Motifs culturels 8 : les Orques : Différence entre versions

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Ce matin, ma gouvernante Dariella est venue me voir tout agitée, avec la nouvelle qu'une femme-lézard se présentait à ma porte et demandait à me voir urgemment. La ville compte peu d'Argoniens, et il me vint l'idée que c'était quelque parente de Seif-ij, porteuse de terribles nouvelles au sujet de Morian. J'enfilai mes robes de l'Université et me pressai de la rejoindre.
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J'ai croisé Divayth hier soir, brièvement, à la Flammouche. Je lui ai dit que je tenais grandement à lui, mais que Morian avait conquis mon cœur. Il s'est rembruni comme une tempête des Jeralls, puis a pris une grande inspiration, et a réussi à partir dignement. Oh, j'espère que tout ira bien.
  
Il se trouvait bien une jeune femme-lézard à ma porte, vêtue d'une ravissante salopette de soie d'araignée, ornée de subtils motifs en spirale. Elle se présenta sous le nom de Lève-la-Queue (et je pris cela pour une plaisanterie, mais comment en être certaine, avec le flegme de ces reptiles), et m'annonça venir m'escorter jusqu'auprès de son maître, Desh-wulm le Perspicace. Elle ajouta ignorer de quoi il était question, mais que la question semblait urgente, et qu'elle devait m'amenera son côté au plus tôt. Nerveuse, je hochai la tête et lui emboitai le pas.
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Mais je l'avoue, je m'inquiète bien plus encore pour Morian. Ses expériences avec Divayth atteignent leur paroxysme, et Morian va ouvrir un portail pour se rendre en personne en Oblivion. Il affirme vouloir atteindre le royaume d'Azura, Ombre de lune, qu'il estime relativement sûr. Sûr ! Je suis inquiète comme une scrib sur le grill I J'aimerais tant voir Morian avant son départ, mais il m'a dit devoir se concentrer pour maîtriser le rituel, et ne pouvoir se permettre d'interruption.
  
L'Argonienne me mena à la porte du temple puis le long des quais, au bout desquels nous trouvâmes une étrange et vieille maison que je n'avais jamais remarquée, porteuse d'une enseigne sombre près de la porte, « le Xanmeer ». Le mot m'était inconnu. Nous entrâmes dans cette longue maison, entièrement occupée par une dizaine d'Argoniens qui semblaient se partager les pièces de manière communale. Où que je regarde, je vis des mobiles, fétiches et sculptures argoniennes, toutes faites de matériaux naturels comme des coquillages, des os et des plumes. J'y retrouvai les motifs en spirale de la robe de la jeune femme. Si ces objets étaient représentatifs de ce que les Argoniens employaient dans leur région natale, alors la peau de serpent, l'écaillé de tortue, les crocs, la turquoise et le jade, autant de matériaux exotiques pour nous, doivent être très courants dans le marais noirs.
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Il m'a toutefois fait parvenir un mot par l'intermédiaire de Seif-ij, disant que je devrais le remplacer en tant que représentante de l'Université pour le dîner officiel donné par le Potentat en l'honneur du nouvel émissaire arrivé d'Orsinium. Il doit être très occupé pour rater un tel événement, car je sais combien il avait hâte de s'y rendre. Eh bien, cela ne peut qu'avancer mon projet sur les Motifs culturels, j'imagine... et le travail me peimettra un instant d'oublier mes soucis.
Lève-la-Queue me conduisit jusqu'à une rampe inclinée qui semblait remplacer l'escalier de la maison. Au niveau supérieur, elle me fit entrer dans une pièce humide qui, du moins pour moi, sentait la moisissure et la putréfaction. J'y entrai, la gorge serrée, et découvris une pièce entièrement remplie de plantes de la jungle, en pots - certaines étaient visiblement mortes et pourrissaient. Je marchai sur quelque chose qui éclata sous ma sandale et reculai en sursaut, mais la lézarde me prit par la main avec douceur, me mena devant un mur de fougères et jusqu'au centre de la pièce.
 
