La Pierre-Mémoire

De La Grande Bibliotheque de Tamriel
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La Pierre-Mémoire

par Makela Leki


Ceci est une retranscription fidèle des souvenirs gravés dans la pierre-mémoire de Makela Leki, trouvée à la Passe de Bankorai en l'an de grâce 1E 973. Sept ans avant la chute d'Orsinium sous les assauts combinés des armées de Daguefilante, Sentinelle et l'Ordre de Diagna.

Presque tout ce récit est à la première personne puisque Makela n'était pas rompue aux protocoles en usage chez les savants lors de l'inscription de souvenirs dans une pierre-mémoire. Ce n'est pas une perte, son héroïsme et ses hauts faits sont ainsi transmis intacts et n'en feront que mieux vibrer les générations futures.

***

... Mhm Hum, je me demande si cela va vraiment marcher ? La Guilde des Mages m'a escroquée de 25000 couronnes d'or si ce n'est pas le cas. Imaginez ? Cette pierre doit enregistrer mes pensées ? Qu'est-ce qu'ils disaient déjà ? Il suffit de la sortir de la pochette de cuir et du papier argenté, et dès qu'elle touche la peau elle commence à s'imprégner de mes souvenirs.

Ahhh, quelle douleur. Je dois m'en défendre, personne ne voudra tenir cette pierre et entendre mes pensées si je laisse ma douleur s'y graver. Loués soient Ebonarm et l'entraînement que j'ai reçu à la Maison des Vertus Martiales. Je PEUX la tenir à distance. Hum... là... ça y est, elle recule

Et pourtant je la sens encore, aux aguets à la lisière de mon esprit comme un loup affamé, un loup qui tôt ou tard me dévorera. Je sens aussi que ces maudites blessures auront ma peau. Plus de potions, le cristal et l'anneau de soins sont épuisés, et il ne me reste même plus assez de magie en moi pour allumer une chandelle. Ahhh, mais les Dieux m'ont fait d'autres dons, le don de Chantelame et la frénésie des batailles, le Livre des Cercles de Frandar Hunding, LA VOIE DE L’ÉPÉE. Ah, mais voila qu'allant trop vite en besogne je vous conte déjà mon histoire...

Je suis Makela Leki, guerrière, Chantelame, Ansei du Second Cercle. Dès le berceau j'ai su invoquer le Shehai, l'épée spirituelle, la lame mystique. La mienne est faite de serpents de pur esprit entremêlés de tiges de roses formant la lame, aussi belle que...

Ah, mais j'y viendrai plus tard, à mon histoire, une histoire de batailles héroïques, de mes amours, de mes guerres, de trahison et de comment j'en suis venue avec cinq compagnes à me trouver dans cette Passe solitaire, à combattre ces hommes et ces monstres pour vaincre cette armée qui aurait voulu fondre sur mon peuple comme des lâches sous le couvert de la nuit. Mais encore une fois je vais trop vite.

Je suis une simple guerrière. J'ai été élevée parmi les Sœurs de l’Épée. Aussi loin que je m'en souvienne j'ai voulu devenir Chantelame, sentir la soif de l'épée dans mes mains, la sentir s'animer et prendre la vie de mes ennemis. On raconte qu'il y a longtemps, quand nous vivions encore au désert, mon peuple était un peuple d'artisans et de poètes. Ici dans notre nouvelle patrie connue sous le nom de Martelfell beaucoup sont retournés à ces mœurs anciennes, mais pour moi il n'y a qu'UNE VOIE, celle de l'ÉPÉE.

Que c'est difficile de le raconter... J'ai grandi dans ma noble famille, la seule de mes trois frères et mes deux sœurs qui entende l'Appel, le Chant de l’Épée. Père comprenait, lui, car lui aussi avait entendu l'Appel. Il était devenu Maître et Ansei il y avait bien des années avant de se retirer dans nos domaines pour fonder une famille. À l'âge de onze ans j'entrais dans la Maison des Vertus Martiales et rejoignais les Sœurs de la Lame-Esprit. Dans ma bande nous étions six : l'intrépide Julia, la solide Patia, la grande Kati, la svelte Cegila, la sage Zell, et moi...Toutes mortes maintenant, sauf moi, qui ne vais pas tarder à les rejoindre... Les rejoindre dans la demeure des dieux inconnus de la guerre.

Ensemble nous buvions, nous combattions, nous pleurions, nous avancions sur la Voie de l’Épée. Nous rejoignions dans nos entraînements nos Frères de la Lame. Apprenant les uns des autres, nous asseyant tous aux pieds du Maître de la Maison en nous efforçant d'appréhender les nuances du Shehai... pour faire de la lame spirituelle une arme véritable comme Frandar Hunding avant nous.

Très peu sont ceux qui ont la pureté de cœur et la vertu pour franchir le pas et apprendre les Mystères des Ansei. Sainteté de l’Épée. Pour une raison que j'ignore, de tous les Frères et Sœurs, seule moi possédais les qualités nécessaires, la petite mais vive étincelle de magicka pour invoquer le Shehai. Bien des fois ai-je tenté de l'appeler, mais il ne se formait que rarement avec assez de substance pour en faire une arme. Pour devenir Ansei du Premier Cercle il suffit de savoir appeler le Shehai, et cela je savais le faire, devenant ainsi la première Ansei de notre Maison en deux générations.

