L'ignoble vol de la bière de Sombreciel : Différence entre versions
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+ | ''[[Jobasha]] vous a déjà dit que ce [[bréton]] est venu dans le magasin de Jobasha. Comme Jobasha l'a dit, le bréton a vendu à Jobasha les [[Minutes de la Vigoureuse Société d'Histoire Argonienne|minutes d'une société d'histoire]]. Mais ce bréton a aussi vendu plusieurs fictions, la plupart sont très tristement autobiographiques. Peut-être que celle-ci est un bon exemple.'' | ||
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"Il était tard la nuit dernière quand il y a eu ce vol ignoble", me dit Foroch. "Ils ont tout pris. Jusqu'à la dernière goutte." | "Il était tard la nuit dernière quand il y a eu ce vol ignoble", me dit Foroch. "Ils ont tout pris. Jusqu'à la dernière goutte." | ||
− | C'est ainsi qu'il m' | + | C'est ainsi qu'il m'accueillit. Je ne répondit pas tout de suite. La brasserie de Foroch était perchée très haut dans les arbres, et j'avais grimpé toute la hauteur de la Grande Spirale depuis le sol. "Je suis. Juste. Venu. Te dire. Au revoir. Parce que..." |
− | "Je sais. Tu | + | "Je sais. Tu vas à Cyrodil pour suivre tes études. Tu es juste venu boire une bière avant de partir, n'est-ce pas ? Et bien, ils ont tout piqué, pas la peine de me mendier un verre." |
Je ne le contredis pas. J'étais encore essoufflé, et il avait raison. J'étais venu pour une dernière rasade de sa bonne bière d'été. | Je ne le contredis pas. J'étais encore essoufflé, et il avait raison. J'étais venu pour une dernière rasade de sa bonne bière d'été. | ||
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"On ne peut pas simplement les jeter dedans, tu sais," m'expliqua Foroch, "il faut qu'ils tombent tout seuls. Les ailetortes sont très amères quand elles meurent effrayées. D'abord, il faut étirer dix-sept bandes de boyaux d'alfiq au dessus de chaque tonneau. Puis il faut presser de la chair de sanglier fraîche sur ces bandes, en faisant attention que rien ne tombe avant que ça ne soit suffisamment faisandé. Puis il faut saupoudrer la viande avec les peaux finement tranchées de la grenouille à bandes rouges pour s'assurer que les ailetortes soient ivres et heureuses quand elles tombent. Il faut faire ça chaque mois pendant au moins trois ans, jusqu'à ce qu'il y ait assez de viande et d'insectes pour remplir le tonneau. Et c'est sans compter les enchantements. Il y a des sorts pour attirer les ailetortes et les mimiques, et des sorts pour repousser les sautedos, les grimparbres et les jeunes vargrisons, et des sorts pour favoriser les moisissures vertes et éviter les moisissures brunes et blanches. Et après il faut sceller les tonneaux pour neuf ans ou plus jusqu'à ce que toute la moisissure verte deviennent..." | "On ne peut pas simplement les jeter dedans, tu sais," m'expliqua Foroch, "il faut qu'ils tombent tout seuls. Les ailetortes sont très amères quand elles meurent effrayées. D'abord, il faut étirer dix-sept bandes de boyaux d'alfiq au dessus de chaque tonneau. Puis il faut presser de la chair de sanglier fraîche sur ces bandes, en faisant attention que rien ne tombe avant que ça ne soit suffisamment faisandé. Puis il faut saupoudrer la viande avec les peaux finement tranchées de la grenouille à bandes rouges pour s'assurer que les ailetortes soient ivres et heureuses quand elles tombent. Il faut faire ça chaque mois pendant au moins trois ans, jusqu'à ce qu'il y ait assez de viande et d'insectes pour remplir le tonneau. Et c'est sans compter les enchantements. Il y a des sorts pour attirer les ailetortes et les mimiques, et des sorts pour repousser les sautedos, les grimparbres et les jeunes vargrisons, et des sorts pour favoriser les moisissures vertes et éviter les moisissures brunes et blanches. Et après il faut sceller les tonneaux pour neuf ans ou plus jusqu'à ce que toute la moisissure verte deviennent..." | ||
− | "Ça semble bien compliqué," dis-je,n | + | "Ça semble bien compliqué," dis-je,n préférant ignorer les détails de la brasserie conforme au Pacte Vert. "Tu sais qui les a prises ?" |
"C'était ces méprisables Imgas puants," cracha Foroch. "J'avais six tonnelets. Ils sont les seuls à pouvoir porter un tonnelet sur chaque épaule. Et leur odeur flotte dans la brasserie." | "C'était ces méprisables Imgas puants," cracha Foroch. "J'avais six tonnelets. Ils sont les seuls à pouvoir porter un tonnelet sur chaque épaule. Et leur odeur flotte dans la brasserie." | ||