  
, contre toute attente, je découvris une grande baignoire nibénèse, comme celle de ma propre salle de bain, quoique celle-ci était remplie à ras-bord d'une boue verdâtre. Et dans cette boue, submergé presque jusqu'au nez, se trouvait le plus vieil Argonien que j'eus jamais vu.
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La jeune province d'Orsinium ne possède pas encore d'ambassade, aussi pour le dîner les serviteurs du Potentat ont-ils installé une rangée de tentes sur le jardin de la Tour d'or blanc. En l'honneur de l'émissaire Thuggikh, elles furent décorées d'authentiques motifs orques importés de Wrothgar, aussi ai-je sorti mon journal pour prendre des notes au cours des interminables discours.
  
En fait, cet homme-lézard, ridé et plissé, semblait tellement momifié que j'en sursautai lorsqu'il ouvrit la bouche et prit la parole. D'une voix comme un grincement de cuir, le reptile dit lentement :
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Il est étrange qu'un peuple aussi brutal que les Orques puissent concevoir et créer des objets si raffinés ! Bien sûr, on les connaît dans tout Tamriel pour la qualité de leurs armures, mais j'avais toujours imaginé qu'ils le devaient à leur force colossale plutôt qu'à leur adresse. Il me suffit d'apercevoir lesdites armes et armures pour comprendre mon erreur. Quoique jamais ornementées ou chargées de fioritures, leurs objets, quoique plus simples et utilitaires que ceux des Nordiques eux-mêmes, affichent une compréhension singulière des lois de la proportion, de la symétrie et de la congruité harmonieuse. Une épée orque est certes une arme de violence, mais à contempler le fil dynamique de sa lame, équilibrée pour l'œil par sa garde lourde mais élancée, à l'évidence tournée pour se couler naturellement dans la main de qui la manie... l'on se sent presque reposé et rassuré.
  
- Je suis Desh-Wulm. Vous êtes Al-Phid, plus vive étoile de la cité. Vous êtes la bienvenue dans mon uxith... mon repos.
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Plus tard, lors de la réception, j'eus la joie de croiser le visage familier de dame Opel, l'archi-magistère. Elle me salua avec chaleur et, autour de quelques verres de vin de la forêt occidentale et de fromage eidar, s'enquit de l'évolution de mes deux sorciers. Je lui confiai ma confusion, ma certitude d'avoir causé un terrible embrouillamini, mais elle m'assura que tout se terminerait pour le mieux. Elle qui connaissait Morian depuis si longtemps savait que malgré son air étourdi, c'était un homme des plus raisonnables. Elle était heureuse qu'il ait trouvé une personne aussi intelligente que moi pour l'empêcher de disparaître tout à fait dans son laboratoire.
  
Il semblait regarder par-dessus mon épaule, et je vis que les yeux du vieux lézard étaient voilés d'une cataracte. Il était aveugle. Cette infirmité me rassura, me permit de me reprendre et de retrouver mes habitudes d'étiquette. Je m'inclinai, quoiqu'il ne put le voir, et répondis :
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Mais en ce qui me concerne, c'est exactement ce qu'il a fait. Je vais retourner parler avec Seif-ij. Lui pourra peut-être m'aider à voir Morian avant son départ.
 
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- C'est un honneur d'être reçue dans votre foyer, vénérable Desh-Wulm. Comment pourrais-je être utile à un Ancien de sagesse ?
 
 
 
- Vous pouvez prendre garde ! coassa-t-il en posant ses mains écailleuses sur le bord de la baignoire. Vos mages à la peau sèche... la trame se découd autour d'eux. C'est une abomination. Les faisceaux aurbiques ne devraient pas êtres séparés avec de mauvaises intentions.
 
 
 
Après son éclat initial sa voix était retombée, et il accompagna ses paroles d'un geste étrange, en spirale, au-dessus de l'eau. Fort heureusement, j'avais assez fréquenté de vieux sorciers pour comprendre le sens de son propos.
 
 
 
- Morian ! Hoquetai-je. Et Divayth ! Ils sont en danger ! Que puis-je faire î
 
 
 
Desh-Wulm fit claquer sa mandibule deux fois, puis répondit :
 
 
 
- Vous êtes capable. Vous devez les arrêter. Vous y parviendrez. Sinon... (Trois épines pointues se hérissèrent sur son front. Sinon, les cauchemars et les serrations seront le lot de tous ceux qui nagent dans la rivière. Kaoc ! Theilul !
 
