Le Roi Edward, 1re Partie

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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Média d'origine : TES 2 : Daggerfall

Départ de Daguefilante
Par Anonyme


Il y a très longtemps, quand le monde n'en était encore qu'à son printemps, avant que les Gardes Rouges n'arrivent et que le glorieux Empire Septim ne soit formé, mais après que les Gobelins aient expulsé les Nains hors de Martelfell, un garçon, Edward, est né de père le Roi Corcyr I de Daguefilante et de mère sa reine, Aliera de Refuge. Le jeune garçon somnolait dans le verger du palais, au sommet d'une colline venteuse qui surplombait la baie bleu marine de Daguefilante. Le sempiternel brouillard d'automne avait été soufflé pour une fois et le ciel était d'un bleu azur profond. Des moments tels que celui-ci étaient rares pour le jeune Prince Edward ; d'ailleurs cet après midi de tranquillité était le résultat d'une manigance, car il désirait aussi ardemment la solitude que les autres nobles désiraient -il le savait- la compagnie. Son précepteur le croyait actuellement en train de s'entraîner aux armes, le maître d'arme le croyait à la chasse avec le garde chasse, qui le croyait en train d'étudier l'Elfe. Son père n'avait aucune idée de l'endroit où il se trouvait et n'en avait cure, étant tout occupé avec sa femme, ses autres fils et les plaisirs de la vie de noble...

Il ouvrit ses yeux gris pale au bruit d'une pomme qui rata de peu sa tête ; il avait une odeur de putréfaction sucrée dans les narines. Il soupira et regarda fixement le bleu du ciel. Pourquoi les choses tombent-elles vers le bas plutôt que vers le haut ? Si vous regardez le ciel assez longtemps vous avez l'impression de tomber dedans... ses yeux se brouillèrent et ses pupilles s'agrandirent alors que les cercles sombre de ses iris se dilataient. Il était léger et flottait... Une autre pomme tomba, éraflant son oreille, et il retomba bruyamment au sol, poussant un cri alors que son postérieur touchait le sol, suivi de sa tête. Un rire argentin se fit alors entendre. Edward s'assit de façon abrupte et regarda alentours, la mâchoire pendante. Deux cavaliers se tenaient à dix pas de lui, aussi immobiles que s'ils avaient été taillés dans la roche. Les Princes ne sont pas facilement intimidés, même pas ceux qui ont l'âme délicate, mais Edward n'avait jamais vu ni imaginé quoi que ce soit comme cette paire. L'un avait la peau et les yeux dores, en habit blanc décoré de dorures et chevauchait (Edward cligna des yeux. C'était toujours la) une licorne !

À coté de la licorne se tenait un dragon doré, les ailes repliées. Et sur son dos était monté un homme vêtu d'une cotte de mailles sombre, une épée longue à son coté. Il était nue tête ; ses yeux rougeoyaient dans son visage sombre... et ses oreilles pointues... "Vous êtes des elfes ! Que- !"
"C'est un enfant intelligent." Le ton de voix de l'Elfe Noir était acerbe. Edward remarqua qu'il parlait un Bréton impeccable. Son esprit fonctionnait toujours, même si tout le reste de son corps le faisait bizarrement.

"Il semblerait en effet. Il l'a fait presque tout seul. Remarquable pour un enfant non formé. Je l'ai à peine aide à... se concentrer." Le Haut elfe parlait aussi Bréton, mais de manière plus hésitante et avec un léger accent chantant. Le précepteur affirmait que les Elfes étaient incapables de parler les langages humains. Le regard d'Edward bougeait rapidement de l'une à l'autre des quatre créatures en face de lui, dans l'impossibilité totale de trouver une position confortable à adopter.

Il espéra brièvement, avec ferveur, qu'il était en train de dormir. Son esprit débordait de questions et de demandes. Quand, tout à coup, sa langue se délia. "Mais je ne me concentrais pas du tout ! Mes professeurs disent tous que j'en suis incapable..." Edward referma brutalement sa mâchoire, prenant conscience qu'il pourrait être imprudent de discuter avec des êtres tels que ceux-ci.
Mais l'Elfe Dore sourit largement, montrant des dents blanches et droites. "Exact." Il diffusait une approbation tellement chaleureuse, qu'Edward senti un frisson de plaisir parcourir sa peau. C'était un sentiment qu'il n'avait éprouvé qu'avec feu sa mère. Mais le visage de l'autre Elfe était sans expression ; les yeux rouges regardaient Edward comme s'ils allaient percer son âme.
"Moraelyn ! Vous êtes Moraelyn ! Le roi-sorcier !" Il sauta sur ses jambes et fit face à l'Elfe Noir. "Vous avez volé ma mère ! Mon père va vous tuer."

