Les mythes de Shéogorath : Différence entre versions
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Version du 9 mars 2014 à 08:56
Les mythes de Shéogorath
par Mymophonus
Shéogorath invente la musique
Durant les jours les plus anciens, à une époque où le monde était encore brut, Shéogorath décida de marcher parmi les mortels. Il endossa son déguisement de Gentilhomme à la Canne et se déplaça d'un endroit à l'autre sans être reconnu. Après onze jours et onze nuits, il décida toutefois que la vie parmi les mortels était encore plus ennuyeuse que son existence dans l'autre monde.
"Que puis-je faire pour rendre leurs vies plus intéressantes ?" se demanda-t-il. Au même moment, une jeune femme non loin commentait d'un ton mélancolique : "Le chant des oiseaux est si beau."
Bien qu’il ne répondît pas, Shéogorath était d’accord avec elle. Les mortels étaient bien incapables de reproduire le chant merveilleux et inspiré des oiseaux, tant leur voix était quelconque et dénuée de tout intérêt. Et il ne pouvait pas changer leur nature, car cette prérogative était réservée aux autres princes daedriques. En revanche, il avait la possibilité de leur donner des outils capables de produire des sons merveilleux.
Il se saisit donc de la femme de mauvaise humeur et la déchiqueta en morceaux. A partir de ses tendons, il fabriqua des luths. Avec son crâne et les os de ses bras, il fit un tambour. De ses ossements, il tira des flûtes. Il présenta ces cadeaux aux mortels et c'est ainsi que naquit la musique.
Shéogorath et le roi Lyandir
Le roi Lyandir était connu pour être un homme excessivement rationnel. Le palais dans lequel il vivait n'était qu'un bâtiment petit et simple, sans aucune décoration artistique et sans attrait pour le regard. "Je n'ai pas besoin de plus, se justifiait-il. Pourquoi dépenser mon or pour de tels luxes alors que je peux l'employer pour mon armée ou de grands travaux publics ?".
Son royaume prospérait sous son règne raisonnable. Cependant, les gens du peuple ne partageaient pas toujours le sens pratique du roi. Ils construisaient des maisons magnifiques à regarder mais pas toujours très bien pensées. Ils dévouaient du temps et de l'énergie à la réalisation d’oeuvres d'art. Ils célébraient certains événements à l'occasion de fêtes somptueuses. En règle générale, ils étaient plutôt heureux.
Le roi Lyandir était déçu qu'il n'en ait pas plus qui suivent son exemple et mènent une existence frugale et raisonnable. Il y réfléchit pendant de nombreuses années. Finalement, il décida que ses sujets ne comprenaient simplement pas qu'ils pourraient accomplir bien plus s'ils ne perdaient pas leur temps en activités frivoles. Peut-être avaient-ils simplement besoin de plus d'exemples, raisonna-t-il.
Le roi décréta que toutes les nouvelles constructions devaient être simples, sans ornements et pas plus grandes que leur fonction ne le nécessitait. Les gens n'en furent guère heureux, mais ils appréciaient leur souverain et respectèrent la nouvelle loi. Au terme de quelques années, les bâtisses dépouillées furent plus nombreuses que les décorées. Les citoyens employèrent l'argent économisé pour produire et acheter des oeuvres d'art plus spectaculaires encore et organiser des fêtes toujours plus excessives.
Une nouvelle fois, le roi Lyandir décida de leur fournir un exemple strict des bénéfices que leur vaudrait le fait d'employer leur temps et leurs ressources à des choses plus pratiques. Il interdit toutes les oeuvres d'art dans la ville. Les gens en furent marris mais ils savaient que leur roi faisait ce qu'il pensait être le mieux pour eux. Cependant, la nature humaine ne se laisse pas si facilement contrarier. Quelques années plus tard, la ville était remplie de bâtiments simples et sans attrait et dénuée de la présence de toute oeuvre d'art. Cependant, les gens avaient à présent plus d'argent et de temps à consacrer à leurs fêtes et leurs festivals.
Le coeur lourd, le roi Lyandir décida que les membres de son peuple devaient être traités comme des enfants. Et, comme tous les enfants, ils avaient besoin de règles et de discipline imposées par des figures d'autorité pour comprendre ce qui était vraiment important dans la vie. Il décréta donc qu'il n'y aurait plus de festivités dans la cité. Le chant, la danse et la musique furent tous interdits. Même le boire et le manger furent limités à l'eau et aux nourritures simples.
Les gens du peuple en eurent assez. La révolte était hors de question, puisque le roi Lyandir disposait d'une armée aussi bien entraînée qu'équipée. De larges foules se massèrent alors dans les lieux saints et les temples, priant tous les dieux et même certains des princes daedriques pour que le roi Lyandir révoque ces nouvelles lois oppressives.
