Le paradis du pillard

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Auteur réel : Lawrence Schick
Média d'origine : TES Online

Par l'ombre à la chevelure argentée


Vous n'avez nul besoin de connaître mon vrai nom – je ne suis d'ailleurs pas sûr de m'en souvenir moi-même de toute façon. Ma tante m'a légué une cabane sur une colline au sud de la frontière. Je n'y avais jamais vraiment songé jusqu'au jour où j'ai dérobé le scapulaire doré de Hrol dans le temple de l'Unique. Ma vie est soudain devenue infiniment plus compliquée et j'ai décidé qu'il était grand temps de prendre possession de mon héritage.

Ma tante – appelons-la tante Alias, inutile de vous en dire trop – était une éclaireuse impériale affectée à la surveillance des frontières, membre de la cohorte stationnée au fort Sphinx, dans les collines entre Elsweyr et le nord de Val-boisé. Dans les derniers jours du second Empire, les éclaireurs des frontières avaient pour tâche de faire rentrer dans le rang les individus les plus querelleurs afin de ne pas perturber le commerce. « Qu'Aless bénisse le libre échange » avait coutume de dire ma tante en débouchant une bouteille des fermes de Surilie avec un clin d'œil complice. « C'est le socle sur lequel est bâti l'empire ! »

Les éclaireurs ne pouvaient certes pas contenir toutes les petites vendettas frontalières, mais ils ont empêché les félins et les Elfes de se massacrer mutuellement et tenu les bandits à distance de la route reliant Dune à Arenthia. Ma tante aimant le climat de la région, elle a acheté ce petit lopin de terre quand elle a pris sa retraite, histoire d'y construire sa hutte. Elle est d'ailleurs plus grande qu'il n'y paraît – elle s'étend sous la colline et ma tante a évidemment creusé une sortie dérobée, juste au cas où…

Quand je suis arrivé ici par une nuit sans lune de sombreciel, saignant à nouveau de ma blessure à la cuisse après ma fuite précipitée sur un cheval volé, les éclaireurs étaient partis depuis longtemps et les marches de Brassaube avaient retrouvé leur état naturel, celui d'une anarchie presque totale. Il n'y régnait plus qu'une seule loi : celle de la vengeance.

Une guerre frontalière doublée d'assassinats continuels opposait alors la tribu des Elfes des bois de Voileronce au clan khajiit de Dakarn. Chacun occupait à tour de rôle les ruines du fort Sphinx, d'où ils dépêchaient des groupes pour tendre des guets-apens aux caravanes de marchands, piller des villages et des villes alentour et régler de vieilles rancunes. Aucun d'eux ne remarqua pourtant que je me cachais dans la vieille hutte pendant la journée et que je me glissais d'ombre en ombre à la nuit tombée. L'endroit était un vrai champ de bataille – je ne pouvais pas faire plus de cinq cents pas sans tomber sur la dépouille d'un guerrier, sur un chariot éventré ou le corps d'un marchand malchanceux.

C'était le paradis du pillard.

Ah, c'était la belle vie. Trop belle pour durer sans doute. Au bout d'un temps, les bandits de Voileronce finirent par gagner du terrain et lancèrent un raid contre Arenthia, juste au moment où les félins de Dakarn tentaient de prendre le contrôle du crime organisé à Dune et dans l'arène de Thizzrini. Les citoyens respectables des deux côtés de la frontière formèrent des milices ou recrutèrent des mercenaires afin de faire le ménage dans les collines, ce qui marqua la fin du brigandage dans les marches. La tribu Voileronce devint par la suite une unité irrégulière bosmer, les « rôdeurs de Voileronce » (ha !), tandis que les Dakarns survivants formèrent le noyau des éclaireurs de la garde de Dune. La frontière finit par retrouver la paix et l'empire retrouva le socle sur lequel il avait bâti sa prospérité.

Par chance, j'étais au bon endroit pour profiter de l'opportunité qui se présentait à moi : d'innombrables marchandises empruntaient désormais la route de Dune. Le Fredas suivant me trouva à Bravil à la recherche de quelques-uns de mes anciens comparses. Et la saison suivante, moi et le tout nouveau gang d'Obscuronde occupions ce bon vieux fort Sphinx. Il ne nous restait plus qu'à restaurer les lieux de vie, aiguiser nos épées et réparer les anciens pièges.

Nous allions enfin pouvoir reprendre du bon temps.