"C'est moi. Je l'ai fait. Va-t-il le faire ? Allons-nous le chercher pour vérifier ?" L'Elfe Noir se redressa et ses yeux brillèrent encore plus. Un petit souffle de vapeur échappa des naseaux du dragon. Une aura écarlate apparut autour de son compagnon. Edward sut qu'il n'allait pas appeler les gardes. Pourquoi les faire massacrer ? Ces deux-la semblaient capables... de tout. Soudain il n'avait plus peur. S'ils avaient voulu lui faire du mal, ils l'auraient fait depuis longtemps. Mais subsistait un sentiment de rage impuissante. Ils avaient pris sa mère. Et maintenant...
"Que faites-vous ici ?" demanda-il.
"Edward, vas-tu venir avec nous ?" dit l'Haut Elfe. L'écouter était comme écouter la musique d'une harpe, frais comme une brise, chaud comme un foyer... Le garçon se tenait très droit. Il aurait voulu dire oui, à sa propre stupeur. Il voulait demander s'il pourrait voir sa mère, mais au lieu de cela il croassa : "Mon père..."

"Tu lui manqueras sans aucun doute." La voix de Moraelyn était rechargée d'ironie, une voix qui faisait penser Edward a des pics de glace brillants et coulants goutte à goutte au soleil d'hiver. Mais il semblait aussi y avoir une sorte de faim dans ce regard, un désir ? Il ne manquerait pas du tout à son père et il le savait. La honte s'empara du garçon, mais il regarda l'Elfe aux larges épaules avec un regard de défi. "Êtes-vous mon père ?" Edward avait voulu que la question soit aussi sarcastique que le ton sur lequel l'Elfe lui parlait, mais ses mains rampèrent jusqu'à ses oreilles comme d'elles-mêmes. Il ne ressemblait en rien à son père au caractère emporté, cordial et roux... et Roane disait souvent qu'il avait un air elfique. Il y eut un épais silence et Edward senti que Moraelyn prenait la question de plein fouet mais que la vérité n'aurait rien à voir avec ce qu'il répondrait. Il donnerait la réponse attendue. Quoi que...

"Non." Cela sortit à regret. Il pouvait mentir bien sur, mais Edward ressentit un profond soulagement.
"Est-ce que ma mère a... d'autres fils ?" Soudain Edward sut que cela n’était pas le cas et que la question allait blesser l'Elfe Noir. Et il en était content.
"Ta mère pourrait être morte, pour ce que tu en sais. Ou pour ce que tu t'en soucies, semble-t-il." Les narines étroites de l'Elfe Noir se retroussèrent comme si Edward puait, et les rides autour de sa bouche s'approfondirent. Elle n’était pas morte. Edward s'en serait douté. L'amère injustice du dédain de Moraelyn le blessa.
"C'est elle qui vous a envoyé a moi ?"
"Tu me prends pour un coursier !" se fâcha-il, puis il parla a son compagnon : "Prenons-le et partons; on en débattra à loisir."
L'Elfe Doré leva sa main, "Patience, mon cousin." et à Edward, "Alors, jeune homme, viens-tu ?"

Des histoire effrayantes circulaient sur des enfants enlevés par des Elfes qui étaient affamés de jeunes humains...
"Je ne sais même pas votre nom", dit Edward pour gagner du temps.
"Tu aimes ta vie actuelle tant que ça ?"
Edward regarda le palais au loin, les drapeaux flottant paresseusement au-dessus... la ville en dessous, la baie miroitante, les montagnes lointaines.
"J'aime Daguefilante."
"Ah. Et tu pourras y retourner pour la diriger, Prince Edward. Moi, I'ric Harad Egun l'Archimage, te le promets."
Moraelyn se tourna, protestant sévèrement en Elfe. Le dragon cracha quelques flammèches, mais la licorne ne bougea pas d'un poil ; ses yeux d'or regardaient Edward franchement. "Les licornes ne supportent aucun mensonge." Les mots flottèrent dans son esprit avec la voix de sa mère.

