Récits d'Abba Arl : la mère grasse

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
Aller à : navigation, rechercher
Média d'origine : TES Online

Par Abba Arl


Un matin, Abba Arl demanda aux enfants :

– Connaissez-vous notre parent, la Mère grasse ?
– Non, Abba. Nous ne connaissons pas la Mère grasse, répondirent les enfants en secouant la tête. Voudrais-tu nous parler d'elle ?

Abba opina du chef et leur fit ce récit :

« Avant que le Peuple adopte la culture des champs, il ne mangeait que la viande des bêtes sauvages. Un matin, les chasseurs partirent, et ne trouvèrent aucune bête sauvage à manger. Ainsi le chef annonça au peuple : Nous avons tué toutes les bêtes, et n'avons plus rien à manger. Nous devons quitter ces lieux, et trouver d'autres bêtes ailleurs.

Ainsi le Peuple commença-t-il à errer en quête de nourriture. Et à l'écart du Peuple se trouvait Orsa. On la mettait à l'écart car elle était grosse, et peu plaisante à regarder.

Un jour, le Peuple arriva au pied d'une haute montagne. Il commença à crier :
– Nous avons tellement faim ! Si nous ne mangeons pas bientôt, nous en mourrons. Nous ne pouvons pas gravir cette montagne sans nourriture !
– Peuple, dit alors Orsa en s'avançant, tu me rejettes, mais je t'aime malgré cela. Venez boire à mon sein gauche, afin de trouver la force de gravir la montagne.
Le Peuple en fut satisfait, et téta tout son soûl. Le ventre plein de lait, le Peuple gravit la montagne mais ne périt point. Malgré cela, l'on ne traita pas mieux Orsa.

Les jours passèrent, et le Peuple arriva devant une rivière. Une fois de plus, l'on s'écria :
– Nous avons si faim ! Faute de manger bientôt, nous périrons tous. Nous ne pourrons passer cette rivière le ventre vide !
– Vous me rejetez encore, mais je vous aime malgré tout. Venez boire à mon sein droit, et trouvez la force de franchir la rivière.

Une fois de plus, le Peuple but avidement. Il traversa la rivière à la nage, et pas un seul ne périt. Même après cela, le Peuple rejetait Orsa, et refusait de partager sa compagnie.

Le temps passa encore, et le Peuple parvint au bord d'un vaste désert. Une fois encore, le peuple se lamenta de sa faim, et se sentit certain que la fin était proche.

Alors, le Peuple se tourna alors vers Orsa :
– Nourris-nous à nouveau, grosse femme.
– Je ne le puis, répondit Orsa. Vous avez bu à mon sein gauche au pied de la montagne, et à mon sein droit à la berge de la rivière. Je n'ai plus de lait à donner.

Le Peuple en fut grandement affligé, et tomba à genoux, en larmes.

Cette nuit-là, Orsa pria et dit aux étoiles :
– Oh étoiles, que puis-je faire ? Je n'ai plus de lait à donner à mon peuple. Sans subsistance, nous périrons à coup sûr.
– Orsa, répondirent les étoiles, pourquoi verses-tu des larmes pour ton Peuple. Chaque jour, il te rejette, et t'agonit de plaisanteries cruelles. Ne vaudrait-il pas mieux qu'il meure, et t'épargne la douleur de vivre avec lui ?
– Non. Je n'ai pas de mari, car je suis grosse et peu plaisante à regarder. Je n'ai pas d'enfants. Ce Peuple est devenu mon enfant, et je dois prendre soin de lui.
– Orsa, nous t'aiderons à prendre soin de ton Peuple, répondirent les étoiles apitoyées. Nous te donnerons de nombreux enfants, mais tu dois nous faire une promesse.
– Je promettrai ! assura Orsa.
Sur ce, les étoiles tissèrent leur puissante magie, et transformèrent Orsa en une grande et grasse abeille. Le Peuple apprit à manger le miel de sa ruche, et vécut assez longtemps pour trouver son foyer par-delà le désert. Mais la Mère grasse tint promesse. Si le Peuple la traitait mal, Orsa et ses nombreux enfants les piquait pour leur rappeler leur bonne fortune. Ainsi en va-t-il pour nous. »

Quand Abba termina son récit, les enfants firent de grands sourires, et demandèrent à Abba un grande cuillerée de miel de la Mère grasse.