Le Mystère de la Princesse Talara, livre V

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
Aller à : navigation, rechercher
Auteur réel : Ted Peterson
Média d'origine : TES 3 : Morrowind

Par Mera Llykith


- De quel droit arrêtez-vous mon père ? s'écria dame Jyllia. Qu'a-t-il fait ?

- J'arrête le roi de Camlorn, ancien duc d'Oloine, par les pouvoirs qui me sont conférés en tant qu'officier commandant et ambassadeur de l'empire, répondit le seigneur Strale. Par la loi de l'empereur de Tamriel qui surpasse celles de toute autorité royale provinciale.

Gyna s'avança et essaya de poser sa main sur le bras de Jyllia, mais cette dernière la repoussa froidement. Elle s'assit silencieusement au pied du trône de la salle d'audience désormais déserte.

- Après avoir retrouvé complètement la mémoire, cette jeune dame est venue me voir. Mais le récit qu'elle m'a fait était inimaginable. Je ne pouvais tout simplement pas y croire, expliqua le seigneur Strale. Mais elle en était tellement convaincue que je me devais d'enquêter. J'ai donc parlé à tous ceux qui étaient au palais il y a vingt ans pour savoir si son histoire pouvait contenir une once de vérité. Naturellement, à l'époque du meurtre du roi et de la reine, et de la disparition de la princesse, une enquête avait été menée, mais cette fois-ci, j'avais des questions différentes à poser. Des questions concernant les relations entre les deux petites cousines, dame Jyllia Raze et la princesse.

- Je l'ai dit à tout le monde encore et encore : je ne me rappelle rien de cette période de ma vie, dit Jyllia, les larmes lui montant aux yeux.

- Je sais que vous ne vous en souvenez pas. Je n'ai jamais douté que vous ayez été témoin d'un horrible meurtre qui vous a fait perdre vos souvenirs, et que votre trou de mémoire et le sien, reprit le seigneur Strale en désignant Gyna, sont tous les deux bien réels. L'histoire que m'ont racontée les serviteurs et les autres gens du palais est celle de deux petites filles inséparables. Il n'y avait guère d'autre camarade de jeu et, comme la princesse était gardée près de ses parents, la petite dame Jyllia y était aussi présente. Quand l'assassin vint pour tuer la famille royale, le roi et la reine étaient dans leur chambre à coucher, tandis que les fillettes jouaient dans la salle du trône.

- Quand j'ai retrouvé la mémoire, ce fut comme si j'ouvrais une boîte scellée, dit Gyna solennellement. Tout était si clair et précis, comme si cela était arrivé hier, et non il y a vingt ans. J'étais sur le trône, je jouais à l'impératrice, et tu te cachais derrière le dais en faisant semblant d'être dans un donjon où je t'avais envoyée. Un homme que je n'avais jamais vu apparut soudainement dans la salle du trône au sortir de la chambre royale, sa lame couverte de sang. Il vint vers moi et je me sauvai. Je me souviens avoir couru vers le dais mais j'ai vu ton visage, déformé par la terreur. Je ne voulais pas conduire le tueur vers toi alors je me suis dirigée vers la fenêtre.

Nous avions déjà escaladé le mur extérieur du château, juste pour jouer. C'est l'un des premiers souvenirs qui m'est revenu à l'esprit lorsque je me suis retrouvée suspendue à cette falaise. Toi et moi sur le mur du château, et le roi qui m'appelle en me disant comment descendre. Mais ce jour-là, je n'ai pas réussi à rester accrochée, je tremblais trop. Je suis tombée et j'ai atterri dans la rivière.

J'ignore si ce sont uniquement les horreurs que j'avais vues ou si l'impact de la chute et le froid de l'eau ont joué un rôle important, mais c'est à ce moment que j'ai tout oublié. Quand je réussis enfin à sortir de la rivière, à de nombreux kilomètres de là, je n'avais plus aucune idée de qui j'étais. Et c'est resté comme ça, sourit Gyna. Jusqu'à maintenant.

- Alors tu es la princesse Talara ? s'exclama Jyllia.

- Laissez-moi vous expliquer tout cela un peu plus en détail avant qu'elle ne réponde à cette question, car la réponse simple vous embrouillerait l'esprit, comme ce fut mon cas, dit le seigneur Strale. L'assassin a été capturé avant qu'il ne puisse quitter le palais. En vérité, il devait savoir qu'il serait capturé. Il passa immédiatement aux aveux du meurtre de la famille royale. Il affirma qu'il avait tué la princesse en la jetant par la fenêtre. Un serviteur dans une pièce en contrebas avait entendu un cri et vu quelque chose passer devant la fenêtre, on pensa donc que l'assassin disait vrai.

Ce n'est qu'au bout de plusieurs heures que Ramke, sa nourrice, retrouva dame Jyllia derrière le dais. Elle était couverte de poussière, tremblait de peur et semblait incapable de parler. Ramke fut très protectrice à votre égard, dit Strale à l'intention de Jyllia. Elle insista pour vous conduire sans tarder dans votre chambre et envoya un message au duc d'Oloine pour l'informer de la mort de la famille royale et pour lui dire que sa fille avait été témoin des meurtres, mais qu'elle avait survécu.

