Discussion:L'invocation d'Azura : Différence entre versions
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− | Le premier, c'est que tous les princes daedriques adorés par l'auteur sont explicitement désignés par le féminin, même Molag Bal. Ce n'est pas une erreur puisque le texte a été amendé dans ce sens entre la version qu'on peut lire dans ''Daggerfall'' et cette version issue de ''Morrowind''. Cela met entre autres l'accent sur le fait que dans l'absolu, les princes daedriques n'ont pas de genre, et apparaissent aux mortels tantôt sous forme féminine, tantôt sous forme masculine. Certains princes préférent exclusivement l'un ou l'autre genre, d'autres comme Boéthiah semblent alterner constamment | + | Le premier, c'est que tous les princes daedriques adorés par l'auteur sont explicitement désignés par le féminin, même Molag Bal. Ce n'est pas une erreur puisque le texte a été amendé dans ce sens entre la version qu'on peut lire dans ''Daggerfall'' et cette version issue de ''Morrowind''. Cela met entre autres l'accent sur le fait que dans l'absolu, les princes daedriques n'ont pas de genre, et apparaissent aux mortels tantôt sous forme féminine, tantôt sous forme masculine. Certains princes préférent exclusivement l'un ou l'autre genre, d'autres comme Boéthiah semblent alterner constamment : dans [[Ceux qui ont changé]], Boéthiah est masculin, au contraire de ce que donne le texte vf, de même que dans [[les Anticipations]]; dans [[L'histoire de Lyrisius]] vo, livre de ''Daggerfall'', Boéthiah est féminin. Boéthiah est représenté dans sa forme masculine dans ''Morrowind'' et ''Oblivion'', et dans sa forme féminine dans ''Daggerfall'' et ''Skyrim''. La seconde dualité de Boéthiah, tantôt prince guerrier tantôt prince des complots, avide de sang et de destruction et en même temps l'architecte de la société chimer/dunmer, semble également assez mal résolue. |
Le deuxième point est l'emploi répété du mot ''mistress'' pour désigner la divinité adorée. ''Mistress'' a à peu près les mêmes valeurs que ''maîtresse'' en français, avec trois sens principaux : le mot est employé pour une relation maître/servant, pour une relation professeur/élève, et pour une relation amoureuse. Il est évident à la lecture du texte que les trois sens se superposent ici, et que l'auteur dans la relation avec sa déesse ne se satisfait pas des deux premiers types de relations, mais cherche à tisser un lien vraiment réciproque, et le texte est, dans son ensemble, le récit de cette quête. Dans ce contexte, traduire ''mistress'' par simplement divinité ou déesse est imprécis. | Le deuxième point est l'emploi répété du mot ''mistress'' pour désigner la divinité adorée. ''Mistress'' a à peu près les mêmes valeurs que ''maîtresse'' en français, avec trois sens principaux : le mot est employé pour une relation maître/servant, pour une relation professeur/élève, et pour une relation amoureuse. Il est évident à la lecture du texte que les trois sens se superposent ici, et que l'auteur dans la relation avec sa déesse ne se satisfait pas des deux premiers types de relations, mais cherche à tisser un lien vraiment réciproque, et le texte est, dans son ensemble, le récit de cette quête. Dans ce contexte, traduire ''mistress'' par simplement divinité ou déesse est imprécis. |
Version actuelle datée du 27 août 2012 à 18:10
Quelques imprécisions dans cette traduction officielle, qui conduisent à l'occultation quasi complète du contenu documentaire et littéraire du texte vo, à travers deux points cruciaux.
Le premier, c'est que tous les princes daedriques adorés par l'auteur sont explicitement désignés par le féminin, même Molag Bal. Ce n'est pas une erreur puisque le texte a été amendé dans ce sens entre la version qu'on peut lire dans Daggerfall et cette version issue de Morrowind. Cela met entre autres l'accent sur le fait que dans l'absolu, les princes daedriques n'ont pas de genre, et apparaissent aux mortels tantôt sous forme féminine, tantôt sous forme masculine. Certains princes préférent exclusivement l'un ou l'autre genre, d'autres comme Boéthiah semblent alterner constamment : dans Ceux qui ont changé, Boéthiah est masculin, au contraire de ce que donne le texte vf, de même que dans les Anticipations; dans L'histoire de Lyrisius vo, livre de Daggerfall, Boéthiah est féminin. Boéthiah est représenté dans sa forme masculine dans Morrowind et Oblivion, et dans sa forme féminine dans Daggerfall et Skyrim. La seconde dualité de Boéthiah, tantôt prince guerrier tantôt prince des complots, avide de sang et de destruction et en même temps l'architecte de la société chimer/dunmer, semble également assez mal résolue.
Le deuxième point est l'emploi répété du mot mistress pour désigner la divinité adorée. Mistress a à peu près les mêmes valeurs que maîtresse en français, avec trois sens principaux : le mot est employé pour une relation maître/servant, pour une relation professeur/élève, et pour une relation amoureuse. Il est évident à la lecture du texte que les trois sens se superposent ici, et que l'auteur dans la relation avec sa déesse ne se satisfait pas des deux premiers types de relations, mais cherche à tisser un lien vraiment réciproque, et le texte est, dans son ensemble, le récit de cette quête. Dans ce contexte, traduire mistress par simplement divinité ou déesse est imprécis.
