aussi fascinants qu’émoustillants. Des bandits, des pillards, des monstres enragés, des sectes clandestines, elle les a tous vaincus. Et sa vie personnelle semble tout aussi scandaleuse. Elle aurait laissé derrière elle une ribambelle d’amants des deux sexes et de toutes races, un peu partout en Tamriel (et d’après certains, le haut-roi Émeric en personne). Lorsqu’elle atteignit l’âge de cinquante ans, elle quitta le service du roi pour devenir une dame de loisir, parcourant le monde en touriste oisive.
Ce dont je doute au plus haut point. Comme l’héroïne que je tiens pour son alter ego romanesque, dame Arabelle continue discrètement d’user de ses différentes expertises pour protéger les peuples de Tamriel, comme en atteste son rôle actuel de chef de la sécurité pour les Inébranlables. Je l’ai rencontrée dans la Baie de Gonfalon, dans sa demeure qu’elle a comme par hasard nommée le « Manoir Mandragore. »
Chroniqueuse : Arabelle Davaux, quel plaisir de vous revoir. Encore merci d’avoir accepté un nouvel entretien.
Arabelle : Ma chère, je ne suis pas certaine d’avoir accepté, autant que de m’être sentie contrainte d’intervenir. Cela fait trois jours que vous restez assise devant ma porte, vous avez l’air tout à fait affamée.
Chroniqueuse : Et voilà, vous tentez encore de détourner mon attention en changeant de sujet. Mes lecteurs veulent savoir pourquoi vous avez choisi ce moment précis pour quitter votre retraite.
Arabelle : Moi, j’ai changé de sujet ? Je n’avais pas remarqué. Puis-je vous proposer une tasse de thé et un biscuit, très chère ?
Chroniqueuse : Vous recommencez ! Dame Arabelle, pour l’amour du Mundus ! Répondez à ma question !
Arabelle : Calmez-vous, très chère. On dirait cette harpie qui rendait tout le monde fou avec ses hurlements stridents près de Camlorn. J’ai dû l’abattre, je n’avais pas le choix, malheureusement.
Chroniqueuse : Vous ne m’intimiderez pas avec vos menaces grossières, dame Arabelle. Mes lecteurs exigent des réponses, et moi aussi.
Arabelle : Patience, ma chère. Je n’ai jamais remporté le moindre en combat en chargeant tête baissée à l’aveugle. Il faut comprendre le terrain, l’esprit de l’ennemi. Alors seulement peut-on vaincre une force supérieure en nombre. Quant à la Société des Inébranlables, j’admire leur travail depuis le premier jour où j’ai appris leur existence.
Chroniqueuse : Oui, oui. Une organisation fabuleuse. Tout le monde connaît leurs programmes d’aide. Ils apportent secours et réconfort aux populations déplacées ou affectées par la guerre des Trois étendards, ils distribuent de l’eau et des vivres, et installent des pavillons médicaux pour traiter les blessés, qu’il s’agisse de soldats ou de civils pris dans les combats. Mais pourquoi vous ont-ils engagée, vous ?
Arabelle : Comme vous le faites si volontiers remarquer, je possède une certaine réputation. Le seigneur Bacaro a actuellement besoin d’une personne dotée de mes compétences et capacités uniques. C’est pour une bonne cause, je n’ai pas pu refuser.
Chroniqueuse : Mais pourquoi une organisation humanitaire philanthropique a-t-elle besoin d’une ancienne soldate, espionne, et créatrice de solutions en tous genres ?
Arabelle : Eh bien, très chère, le seigneur Bacaro saurait sans doute mieux que moi vous expliquer son raisonnement.
Chroniqueuse : Oui, le seigneur Bacaro Volorus, le riche noble philanthrope qui a créé et supervise la Société des Inébranlables. A-t-il vraiment invité des personnalités importantes de tout Tamriel à une conférence sur l’Île-Haute ? Et vous a-t-il engagé pour assurer lesdites personnalités ?
Arabelle : Oh, ç’aurait tout à fait été dans mes cordes, lorsque j’étais jeune. Mais je suis à la retraite, ma chère. Je croyais que nous avions commencé par là.
Chroniqueuse : Mes Dieux ! Vous tergiversez tant que j’en attrape le tournis !
Arabelle : Pardonnez-moi, mon chou, mais vous n’êtes pas mon type. Ce qui est étrange, parce qu’en général, tout le monde est mon type.
Chroniqueuse : Si vous refusez de révéler ce que vous faites vraiment pour la Société des Inébranlables, revenons à l’autre mystère. Avouez que vous êtes l’auteure des romans de l’Investigatrice Vale !
Arabelle : Vous avez lu le dernier ? Je n’ai pas pu le lâcher. Et cette fin ! Fantastique !
Chroniqueuse : Ah, voilà ! Vous avez avoué !
Arabelle : Vraiment ? Et quel crime ai-je avoué, cette fois ? Je ne faisais pas attention.
Chroniqueuse : Dame Arabelle, mes lecteurs exigent…
Arabelle : Vous m’en voyez navrée, mais c’est tout le temps que je pouvais vous consacrer ce soir. Écrivez ce qui vous semble juste, très chère. Je dois retrouver l’un des guérisseurs de la société pour une collation tardive. On m’a dit qu’il faisait des merveilles au chevet de ses patientes.
Chroniqueuse : Vous savez tout, fidèles lecteurs. Une nouvelle série de distractions et de dissimulations de la notoire dame Arabelle Davaux. Je vous promets de continuer de harceler cette femme jusqu’à ce qu’elle me révèle la vérité sur cette conférence, et son lien exact avec les romans de l’Investigatrice Vale. Vous avez ma promesse !
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