J'ai tellement à raconter, tant de souvenirs, tant de trésors à partager avec toi, mon auditeur inconnu. Par où commencer ?
Ahhh, la douleur est encore là aux aguets, avide, qui me consume lentement. Je crois qu'il vaut mieux que je passe au récit de la dernière bataille, celle qui m'a laissée dans cet état, puis seulement ensuite si j'en ai encore la volonté, vous raconter ma vie, mon amour Raliph. Quel garçon, et quels moments nous avons passés ensemble... Ebonarm ! Pardonne-moi mon esprit s'égare... La dernière bataille donc...

Tout d'abord... commençons... par le milieu. Oui. Nous les Sœurs grandîmes, maîtrisant la Voie de l’Épée puis nous lançant dans l'Errance. Pour toi qui n’es pas Chantelame, il s'agit d'un voyage dans les étendues sauvages à l'imitation de celui de Frandar Hunding, pour redresser les torts, abattre des monstres, accomplir des quêtes au nom de la vertu.

Certains des membres de notre Maison y passèrent des années. Et il y a toujours du danger. Nous six sommes revenues en temps voulu, mais beaucoup ne survivent pas à l'Errance. Nous revînmes donc, chacune menant sa propre vie mais nous retrouvant à la Maison chaque semaine pour raconter nos histoires aux nouvelles Sœurs et aux nouveaux Frères, et les instruire dans la Voie de l’Épée. Tout alla bien jusqu'à cette nuit du Festival de Mi-l'An.

Tous nos gens festoyaient et... pardonnez-moi... abusaient de la boisson, sauf nous six, car il se trouvait que ce Festival coïncidait avec notre jour de réunion, notre jour de prière et de jeun en l'honneur de la Voie de l’Épée.

Lors de notre réunion, tard dans la nuit, on entendit frapper fort à la porte. Quand j'ouvris nous vîmes que c'était l'un des gardiens de la Passe de Bankorai, blessé et agonisant... Il nous informa de la trahison qui venait du Nord, une invasion soutenue par la Tour de Cristal de Hauteroche, avec à sa tête le Roi Joile de Daguefilante. Notre allié lors de la guerre avec Orsinium !

Vite nous utilisâmes un cristal de guérison pour le remettre sur pieds, l'envoyant à notre Roi, nous emparant pour notre part de nos armes et armures de puissance, et toutes les potions, baguettes, charmes, anneaux et cristaux que nous pouvions porter.

Nous gagnâmes la Passe en toute hâte, espérant contre tout espoir que nous n'arriverions pas trop tard. Ce ne fut pas en vain puisque nous sommes arrivées juste au moment ou les trois derniers gardiens succombaient aux assauts de la horde. En travers de la Passe nous avons forme notre ligne de bataille familière, six de front.

OH comme nous avons COMBATTU.

La Chanson de l’Épée résonnait joyeuse, tranchant les rangs ennemis tel un rasoir. Pendant des heures nous avons fait face. Julia est tombée la première, victime de la dague empoisonnée glissée par un lâche dans un défaut de son armure. Puis elles tombèrent les unes après les autres. Sauf moi.

Ah cruel Ebonarm... alors mon épée adorée, l'épée de mon père, celle aux armes d'un serpent, forgée par le Maître forgeron Chantelame Tansal s'est brisée dans mes mains. Tout était perdu, nos six vies sacrifiées pour rien. Maintenant un grand flot d'ennemis pourrait franchir la Passe, je serais aussi désarmée face à eux qu'un nouveau-né. Des larmes de frustration me vinrent.

Puis je me rappelai le foyer natal, le livre.

Le Livre des Cercles de Frandar Hunding, la Voie du Stratège. Je tentai d'atteindre le Shehai, d'invoquer l'épée spirituelle que je n'avais jamais été capable de former avec suffisamment de solidité... et Ô miracle... elle était là, flamboyante dans ma main, crépitante de pouvoir...

Avec ardeur j'ai massacré, fauchant dans les rangs ennemis comme dans un champ de blé. Me taillant un chemin jusqu'à me trouver devant le Seigneur de la Tour. D'un seul coup je traversai son armure, et d'un autre lui tranchai la tête.

Mais il m'en a coûté, des dizaines de blessures, car bien que mon armure soit magique elle n'était pas faite de pur et invincible Esprit comme ma lame, et me voila gravement blessée.

Avec la mort du Roi Joile, son armée est partie en débandade. Ils ont fui devant mon courroux. Tous ils ont fui en arrière par la Passe sans même prendre le temps de ramasser leurs morts et leurs blessés. Tous ceux qui tenaient debout s'enfuyaient et j'ai tué tous ceux que j'ai rattrapés, mais mon souffle devenait court... et la douleur...

Enfin je me repose, sur cette roche où vous me trouvez maintenant. Je ne sais pas pourquoi j'ai amené cette pierre avec moi. Un caprice, vraiment, acheté avec le butin de... Il faut vraiment que je prenne le temps de raconter mon histoire avec ordre. Je me sens capable de continuer et vous en dire plus... La nuit éternelle est plus longue à venir que je ne le pensais.

Encore un petit instant avant de composer mon propre poème funèbre. Une gorgée d'eau et... je crois que je vais revenir en arrière et vous raconter ma vie... quelques détails sur la bataille. Et puis... Oui... Raliph et nos enfants, par où commencer...

... Oh... Ahhh...

Je suis... une simple guerrière... élevée parmi... parmi les Sœurs de la Lame-Esprit... Aussi longtemps... longtemps que... je me... souvienne...