La Reine-Louve, livre VIII : Différence entre versions
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Version du 12 mai 2014 à 21:31
La Reine-Louve, livre VIII
Par Waughin Jarth
De la plume d'Inzolicus, sage du deuxième siècle de l'ère Troisième :
3E 127
Suite à la bataille d'Ichidag, l'empereur Uriel Septim III fut capturé et mis à mort par une foule en colère avant qu'il ne soit possible de le conduire au château de son oncle, à Gilane. Aussitôt proclamé empereur, ledit oncle, Céphorus, se rendit sans attendre à la cité impériale. Les troupes qui étaient jusque-là loyales à Uriel et à sa mère, la Reine-Louve Potéma, jurèrent fidélité au nouvel empereur. En échange de son soutien, la noblesse de Bordeciel, de Hauteroche, de Martelfell, de l'archipel de l'Automne, du Val-Boisé, du Marais noir et de Morrowind demanda et reçut une semi-indépendance par rapport à l'empire. La Guerre du Diamant rouge était enfin terminée.
Potéma continua de livrer un combat voué à l'échec, sa sphère d'influence se rétrécissant peu à peu jusqu'à ce que seul le royaume de Solitude demeure en son pouvoir. Elle convoqua des Daedras afin qu'ils luttent pour elle, chargea ses nécromanciens de ramener ses ennemis vaincus à la vie sous forme de guerriers morts-vivants et lança une interminable succession d'attaques contre les forces de ses frères, l'empereur Céphorus Ier et le roi Magnus de Lilmoth. Ses alliés commencèrent à l'abandonner au fur et à mesure que sa démence croissait, jusqu'à ce que ses seuls compagnons demeurent les squelettes et zombis qu'elle avait amassés au fil des ans. Le royaume de Solitude devint donc celui de la mort, les sujets de la Reine-Louve vivant dans la terreur de leur souveraine, dont on racontait qu'elle était accompagnée de femmes de chambre en état de putréfaction avancée et qu'elle préparait ses plans de guerre en compagnie de généraux vampires.
3E 137
Magnus ouvrit la petite fenêtre de sa chambre, entendant les bruits de la ville pour la première fois de la semaine : les grincements des charrettes, les sabots des chevaux sur les pavés et, au loin, un rire d'enfant. Il sourit et retourna près de son lit afin de se laver le visage et de finir de s'habiller. On frappa à la porte et il reconnut aussitôt le nombre et le rythme des coups.
" Entre, Pel ", s'exclama-t-il.
Pélagius entra d'un bond. Il était manifestement levé depuis de longues heures. Magnus s'émerveilla de son énergie, en se demandant combien de temps les batailles dureraient si l'on ne mettait en présence que des soldats de douze ans.
" Avez-vous regardé au dehors, père ? demanda le garçon. Tous les habitants de la ville sont de retour. J'ai vu des tas d'échoppes ouvrir, et aussi la guilde des Mages, je crois, et il y en a encore plein d'autres du côté du port.
- Les gens n'ont plus peur, répondit Magnus. Nous nous sommes chargés des zombis et fantômes qui vivaient à côté d'eux et ils savent désormais qu'ils peuvent rentrer chez eux en toute tranquillité.
- Mon oncle Céphorus se transformera-t-il lui aussi en zombi à sa mort ? s'enquit Pélagius.
- Il en serait bien capable, lui dit Magnus en partant d'un grand rire. Pourquoi cette question ?
- J'ai entendu des gens dire qu'il était vieux et malade.
- Il n'est pas si vieux que cela, protesta Magnus. Il a juste soixante ans, deux ans de plus que moi.
- Et quel âge a tante Potéma ? demanda Pélagius.
- Soixante-dix ans. Et, oui, avant que tu ne me le dises, elle est vieille. Si tu as d'autres questions, elles devront attendre. J'ai rendez-vous avec le commandant en chef, mais nous pourrons continuer cette discussion au repas. Tu sauras t'occuper sans causer de catastrophe, d'ici là ?
- Oui, monsieur. "
Pélagius comprenait pourquoi son père devait poursuivre le siège du château de tante Potéma. Une fois la victoire acquise, ils quitteraient l'auberge pour aller s'installer dans la place forte ; mais cela n'attirait guère l'adolescent. Une odeur aussi étrange que désagréable planait sur la ville et il était presque impossible d'approcher du château sans s'étrangler. Une telle puanteur ne s'en irait probablement jamais, même si l'on plantait des millions de fleurs alentour.
Il parcourut les rues de la cité de longues heures durant, achetant un peu de nourriture et quelques rubans pour sa soeur et sa mère, restées à Lilmoth. Réfléchissant à qui il pouvait encore faire des cadeaux, il constata avec effarement que tous ses cousins, c'est-à-dire les enfants de sa tante Potéma et de ses oncles Céphorus et Antiochus, avaient péri pendant la guerre, certains au combat, les autres de la famine qui avait suivi l'incendie des cultures. Sa tante Biank-i était morte l'année précédente. Il ne restait plus que lui, sa mère, sa soeur, son père et son oncle l'empereur. Et sa tante Potéma, bien sûr ; mais elle ne comptait pas vraiment.