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C'est ainsi que j'eus ce travail. | C'est ainsi que j'eus ce travail. | ||
− | Je descendis toute la Grande Spirale jusqu'au sol et alla vers la clairière des Imgas. En tant que Breton vivant au | + | Je descendis toute la Grande Spirale jusqu'au sol et alla vers la clairière des Imgas. En tant que Breton vivant au Val-boisé, je voyais souvent les choses depuis une perspective inhabituelle. Comme le sol de la forêt. Les Bosmers autour de Vertcoeur descendaient rarement au sol, à moins qu'ils ne comptaient quitter la cité ; ce qui a des conséquences fâcheuses, pensais-je en trébuchant sur des bois de cerf dépassant des autres déchets. Comme les Bosmers rejoignent rarement le sol, ils n'ont pas de scrupules à jeter leurs poubelles depuis leur branches sans plus y penser. |
Je sus que je m'approchait de la clairière quand j'entendis les tambours. C'était mauvais signe. Habituellement, ils ne sortaient leur tambours que quand ils étaient ivres. J'espérais qu'il reste encore un peu de la bière de Foroch. | Je sus que je m'approchait de la clairière quand j'entendis les tambours. C'était mauvais signe. Habituellement, ils ne sortaient leur tambours que quand ils étaient ivres. J'espérais qu'il reste encore un peu de la bière de Foroch. | ||
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"Il y a des principes et des précédents, vois-tu ? Nous avons vécu ensemble depuis Aldméris. Et maintenant, ayant perdu notre empire, notre honneur, nos droits et nos dignités, maintenant un homme me demande de briser des traditions plus ancienne que l'arrivée des humains. Briser des traditions que les imgas ne se rappellent qu'à moitié et suivent rarement. Il y a des fois où je dois te dire, Rascien, que je déteste les humains autant que je hais les khajiits et les imgas." | "Il y a des principes et des précédents, vois-tu ? Nous avons vécu ensemble depuis Aldméris. Et maintenant, ayant perdu notre empire, notre honneur, nos droits et nos dignités, maintenant un homme me demande de briser des traditions plus ancienne que l'arrivée des humains. Briser des traditions que les imgas ne se rappellent qu'à moitié et suivent rarement. Il y a des fois où je dois te dire, Rascien, que je déteste les humains autant que je hais les khajiits et les imgas." | ||
− | J'étais choqué. Pas par le sentiment, car il était fréquent au | + | J'étais choqué. Pas par le sentiment, car il était fréquent au Val-boisé, mais de ce qu'il soit dit aussi crûment. "De toutes les années que j'ai vécues ici," dis-je, "jamais je n'ai entendu..." |
"Je l'ai dit, et je le pense," m'interrompis Foroch, les yeux rivés à sa choppe. "Et on n'en parle plus." | "Je l'ai dit, et je le pense," m'interrompis Foroch, les yeux rivés à sa choppe. "Et on n'en parle plus." | ||
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Mon sourire ne s'effaça qu'à mi-chemin de Silvenar quand je découvris que le tonnelet que Foroch m'avais donné était celui déjà entamé et à moitié vide. | Mon sourire ne s'effaça qu'à mi-chemin de Silvenar quand je découvris que le tonnelet que Foroch m'avais donné était celui déjà entamé et à moitié vide. | ||
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Texte de développeur Auteur réel : Douglas Goodall Date de publication : Inconnue Commentaire : Traduction communautaire.
Par Rascien Wickersly
---- "Il était tard la nuit dernière quand il y a eu ce vol ignoble", me dit Foroch. "Ils ont tout pris. Jusqu'à la dernière goutte." C'est ainsi qu'il m'accueillit. Je ne répondit pas tout de suite. La brasserie de Foroch était perchée très haut dans les arbres, et j'avais grimpé toute la hauteur de la Grande Spirale depuis le sol. "Je suis. Juste. Venu. Te dire. Au revoir. Parce que..." "Je sais. Tu vas à Cyrodil pour suivre tes études. Tu es juste venu boire une bière avant de partir, n'est-ce pas ? Et bien, ils ont tout piqué, pas la peine de me mendier un verre." Je ne le contredis pas. J'étais encore essoufflé, et il avait raison. J'étais venu pour une dernière rasade de sa bonne bière d'été. "Mais si tu emporter un tonnelet à ta drôle d'école, j'ai un marché à te proposer." "Ne viens-tu pas de me dire que c'était volé ?" "Oui je l'ai dit, parce que c'est volé," me répondit-il. Mais si tu les retrouve, je te laisserais prendre un tonnelet. Ils ne se sont pas attaqué à ma bière normale. Ils ont pris la Bière du Crépuscule."