Voici ce que donnerait une version plus près du texte :
Depuis trois cents ans, je suis prêtresse d'Azura, la princesse daedrique d'Ombrelune, la mère de la Rose, et la reine du Ciel Nocturne. Chaque Hogithum, que nous célébrons le 21 semailles, nous l'invoquons pour qu'elle nous guide, ainsi que pour offrir des présents de valeur et de beauté à Sa Majesté. Elle est une maîtresse sévère mais sage et juste. Nous ne l'invoquons pas lorsque l'Hogithum est troublé par des orages, car de telles nuits appartiennent au Dieu Fou, Shéogorath, même en la circonstance. Dans ces cas-là, Azura comprend notre prudence.
L'invocation d'Azura est très personnelle. J'ai été la prêtresse de trois autres princes daedriques, mais Azura apprécie la valeur de ses fidèles, et la sincérité de notre adoration pour elle. Lorsque j'étais une jeune elfe noire de seize ans, j'ai rejoint le clan de sorcières de ma grand-mère, adoratrices de Molag Bal, la Conspiratrice. Le chantage, l'extorsion, la corruption sont tout autant les armes des sorcières de Molag Bal que l'est la magie noire. L'invocation de Molag Bal se tient le 20 soirétoile, excepté en cas de temps orageux. Il est rare que cette cérémonie n'ait pas lieu, mais Molag Bal apparaît souvent à ses fidèles à d'autres moments, sous une apparence mortelle. Lorsque ma grand-mère est morte lors d'une tentative visant à empoisonner l'héritier de Gardefeu, j'ai reconsidéré ma foi dans le culte.
Mon frère était un sorcier adepte de Boéthiah, et, à ce qu'il m'avait dit, la Sombre Combattante était plus proche de mon état d'esprit que Molag Bal la fourbe. Boéthiah est une princesse guerrière qui agit de façon plus franche que tout autre Daedroth. Après des années de secrets et de complots, il était bon d'accomplir pour une maîtresse des actes qui prenaient des conséquences directes et immédiates. De plus, j'appréciais que Boéthiah fût un Daedra des Elfes Noirs. Notre culte l'invoquait en un jour appelé le Défi, le 2 sombreciel. Des compétitions sanglantes étaient organisées en son honneur, et duels et batailles se poursuivaient jusqu'à ce que neuf fidèles fussent tués des mains de leurs coreligionnaires. Boéthiah n'avait que peu d'égard pour ses fidèles, seul notre sang l'intéressait. Je crois l'avoir vue sourire lorsque j'ai tué accidentellement mon frère lors d'une séance d'entraînement; mon sentiment d'horreur, il me semble, lui a fait grand plaisir.
Peu après, j'ai quitté le culte. Boéthiah était trop froide à mon goût, trop impersonnelle. Je voulais une maîtresse dotée d'une plus grande épaisseur. Durant les dix-huit années suivantes, je n'ai vénéré personne. Au lieu de cela, j'ai lu, et j'ai cherché. C'est dans un ancien volume profane que j'ai découvert par hasard le nom de Nocturne, Nocturne la maîtresse de la Nuit, Nocturne l'insondable. Comme le livre l'édictait, je l'ai appelée en son jour consacré, le 3 âtrefeu. Enfin, j'avais trouvé la maîtresse que j'avais si longtemps désirée. Je me suis efforcée de comprendre sa philosophie tortueuse, de saisir la source de sa mystérieuse souffrance. Tout ce qui se rapportait à elle était obscur et voilé, même la façon dont elle parlait ou les actes qu'elle réclamait de moi. Cela m'a pris des années pour simplement réaliser que je pourrais jamais comprendre Nocturne. Son mystère lui était tout aussi essentiel que la brutalité l'était pour Boéthiah, ou la traîtrise pour Molag Bal. Comprendre Nocturne, c'était la nier, arracher les voiles masquant son domaine de ténèbres. Pour autant que je l'aimais, j'ai admis la futilité qu'il y avait à déchiffrer ses énigmes. Au lieu de cela, je me suis tournée vers sa soeur Azura.
Azura est la seule princesse daedra que j'ai adorée et qui semble attachée à ses fidèles. Molag Bal voulait mon esprit, Boéthiah mon bras et mes armes, et Nocturne, peut-être, ma curiosité. Azura désire tout cela, et par dessus tout, notre amour; pas un abject asservissement, mais notre dévotion franche et sincère sous toutes ses formes. Il est important à ses yeux que nos émotions épousent son adoration. Et notre amour doit également se tourner vers l'intérieur : si nous l'aimons mais que nous nous haïssons, elle ressent notre douleur. Je n'aurai jamais d'autre maîtresse.
De même le texte de la version Daggerfall diffère de la version Morrowind en de nombreux points de détails. Les principaux changements sont le passage du masculin au féminin pour Molag Bal et la suppression du passage suivant, qui était inséré entre le premier et le deuxième paragraphe :
Nous pouvons également l'appeler à d'autres dates, et elle répond assez souvent. Les seuls jours auxquels nous ne pouvons l'invoquer sont ceux consacrés à l'un des quinze autres princes : le 1er et 13 primétoile, le 2 et le 16 clairciel, le 5 semailles, le 9 ondepluie, le 9 plantaisons, le 5 mi-l'an, le 10 hautzénith, le 3 âtrefeu, le 9 et le 13 soufflegivre, le 2 et le 20 sombreciel, et le 20 soirétoile. Je sais qui l'on invoque le 3 âtrefeu, le 2 sombreciel et le 20 soirétoile, mais je ne suis pas certaine du reste. Il est suffisant qu'Azura ait interdit ces dates.