- Cela commence à me rappeler vaguement quelque chose, répondit Jyllia songeuse. Je me souviens que j'étais allongée sur mon lit et que Ramke me consolait. J'étais totalement désorientée et je n'arrivais pas à me concentrer. Je me souviens avoir souhaité que tout cela ne soit qu'un jeu mais j'ignore pourquoi... Et ensuite, je me rappelle avoir été empaquetée, et conduite dans ce sanatorium.

- Tout cela te reviendra bientôt, sourit Gyna. Je te le promets. C'est comme ça que j'ai commencé à me rappeler. Je me suis agrippée à un détail, puis tous mes souvenirs ont afflué.

Jyllia se mit à pleurer de frustration.

- Je ne me rappelle rien d'autre que la confusion. Non, je me souviens aussi de papa qui ne me jeta même pas un regard alors qu'on m'emmenait. Et je me souviens que cela m'était égal... que tout m'était égal.

- Ce fut une période troublante pour tous, surtout pour des petites filles. En particulier pour des petites filles qui ont traversé ce que vous avez vécu, dit le seigneur Strale avec sympathie. D'après ce que j'ai compris, dès qu'il a reçu le message de Ramke, le duc a quitté son palais d'Oloïne, et a donné l'ordre de vous envoyer dans un sanatorium privé jusqu'à ce que vous vous remettiez du drame. Puis il a entrepris de torturer l'assassin avec son garde du corps pour obtenir des informations.
Quand j'ai appris que personne d'autre que le duc et son garde personnel n'avait vu l'assassin après qu'il ait livré sa première confession, et que personne d'autre que le duc et ses gardes n'était présent lorsque le malandrin fut tué en tentant de fuir, j'ai trouvé cela très significatif.
J'ai parlé avec le seigneur Eryl, qui je savais était l'un des individus présents, et j'ai dû le bluffer en prétendant que j'avais plus de preuves qu'en réalité. Ce pari était dangereux mais j'ai obtenu la réaction que j'espérais. Enfin il avoua tout ce que je savais déjà être vrai.
L'assassin... [le seigneur Strale fit une courte pause et se força à regarder Jyllia dans les yeux] avait été engagé par le duc d'Oloïne pour tuer la famille royale ainsi que l'héritière du trône, la princesse. Ainsi il pouvait hériter de la couronne et la transmettre à ses enfants.

Jyllia, atterrée, dévisagea le seigneur Strale.

- Mon père...

- On avait dit à l'assassin qu'une fois que le duc l'aurait dans sa prison, il serait payé et qu'on organiserait son évasion. Le vaurien choisit mal son moment pour se montrer cupide et tenter d'obtenir plus d'or. Le duc décida qu'il serait plus rentable de le faire taire, alors il le tua, s'assurant ainsi que l'homme ne dirait jamais à personne ce qu'il s'était réellement passé. Le seigneur Strale haussa les épaules. Ce ne fut pas une grande perte. Quelques années plus tard, vous rentrâtes du sanatorium, encore un peu ébranlée mais revenue à la normalité, excepté l'absence totale de mémoire relative à votre enfance. Et depuis, l'ancien duc d'Oloine avait pris la place de son frère en tant que roi de Camlorn. Ce n'était pas un coup d'amateur.

- Non, dit Jyllia tout bas. Il avait dû être très occupé. Il s'était remarié et avait eu un autre enfant. Personne à part Ramke n'est jamais venu me voir au sanatorium.

- S'il t'avait rendu visite, dit Gyna. Cette histoire aurait pu être très différente.

- Que veux-tu dire ? demanda Jyllia.

- C'est la partie la plus incroyable, dit le seigneur Strale. La question depuis longtemps en suspens était de savoir si Gyna est la princesse Talara. Quand elle a retrouvé la mémoire et m'a raconté ce dont elle se souvenait, j'ai assemblé les différentes pièces du puzzle. Écoutez celles-ci.
Vous vous ressemblez remarquablement toutes les deux, malgré le fait que vous ayez vécu pendant vingt ans des existences très différentes. Quand vous étiez petites vous vous ressembliez presque à l'identique.
Au moment de l'assassinat, le meurtrier qui n'était jamais venu au palais auparavant n'a vu qu'une petite fille sur le trône et il a pensé que c'était sa proie.
La femme qui trouva Dame Jyllia était sa nourrice Ramke, une créature à l'esprit instable. Aussi dévouée à sa tâche qu'une fanatique, le genre qui n'aurait jamais accepté la possibilité même que la petite fille qu'elle chérissait tant ait pu être celle qui ait disparu. La nourrice était la seule personne qui connaissait à la fois la princesse Talara et qui vous rendait visite au sanatorium, Lady Jyllia.
Enfin, ajouta le seigneur Strale, prenons en compte le fait que lorsque vous êtes revenue à la cour, après cinq années passées au sanatorium, vous étiez devenue une jeune femme. Vous paraissiez familière à votre famille, mais pas tout à fait la même telle qu'on se rappelait de vous, ce qui est très naturel.

- Je ne comprends pas, dit en pleurant la pauvre fille, les yeux grand ouverts car elle commençait à appréhender la vérité. A présent ses souvenirs lui revenaient comme un terrible torrent.

- Laisse-moi te l'expliquer ainsi, dit sa cousine en la serrant dans ses bras. Je sais qui je suis maintenant. Mon vrai non est Jyllia Raze. Cet homme qui a été arrêté était mon père, l'homme qui a fait assassiner le roi - votre père. TU ES la Princesse Talara.