"I'ric Harad Egun l'Archimage, je vais venir avec vous."
"Tu dois monter avec Moraelyn. Le Seigneur Akatosh a consenti a cette... obligation." L'Elfe fit un geste rapide en direction du dragon. Il n’était pas digne de toucher une licorne bien sur.
"Très bien alors. Je... je suppose que je ne peux pas apporter mon chien ?" Où était-il d'ailleurs ? Shag le suivait toujours partout. Endormi dans l'herbe ! Shag, le toujours vigilant ? Edward se mit a genou pour le toucher. Une discussion vive en Elfe s'ensuivit, durant laquelle le dragon roussit l'herbe. Moraelyn pivota tout en se baissant et cueillit Shag avec répugnance.
"Très bien, mais je te préviens que tu atteins les limites de la patience d'Akatosh. Monte."
"Seigneur Akatosh, je vous suis obligé par votre indulgence. Si je peux un jour la récompenser..."
"Tu le feras." l'interrompit Moraelyn.

Il saisit Edward par la ceinture et le jeta sur le dragon. Edward s'installa entre le cou et les ailes du dragon et Shag endormi pendait mollement devant lui. Edward commença "Il n'y a pas assez de place pour..." et il glissa à la renverse quand le dragon muta sous lui et devint plus grand. Beaucoup plus grand. Moraelyn sauta à l'arrière d'un bond prodigieux pour quelqu'un en armure. La licorne sauta le mur de neuf pieds de haut sans difficulté. Les grandes ailes du dragon s'étirèrent; il s'accroupit et bondit en l'air. Son cavalier oscillait violemment. L'Elfe Noir murmura quelque chose en Elfe, qu'Edward ne comprit pas, et se stabilisa. Les ailes battaient fortement et le dragon s'éleva en cercle au dessus du donjon, gagnant de l'altitude doucement. Des gens couraient partout maintenant, criant et pointant du doigt.
Edward vit sa vieille nourrice, lui fit signe en hurlant : "Au revoir ! Au revoir ! Je serai de retour un jour..." Des flèches sifflaient dans l'air, tirées par des archers, alors que la nourrice criait et s'accrochait aux bras de ceux qui étaient les plus proches d'elle. Le Roi Corcyr courut nu jusqu'aux créneaux en poussant des hurlements et brandissant les poings.

"Fils du démon, reviens tout de suite et je t'ôterai la vie. Moraelyn, descends et bats-toi, comme l'homme que tu n'es pas."
Le rire bruyant de Moraelyn sonna aussi clair qu'une cloche de temple, tombant sur le donjon. Il cria : "Réjouis-toi que je ne le fasse pas, petit Roi a la petite bite !" Le dragon tournait paresseusement en cercles et laissa s'échapper une grosse goutte de flammes. Les flèches rebondissaient sans dommage sur ses écailles d'or. "Je vais revoir maman !" hurla Edward, en notant les têtes de sa belle mère et de ses fils roux tournées vers lui. Roane portait une robe en fourrure, mais ses longs cheveux volaient en tous sens. Quatre paires d'yeux étincelant de fureur et de haine se fixèrent sur lui, pas sur Moraelyn. Edward cessa de faire signe et serra Shag fort dans ses bras. Le bras revêtu de mailles de Moraelyn le tenait par la taille. Edward s'affaissa sur lui, se sentant en sécurité pour la première fois depuis bien longtemps. Les archers avaient fini de tirer. La plupart d'entre eux regardaient la famille royale. Le roi trépignait de rage. Les ailes du grand dragon battaient plus fort maintenant et il allait plein Sud au-dessus de l'eau.

"Nous n'allons pas à Coeurébène?" Le garçon se tordit pour regarder Moraelyn.
"Ta mère t'attend à Primeterre sur l'Archipel, petit prince."
"Pourquoi est-ce que vous avez attendu si longtemps avant de venir me chercher ?"
"Petit grognon, tu crois que les dragons et les licornes font les quatre volontés des Elfes ou des Hommes ? Ta mère est venue à moi volontairement, mais elle ne pouvait t'emporter ; tu étais alors trop bien gardé par les hommes de ton père. Tu aurais voulu que nous dévastions ton pays pour te prendre par la force ? Elle pensait que tu serais en sécurité et qu'on prendrait bien soin de toi... et elle était désespérée. Non, tout ceci c'est le projet du dragon."
De tous les événements étonnants de cet après midi, était le plus surprenant : qu'un dragon s'intéressait à lui, alors que sa famille n'en avait cure. Mais, volontairement, l'Elfe avait dit volontairement !

"Tu es le point central de pas mal d'événements, mon garçon. Ta tâche est de te préparer à devenir roi... un roi tel que ton peuple n'en a jamais connue. Notre tâche est de t'y aider. Dors maintenant."
Des vagues de sommeil assaillirent les unes après les autres l'esprit d'Edward. "Mais..." Il voulait demander d'autres choses à propos de sa mère, mais la dernière vague fut trop grosse ; elle l’écrasa de toute sa masse et il glissa dans des rêves emplis de projectiles de feu sombre.