Shéogorath entendit leur appel et décida de rendre visite au roi Lyandir. Il apparut dans les rêves du monarque sous la forme d'un champ de fleurs, chacune dotée de bras au lieu de pétales et avec le visage du Dieu fou en son centre. "Je suis le seigneur des créatifs et des déments. Puisque vous n'avez aucun usage pour le don que je pourrais vous faire de la créativité, j'ai décidé de vous bénir par une abondance de mon autre don."
A partir de ce jour, tous les enfants nés dans la cité naquirent fous. Comme les bébés ne révèlent pas les maladies de l'esprit, ceci ne fut réalisé que plusieurs années plus tard. Le propre fils du roi faisait partie des victimes, souffrant d'illusions et de crises. Pourtant, le roi Lyandir refusa de changer sa façon de faire.
Lorsque son fils, Glint, eut douze ans, il poignarda Lyandir pendant son sommeil. Dans son dernier souffle, le roi voulut savoir : "Pourquoi ?". Son fils répondit : "C'était la chose la plus pratique à faire pour moi".
Le nouveau jeune roi ordonna que tous les serviteurs du palais soient massacrés. Il organisa un grand festival pour célébrer son nouveau règne et la fin des lois édictées par Lyandir. Il servit à la foule un ragoût fait à partir des carcasses des serviteurs du palais, ordonna que tous murs tournés vers l'est dans la ville soient peints en rouge tandis que ceux tournés vers l'ouest seraient zébrés et décréta que tous les citoyens devaient porter des masques soigneusement décorés sur l'arrière de leur crâne. Puis il incendia le palais et entama la construction d'un nouvel édifice.
Dans le nouveau palais, le jeune roi ordonna que ses appartements personnels n'aient aucune porte, de peur d'être attaqué par de petites créatures de la forêt. Il voulut qu'il n'y ait aucune fenêtre, de crainte que le soleil et la lune soient jaloux de lui et ne complotent pour l'assassiner.
C'est ainsi que prit fin la lignée du roi Lyandir. Les habitants de la ville retournèrent à leurs grands travaux artistiques et à leurs bruyantes festivités. Ils continuèrent de parler et d'agir comme s'ils avaient un roi bien vivant et maintinrent même le palais en état, en l'utilisant comme une maison pour prendre soin de leurs enfants déments. Shéogorath fut extrêmement satisfait de cette issue. A partir de ce jour, la cité fut bénie par la présence d'un grand nombre d'artistes talentueux et de citoyens dérangés.
La lutte des volontés
Un puissant sorcier du nom de Ravate arpenta un jour les Vents du Temps pour aller trouver le seigneur Shéogorath. Son intention était d'obtenir une faveur de la part du très capricieux prince daedrique. Après l’avoir trouvé, Ravate s'adressa à lui de manière fort humble : "Seigneur Shéogorath, je viens vous demander une faveur. Je rendrai volontiers fous un millier d'hommes en votre nom si vous voulez bien m'offrir les plus grands des pouvoirs magiques".
Heureusement pour Ravate, Shéogorath était d'humeur badine. Il proposa un jeu. "J'exaucerai ton voeu si tu es toujours sain d'esprit dans trois jours. Durant cette période, je ferai tout pour te rendre fou. Voilà qui devrait être très amusant".
Ravate n'était pas certain d'apprécier cet accord. Il aimait l'idée de rendre fous un millier d'hommes. "Seigneur Shéogorath, je regrette de vous avoir dérangé avec ma requête égoïste et vaine. Je retire mon infortunée demande et vais quitter humblement votre demeure."
Shéogorath se contenta de rire. "Trop tard, puissant Ravate. La partie a commencé et tu dois jouer". Ravate s'enfuit, pour découvrir que toutes les sorties du royaume daedrique étaient désormais closes. Il erra sans but, regardant sans cesse par-dessus son épaule, sursautant au moindre bruit. Il imaginait de nouvelles terreurs à chaque instant en attendant que Shéogorath ne commence.
Au bout de trois jours, Ravate était convaincu que chaque plante et chaque animal étaient un outil de Shéogorath. Il n'avait ni mangé ni bu, de peur que Shéogorath n'ait empoisonné les vivres. Il n'avait pas dormi de crainte que Shéogorath n'envahisse ses rêves. (Ce qui était stupide, puisque les rêves sont le domaine de Vaermina, puisse-t-Elle nous offrir le Sommeil Reposant).
C'est alors que Shéogorath lui apparut. Ravate poussa un cri. "Vous avez fait en sorte que le monde entier m'observe ! La moindre créature, la moindre plante, toutes obéissent à votre volonté de me rendre fou."
Shéogorath répondit : "En réalité, je n'ai rien fait. Tu t'es rendu toi-même fou de terreur. Tes délires prouvent que tu es réellement dérangé, et donc, je l'emporte. Alors que tu souhaitais rendre fou un millier d'hommes, je ne désirais briser l'esprit que d'un seul. Toi."
A partir de ce jour, Ravate obéit au moindre caprice de Shéogorath. Et à chaque fois que des voyageurs téméraires tentent d'approcher Shéogorath, Ravate les avertit : "Shéogorath est déjà en chacun de vous. Vous avez déjà perdu."