"Peu l'on eut, car son brassage est une tâche ardue. Il faut des années pour que toute la viande et les insectes tombent dedans. Et..." "Des insectes ?" "On ne peut pas simplement les jeter dedans, tu sais," m'expliqua Foroch, "il faut qu'ils tombent tout seuls. Les ailetortes sont très amères quand elles meurent effrayées. D'abord, il faut étirer dix-sept bandes de boyaux d'alfiq au dessus de chaque tonneau. Puis il faut presser de la chair de sanglier fraîche sur ces bandes, en faisant attention que rien ne tombe avant que ça ne soit suffisamment faisandé. Puis il faut saupoudrer la viande avec les peaux finement tranchées de la grenouille à bandes rouges pour s'assurer que les ailetortes soient ivres et heureuses quand elles tombent. Il faut faire ça chaque mois pendant au moins trois ans, jusqu'à ce qu'il y ait assez de viande et d'insectes pour remplir le tonneau. Et c'est sans compter les enchantements. Il y a des sorts pour attirer les ailetortes et les mimiques, et des sorts pour repousser les sautedos, les grimparbres et les jeunes vargrisons, et des sorts pour favoriser les moisissures vertes et éviter les moisissures brunes et blanches. Et après il faut sceller les tonneaux pour neuf ans ou plus jusqu'à ce que toute la moisissure verte deviennent..." "Ça semble bien compliqué," dis-je,n préférant ignorer les détails de la brasserie conforme au Pacte Vert. "Tu sais qui les a prises ?" "C'était ces méprisables Imgas puants," cracha Foroch. "J'avais six tonnelets. Ils sont les seuls à pouvoir porter un tonnelet sur chaque épaule. Et leur odeur flotte dans la brasserie." Je savais de quels Imgas il parlait, la bande de Sauteur. "Ne sont-ils pas dans leur clairière ? Pourquoi ne rassembles-tu pas quelques elfes pour les récupérer ?" "Je vois que tu ne comprends pas la situation. Je ne peux pas leur parler. Je suis le propriétaire légitime, donc aller les voir serait reconnaître le vol. Vous autres brétons êtes demi-elfes, dit-on. Les Imgas t'écouteront." "Pourquoi moi ? J'ai vécu ici quelques années, mais je serais toujours un étranger," dis-je. "Parfait." "Je sais seulement ce que tu m'as dit." "Parfait." "Et comme tu viens de le dire, je ne comprend pas toute la situation," ajoutais-je désespérément. "Parfait." C'est ainsi que j'eus ce travail. Je descendis toute la Grande Spirale jusqu'au sol et alla vers la clairière des Imgas. En tant que Breton vivant au Val-boisé, je voyais souvent les choses depuis une perspective inhabituelle. Comme le sol de la forêt. Les Bosmers autour de Vertcoeur descendaient rarement au sol, à moins qu'ils ne comptaient quitter la cité ; ce qui a des conséquences fâcheuses, pensais-je en trébuchant sur des bois de cerf dépassant des autres déchets. Comme les Bosmers rejoignent rarement le sol, ils n'ont pas de scrupules à jeter leurs poubelles depuis leur branches sans plus y penser. Je sus que je m'approchait de la clairière quand j'entendis les tambours. C'était mauvais signe. Habituellement, ils ne sortaient leur tambours que quand ils étaient ivres. J'espérais qu'il reste encore un peu de la bière de Foroch. Quand je fus en vue de la clairière, j'attendis patiemment la fin de leur concert improvisé. Je n'ai jamais été un de leurs admirateurs, mais cette musique a son caractère. Les Imgas compensent leur piètre sens du rythme par leur enthousiasme. Saumure fut le premier à me voir et arrêta de cogner la bûche creuse qu'il avait presque réduit en pulpe. "Quelle est cette horrible odeur ?" "Je crois bien que c'est un humain, Saumure," répondit Sauteur. "En effet. Ça dégage une odeur de lait tourné," ajouta Caboche, le dernier membre du clan de Sauteur. "Sauteur,", dis-je."