 
 
Le vieil Argonien s'agita soudain dans sa baignoire. Lève-la-Queue leva prestement un pichet qui semblait aménagé dans la carapace d'un seul insecte, le déboucha et versa quelque liqueur marron dans le gosier du vieil homme.
 
 
 
- Partez, siffla-t-elle en indiquant la porte. Faites ce qu'il dit ! Tout de suite !
 
 
 
Je me détournai, sortis de la maison en courant, pour me presser de retourner à la cité impériale.
 
  
  

Version du 21 août 2014 à 21:21

Média d'origine : TES Online

Par Alfidia Lupus, Ethnographe impériale du potentat Savirien-Chorak de 2E 418 à 431


J'ai croisé Divayth hier soir, brièvement, à la Flammouche. Je lui ai dit que je tenais grandement à lui, mais que Morian avait conquis mon cœur. Il s'est rembruni comme une tempête des Jeralls, puis a pris une grande inspiration, et a réussi à partir dignement. Oh, j'espère que tout ira bien.

Mais je l'avoue, je m'inquiète bien plus encore pour Morian. Ses expériences avec Divayth atteignent leur paroxysme, et Morian va ouvrir un portail pour se rendre en personne en Oblivion. Il affirme vouloir atteindre le royaume d'Azura, Ombre de lune, qu'il estime relativement sûr. Sûr ! Je suis inquiète comme une scrib sur le grill I J'aimerais tant voir Morian avant son départ, mais il m'a dit devoir se concentrer pour maîtriser le rituel, et ne pouvoir se permettre d'interruption.

Il m'a toutefois fait parvenir un mot par l'intermédiaire de Seif-ij, disant que je devrais le remplacer en tant que représentante de l'Université pour le dîner officiel donné par le Potentat en l'honneur du nouvel émissaire arrivé d'Orsinium. Il doit être très occupé pour rater un tel événement, car je sais combien il avait hâte de s'y rendre. Eh bien, cela ne peut qu'avancer mon projet sur les Motifs culturels, j'imagine... et le travail me peimettra un instant d'oublier mes soucis.

La jeune province d'Orsinium ne possède pas encore d'ambassade, aussi pour le dîner les serviteurs du Potentat ont-ils installé une rangée de tentes sur le jardin de la Tour d'or blanc. En l'honneur de l'émissaire Thuggikh, elles furent décorées d'authentiques motifs orques importés de Wrothgar, aussi ai-je sorti mon journal pour prendre des notes au cours des interminables discours.

Il est étrange qu'un peuple aussi brutal que les Orques puissent concevoir et créer des objets si raffinés ! Bien sûr, on les connaît dans tout Tamriel pour la qualité de leurs armures, mais j'avais toujours imaginé qu'ils le devaient à leur force colossale plutôt qu'à leur adresse. Il me suffit d'apercevoir lesdites armes et armures pour comprendre mon erreur. Quoique jamais ornementées ou chargées de fioritures, leurs objets, quoique plus simples et utilitaires que ceux des Nordiques eux-mêmes, affichent une compréhension singulière des lois de la proportion, de la symétrie et de la congruité harmonieuse. Une épée orque est certes une arme de violence, mais à contempler le fil dynamique de sa lame, équilibrée pour l'œil par sa garde lourde mais élancée, à l'évidence tournée pour se couler naturellement dans la main de qui la manie... l'on se sent presque reposé et rassuré.

Plus tard, lors de la réception, j'eus la joie de croiser le visage familier de dame Opel, l'archi-magistère. Elle me salua avec chaleur et, autour de quelques verres de vin de la forêt occidentale et de fromage eidar, s'enquit de l'évolution de mes deux sorciers. Je lui confiai ma confusion, ma certitude d'avoir causé un terrible embrouillamini, mais elle m'assura que tout se terminerait pour le mieux. Elle qui connaissait Morian depuis si longtemps savait que malgré son air étourdi, c'était un homme des plus raisonnables. Elle était heureuse qu'il ait trouvé une personne aussi intelligente que moi pour l'empêcher de disparaître tout à fait dans son laboratoire.

Mais en ce qui me concerne, c'est exactement ce qu'il a fait. Je vais retourner parler avec Seif-ij. Lui pourra peut-être m'aider à voir Morian avant son départ.