Auteur réel : David S. J. Hodgson (Écrivain), Brynn Metheney (Artiste) Commentaire : Journal d'un apprenti sorcier, sur l'alchimie et l'enchantement.
Par Gargrell Sorick, 2E 578
Comme je viens de terminer avec brio la tâche que m'a confié le Maître, je me rend compte qu'il me reste quelques cinquante pages blanches à la fin de mon journal. Évidemment, je ne peux pas laisser ces pages blanches, le Maître risque de conclure que je n'ai pas accompli mon devoir jusqu'au bout. Mais comment dois-je remplir ces pages restantes ? Dois-je rédiger quelque traité ? Ce doit être quelque chose qui plaise grandement au Maître, mais quoi ?
Je pense que je vais laisser cette nuit de sommeil me porter conseil. Je me sens plus las que d'habitude ce soir, et j'ai cette intuition que le repos ne sera pas aussi réparateur qu'il ne le devrait. Aujourd'hui un empoté de marchand rougegarde nommé Uwafa m'a griffé le visage avec son gantelet alors qu'il me dépoussiérait, car nous avions empilé des sacs d'engrais osseux dans la réserve. Il s'est excusé avec profusion, et a même appliqué une sorte d'onguent sur la blessure, mais cette petite plaie commence à me démanger fortement.
Je verrai à quoi elle ressemble demain matin.
- Jour 2
- Aujourd'hui je viens d'examiner la petite entaille que ce rougeâtre et ce barbare de nigaud d'Uwafa a fait sur ma joue. L'onguent qu'il a appliqué semble faire plus de mal que de bien. L'entaille est devenue plus profonde, et provoque une inflammation particulièrement rouge. Peut-être devrais-je faire des points de suture ? Non, ça serait trop vaniteux de ma part.
- Jour 4
- La pitié de Stendarr ignore mon malheur. J'ai appliqué des concoctions et élixirs sur ma plaie, mais ils n'offrent qu'un répit temporaire. Au tombé de la nuit, ma plaie s'est infectée, et l'ensemble de ma joue me démange. La peau autour de la déchirure palpite et gonfle, et elle est rouge et tachetée de marron.
- Jour 5
- La plaie commence à suinter. Je change les bandages deux fois par jour, et je ne cesse de grimacer à cause de la douleur qui s'étend de la poche de l'œil à la mâchoire. J'ai envoyé Barbus chercher des nirnraves pour soulager mon malheur, et il est revenu avec des épines-de-dragon. L'idiot ! J'espère qu'il souffrira de la même infection que moi.
- Jour 7
- Une nuit de douleur, je n'ai dormi que d'un côté, comme l'autre côté n'arrêtait pas de pisser de l'exsudat. Je ne mange ma nourriture que d'un seul côté de ma bouche. Et la décoloration de ma peau s'est étendue à mes lèvres. De petites pustules rouge commencent à apparaître autour de la fissure craquelée et suintante.
- Jour 10
- Une nouvelle nuit d'agonie, où une aiguille chauffée d'une main, un tissu pour éponger de l'autre, j'ai essayé de crever l'amas d'énormes pustules qui a maintenant colonisé ma blessure. Je ne vois plus que du pus dégoulinant lorsque je me regarde dans le miroir, toutefois ce pus est grisâtre. Barbus m'appelle maintenant « Gangrène Sorick » pour se moquer.
- Jour 13
- Je n'arrête pas de mâcher du sucrelune à l'état brut, mais la drogue ne soulage pas la douleur. La moitié de mon visage a été remplacé par d'alarmante excroissances globuleuses. Les veines qui partent de la plaie sont devenues noires. Je ne vois aucun moyen de soigner ma blessure. Je passe mes journées à me cacher, comme je fais peur aux clients.
- Jour 14
- Mara pleure pour moi. Quatre jours sans dormir. Les furoncles se forment plus rapidement que je n'arrive à les crever. J'avale ma nourriture avec une paille car mon estomac ne tolère plus la nourriture solide ; je ne me nourris plus que de soupe et de magie. Ma chambre est recouverte de vomis. Et cette odeur ! Les excroissances rouges deviennent violettes.
- Jour 16
- Barbus ne me surveille plus que de façon irrégulièrement désormais ; il n'a pas le temps comme il doit s'occuper du magasin. L'infection ne cesse de s'étendre, avec de nouvelles fissures qui apparaissent, et mon visage est devenu entièrement violet. J'ai du mal à réfléchir. Et mon sommeil est perturbé par des cauchemars horribles infestés de vers qui se tortillent.
- Jour 17
- Aujourd'hui j'ai trouvé une rose noire sur ma table de nuit au réveil. Un cadeau d'une âme compatissante ? Je ne peux pas même pas visiter un guérisseur ! Les pourvoyeurs d'élixir ne peuvent pas soigner leurs propres employés ? Nous serions chassés de Haltevoie. J'entends des rires dans ma tête. Plaies purulentes et furoncles qui explosent, alors que ma peau se solidifie.
- Jour 19
- Je suis désormais méconnaissable. Je vais mourir de ma malédiction, c'est certain. Les livres sur les maladies sont rédigés par des ignares, mais mes lamentations sont celles d'une personne atteinte de la peste. Pourquoi alors, les potions que l'on confectionne ne me soignent pas ? Ma peau est tourmentée, au point que même Molag Bal en serait dégoûté.
- Jour 20
- Mon anxiété ne cesse de croître à propos de cette mutilation d'Uwafa. Une voix sortie du vide s'adresse à moi : « la flamme dans ton esprit s’éteint petit à petit. » Ma peau est en train de pourrir. Un morceau de mon oreille est tombé dans ma soupe aujourd'hui. Je pleurerais si je le pouvais encore. Je ressemble à un ogre maudit par Hermaeus Mora. Des pustules apparaissent au niveau des aisselles et des jambes.
- Jour 21
Tête violette. Agonie. Misérable. Vers en-dessous de la peau. Seul je peux voir. Écoute ! Compris ?
- Jour 22
- J'écris ceci parce que Gargell me l'a demandé. Il est enchaîné dans la réserve secrète. Je ne le nourris plus. Il a écrit des mots méchants sur moi dans ce livre. Maintenant il est en colère et hurle. Maître ne revient pas avant encore une semaine. Je dois prier à Arkay ?
- -Bardus
- Jour 24
- Je l'ai transpercé avec une lance, mais de l'écume s'écoule de ses bouches et il tousse ses boyaux. Je l'ai frappé encore et il m'a griffé. Pestiféré dans la cave. J'espère que les chaînes tiendront. J'ai fermé le magasin. Je pense tout brûler. Au revoir.
- -Bardus
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