En passant devant la guilde des Mages, il décida tout d'abord de ne pas y entrer, ce genre de lieu l'inquiétant avec sa mystérieuse fumée, ses cristaux et ses vieux livres. Mais peut-être pourrait-il y acheter un présent pour son oncle Céphorus. Oui, un souvenir de la guilde des Mages de Solitude.
Une vieille femme éprouvait des difficultés à ouvrir la porte d'entrée, aussi Pélagius le fit-il à sa place.
" Merci ", lui dit-elle.
Il n'avait jamais vu personne d'aussi vieux. Le visage de l'inconnue ressemblait à une vieille pomme ridée surplombée d'une couronne de cheveux blancs. Il s'écarta instinctivement quand elle voulut lui tapoter la tête pour le remercier. Mais la gemme qu'elle portait autour du cou le fascina immédiatement. De couleur jaune vif, elle donnait l'impression que quelque chose était enfermé à l'intérieur. Une bête à quatre pattes semblait apparaître en son coeur chaque fois que la lumière tombait directement dessus.
" C'est une gemme spirituelle renfermant l'esprit d'un grand loup-garou démoniaque, expliqua la vieillarde. Elle a été enchantée il y a bien longtemps et possède le pouvoir de charmer les gens, mais cela fait quelque temps que je pense à changer son sort, pour y mettre un enchantement de l'école de l'Altération comme Verrou ou Bouclier, par exemple. Mais tu me rappelles quelqu'un, petit. Quel est ton nom ?
- Pélagius, répondit-il. "
En temps normal, il aurait ajouté qu'il était prince, mais son père l'avait enjoint de ne pas attirer l'attention en ville.
" Je connaissais quelqu'un qui s'appelait ainsi, dit-elle en souriant. Es-tu ici tout seul, Pélagius ?
- Mon père est... avec l'armée assiégeante. Mais il me rejoindra dès que le château sera tombé.
- Ce qui ne devrait plus tarder, hélas, soupira la vieille femme. Comme quoi rien ne dure éternellement, quel que soit le soin que l'on prenne à sa construction. Es-tu venu acheter quelque chose auprès de la guilde des Mages ?
- Oui, un cadeau pour mon oncle, mais je ne crois pas avoir assez d'argent. "
La vieille femme laissa quelques instants l'adolescent, le temps pour elle de s'entretenir avec l'enchanteur de la guilde. Ce dernier était un jeune Nordique ambitieux, nouvellement arrivé à Solitude. Il suffit qu'elle lui montrât la couleur de son or pour qu'il accepte de faire disparaître le sort de charme de la gemme et de le remplacer par une puissante malédiction qui volerait lentement la sagesse du porteur du collier jusqu'à ce que celui-ci perde totalement la raison. Dans le même temps, elle lui acheta un peu coûteux anneau de résistance au feu.
" Tiens, pour la gentillesse dont tu as fait preuve envers moi, je t'ai acheté ceci, fit-elle en revenant à côté de Pélagius. Donne l'anneau à ton oncle et dis-lui qu'il s'agit d'une bague de lévitation, qui le protègera si jamais il lui faut sauter de haut. Quant à la gemme spirituelle, elle est pour toi.
- Merci, mais vous êtes trop bonne avec moi, protesta-t-il.
- La bonté n'a rien à voir là-dedans, répondit-elle avec honnêteté. Vois-tu, je me suis rendue une ou deux fois dans la salle des registres du palais impérial et j'y ai lu une prophétie parlant de toi dans les Parchemins des Anciens. Tu deviendras un jour empereur sous le nom de Pélagius Septim III, mon garçon. Et tant que tu auras cette gemme pour te guider, ton nom passera à la postérité. "
Sur ces mots, la vieille femme s'engagea dans une allée proche de la guilde des Mages. Pélagius la regarda disparaître, sans songer à regarder l'endroit par où elle était partie. S'il l'avait fait, il aurait découvert un tunnel menant au coeur de Castel-Solitude. Et, s'il l'avait emprunté, il aurait atteint, au-delà des morts-vivants et des restes pourrissants d'un palais autrefois splendide, les quartiers de la reine.
Là, dans la chambre à coucher, il aurait aperçu la Reine-Louve de Solitude allongée sur son lit, écoutant calmement le fracas de l'effondrement de son château. Et il aurait vu la vieille femme se fendre d'un ultime sourire sadique en rendant son dernier souffle.
De la plume d'Inzolicus, sage du deuxième siècle de l'ère Troisième :
3E 137
Potéma Septim mourut après que son château eût été assiégé pendant un mois. De son vivant, elle avait multiplié les titres et les honneurs : Reine-Louve de Solitude, fille de l'empereur Pélagius II, épouse du roi Mantiarco, tante de l'impératrice Kintyra II, mère de l'empereur Uriel III et soeur des empereurs Antiochus et Céphorus. Suite à son décès, Magnus nomma son fils Pélagius roi de Solitude, sous la tutelle du conseil royal.
3E 140
L'empereur Céphorus Septim meurt des suites d'une chute de cheval. Son frère est proclamé empereur sous le nom de Magnus Septim.
3E 141
Les Annales impériales notent que Pélagius, roi de Solitude, souffrirait " d'excentricité chronique. " La même année, il épouse Katarish, duchesse de Vvardenfell.
3E 145
Mort de l'empereur Magnus Septim et couronnement de son fils, qui apposera sa marque dans les livres d'histoire sous le nom de Pélagius le Dément.