Les Prières de Baranat

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Média d'origine : TES 3 : Morrowind
Commentaire : mythe traditionnel


Quand dame Génévira fut kidnappée chez elle et retenue en échange d'une rançon, sa mère fit savoir que quiconque la sauverait gagnerait sa main et hériterait de la propriété. Malheureusement, en ces temps troublés, enlèvements, meurtres et rapines étaient si courants que les aventuriers ne se pressaient pas pour répondre à de telles demandes. En fait, le seul à venir trouver la mère de la disparue fut un petit gringalet du nom de Baranat.

" Vous êtes courageux, j'en conviens, mais j'ai bien peur que vous n'ayez aucune chance, lui dit la vieille femme. Voyez-vous, ma fille a été enlevée par les frères Coribael, dont les exploits physiques sont, hélas, légendaires.

- Lorsque je suis né, j'ai reçu la bénédiction de Vivec, Almalexia et Sotha Sil, madame, répondit Baranat. Et, depuis, les saints m'écoutent. Si jamais je connais des difficultés, je les appellerai afin qu'ils me viennent en aide. "

La mère éplorée éprouvait de sérieux doutes au sujet de Baranat mais, n'ayant pas d'alternative, elle indiqua au petit homme que le campement des quatre frères se trouvait au nord, au fond d'une étroite vallée. C'était dans ce camp qu'Airen Coribael, l'aîné des frères et de très loin le plus dangereux, gardait personnellement dame Génévira. Les trois autres frères étaient postés en divers endroits de la vallée et Baranat n'avait d'autre choix que de les vaincre les uns après les autres.

Baranat chevaucha de nombreux kilomètres durant, traversant les marécages avant d'arriver au poste de garde du premier frère. Là, il trouva le plus jeune des quatre, Vanis Coribael, qui surveillait les environs. Vanis était connu pour être si vif que l'on disait de lui qu'il pouvait découper son adversaire en morceaux avant que ce dernier ne dégaine son arme. Après un bref coup d'oeil à sa pauvre épée, Baranat décida de prier les saints.

Saint Véloth le Pèlerin lui apparut, vêtu de sa robe brillante, et lui dédia un large sourire.

" Pose ton arme, Baranat, lui dit-il, et je te rendrai plus rapide que le vent. "

Baranat lâcha son épée et se précipita sur Vanis, se déplaçant si vite que les feuilles ne bougèrent pas sur son passage. Une fraction de seconde plus tard, Vanis gisait mort à ses pieds. L'aventurier poursuivit son chemin jusqu'à atteindre le deuxième frère, Féryn, qui était aussi rapide que Vanis et dont la force était telle qu'il pouvait arracher un buisson touffu du pouce et de l'index. Pris de frissons, Baranat se cacha en apercevant le géant et, une fois encore, il pria les saints.

Saint Nérévar le Capitaine lui apparut, vêtu de son armure d'or, et lui dédia un large sourire.

" Je vais te rendre plus fort que cent guerriers, Baranat ", lui promit-il.

Baranat se rua sur Féryn, poussant le colosse contre un rocher qui tomba en poussière sous la violence de l'impact. Féryn tenta de se relever, mais Baranat lui arracha les membres à mains nues et le découpa en quatre-vingt-sept morceaux qu'il projeta aux quatre coins de la vallée. Il arriva ensuite à une large rivière, près de laquelle le troisième frère montait la garde. Prénommé Horis, ce dernier était plus vif que Varis et plus fort que Féryn, et sa résistance à la douleur était telle qu'il pouvait se baigner dans la lave de Dagoth Ur comme dans l'océan. Songeant que lui-même ne supportait pas la souffrance, Baranat décida de prier une troisième fois.

Saint Roris le Martyr lui apparut, sa peau nue scintillant comme si elle était couverte de gemmes, et lui dédia un large sourire.

" Je vais te rendre aussi résistant que le coeur du Néant ", lui dit-il.

Baranat s'élança vers Horis et tous deux tombèrent dans la rivière. Douze heures durant, ils luttèrent sous la surface de l'eau, jusqu'à ce qu'incapable de retenir son souffle plus longtemps, Horis finisse par se noyer. Baranat sortit du cours d'eau et poursuivit sa route jusqu'au campement. Airen Coribael s'y trouvait en personne, gardant un gros sac qui devait contenir dame Génévira ou une portée de félins furieux. Le jeune aventurier sentit ses genoux s'entrechoquer à l'idée d'affronter Airen Coribael, le plus rapide des quatre frères, mais aussi le plus fort, le plus résistant et le meilleur combattant. Se tournant vers les saints, il implora leur aide.

Saint Olms le Juste lui apparut dans une gerbe de feu et lui dédia son plus beau sourire.

" Je vais te donner un meilleur sens du combat que le plus dangereux des Daedra ", l'assura-t-il.

Baranat entra calmement dans le camp et affronta Airen Coribael. Le combat dura sept jours et, les six premiers, Airen conserva l'avantage. Il multipliait les coups, utilisant les styles de combat des Khajiits : il paraît et bloquait toutes les attaques à la façon des grands guerriers nordiques et conservait sans cesse son équilibre, le tout sans jamais faiblir une seconde, de jour comme de nuit. Mais le septième jour, alors qu'il s'apprêtait à porter le coup de grâce, il suspendit son geste et pâlit brusquement, comprenant qu'il était tombé dans le piège tendu par son ennemi et avait fini par se découvrir. En trois coups rapides, Baranat acheva le Cycle du Sang, style de combat centenaire des Rougegardes, qu'il avait amorcé dès le premier jour de combat. Et Airen Coribael cessa de vivre.

Le jeune aventurier courut ouvrir le sac enfermant dame Génévira. Il s'aperçut aussitôt qu'elle avait la corpulence d'un hippopotame et un visage moins gracieux encore. Comme si cela ne suffisait pas, elle se mit à l'abreuver d'injures pour avoir tant tardé à venir la secourir, montrant que son caractère n'avait rien à envier à son physique. Enfin, lorsqu'ils furent revenus auprès de la vieillarde, quelques jours plus tard, Baranat découvrit que la propriété dont il allait bientôt hériter était criblée de dettes suite à une succession de récoltes calamiteuses.

Observant le jeune aventurier à la mine décomposée du haut de son nuage, Saint Délyn le Sage lui dédia son plus beau sourire.

" Ah, Baranat, soupira-t-il. La prochaine fois, avant de t'élancer sabre au clair, essaye de savoir pourquoi tu combats. "