Vassal l'ascension d'un Cendrais, vol. 1 : Différence entre versions

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Version actuelle datée du 10 mars 2021 à 14:16

Média d'origine : TES Online

Par Hassayd le Rouge


Je me rappelle clairement la première épreuve de mon bras armé. J'avais huit ans, la lame m'était étrangère. Un objet noir et barbelé que j'avais arraché à la main cendreuse d'un Elfe noir mourant à mes pieds, tandis qu'ils luttait pour garder les yeux ouverts et le poing fermé. Je ne compris pas l'insulte qu'il exhala avec son dernier souffle en lâchant l'arme. Presque aussi longue que j'étais grand, j'eus plus de mal à brandir cette épée qu'à l'arracher à l'esclavagiste qui la posait contre ma gorge quelques secondes plus tôt.

Il avait été surpris de notre résistance. Ils l'étaient toujours. Nous étions trois âmes quelconques, sur une simple barge marchande. Des proies faciles pour la dizaine de brutes qui avaient abordé notre petite embarcation, du moins l'avaient-elles cru. Ma mère et mon père n'étaient pas guerriers de profession, mais ils portaient en eux les arts d'épée de nos ancêtres. C'était une fière tradition que je devais reprendre, quoique pas si jeune. Avant ce jour, je n'avais jamais croisé que des espars émoussés avec mes parents. Que ce soit le désir de faire mes preuves ou la peur pour la sécurité de mes parents qui m'ait poussé à prendre l'épée, je ne me laissai pas décourager par son poids, et sautai au combat avec l'immortelle assurance de l'ignorance. Comme un tronc porté sur la rivière, je fus emporté par la mêlée, invisible, négligeable.

Le premier sang fut tiré par une taille qui tenait plus du trébuchement que du coup. J'abattis cette laide épée elfe noire sur l'esclavagiste le plus proche, le touchai au milieu du dos, et lui fendis l'échine comme une bûche. Son corps tomba, déjà inerte, et faillit m'entraîner par-dessus bord quand il bascula. J'eus l'impression que le temps s'était arrêté lorsque la lame se dégagea, trempée du sang de mon ennemi, gouttant comme le croc d'une grande araignée. Son métal sombre volait le sang de sa couleur vive. J'arrachai le regard à cette arme immonde et croisai celui de ma mère, à l'autre bout du pont. Elle était partagée entre la fierté et le remords. J'aurais pu passer une éternité dans cet instant, mais le choc du cadavre ennemi dans l'eau m'arracha à ma rêverie juste à temps pour remarquer qu'on m'avait vu faire.

Je m'étais cru courageux, mais face à deux cruels esclavagistes sans l'avantage de la surprise, ma détermination s'effondra. Je grimpai sur les caisses et les marchandises pour rester hors d'atteinte de leur arme, je les écartai maladroitement avec mon épée, à leur grand amusement, et j'appelai mes parents à l'aide comme un veau maladif. Mon plus grand regret n'est pas d'avoir été un enfant terrassé par la peur, mais d'avoir eu l'idiotie de me prendre pour un guerrier. Car ce n'est pas moi qui en payai le prix.

Ma mère et mon père se défendirent vaillamment pour tenter de me rejoindre. Moins de la moitié des esclavagistes qui nous avaient abordés étaient encore debout lorsque mes parents succombèrent à leurs blessures et à l'épuisement. Mes adversaires crurent sans doute que le deuil aurait raison de moi, confondant mes larmes de rage pour de la peur. Lorsque l'une des deux qui me harcelaient voulut me saisir la jambe, je frappai avec une férocité inattendue et lui ouvris le visage le long du nez. Avec un hurlement de bête sanguinaire, je gardai les trois esclavagistes en respect par des fentes erratiques et une manifestation de rage inattendue.

Voici comment les soldats Rédoran nous trouvèrent, lorsque leur patrouille arriva pour massacrer les monstres qui m'avaient privé de ma paix et de mon innocence. J'étais si perdu dans ma rage et mon épuisement que je ne vis aucune différence entre les esclavagistes au teint de cendre et mes sauveurs sombres. Le capitaine Rédoran saisit sans peine ma lame dans son gantelet, et m'entraîna à terre.

"Lève-toi, petit, aboya-t-il sans pitié ni malveillance. Et recommence."