Ça fait une paye." "Appelle-moi Duc Sauteur, nemer," répondit-il en ajustant sa cape et en se hissant de toute sa hauteur. "Bien sûr, Duc Sauteur," ajoutais-je précipitamment. "Excusez-moi. Le long voyage m'a fait oublié les civilités." "Tu as de la chance que je soit d'humeur magnanime aujourd'hui. Quel est ce qui t'amène sur mes terres ?" "Sire, j'ai ouï dire que vous aviez récemment acquis de la bière de Foroch." "Oh ? En veux-tu," demanda-t-il. "Je pourrais chercher un acheteur." "Donc il en reste ?" Peut-être n'avais-je pas fait le trajet pour rien. "Oui," déclara Duc Sauteur, lentement. "Nous ne l'avons pas encore finie." "Pourquoi ne pas lui en servir un peu," proposa Saumure avec un rictus narquois. "Ça me semble une bonne idée, Saumure. Apporte-moi un des tonnelets." J'observai Saumure s'acheminer dans la forêt, mais il disparu avant que je ne puisse voir où les tonnelets étaient cachés. Il revint en portant un tonnelet si aisément que je tressailli quand il le reposa lourdement au sol. De toute évidence, le tonneau était encore presque plein. Il pris un bol de bois et fit couler quelques gorgées de bières dedans, en se plissant le nez. Je pris le bol et le humai. Certains connaisseurs jugent des vins et des bières par leur arôme, mais avec les boissons des bosmers, c'est tout simplement une sage précaution. L'odeur de la Bière du Crépuscule n'avait rien de commun avec celle de la Bière d'Eté de Foroch. Ni avec des boissons moins goûteuses, comme la Jagga, qui a vraiment une odeur unique. En fait, ça sentait comme une rouelle juteuse marinée dans l'eau de vie de prune avec du coriandre. J'en bus une gorgée et fermai les yeux. C'était un rêve de vol libre. C'était le souffle suspendu du premier baiser. C'était un doux feu me faisant sourire. C'était du bonheur distillé. Quand je revins à moi, je m'écriai : "Glacefeu ! Mais qu'est-ce donc ?" "C'est ce que j'avais dit," me prévint Saumure. "Non, Saumure. Ce que tu as dit était 'par la troisième griffe pourrissante et écaillée d'Herma-Mora, quelle est cette crasse putride ?'" Crasse putride ? Je n'en croyais pas mes oreilles. Cette bière était un don divin ! "Pour mauvais que ça soit," ajouta Caboche, "je ne vois pas pourquoi Foroch ne nous laisse pas en goûter." "Il fait ça rien que pour nous vexer, Caboche," expliqua Duc Sauteur. "Il ne daigne jamais nous faire part du respect qui nous est dû. Il trouve toujours un prétexte pour ignorer l'ancien marché." "Quel goût vous lui trouvez," demandai-je. "Amer," répondit Sauteur. "Pourri," ajouta Saumure. "C'est comme ce truc qui colle au doigts quand on écrase une ailetorte," renchérit Caboche. "Effectivement," confirma Sauteur. "J'espère que les vents se lèveront cette nuit et emmèneront cette puanteur loin de mes terres." "Hum," dis-je. "Sauteur ? Rapporterais-tu la bière si Foroch te disait que tu avais le droit d'en boire ?" "Duc Sauteur," répondit-il automatiquement. "Je ne voudrais pas que mes sujets à Vertcoeur croient que je suis un tyran. Si Foroch nous assure que nous pouvons avoir de la bière, il peut reprendre ses tonnelets." "C'est une question de principe," expliqua Caboche. "Duc Sauteur," demandai-je, "pourriez-vous les avoir ramenés à Foroch pour minuit ?" "Bien sûr qu'on peut," affirma le Duc. "Et après on peut écouter Foroch nous dire qu'on peut en boire chez lui chaque fois qu'on veut." "Marché conclu, alors. Je dois me dépêcher de retourner chez Foroch. Je crains qu'il ne faille quelques temps pour le convaincre." Foroch m'attendais à l'entrée de la brasserie. Ses bras croisés et sa mine renfrognée ne disaient rien de bon. "Je vois que tu est de retour," dit-il, "sans ma bière. Et bien, je ne te donnerais pas de ma bière d'été. Pas quand..." "Les imgas," soufflai-je. "... je te confie un travail simple..." "Devraient." "... et tu oses revenir ici..." "Les ramener." "... bredouille..." "D'ici minuit." "... sans même une excuse ! Non, tout ce que tu trouves à dire, c'est... As-tu dit que les imgas le rapporteraient cette nuit ?" "Oui." "Combien en reste-t-il ?" "Presque tout, je crois. Il me semble qu'ils n'ont ouvert qu'un seul tonnelet." "Excellent," dit Foroch, "ça s'arrose !" "Attend," dis-je. "Attend. S'il te plait. Il faut que je t'explique l'accord." "Accord ? Tes mots m'emplissent d'effroi," dit Foroch