L'antre des voleurs, partie deux : Différence entre versions
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Version du 25 février 2015 à 18:01
Média d'origine : TES Online
Par le porphyre caryatide
Le gentilhomme à la tunique de velours bleu poussa lentement la petite porte de bois brut pour pénétrer dans une salle enfumée, plongée dans l'obscurité. « Que cherchez-vous ? s'enquit une voix, non loin de lui. - Je… Les larrons de grand chemin m'envoient, répondit le gentilhomme d'une voix incertaine. - Qu'est-ce que cela ? - Je… L'on m'a dit de dire ceci et que cette nuit, vole le Père des hiboux. Les fines lèvres de l'homme se pincèrent en un sourire forcé. C'est bien cela, n'est-ce pas ? » Pour tout commentaire, la voix grogna puis demanda : « Que voulez-vous ? - Demander audience à… à la vipère rouge. - Vous la trouverez derrière les cuves, là-bas. » L'ombre esquissa un vague geste du bras, faisant tourbillonner les épaisses volutes de fumée. Le gentilhomme toussa et avança à tâtons dans la salle obscure. La pièce, une sorte de salle commune, comprenait une douzaine de tables et une soixantaine de chaises dépareillées. Certaines étaient occupées par des buveurs, tandis que quelque part loin au-dessus de leurs têtes, les rayons du soleil de midi inondaient la ville déserte de la Gloire d'Hallin. Le gentilhomme était grand et peinait à esquiver les lampes à huile qui pendaient du plafond bas, saturant l'air de fumée. « De l'huile de scarabée, dit-il en reniflant. Et la plus bas de gamme qui soit. » Par-delà les cuves de brassage, l'air était plus respirable, quoique l'endroit fût bien plus sombre encore que la salle commune. Une simple lampe brûlait sur la table jouxtant le mur du fond. Sa flamme vacillante éclairait une carafe, une coupe et les plis de la veste brodée d'un homme se balançant sur une chaise. Le gentilhomme s'approcha de la table, s'arrêtant à une distance respectueuse et demanda : « Êtes-vous… la vipère rouge ? » Dans un bruit sourd, les pieds de la chaise retombèrent sur le sol. « C'est ainsi que l'on me nomme, murmura une voix s'échappant du col de la veste. C'est le ttitre que l'on donne au doyen de la guilde des voleurs de la Gloire d'Hallin. Et vous ? - Mon nom importe peu, répondit le gentilhomme. Ma proposition en revanche… - Et en quoi importe-t-elle ? » Le gentilhomme tira une bourse de sa ceinture et la laissa tomber sur la table. Elle tinta. La vipère rouge l'ouvrit du bout du doigt et en remua le contenu quelques instants. « Cela pourrait constituer un bon acompte pour une affaire importante, dit-il. Quelle est la cible ? - Le gouverneur de la Gloire d'Hallin. - Vous n'avez pas frappé à la bonne porte, l'ami, dit la vipère rouge avec une once de regret. Nous n'assassinons personne. Vous cherchiez sans doute la Confrérie noire ou la Morag Tong – elle est spécialisée en régicides. - Oh, mais je ne souhaite nullement lui ôter la vie, dit le gentilhomme. Je veux que vous lui voliez son honneur. - Son honneur ? s'enquit la vipère rouge. Que voulez-vous dire ? - Je veux que vous vous empariez du sceau du gouverneur, celui que le roi a passé à son doigt lorsqu'il a reçu ses fonctions. C'est le symbole de sa légitimité et je veux que vous le lui dérobiez pendant l'ouverture du bal du gouverneur, dit le gentilhomme. » Il y eut un long silence, puis la vipère rouge répondit : « Soit. Bien entendu, il me faudra me charger personnellement de cette affaire. Aucun de mes vide-goussets ou de mes coquillards n'est qualifié pour ce genre de mission. » Il souleva la carafe et versa un vin de grenade à l'odeur suave dans la coupe. « Buvons à notre accord, voulez-vous ? - Dans la même coupe ? s'enquit le gentilhomme. - C'est la coutume. - Dans ce cas, répondit le gentilhomme à la tunique de velours bleu, ce sera avec plaisir. » |