en écartant vivement les choppes. "Qu'as-tu promis à ces imgas pouilleux ?" "Qu'ils pourraient en boire autant qu'ils voulaient, une fois qu'ils..." "Que... Tu... Pourquoi... Si je... Comment..." Pour une fois, Foroch en restait bouche bée. "Attend," dis-je. "Laisse moi t'expliquer." Ce n'est que peu avant minuit que j'en eu enfin l'occasion. Foroch, qui recouvra bien vite la parole, déblatéra longuement à propos de moi, des imgas, et de nos ancêtres communs jusqu'à en avoir le gosier desséché. Quand il se tut enfin, je réitérai ma tentative d'explication. "Les imgas n'en demanderont pas beaucoup." "Pas beaucoup ! Pas beaucoup ! As-tu déjà bu avec eux ? Leur soif est légendaire ! La mer abécéenne ne l'étancherait pas !" "Ils n'aiment pas cette bière," dis-je. "C'est le bouquet ! Ils volent ma bière et lui font des reproches !" "Ecoute," dis-je. "Ils n'en boiront pas beaucoup car ils la détestent. C'est pour ça qu'ils n'ont pas ouvert les autres tonnelets." "Peut-être que ton plan n'est pas tout à fait incohérent," grinça-t-il. "Mais quand même, donner de la Crépuscule aux imgas..." "Tu n'as pas le choix si tu veux la récupérer. Si tu n'aimes pas de la faire voler, que dirais tu qu'ils la vide dans un ruisseau en se bouchant le nez ?" "Il y a des principes et des précédents, vois-tu ? Nous avons vécu ensemble depuis Aldméris. Et maintenant, ayant perdu notre empire, notre honneur, nos droits et nos dignités, maintenant un homme me demande de briser des traditions plus ancienne que l'arrivée des humains. Briser des traditions que les imgas ne se rappellent qu'à moitié et suivent rarement. Il y a des fois où je dois te dire, Rascien, que je déteste les humains autant que je hais les khajiits et les imgas." J'étais choqué. Pas par le sentiment, car il était fréquent au Val-boisé, mais de ce qu'il soit dit aussi crûment. "De toutes les années que j'ai vécues ici," dis-je, "jamais je n'ai entendu..." "Je l'ai dit, et je le pense," m'interrompis Foroch, les yeux rivés à sa choppe. "Et on n'en parle plus." Le silence fut brisé par l'arrivée des imgas et de la bière. Foroch se leva péniblement. "Alors, vous m'apportez un cadeau, je vois ?" "Pas de cadeau, Foroch," répondu Sauteur. Ceci est la bière que nous avons volé de plein droit, et..." "De plein droit ? De plein droit ?" cracha Foroch. Les imgas étouffèrent les jérémiades de Foroch en jetant les tonnelets sur le sol, faisant trembler toute la brasserie et provoquant la chute de quelques chopes perchées sur les étagères. Sauteur s'accouda à l'un des tonnelets et et se pencha en avant. "Je veux l'entendre, Foroch. Je veux entendre une déclaration en bonne et due forme." "Jamais de la vie," dit Foroch en reculant. "Tu demandes trop, Sauteur." "Duc Sauteur, petit Bosmer." La bouche de Sauteur resta ouverte, comme s'il se surprenait de ses propres dires. Foroch avait à nouveau le souffle coupé. Il grinçait des dents en me regardant. Je chuchotai "pense à la bière, Foroch, pense à la bière." "Moi, Foroch," cracha-t-il, "reconnais que vous autres crass... mente... trich... monst... Que vous, Duc Sauteur, avez de p-p-plein droit volé ces barriques et que..." "Et qu'à partir de maintenant, nous pouvons en boire tout notre content, l'ayant volé de plein droit." "Et qu'à partir de maintenant," conclue Foroch entre des dents serrées, "vous pouvez. Avoir. Autant. De bière. Que vous voulez." Sauteur tendit la main. Foroch l'observa avec des yeux ronds pendant une bonne minute avant de la serrer en hâte. "Une tournée générale pour sceller le marché ?" proposai-je. Je ne pouvais pas résister. "Juste un doigt," dit Sauteur. Je pouvais presque voir sa peau virer au verdâtre sous sa fourrure. Foroch grimaça tout le temps qu'il versa. Sauteur grimaça tout le temps qu'il but. Et moi ? Je savourai la meilleure bière de tout Tamriel et souris. Mon sourire ne s'effaça qu'à mi-chemin de Silvenar quand je découvris que le tonnelet que Foroch m'avais donné était celui déjà entamé et à moitié vide. |